1.2. Croissance et investissement domestique
Dans quelle mesure l'IDE peut évincer ou exercer un effet
d'entrainement sur les investissements nationaux ?
Cette question a fait l'objet de plusieurs études
empiriques tentant de mesurer le lien entre les IDE et les entreprises
domestiques.
En effet, Bronstein, De Gregoric et Lee (1998) montrent que
les IDE un effet positif sur les investissements nationaux sans que cet effet
soit très significatif. De même, Soya et Oneal (1999) affirment
que les IDE encouragent les investissements locaux au lieu de leur nuire.
Analysant l'effet de l'entrée des firmes
multinationales sur l'investissement domestique dans un pays d'accueil, Ils ont
conclu que, l'effet d'entrainement dépend de la stratégie suivie
par ces multinationales « production pour le marché local ou
exportation ».
Cependant, malgré ces effets théoriques potentiels,
l'effet d'éviction a été le plus observé au niveau
des pays en voie de développement.
Agosin et Mayer (2000) étudient justement l'impact des
IDE sur l'investissement intérieur en retenant un échantillon de
trois régions, ils montrent que l'IDE a stimulé l'investissement
intérieur en Asie, qu'il a eu par contre un effet d'éviction en
Amérique latine et que son incidence est plutôt neutre en Afrique,
où néanmoins quelques pays semblent tirer parti des
investissements étrangers (Côte-d'Ivoire, Ghana,
Sénégal).
Dans le même ordre d'idée, Kumar et Pradhan
(2002) montrent que les IDE ont un effet négatif sur les investissements
nationaux. Ils distinguent cependant deux phases : après un impact
négatif, la situation s'améliore.
Dans le même sens, une étude de Harrison et
McMillan (2002) sur l'impact des IDE sur les marchés financiers de la
Côte d'Ivoire entre 1974 et 1987 confirme que les FMN, grâce
à la supériorité de leurs garanties et de leur
rentabilité, bénéficient d'un accès plus facile aux
banques locales, au détriment des entreprises locales.
Quant aux pays de la région Med, l'étude de
Bouklia et Zatla (2001), soutiennent l'absence de complémentarité
entre l'IDE et l'investissement domestique à l'intérieur de ces
pays, et n'excluent pas l'hypothèse d'effet d'éviction de
l'investissement domestique par les IDE ce qui réduit leur contribution
à la croissance économique.
Prenant le cas du Maroc à titre d'exemple, on
aperçu que les IDE augmentaient le risque des entreprises dans les
branches dominées par des producteurs locaux dont l'accès aux
marchés locaux du crédit était devenu plus difficile.
A l'instar de ces résultats, l'IDE peut évincer
l'investissement domestique et pourrait alors provoquer l'appauvrissement des
firmes locales dans un premier temps, alors qu'à long terme, ces
entreprises locales peuvent bénéficier des externalités
liées aux activités des multinationales.
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