c. Période de décrispation et d'ouverture
démocratioue
Apres une période de décrispation et de
transition politique qui a duré environ cinq(5) ans, le Niger s'est
doté d'institutions démocratiques a partir de 1993. C'est dire
tout de même que la décennie 1990 a été
marquée par une instabilité sociale et politique chronique ayant
considérablement influencé les activités
économiques et financieres du Niger. Pendant cette période, le
Niger a connu des rapports difficiles avec les institutions financieres
internationales. Lors des débats a la Conférence Nationale
Souveraine (1992), les délégués(en majorité des
syndicalistes étudiants et travailleurs) avaient rejeté le
programme d'ajustement structurel sous l'auspice du FMI et de la Banque
Mondiale. Mais tres tot, le gouvernement de transition issu de ces assises
nationales a été confronté a une crise de
trésorerie qui l'a rendu incapable de faire face aux dépenses de
souveraineté. C'est dans ce contexte que ce gouvernement a
été amené a reconnaitre la Chine Taiwan en contrepartie
d'appuis budgétaires de la part de l'ile de Formose. Dans le même
contexte, se déclarait une rébellion armée dans le Nord du
pays et dont les conséquences seront lourdes sur les activités
économiques, touristiques et minieres du pays, sans compter les mauvais
résultats de certaines campagnes agricoles.
Apres deux interruptions du processus démocratique en
janvier 1996 et avril 1999 par des coups d'Etat, le Niger renoua avec la
légalité constitutionnelle suite aux élections
présidentielles et législatives de novembre et décembre
1999. Cette évolution politique positive constituait un gage de
stabilité politique et sociale et un retour du pays sur la scene
internationale par le rétablissement des relations de coopération
avec l'ensemble des partenaires bi et multilatéraux. Les premieres
conséquences de cette évolution politique furent les aides
budgétaires dont le pays a bénéficié d'un certain
nombre de partenaires dont la France et la Belgique pour payer, entre autres,
les salaires des fonctionnaires, qui totalisaient plusieurs mois d'arrieres.
Ces aides budgétaires ont permis aux nouvelles autorités de
bénéficier d'une période de grace pour mettre en oeuvre un
programme de redressement des finances publiques, avec entre autres, l'adoption
d'un certain nombre de mesures macroéconomiques et
budgétaires.
Il est évident que dans un contexte oil l'Etat est le
principal partenaire commercial des opérateurs économiques, il
est aisé de comprendre que lorsque ce dernier est dans
l'incapacité de régler les factures de ses fournisseurs et de
payer régulierement les salaires de ses agents, c'est toute la machine
économique qui se trouverait grippée. C'est exactement la
situation a laquelle le pays était confronté de 1992 a 2000, avec
un ralentissement sans précédent des activités
économiques et des investissements dans tous les domaines. Toutefois,
c'est aussi la
période pendant laquelle d'importantes mesures fiscales
seront prises pour améliorer les recettes budgétaires de l'Etat.
Toutefois, en l'absence d'appuis financiers extérieurs, ces ressources
fiscales mobilisées, si importantes soient-elles, ne permettaient pas
non seulement a l'Etat de payer ses agents, d'assurer le fonctionnement minimum
de l'administration et faire impérativement face au service de la
dette.
Graphique 2 : Evolution du taux de pression
fiscale et du PIB nominal
(Mds de F CFA)
11 10 9 8 7 6 5
|
|
1600 1400 1200 1000 800 600 400 200
0
|
1992 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
P res sion fis c ale P IB nominal en Mds FCFA
Source : A partir des
données non-déflatées fournies par l'UEMOA
C'est surtout a partir de 2000 que les ressources fiscales
connaitront un grand bon en avant. Il apparait alors que pour peu que les
gouvernants se donnent les moyens et la volonté de faire évoluer
les choses ils y arrivent, car malgré la pauvreté ambiante, les
ressources existent quand même. Il faut seulement s'en convaincre et s'y
engager résolument pour les mobiliser. La réduction progressive
du volume de l'aide publique au développement doit etre un signal fort
pour les pays comme le Niger de ne compter que sur leurs propres forces et
savoir exploiter judicieusement et intelligemment les modestes ressources dont
ils disposent. L'aide n'est pas forcément le meilleur moyen pour un pays
de se "développer", car le Niger « qui a reçu plus de
500 millions de dollars de Washington au cours des trente dernières
années, le PIB est passé de 605 dollars en 1965 a 229 dollars en
199296 »97. Certes, l'aide n'est pas en soit
négative, mais les conditions dans lesquelles elle est accordée,
la gestion qui en a été faite sont, entre autres, des
éléments importants qui peuvent en déterminer ou non
l'efficacité.
96 Il est de 229 dollars en 2003 selon IMF Country
Report No. 04/191,July 2004
97 Pierre MOUANDJO B. LEWIS, Facteurs de
Développement en Afrique. L'Economie politique de l'Afrique au
XXlè siècle, Tome II, l'Harmattan, Paris 2002
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