Chapitre 1 : Historique et objectifs de
l'intégration sous-régionale dans l'espace
UEMOA 07
Section 1 : Historique de l'intégration
sous-régionale en Afrique de l'ouest 07
Section 2 : Le cadre institutionnel de l'intégration
sous-régionale dans l'UEMOA 12
Chapitre 2 : Etat des lieux des transports et du
réseau routiers dans l'espace
UEMOA 19
Section 1 : Eléments d'analyse du réseau routier au
sein de l'UEMOA ... 19
Section 2 : Eléments d'analyse des transports routiers
communautaires .. 23
2ième Partie : ROLE DES TRANSPORTS ET DU RESEAU
ROUTIERS DANS LE PROCESSUS DE L'INTEGRATION DES ETATS DE L'UEMOA
32
Chapitre 1 : Transports et réseau routiers :
véritables outils d'intégration et de développement dans
l'espace UEMOA 34 Section 1 : Rôle des transports et du
réseau routiers dans la régionalisation de l'espace UEMOA 34
Section 2 : Rôle des transports et du réseau routiers dans le
développement des Etats de l'UEMOA 38
Chapitre 2 : Comment viabiliser les infrastructures
routières dans l'espace
UEMOA ? 46
Section 1 : Sur les plans institutionnel et des infrastructures
routières 46
Section 2 : Les défis de la fluidité et de la
sécurité des transports 50
CONCLUSION GENERALE 58
INTRODUCTION GENERALE
L'évolution de l'histoire des hommes a
été de tout temps marquée par leur volonté de vivre
ensemble. Ainsi, au Néolithique, suite à la découverte de
l'agriculture, les hommes se sédentarisent. Les familles, unités
de base de toute organisation, se mettent ensemble pour former des groupements
plus importants. Du coup, on assiste à l'apparition de nouveaux modes
d'organisation pour gérer les affaires collectives.
Au Moyen âge, l'Afrique offre au monde de grands Empires
à l'instar de ceux du Ghana, du Mali et de Songhaï. Leur
rayonnement est allé au-delà de leurs aires géographiques.
Bien plus tard, la fin de la colonisation fait place à de nouveaux
Etats, qui héritent des frontières issues du partage du «
gâteau africain » réalisé lors de la Conférence
qui a eu lieu à Berlin du 15 novembre 1884 au 26 février 1885 ou
d'autres arrangements entre les puissances colonisatrices.
A Bandoeng en 1955 puis à Addis-Abeba en 1963, les
jeunes Etats africains militent pour des regroupements entre eux sans jamais
perdre de vue l'intangibilité des frontières
héritées de la décolonisation. Le panafricanisme
connaît toutefois, déjà à sa proclamation, des
soubresauts en ce qui concerne le modèle à suivre. Deux
thèses s'opposent et prennent corps, l'une autour des Etats «
modérés » (groupe de Monrovia) et l'autre autour des Etats
« révolutionnaires » (groupe de Casablanca)1. C'est
dans ce contexte que naît l'Organisation de l'Unité Africaine
(OUA) le 25 mai 1963 à Addis-Abeba.
Par ailleurs, dans les années 70, on assiste à
la naissance d'ensembles sous-régionaux comme la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union Douanière
des Etats de l'Afrique Centrale (UDEAC), etc. qui sont des entités
conçues sur une base géographique. Dans cette logique, on assiste
dans les années 90 à la naissance des unions économique,
monétaire et douanière.
La chute du Mur de Berlin et la dislocation de l'empire
soviétique à la fin des années 80 ont
entraîné, à l'échelle mondiale, une recomposition
des ensembles politiques et socioéconomiques. En Europe, bon nombre de
pays se sont regroupés au sein de l'Union Européenne (UE),
héritière de la Communauté Economique Européenne
(CEE)2. En Afrique,
1 Allusion faite au Groupe de Casablanca qui veut
réaliser l'unité du continent en liquidant le colonialisme et le
néo-colonialisme. Il est caractérisé par son progressisme
et son hostilité au groupe réformiste. Le Groupe de Monrovia,
réformiste est constitué en mai 1961. C'est lui qui, à
Lagos en 1962 puis à Addis-Abeba en 1963 fonde l'OUA après des
concessions faites avec le groupe révolutionnaire dit de Casablanca.
2 Le 1er juillet 1967, le Traité instituant
la CEE entre en vigueur à la suite des mutations voulues pour adapter la
Communauté Européenne de Charbon et d'Acier (CECA) du 25 juillet
1952. En 2008, l'UE compte 27 pays membres.
l'Union Africaine (UA) qui est née le 12 juillet 2000
à Lomé résulte de la volonté des dirigeants de
consacrer les bases du panafricanisme. Selon la Charte de l'OUA et l'Acte
Constitutif de l'UA, l'un des idéaux de l'unité africaine est
l'intégration régionale qui doit désormais sous-tendre
tout processus de développement. Il est alors évident que des
initiatives collectives à l'échelle continentale ou
sous-régionale sont souhaitables. L'adoption du Nouveau Partenariat pour
le Développement de l'Afrique (NEPAD) par les Chefs d'Etat et de
Gouvernement illustre cette nécessité. De ce point de vue,
certains pays africains pauvres optent pour une intégration
régionale, mieux, sous-régionale qui s'assimile à la
formation, sur le continent, des regroupements sous-régionaux,
coordonnateurs dans une large mesure des politiques macro-économique et
monétaire : UEMOA, CEMAC, CEEAC, etc.
En Afrique de l'ouest, le Traité de Dakar du 10 janvier
1994 met en place l'Union Economique et Monétaire des Etats de l'Afrique
de l'Ouest (UEMOA) qui complète l'Union Monétaire de l'Afrique de
l'Ouest (UMOA)3 et remplace la CEAO (Communauté Economique
d'Afrique de l'Ouest), qui a été volontairement dissoute le 15
mars 1994, afin d'éviter qu'elle ne fasse doublon avec la nouvelle
entité ouest-africaine. L'ensemble des institutions de la CEAO seront
liquidées et reversées en bonne partie dans le patrimoine de
l'UEMOA. Cette nouvelle structure qui regroupe, comme l'UMOA, les pays ayant en
partage l'usage du franc de la Communauté Financière Africaine
(CFA) en Afrique de l'ouest cohabite avec la CEDEAO ou la concurrence. En tout
état de cause, elle prône l'égalité souveraine des
Etats membres et travaille à la mise en place d'instruments
communautaires qui visent l'intégration véritable basée
sur la libre circulation des personnes, des biens et des services.
Une telle option suppose que la régionalisation passe
par la construction d'infrastructures de transport viables. Lorsqu'on sait que
dans cette partie du continent, le niveau de vie des populations ne leur permet
pas d'opter pour le transport aérien et qu'il n'existe quasiment pas de
lignes ferroviaires, fluviales ou maritimes, on comprend aisément que la
route terrestre soit non seulement un moyen de transport, mais davantage un
outil intégrateur. KOITA Y.4 affirme que dans l'ensemble de
l'espace UEMOA, 95% du transport intérieur sont assurés par la
route. Par ailleurs, outre la voie aérienne, la quasi-totalité
des pays de cet espace ne sont liés que par la route.
3 L'UMOA est créée le 12 mai 1962 par
les Etats fondateurs de la BCEAO (Côte d'Ivoire, Bénin, Burkina
Fao, Mauritanie, Niger, Sénégal). En 1963, le Togo adhère
à l'Union et la demande du Mali en 1967 n'est effective que le
1er juin 1984.
4 KOITA Y. (2005) : La situation
générale des opérations de transport sur les corridors de
la CommunautéEconomique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest
(CEDEAO), page 6.
Il résulte de ce qui précède que la route
est un facteur déterminant dans la libre circulation des personnes et
des biens dans l'espace communautaire et qu'une importance de plus en plus
accrue doit lui être accordée. A cet égard, l'analyse
des transports routiers en rapport avec l'intégration des pays
de l'UEMOA devient une préoccupation légitime et, sans
dénier le rôle de tous les autres moyens de transports dans le
développement socioéconomique des Etats, met en relief
l'état actuel des transports routiers communautaires, les contraintes
qui s'opposent à leur optimisation et les perspectives qui peuvent
sous-tendre leur rentabilisation.
L'objectif général de notre travail est de mener
une réflexion sur le développement durable en Afrique de l'ouest,
mieux, dans les pays membres de l'UEMOA en lien direct avec la mise en place
des infrastructures routières et le processus de l'intégration.
Il permet de montrer la place et le rôle du réseau et des
transports routiers dans la politique d'intégration régionale de
l'UEMOA et, par conséquent, dans le développement durable de ses
pays membres tel que le Togo.
De cet objectif général découlent plusieurs
autres. Ce sont des objectifs spécifiques. Il
s'agit :
- d'analyser les différentes conceptions de
l'intégration sous-régionale,
- de présenter l'institution sous-régionale dans sa
structure et son fonctionnement, - de présenter l'état actuel de
la route dans l'espace communautaire,
- de ressortir les différents enjeux et contraintes de la
mise en place d'un réseau routier rentable dans l'UEMOA,
- de présenter l'importance de la route dans le processus
d'intégration et de développement des pays de l'Union.
Partant de ces objectifs, il se pose les questions suivantes :
quels sont les enjeux et les contraintes de l'optimisation du réseau et
des transports routiers sur l'intégration sousrégionale et le
développement des pays de l'UEMOA? Sous quelles formes se
présentent les contraintes liées à la libre circulation
des personnes et des biens sur les routes de l'espace communautaire ? Quels
sont les obstacles à surmonter en vue de rentabiliser les transports
routiers dans les huit pays de l'environnement d'étude ? Que peut-on
attendre de l'optimisation des infrastructures routières sur les plans
sécuritaire, politique et économique en matière
d'aménagement du territoire communautaire?
Pour répondre à ces interrogations et atteindre les
objectifs sus-présentés, une approche méthodologique
s'impose. Elle s'articule autour de deux axes.
D'une part, la recherche documentaire permet d'examiner les
différentes théories qui gouvernent l'analyse des questions
d'intégration en Afrique et la réalité de leur application
dans l'espace UEMOA. Dans ce cadre, outre les documents généraux
sur la méthodologie de recherche, nous nous intéresserons aux
rapports d'activités et aux données chiffrées de la
Commission de l'UEMOA, particulièrement du Département de
l'Aménagement du Territoire Communautaire, des Transports et des
Télécommunications (DATC) et de l'Observatoire des Pratiques
Anormales (OPA).
D'autre part, une analyse comparative et statistique du
processus d'intégration dans l'espace communautaire permettra, sur la
base des données relatives à la longueur du réseau
routier, à sa densité et à l'évolution des
échanges intra-régionaux, de montrer la faible dotation de
l'Union en routes. Il s'agit, sur la base d'exemples précis, d'analyser
l'effectivité de la libre circulation des personnes et des biens dans la
zone d'étude dans le cadre de la politique d'aménagement du
territoire communautaire. En ce sens, à partir des
réalités vécues au Togo par exemple, il s'agira de montrer
l'importance que revêtent le réseau routier et les transports
terrestres dans les processus d'intégration et de développement
des huit Etats de l'Union.
En définitive, notre démarche
méthodologique conduit à donner des réponses provisoires
à nos questions. Ces réponses qui s'identifient aux
hypothèses de recherche se regroupent en trois. D'abord, dans un espace
régional où les transports routiers sont le principal moyen de
communication et le seul véritablement accessible à toutes les
couches sociales, l'optimisation du réseau et des transports routiers
favorise l'intégration régionale effective. En outre,
l'optimisation des infrastructures routières dans l'espace UEMOA
favorise le développement socio-économique des pays membres.
Enfin, la création d'un réseau routier viable et efficace suppose
que les Etats doivent surmonter, entre autres contraintes majeures, les
contraintes liées à la sécurité, à la
politique et à l'économie.
Notre travail portera respectivement sur la construction de
l'espace communautaire et les difficultés inhérentes aux
transports routiers (1ière Partie) puis sur l'importance des
transports routiers dans les processus de développement et
d'intégration des Etats de l'UEMOA (2ième Partie).
Première partie :
LA CONSTRUCTION DE L'ESPACE COMMUNAUTAIRE ET LES
DIFFICULTES INHERENTES AUX TRANSPORTS ROUTIERS
Suite à la résolution 1514 de l'Assemblée
Générale des Nations-Unies portant sur l'octroi de
l'indépendance aux peuples coloniaux, adoptée le 14
décembre 1960, la majorité des pays africains a
accédé à la souveraineté internationale avec un
très lourd handicap. En effet, les frontières de ces derniers
sont toutes issues des décisions du concert européen qui,
réuni du 15 novembre 1884 au 26 février 1885 à
l'invitation du chancelier allemand Otto Von BISMARK, décida la
balkanisation, communément appelée partage de l'Afrique. Cette
situation a fait que les frontières internationales des Etats africains
correspondent aux limites administratives des anciennes colonies.
On constate alors que la plupart de ces nouveaux Etats sont de
dimension modeste, tant sur le plan démographique, territorial
qu'économique. Enfermés dans un carcan d'espace
socio-économique étroit, les Etats africains se rendent compte de
la nécessité de dépasser le cadre de leur
souveraineté nationale. Bien que de nombreux efforts aient
été fournis en faveur de l'unité africaine en
général, force est de constater que le chemin qui reste à
parcourir est encore long du fait de l'état des infrastructures
routière, notamment.
Dans une telle perspective, l'intégration
régionale apparaît comme la réponse la plus
adéquate, au-delà de l'Etat-nation postcolonial, au défi
de développement. L'analyse de la construction de l'espace communautaire
et des difficultés inhérentes aux transports routiers au sein de
l'espace UEMOA exige de faire l'historique de cette institution et de
présenter la nécessité de l'intégration
sous-régionale en Afrique de l'ouest (Chapitre 1) avant de dresser
l'état des lieux des transports et du réseau routiers dans la
zone d'investigation (Chapitre 2).
Chapitre 1 : HISTORIQUE ET OBJECTIFS DE L'INTEGRATION
SOUS-REGIONALE DANS L'ESPACE UEMOA
De création récente, l'UEMOA est née des
exigences de l'heure. En effet, suite à la dévaluation du franc
CFA en 1994, les pays qui partagent l'usage de cette monnaie décident de
mettre ensemble leurs ressources pour devenir plus compétitifs dans le
cadre de la mondialisation. Le processus qui a conduit à la
création de l'UEMOA et de la CEMAC5 est né lors de la
réunion des ministres de la zone franc tenue à Paris en 1990. Le
présent chapitre vise à mieux circonscrire les différentes
conceptions et les contours historiques de l'intégration
sous-régionale en Afrique de l'ouest (Section 1) et permet de
présenter les raisons qui justifient la mise en place de cette
institution (Section 2).
Section 1 : Historique de l'intégration
sous-régionale en Afrique de l'ouest
L'historique de l'intégration permet de parcourir les
principales acceptions de l'intégration régionale (Paragraphe 1)
et les étapes importantes qui ont jalonné la construction de
l'espace communautaire à l'échelle de l'UEMOA (Paragraphe 2).
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