I.2. Rôles des organisations et des règles
Selon une conception institutionnaliste, l'intégration
est la mise en place d'un système commun de règles de la part des
pouvoirs publics en relation avec les acteurs privés. Les institutions
régionales réduisent les incertitudes en étant
stabilisatrices et en permettant des anticipations des agents,
sécurisent l'environnement en permettant la crédibilité
des politiques et favorisent ainsi l'attractivité des capitaux nationaux
et étrangers.
Par ailleurs, Les nouvelles théories institutionnelles
du régionalisme mettent l'accent sur les transferts de
souveraineté et sur les objectifs de prévention des conflits. Les
convergences d'intérêts économiques sont une manière
de dépasser les rivalités et antagonismes politiques.
Les transferts de souveraineté et la production de
biens publics à des niveaux régionaux sont une réponse au
débordement des États dans un contexte de mondialisation c'est
l'exemple de la création d'une monnaie régionale.
Soulignant que les organisations régionales
présentent un avantage comparatif, parce qu'elles ont une meilleure
expérience de terrain étant donné qu'elles ont une
connaissance approfondie des structures politiques, historiques, culturelles,
sociales, juridiques et tribales et des mentalités locales, et qu'elles
peuvent par conséquent tabler habituellement sur un plus grand capital
de confiance et de reconnaissance de la part de la population locale et des
parties en conflit que celui que des acteurs extérieurs seraient
capables de mobiliser.
D'une part, ces effets se diluent avec le nombre d'accords,
d'autre part, ils sont souvent contrecarrés par les conséquences
négatives liées à la libéralisation commerciale et
des changes.
Ce qui est plus fondamental également, c'est que les
institutions doivent donner au public des preuves continuelles et
concrètes qu'elles tiennent effectivement compte de son opinion. Une
législation et des politiques qui traduisent les demandes du public
constituent le premier moyen d'y arriver. Toutefois, lorsque les
décisions ne vont pas dans le sens, ou vont carrément à
l'encontre, de l'opinion majoritaire, il peut être bon de donner des
explications complètes à ce sujet. « J.
Stilborn, 1997 ».
I.3. La nouvelle économie internationale en
économie imparfaite
Absents dans la théorie traditionnelle, les rendements
croissants et la concurrence imparfaite sont deux aspects sur lesquels la
nouvelle théorie du commerce international a mi l'accent.
En l'absence d'avantages comparatifs, la théorie de Paul
Krugman fait des rendements croissants l'une des raisons de la
spécialisation et des échanges.
Autrement dit, La théorie traditionnelle des
échanges internationaux ne permet pas d'expliquer l'évolution du
commerce international. Contrairement aux enseignements du modèle de
Ricardo et de celui de Heckscher, Ohlin et Samuelson (dit HOS), le commerce
international se développe entre les nations les plus
développées dont les dotations en facteurs de production sont peu
différentes. Le commerce intra branche constitue une grande part du
commerce mondial et ne correspond pas à la vision de la
spécialisation internationale, comme l'explique Ricardo. La
théorie traditionnelle n'explique pas non plus l'essor des firmes
multinationales ni le développement du commerce intra firme (un tiers du
total) puisque, par hypothèse, le capital n'est pas mobile.
Ainsi, les travaux de l'économiste Paul Krugman tente
d'expliquer les nouvelles tendances des échanges, en développant
la nouvelle théorie du commerce part de l'hypothèse selon
laquelle la concurrence parfaite n'existe pas sur les marchés et que les
économies d'échelle sont possibles. « M.
Rainelli ,1997»
Krugman a élaboré une pensée robuste dans
la 'nouvelle théorie du commerce international'. Partant de
l'écart considérable entre les prédictions de la
théorie traditionnelle et les constations empiriques, il remet en cause
toutes les idées antérieures. En 1985, avec Helpman, il observe
trois caractéristiques du commerce international non expliquées
par les théories traditionnelles de Ricardo à Hos : d'abord, les
échanges se développent le plus rapidement entre pays
développés qui présentent des dotations factorielles
voisines, contrairement aux
affirmations de théorie Hos ; ensuite, le commerce
intra branche constitue une part croissante des échanges, ce qui reste
inexpliqué aussi bien par la théorie ricardienne que celle de
l'Ecole suédoise et enfin les firmes multinationales dans leur forme
actuelle ne peuvent s'intégrer dans le champ d'analyse des
théories traditionnelles. Les faiblesses de ces théories reposent
sur les hypothèses de concurrence alors que les firmes qui sont à
l'origine du commerce international, sont des oligopoles analysés par
les études d'économie industrielle. «
M.Kassé ,2008 ».
La théorie de Krugman permet d'une part d'analyser les
échanges entre des pays ayant des dotations en ressources initiales
identiques et un niveau technique comparable et, d'autre part, de comprendre le
développement des échanges intra branche.
Les principales conclusions de cette nouvelle théorie
du commerce international autorisent un gouvernement à intervenir dans
les échanges afin d'aider ses entreprises à capter une partie de
la rente ou à pénétrer sur un marché, remettant
ainsi en cause l'arbitraire et le hasard de l'histoire. En fait, le
schéma de spécialisation peut se trouver verrouillé par
l'accumulation de gains tirés des échanges.
Les résultats de cette nouvelle théorie doivent
toutefois être nuancés décisive :
Le rôle des rendements croissants sur le commerce
international avait déjà été mis en
évidence, la formalisation apporte à la théorie
économique plusieurs résultats fondamentaux qui n'avaient pu
être établis plus tôt en raison de la difficulté de
modéliser la structure du marché. En ce sens, cette
théorie ne constitue pas une innovation décisive.
La concurrence imparfaite à proprement parler, la
diversité des comportements stratégiques ne permet pas
d'envisager un modèle unique capable de présenter tous les
résultats possibles. Dans ces conditions, la nouvelle économie
internationale n'est pas à même de fournir une synthèse
sérieuse des actions politiques à engager.
Quoi qu'il en soit, la nouvelle approche du commerce
international constitue une avancée théorique importante
puisqu'elle complète les analyses établies par la théorie
traditionnelle. En revanche, elle ne se présente que comme un
complément d'étude de la théorie traditionnelle.
« S. Coissard, 2007 ».
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