Conclusion partielle.
La Ville de Gikongoro qui était l'une des
entités administratives de l'ancienne province de Gikongoro est
localisée dans la zone du plateau central avec une altitude variant
entre 1500 m et 3000 m car il y a déjà des altitudes
amorçant la Crête Congo Nil. La moyenne des précipitations
et des températures est respectivement 1332.1mm et 19°c. Les sols
sont très acides avec un PH compris entre 4.2 et 5. Avec une population
de 32.427 habitants, les hommes sont plus nombreux que les femmes avec 53%
contre 47%. Toute cette population est répartie dans 6 258
ménages ce qui donne une moyenne de 5.2 personnes par ménage.
L'agriculture qui est la principale activité de la population de cette
ville de Gikongoro occupe 77,2% de toute la population active.
CHAPITRE.II. LES SYSTEMES AGRAIRES DES PAYSAGES
PERIURBAINS DE LA VILLE DE GIKONGORO
Le paysage est composé par un environnement physique
caractérisé par des éléments objectifs tels que sa
localisation géographique, son dénivelé, la dimension des
parcelles, la diversité des cultures, occupation de l'habitat etc. Selon
SIRIEX A (2003) << le paysage est constitué de deux termes de
nature profondément différent : le territoire, support du paysage
et la perception des populations concernées » Il
résulte de l'utilisation du sol et de l'espace. Les modifications
importantes et rapides subies par le paysage, obligent à
considérer les hommes comme des acteurs responsables de sa formation
La définition du paysage retenue par SIRIEX A (2003):
« une structure spatiale qui résulte de l'interaction entre des
processus naturels et des activités humaines » souligne le
rôle joué par les activités humaines dans la formation de
celui-ci. En effet, si le paysage est constitué au départ
d'éléments naturels, il est devenu au fil du temps
dépendant de la présence humaine. C'est ainsi que l'analyse des
relations qu'entretiennent les individus avec le son milieu se montre comme le
point essentiel de l étude du paysage.
Dans un pays tel que le Rwanda où un grand nombre de
la population oeuvrent dans le secteur primaire, l'agriculture, qui est un
activité principale pour plus de 90%, semble un élément
essentiel définissant le paysageLe succès de cette
activité économique résulte de plusieurs
éléments d'ordre humain, écologique, technique que DUPRIEZ
H. (1983) a regroupé sous le nom du << systèmes
agraires », c'est-à-dire <<
tous les éléments déterminant la vie d'une
communauté vivant de l'agriculture ».
Le système agraire tel qu'il a été
défini par MALCOLM H. et al, 2001, est << un modèle
d'exploitation du milieu agricole, système de force de production
adaptés au conditions bioclimatiques d'un espace donné et qui
répond aux conditions et nécessités sociales du
moment», qui consiste à décrire les
réalités de l'agriculture d'une région en tenant compte de
toute la complexité de la production agricole et permet d'entrevoir les
perspectives futures pour l'agriculture.
Figure 10 : La combinaison des éléments
constitutifs d'un système agraire
SYSTEME SOCIO-ECONO- MIQUE ET
POLITIQUES Rapports sociaux
|
|
SYSTEME EDUCATIF
enseignement de base, général agricole,
recherches expérimental
|
|
|
Mode de consommation (habitudes alimentaires, perception
quantitatives,
tables
|
|
|
|
|
SYSTEME AGRICOLE OU DE CULTURE
FACTEURS disponible pour
MODE DE PRODUCTION
la production agricole
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Travail
|
|
|
|
|
|
|
Mode de
conditionne ment,
preparation, chauffage
|
|
|
. Calendrier agricole
Sol Organisa
. Caractéristiques de biomasse tion
du
|
|
|
|
|
|
|
Facteur
d'incertitude . Agrégats
d'espèces cultivées Rotation et
Agrégats d'espèces de reconstitution
assolement
|
|
|
|
Marche des biens de
|
|
|
|
PRODUCTION AGRICOLE
|
consommation organisation
de la
distribution
|
|
|
|
autres productions agricoles utiles
|
Produit échangé
|
|
|
|
|
Marché des facteurs de production Organisation de
l'approvision
nement s en facteurs)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Marché
d'écoulement des produits agricoles
|
|
|
|
|
|
Habitat Santé
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : Dupriez H., Paysans d'Afrique
noire, l'Harmattan, Paris 1982 P.23
L'agriculture n'est pas une activité
réservée exclusivement à la population rurale. Elle est
aussi pratiquée à l'intérieur des limites administratives
des villes et dans des zones périurbaines. Selon le Comité de
l'Agriculture de la FAO (1999), dans le monde entier, quelque 800 millions de
citadins sont impliqués dans l'agriculture urbaine et
périurbaine, que ce soit pour se procurer des revenus et/ou pour
produire de la nourriture. Par agriculture périurbaine on entend «
des unités agricoles proches de la ville qui pratiquent des
exploitations intensives commerciales ou semi-commerciales en pratiquant
l'horticulture (légumes et autres cultures), l'élevage de
volaille et
d'autres animaux destinés à la production
de lait et d'oeufs » ( FAO, 1999). Cette agriculture
périurbaine comprend aussi bien les produits provenant de l'agriculture,
de l'élevage et de la sylviculture que leurs fonctions
écologiques. Souvent, de multiples systèmes d'exploitation
agricole existent déjà dans les villes et à
proximité de ces dernières.
Dans les zones périurbaines rwandaises, la
majorité des ménages sont engagés dans des
activités agricoles qui sont de nature extensive. Une grande partie de
la nourriture produite par cette agriculture est destinée à la
consommation du ménage et les excédents occasionnels sont vendus
sur le marché local. Cette situation donne à ces zones
périurbaines un paysage généralement rural.
II.1. LES SYSTÈMES SOCIAUX PRODUCTIFS
L'aspect du paysage agraire est le résultat des
plusieurs facteurs combinés pour obtenir une production satisfaisante
aux besoins de la famille. La production agricole obtenue est
étroitement liée à l'organisation sociale du groupe
familial surtout dans la répartition du travail, le temps
consacré aux différentes activités selon le nombre
d'actifs et la surface agricole disponible, ainsi que les différents
processus d'acquisition et d'accroissement des exploitations. C'est à
partir de cette organisation que se différencient les exploitations
agricoles.
II.1.1. L'organisation familiale face aux
activités agricoles
Les activités agricoles sont
généralement réalisées grâce à la main
d'oeuvre familial. Tous les membres de la famille vivant en permanence de
l'exploitation contribuent et profitent aux résultats économiques
de cette exploitation. Dans certaines exploitations, la main d'oeuvre familiale
est appuyée par de la main d'oeuvre extérieure.
Tableau 7 : La main d'oeuvre utilisée dans les
exploitations périurbaines de la Ville de Gikongoro
Secteur
|
Les exploitations utilisant exclusivement la main
d'oeuvre familiale
|
Les exploitations exigeant le recours à la main
d'oeuvre
extérieure
|
Gasaka
|
10
|
4
|
Kizi
|
12
|
2
|
Gikongoro
|
22
|
11
|
Ngiryi
|
13
|
6
|
Kamegeri
|
7
|
1
|
Remera
|
6
|
2
|
Total
|
70
|
26
|
%
|
73
|
27
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006.
Figure 11 : La main d'oeuvre utilisée dans les
exploitations périurbaines de la Ville de Gikongoro
Gasaka Kizi Gikongoro Ngiryi Kamegeri Remera
Secteur
Main d'oeuvre familiale Main d'oeuvre extérieure
% de la M.0 utilisee
100
90
70
60
40
30
20
80
50
10
0
Source : Nos enquêtes, 2006.
De ce tableau et du graphique y relatif, il est
constaté que les activités agricoles sont exécutées
en grande partie par la main d'oeuvre familiale. Pour l'ensemble de ces zones
périurbaines de la ville de Gikongoro, 73% des exploitants utilisent
exclusivement la main d'ouvre familiale. C'est surtout le cas des exploitants
qui disposent la surface agricole réduite ou le revenu limite pour faire
appel à la main d'oeuvre extérieur. Seulement 27% des exploitants
recourent à la main d'oeuvre extérieure afin de pouvoir
exécuter à temps toutes les activités agricoles de leurs
exploitations. Au niveau de secteur, ce nombre des exploitations qui recourent
à cette main d'oeuvre extérieure est inégal. Dans toutes
les zones, trois secteurs se
distinguent à savoir Gikongoro, Ngiryi et Gasaka, et
disposent respectivement 33%, 32% et 29% des exploitants qui font appel
à la main d'oeuvre extérieure. Ces exploitations appartiennent
d'une part, aux exploitants qui ont investi une partie de leur capital dans le
secteur agricole et qui y retirent un profit considérable, d'autre part
aux exploitants qui disposent d'une grande superficie agricole dépassant
la capacité de la main d'oeuvre familiale.
La main d'oeuvre extérieure est en grande partie
engagée sous forme de travailleurs salariés. Certaines
exploitants font éventuellement recours au système d'entraide
soit familiale ou rémunérée par la bière de sorgho
ou de banane, « Guhingisha », un système souvent
sollicité pour des travaux lourds de préparation du sol mais qui
est actuellement très rare.
Le système de recours à la main d'oeuvre
extérieure se fait en particulier dans la période de
l'année nécessitant une forte intensité de travail. Les
membres des familles à petites exploitations agricoles sont souvent
contraints de travailler comme salariés sur des fermes plus importantes
afin d'obtenir un surplus de revenu. Pourtant, certaines exploitations
disposent des travailleurs permanents qui reçoivent un salaire mensuel
tout en bénéficiant d'une certaine quantité sur la
production obtenue.
Une division du temps travail selon les sexes s'observe au
sein de la famille. Cette division du travail ne revêt toute fois pas de
caractère exclusif et tend à s'estomper de plus en plus du fait
des transformations sociales.
Tableau 8 : Le temps de travail consacré aux
différentes activités par sexe et pat jour
Activités
|
Hommes
|
Femmes
|
Moyenne
|
Occupations non productives
|
4.7
|
3.8
|
4.3
|
Agriculture
|
3.1
|
4.5
|
3.8
|
Divers (commerce, activité salariée etc.)
|
2.0
|
1.0
|
1.5
|
Travaux domestique
|
0.3
|
2.4
|
1.4
|
Elevage
|
1.9
|
0.3
|
1.1
|
Total
|
12.0
|
12.0
|
12.0
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006.
Figure 12. Le temps de travail consacré aux
différentes activités par sexe et pat jour
Temps d'occupation/heure
Occupations non productives
4,5
2,5
3,5
0,5
1,5
4
2
0
5
3
1
Hommes Femmes Moyenne
Agriculture Divers
(commerce, activité salariée etc.)
Activités
Travaux domestique
Elevage
Source : Nos enquêtes, 2006.
D'après le tableau N°8 et le graphique ci-dessus,
il est constaté que le temps de travail par jour après
déduction du temps des occupations non productives comme la loisir, les
visites familiales, freination des cabarets, est en moyenne 7.7 heures par
jour. Ces occupations non productives prennent plus de 4 heures par jour. Pour
les activités agricoles qui se placent au second rang, le temps moyen
est environs 3.8 heures par jour.
L'analyse du travail effectivement accompli montre que les
femmes consacrent plus 8 heures par jour aux activités agricoles
productives alors que pour les hommes ce temps est estimé à 7.3
heures par jour. Cela est expliqué par le fait qu'en plus des
activités de préparation du sol qui sont réalisées
ensemble avec les hommes, les femmes sont souvent obligées de retourner
dans les champs pour le semis. A cela s'ajoute les travaux de sarclage, la
récolte et les travaux d'après la récolte en particulier
le battage des céréales ainsi que les travaux domestiques
englobant la préparation des repas, le ramassage du bois de chauffage et
l'approvisionnement en eau.
Les hommes exécutent en priorité les travaux
durs comme les travaux de défrichage, la construction et la
réfection de l'habitation, les soins culturaux dans les caféiers
et les bananeraies ainsi que les travaux de lutte antiérosive. La
plupart des activités dans le
secteur de la production animale sont du ressort des hommes.
Les travaux de traite des animaux et la vente des produits animaux restent
encore réservés aux hommes.
Les travaux agricoles sont principalement effectués
lors de la période de plantation, de sarclage de récolte ainsi
que lors de la récolte de café. Pendant la saison sèche
surtout au mois de juillet et d'août, la charge de travail diminue de
sorte que les fêtes familiales, les visites et autres obligations
sociales se concentrent dans cette période. C'est justement dans cette
période que le sorgho récolté et séché
permet la fabrication de bière utilisée dans ces
différentes fêtes et visites familiales.
II.1.2. Les modes d'acquisition des terres
Les droits de tenure sur les surfaces agricoles sont de
nature variée. « Traditionnellement, la grande famille
possède un droit d'usage illimité sur la plus grande partie de la
surface d'exploitation qui peut être transmise et affermée mais ne
peut pas être vendue » (PIETROWICZ P. et al, 1998).
Actuellement la volonté de vouloir augmenter la capacité de
production agricole a développé le recours à d'autres
systèmes d'accès à des terres comme l'achat et la
location. A la question de savoir de quelle manière les exploitants des
zones périurbaines de la ville de Gikongoro accèdent à des
terres agricoles, les réponses obtenues sont représentées
dans le tableau suivant.
Tableau 9. Les modes d'acquisition des terres agricoles
dans la Ville de Gikongoro.
Secteur
|
Exploitants interrogés
|
Héritage
|
Achat
|
Autres
|
Gasaka
|
14
|
14
|
6
|
2
|
Kizi
|
14
|
13
|
8
|
1
|
Gikongoro
|
33
|
28
|
19
|
4
|
Ngiryi
|
19
|
17
|
5
|
5
|
Kamegeri
|
14
|
5
|
4
|
1
|
Remera
|
14
|
7
|
2
|
3
|
Total
|
96
|
84
|
44
|
16
|
Pourcentage
|
|
58
|
31
|
11
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006.
De tableau qui montre les parties composantes des
exploitations périurbaines selon le mode d'acquisition des terres, des
exploitations composées des terres obtenues par un seul mode
d'acquisition sont très peu nombreuses. Dans une seule exploitation, on
y trouve souvent une partie héritée, une partie achetée ou
une partie obtenue par autre mode. Pour tous ces modes d'accès à
des terres, l'héritage semble le mode
presque commun pour toutes les exploitations. Pour 96 des
exploitants interrogés, 84 disposent des exploitations qui sont soit en
partie ou totalement héritées.
II.1.2.1. L'acquisition par héritage
L'héritage est le mode d'acquisition des terres au
niveau de la famille correspondant à la distribution progressive des
champs du père à ses descendants, il reste le mode le plus
dominant d'accès à des terres. Pour l'ensemble des exploitants
enquêtés, ce mode d'héritage présente 58% des
réponses obtenues contre 31% pour l'achat et 11% pour des autres modes.
Le graphique suivant présente ces différents modes d'accès
à des terres suivant le nombre des exploitants enquêtés
Figure 13 : Les modes d'acquisition des terres agricoles
dans la Ville de Gikongoro.
120
|
100
80
60
40
20
0
% des exploitations
·
ts..a A CTI 00 0
0 0 0 0 0 C
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Gasaka Kizi Ngiryi Gikongoro Kamegeri Remera
Secteur
|
|
Héritage Achat Autres
|
|
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006.
Ce graphique illustre le fait que plus de 70% des
exploitations ont été obtenues par héritage. Même
pour certains secteurs comme Gasaka et Kizi, la proportion des exploitations
qui disposent au moins d'une partie héritée dépasse 90%.
Dans le système traditionnel d'héritage, le chef d'exploitation
était en effet habilité à répartir les terres dont
il disposait entre ses fils. Ses filles, sauf exception étaient exclues
de la transmission foncière. « Les terres étaient
presque toujours apportées par le mari » (GOUD B, 1993).
Actuellement tous les enfants ont officiellement le même droit
d'héritage. Mais ce principe n'est pas correctement appliqué. Le
tableau suivant montre la proportion des familles périurbaines de la
ville de Gikongoro qui exploitent l'héritage de la femme.
Tableau 10. La proportion des familles qui exploitent
l'héritage de la femme
Secteur
|
Nombre de familles exploitant l'héritage de la
femme
|
%
|
Gasaka
|
1
|
7
|
Kizi
|
3
|
21
|
Gikongoro
|
3
|
9
|
Ngiryi
|
5
|
26
|
Kamegeri
|
1
|
13
|
Remera
|
3
|
38
|
Total
|
16
|
100%
|
Moyenne
|
17%
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006
Figure 14 : La proportion des familles qui exploitent
l'héritage de la femme
Ngiryi; 3%
Gikongoro;
|
Kamegeri;
9%
|
1%
|
Remera;
|
|
4%
|
Gasaka;
|
7%
|
|
|
|
|
Gasaka Kizi Gikongoro Ngiryi Kamegeri Remera
|
|
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006
Le nombre de familles qui exploitent l'héritage de la
femme reste encore très faible. Comme le montre le tableau et graphique
ci-dessous, il représente seulement 17% de toutes les exploitations. Ici
la population enquêtée a expliqué que l'exploitation d'une
partie des terres héritées d'une femme se montre difficile et
même impossible étant donné que les mariés
proviennent généralement des endroits géographiquement
différents.
II.1.1.2.2. L'acquisition des terres par achat
Le mode d'acquisition des terres par achat est notamment
pratiqué d'une part, par les garçons n'ayant pas pu obtenir
une surface suffisante d'installation et possédant les
ressources monétaires indispensables pour
accroître leurs exploitations, et d'autre part, par de nouveaux
installés qui veulent créer leurs propres exploitations.
Le prix d'achat est généralement variable
suivant les zones. Dans les zones du centre ville le prix est
élevé ce qui fait que certains exploitants habitant ces zones
procèdent à la vente de leurs surfaces agricoles pour acheter et
constituer des exploitations dans des zones un peu éloignées
où des terres sont moins coûteuses.
II.1.2.3. Les autres modes d'acquisition des
terres
Parmi les autres modes d'accès aux terres, le
système de location des terres est le plus utilisé par les
exploitants. Ce mode est généralement pratiqué par des
exploitants disposant d'une surface cultivable trop restreinte. La location
d'une parcelle à une autre exploitant se fait comme le moyen
d'élargir la gamme des productions vivrières disponibles pour la
consommation familiale.
Le prix du bail est en fonction de sa durée, de la
surface de la parcelle, de sa fertilité supposée et du type de
spéculation prévu par le bénéficiaire. D'une
manière générale, la parcelle n'est cédée
que pendant une saison ou un an mais rarement plus. Cette durée de bail
très courte représente un facteur d'incertitude
considérable pour les locataires dans la mesure où ils ne peuvent
jamais compter sur une reconduction du contrat de bail lorsque celui ci est
arrivé à expiration. Dans ces conditions, les investissements
à long terme comme les cultures permanentes, les bandes
antiérosives, les cultures d'engrais verts ne sont pas attrayants sur
les terres affermées. Le bénéficiaire n'utilise que
très rarement des intrants agricoles.
Le système de location des terres est souvent
appliqué sur des petites parcelles éparpillées et
éloignées de l'assise foncière du locataire. Les terres
louées sont surtout les parcelles localisées dans les marais
parce qu'ils sont cultivés toute l'année. Pour que le locateur
maximise le profit des terres louées, la récolte d'une culture
est immédiatement suivie par la plantation d'une autre culture.
Dans certaines exploitations les propriétaires
accordent une partie de son espace agricole à leurs travailleurs. C'est
surtout le cas des travailleurs permanents. Les autres modes d'accès aux
terres sont surtout les dons par certaines gens qui sont chers à
d'autres ou parce qu'ils ont été responsables des
funérailles d'un proche parent « Inkurarwobo ». Dans
certaines situations l'Etat attribue des terres à certaines personnes
nécessiteuses mais ces attributions par l'Etat ne sont pas
fréquentes, la proportion est très faible.
II.1.2. La diminution des surfaces
agricoles
Les ressources en terres sont limitées alors que les
demandes humaines les concernant ne le sont pas. Une demande croissante ou une
pression sur les ressources en terre se manifeste par le déclin de la
production agricole, par la dégradation de la quantité et de la
qualité des terres. Suite à la diminution de la surface agricole
disponible causée par la pression démographique, la population a
opté pour l'utilisation des terres marginales, le raccourcissement de la
période de jachère et la conversion des pâturages et des
forêts en terres arables. Le partage des bien familiaux a abouti, dans de
nombreux cas, à la création de très petites parcelles qui
ne permettent pas d'assurer la subsistance d'une famille. Par
conséquent, un épuisement du sol et un déclin
sérieux et continu de la production agricole sont aujourd'hui
observés.
Tableau 11 : Les superficies des exploitations agricoles
périurbaines de la Ville de Gikongoro.
Taille des exploitations
|
Nombre d'exploitants
|
%
|
0-0.5 ha
|
28
|
29
|
0.5-1 ha
|
54
|
56
|
Plus de 1 ha
|
14
|
15
|
total
|
96
|
100
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006
Figure 15 : Les superficies des exploitations agricoles
périurbaines de la Ville de Gikongoro.
Plus de 1 ha 15%
|
0.5-1
56%
|
|
|
|
|
|
|
0-0.5 ha 29%
|
|
|
|
0-0.5 ha 0.5-1 ha Plus de 1 ha
|
|
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006.
L'interprétation du tableau et diagramme ci-dessus,
élaborés à partir des données estimatives de
superficies des exploitations périurbaines, montre que la
superficie agricole pour la majorité de la population
périurbaine de la Ville de Gikongoro est
située entre 0.5 à 1 ha. Cette tranche
représente 56% de toutes les exploitations périurbaines. Par
contre, les exploitations dont la superficie dépasse 1ha est
représenté par 15%. 29% des exploitants vivent d'une superficie
agricole inférieure à 0.5 ha. Cette situation de la ville de
Gikongoro est presque semblable à celle de tout le pays où la
taille moyenne des exploitations est inférieure à 0,8 hectare et
aussi, plus de 25 % des familles doivent survivre sur moins de 0,4 ha.
La capacité de production et de satisfaction de la
famille agricole dépend en grande partie de la taille de la population
de la famille. L'enquête faite sur terrain montre que pour la
majorité des exploitants agricoles, la vulnérabilité des
exploitations est fortement corrélée avec la diminution
progressive de la surface agricole. En effet, l'absence de niveaux techniques
convenables adaptés à la croissance de la population et la
réduction progressive des terres agricoles, limitent
considérablement la production agricole disponible tout en provoquant
des risques d'érosion et d'épuisement du sol.
La figure de la page suivante montre comment la pression
démographique est des causes majeures de la mauvaise production
agricole.
Figure 16 : La pression démographique face
à la production agricole
Mise en valeur
De la terre arable Manque de
Des parcelles pâturage
A faible vocation agricole
Surexploitation
Augmentation d'érosion
Diminution de la production agricole
Pression démographique
Rareté de la terre
Baisse de la Fertilité du sol
Manque des fumiers et autres intrants agricoles
Source : Nos enquêtes, 2006.
Du fait de la réduction de la surface d'exploitation
disponible, un nombre croissant de jeunes soit, n'hérite plus d'aucune
terre, soit ne peuvent plus vivre de la surface qui leur a été
attribuée. Ils sont donc contraints de se mettre en quête d'un des
rares emplois offerts hors de l'agriculture. Obligés de s'orienter
très tôt hors de l'agriculture
et hors de l'exploitation de la famille, les jeunes sont de
moins à moins motivés à participer aux activités
agricoles.
II.2. LES SYSTEMES DE PRODUCTION AGRICOLE
Le système de production agricole est une combinaison
d'éléments d'ordre écologique, technique,
socio-économique et culturel, qui déterminent la production
agricole. Le souci d'améliorer les moyens de subsistance et de garantir
la sécurité alimentaire des ménage, semble être le
moteur des différentes méthodes de cultures et des
systèmes de production appliqués par les exploitants. Mais c'est
aussi à travers ces systèmes de production que les risques de
dégradation et d'épuisement du sol apparaissent.
II.2.1. Le mode d'utilisation des sols
Les exploitants des zones environnantes du centre urbain de
la Ville de Gikongoro pratiquent une agriculture de subsistance. Les cultures
dominantes sont principalement le haricot, la patate douce, le sorgho, le petit
pois, le maïs, la banane, le soja, le manioc. Le caféier est la
seule culture commerciale pratiquée. A part les cultures permanentes, la
banane et le café, la répartition des cultures sur la surface
agricole est étroitement liée à la période
saisonnière et à l'importance d'une telle culture sur le plan
alimentaire.
En termes de surface cultivée, les cultures
saisonnières (le sorgho, le haricot et le maïs) s'imposent et
peuvent couvrir une superficie moyenne supérieur à la
moitié de toute l'exploitation. Les tubercules viennent au second rang.
La culture la plus couramment pratiquée est celle des patates douces qui
sont cultivées partout. Elles constituent un aliment de base pour la
population. Elles sont plantées et récoltées durant toute
l'année. Au début de la saison sèche, les patates douces
sont surtout cultivées dans les marais. Même les exploitants qui
ne disposent pas de champs dans les marais procèdent au système
de location de parcelles destinées à cette culture surtout
pendant la saison sèche. La culture du manioc est pratiquée
surtout sur des espaces marginaux et souvent loin de l'assise
foncière.
Pour les cultures pérennes, le bananier est la culture
permanente la plus répandue. Elle se trouve dispersée dans
presque toutes les exploitations agricoles. Dans certaines exploitations, le
bananier occupe plus d'espace que les autres cultures.
Photo 1 : Une exploitation dominée par le
bananier
Source : Photos prises en septembre 2006.
A l'exemple de cette photo, il est constaté que les
certaines exploitations disposent le bananier comme culture principale
parsemée dans presque toutes les parcelles. Ce type de cultures est
souvent associé par des cultures vivrières qui s'alternent
suivant les saisons culturales.
A part sa consommation comme une nourriture solide et comme
source de bière, la culture de bananier sert à d'autres
utilisations. Le tronc sert d'aliment au bétail tandis que les feuilles
sèches servent au paillage de la bananeraie elle-même ou des
champs de café, de combustible, de matière première dans
la construction ou l'artisanat, dans divers usages domestiques.
II.2.2. Le système d'association des
cultures
« Le système d'association des cultures
consiste à la mise en culture, au cours d'une même année de
différentes espèces végétales sur le même
terrain soit simultanément, soit successivement ou encore avec un
décalage entre plusieurs d'entre elles » (PIETROWICS P. et al,
1998). Le tableau montre les réponses fournies par les exploitants
à la question de savoir quelles sont les cultures dominantes dans ce
système d'association des cultures.
Tableau 12. Les principales cultures associées
dans les exploitations périurbaines de la ville de Gikongoro
N°
|
Cultures associées
|
nombre d'exploitants
|
%
|
1
|
Sorgho/maïs/ haricots/patates douces
|
26
|
27
|
2
|
Manioc/patates douces
|
18
|
18
|
3
|
Bananes/haricot /sorgho/maïs
|
13
|
13
|
4
|
Haricots/petit pois
|
8
|
8
|
5
|
Patates douces/haricots/bananes
|
8
|
8
|
6
|
Haricots /sorgho/pomme de terre
|
6
|
7
|
7
|
Bananes/patates douce/haricots
|
6
|
7
|
8
|
Haricots/soja/petit pois
|
5
|
5
|
9
|
Maïs/manioc/patates douces/haricots
|
4
|
4
|
10
|
Haricots/maïs/pomme de terre
|
4
|
4
|
Total
|
96
|
100
|
|
Source : Notre enquête, 2006.
Les réponses fournies dans le tableau ci-dessus
contiennent des situations multiples. Dans ce tableau, les cultures dominantes
de ces différentes associations sont surtout les haricots, les patates
douces et le bananier, le maïs et le sorgho. Même sous le bananier,
la pratique des cultures saisonnières est courante.
Photo 2 : La culture de banane associée aux
haricots
Source : Photos prises en septembre 2006.
Les effets de la diminution de l'espace agricole ont conduit
à la suppression du système de paillage dans l'entretien de cette
culture et à son introduction dans le peuplement des cultures
associées. La culture de haricots occupe aussi une place
considérable dans ce système d'association. Ils sont souvent
associés aux petits pois, le soja. Pendant la deuxième saison
culturale, les haricots sont cultivés en association avec le sorgho.
Dans toutes les saisons culturales la majorité des exploitations dispose
de parcelles destinées aux cultures des tubercules surtout les patates
douces et les manioc soit en culture pure ou associée.
Dans une exploitation des cultures associées, les
périodes de récolte sont différentes suivant le cycle
végétatif des cultures. La culture récoltée est
immédiatement remplacée par une autre. La qualité du sol,
les conditions climatiques et la demande des produits agricoles sur le
marché, représentent en l'occurrence les principaux
critères guidant les choix des cultures de remplacement.
La décision de réaliser certaines cultures en
association ou en culture pure est également influencée par la
qualité du sol et l'éloignement des champs. Sur les sols de
qualité médiocre le manioc et les patates douces sont plus
rencontrés en cultures pures. Sur les champs éloignés, les
agriculteurs préfèrent installer des cultures pures pour des
raisons d'économie de travail. Dans des parcelles proches de
l'habitation, les agriculteurs affirment qu'ils y récoltent une
production élevée comparablement à des surfaces agricoles
éloignées parce que c'est dans ces parcelles proches qu'ils
versent les fumures organiques disponibles. A la question de vouloir
connaître l'importance des associations de cultures dans l'agriculture et
de mieux cerner les arguments plaidant en faveur ou contre les cultures
associées, les réponses obtenues sont synthétisées
dans le tableau ci-dessous.
Tableau 13 . Les raisons de l'association des
cultures.
Raisons
|
Première raison
|
Deuxième raison
|
Troisième raison
|
Total
|
La maximisation du rendement agricole
|
15
|
22
|
26
|
63
|
L'autosuffisance alimentaire
|
26
|
20
|
12
|
58
|
La diminution des risques
|
18
|
16
|
9
|
43
|
La protection du sol
|
10
|
8
|
13
|
31
|
|
Source : nos enquêtes, 2006
A cette question beaucoup d'exploitants interrogés ont
donné plusieurs raisons ce qui fait que le nombre de réponses
obtenues est de loin supérieur au nombre des exploitants
interrogés. En considérant l'importance que les exploitants
donnent à ces différentes raisons, les réponses qui ont
été obtenues comme première raison de l'association des
cultures montrent que l'autosuffisance alimentaire et la diminution des
risques, qui surtout lié aux changement climatiques et à
l'attaques des maladies, sont les plus dominantes. Elle représente
respectivement 38% et 26%. Mais cette situation diffère de la situation
globale. Le diagramme suivant montre globalement l'importance que les
exploitants donnent à ces différentes raisons d'association des
cultures.
Figure 17 : Les différentes raisons
d'association des cultures
La maximisation du rendement agricole L'autosuffisance
alimentaire
La diminution des risques La protection du sol
22%
16%
30%
32%
Source : nos enquêtes, 2006
Le diagramme de la page précédente montre que
la maximisation de rendement et l'autosuffisance alimentaire ont
été plusieurs fois évoquées par les exploitants
comme les principales raisons de pratique des cultures associées. Ces
deux raisons présentent respectivement 32% et 30% de toutes les
réponses obtenues. Pour chaque raison, les exploitants ont toujours
donné des explications :
II.2.2.1. La maximisation du rendement
agricole
Selon les explications accompagnant les réponses
fournies en faveur de cette raison, la pratique des cultures différentes
dont le cycle végétatif est également différant
permet de maximiser le rendement de la surface agricole disponible parc que la
culture récolté est immédiatement remplace par une autre
tout en attendant que les autres cultures arrivent à leurs
maturité. Ce qui permet de tirer un profit maximum de la période
de végétation sur un minimum de surface. Pour ces exploitants, ce
système est surtout plus efficace pour les exploitations de superficie
agricole réduite.
II.2.2.2. L'autosuffisance alimentaire
L'association des cultures est l'un des moyens permettant de
garantir la sécurité alimentaire au sein de la famille. La
disposition des cultures variées dans le champ permet à la
famille de bénéficier d'une nourriture équilibrée.
Ici la famille s'arrange pour disposer dans son exploitation d'une parcelle
destinée aux tubercules et d'une autre dans la quelle elle pratique
l'association des autres types de cultures surtout les
légumineuses. Cette méthode facilite
l'approvisionnement de la famille en produits nécessaires à une
alimentation complète voir même équilibrée.
II.2.2.3. La protection du sol
De ce point, les exploitants affirment que l'association des
différentes cultures dans la même parcelle est l'un des
systèmes contribuant à la protection du sol contre
l'érosion. Comme la capacité de fixer le sol n'est pas la
même pour toutes les cultures, les exploitants préfèrent
associer les différentes cultures afin de garder l'équilibre de
protection entre ces cultures.
II.2.2.4. La diminution des risques
L'agriculture est toujours soumise au hasard et à la
variation du climat que
l'agriculteur ne maîtrise pas. La variation des
quantités des précipitations et l'attaque des plantes par des
maladies sont les principaux facteurs d'incertitude pour les exploitants. Le
système d'association des cultures est un des moyens permettant
d'empêcher la dégradation totale de toutes les cultures dans une
exploitation. Lors de la variation climatique comme la diminution de
précipitations certaines cultures sont plus résistantes que les
autres. Il peut même arriver qu'une telle culture soit attaquée
par une maladie. Ainsi par la pratique des cultures différentes,
l'agriculteur espère un certain rendement de la part des cultures
résistantes.
II.2.3. Le calendrier agricole
Généralement les activités agricoles
rwandaises se font suivant les deux principales saisons : les saison A et B
dont les périodes sont respectivement de septembre à janvier et
de février à juillet. Pendant la grande saison sèche, les
exploitants se concentrent sur la mise en valeur des marais. Cette
période appelée saison C commence au mois de juin pour se
terminer en octobre.
Tableau 14. Les saisons culturales
rwandaises
Saison B (Grande saison des pluies)
|
|
Saison A (Petite saison des
pluies)
|
Plantation
|
Récolte
|
|
Plantation
|
Récolte
|
fév
|
Mar
|
Avr
|
Mai
|
Juin Juil
|
Août
|
Sept Oct
|
Nov
|
Dec
|
Jan
|
|
|
|
|
Plantation
|
Récolte
|
|
|
|
|
|
|
|
Saison C (marais)
|
|
|
|
|
Source :
http://www.sisa.africa-web.org/rubrique,
mars 2006.
Dans ces différentes saisons, les cultures dominantes
sont surtout le haricot pour la saison A, le sorgho pour la saison B et les
tubercules ainsi que les légumineuses durant la saison C. Ces cultures
saisonnières sont pratiquées en association ou en culture
pure.
II.2.3.1. La culture des haricots de la première
saison
Pendant la première saison, la culture des haricots
s'impose partout dans les exploitations. Les activités de
préparation du labour et du semis de cette culture se font couramment au
mois de septembre jusqu'au début d'octobre. Comme son cycle
végétatif est généralement de trois mois, la
récolte se fait au début de janvier. Pendant cette saison, le
haricot est souvent cultivé en culture pure. Les principales
variétés pratiquées sont regroupées en deux
catégories à savoir les haricots volubiles et les haricots
nains.
Photo 3 : Les variétés de culture de
haricot
Haricot volubile
Haricot nain
Source : Photos prises en novembre 2006.
Ces deux variétés pratiquées dans les
exploitations périurbaines sont différentes selon leur
production. Comme le montre la photo ci-dessus, le haricot volubile est de type
rampant et comporte plusieurs gousses comparablement au haricot nain.
« Le haricot volubile est le plus productif et ses rendements vont
jusqu'à doubler ceux du haricot nain » (BAZIVAMO, 2002).
Malgré sa production considérable, cette variété de
haricot reste la moins pratiquée dans la zone périurbaine de
Gikongoro.
Tableau 15 : Les variétés de culture de
haricot pratiquées.
Secteur
|
Population enquêtée
|
Haricot nain
|
Haricot volubile
|
Combiné
|
Gikongoro
|
33
|
21
|
3
|
9
|
Kamegeri
|
8
|
5
|
1
|
2
|
Ngiryi
|
19
|
10
|
4
|
5
|
Remera
|
8
|
5
|
2
|
1
|
Kizi
|
14
|
9
|
2
|
3
|
Gasaka
|
14
|
7
|
3
|
4
|
Total
|
96
|
57
|
15
|
24
|
%
|
100
|
59
|
16
|
25
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006
Figure 18 : Les variétés de culture de
haricot pratiquées.
% 100
40
20
90
80
70
60
50
30
10
0
haricot nain Haricot volubule combiné
Secteur
Source : Nos enquêtes, 2006.
Les réponses présentées dans le tableau
N° 15, illustrées dans graphique ci-dessus, affirment que la
culture de haricot nain est plus dominante par rapport à la culture de
haricot volubile. Pour l'ensemble, 57% de tous les exploitants cultivent le
haricot nain contre 15% pour les variétés des haricots volubiles.
Par contre 24% des exploitants préfèrent combiner les deux
variétés de haricot tout en disposant une parcelle de haricot
nain et une autre pour le haricot volubile soit en culture pure ou en
association à d'autres cultures. Même dans ces exploitations
où ces deux variétés sont combinées, le haricot
volubile occupe une petite superficie comparablement à la
variété de haricot nain.
La raison avancée pour expliquer cette situation est
que les haricots volubiles sont plus attaqués par les animaux
nuisibles comparablement aux haricots nains. A cela s'ajoute le
problème de manque de petits arbres servant comme tuteurs de ce type de
culture.
Suite à son rôle important dans l'alimentation,
le haricot est cultivé presque toute l'année. Durant la saison B
destinée normalement à la culture du sorgho, le haricot est
cultivé sur une superficie égale ou même supérieure
à celle du sorgho. Cette situation a été
particulièrement remarquable au cours de l'année 2005. A la
question de savoir s'il y a une certaine pression de pratiquer plus la culture
du haricot, la réponse donnée est que durant cette année,
la saison culturale des haricots a été désastreuse de
façon que plusieurs exploitants n'ont rien récolté. C'est
ainsi que les agriculteurs ont dû nécessairement essayer de
compenser cette quantité de haricot perdue pendant la saison B afin
d'atténuer le déficit alimentaire.
II.2.3.2. La culture de sorgho de la deuxième
saison
Le sorgho est la culture le plus pratiquée pendant le
deuxième saison culturale (saison B). Le semis se fait
généralement au mois de février. Pendant cette saison, le
sorgho est couramment semé en culture pure. Dans certaines
exploitations, il est associé avec le maïs, les haricots ou les
patates douces. Le cycle végétatif de sorgho est variable suivant
les variétés mais il est généralement d'environ 160
jours. Les variétés pratiquées sont
généralement identifiées à partir de leur couleur
et sont groupées en deux suivant leur utilisation. Les
variétés destinées à la transformation de la
boisson fermentée sont souvent de couleur rouge tandis que celles
destinées à la consommation directe sont blanchâtres. A la
récolte, l'exploitant s'arrange pour réserver une certaine
quantité qui sera utilisé à la saison suivante comme
semence.
A la récolte, les éteules de sorgho sont
utilisées dans certaines activités surtout le paillage des
caféiers et la construction des enclos. Comme pour le bananier, son
important rôle dans la vie sociale lui confère une place de choix
dans l'agriculture malgré ses faibles rendements dans certaines zones
d'altitude élevée (BAZIVAMO, 2002). Le premier désherbage
intervient 5 à 6 semaines après le semis. En cas de semis
très dense, il est couplé avec le démariage lors du
deuxième désherbage.
`
II.2.3.3. Les cultures de la troisième
saison
La production agricole de la troisième saison,
appelée aussi saison C, est pratiquée habituellement dans les
marais et les bas fonds qui retiennent une certaine humidité pendant
la période sèche de juin à septembre. Les semis de la
saison C dépendent de
la performance et du calendrier de la saison B. Si les pluies
s'arrêtent tard en saison B, comme ce fut le cas en 2005, le semis
commence tard.
Tableau 16. La situation des marais dans la Ville de
Gikongoro
N°
|
Noms
|
Localisation (Secteur)
|
Superficie
|
1
|
Nkungu
|
Ngiryi
|
21 ha
|
2
|
Mwogo
|
Kizi - Kamegeri
|
40 ha
|
3
|
Muzirantwago
|
Gikongoro
|
10 ha
|
4
|
Nyamugari
|
Ngiryi
|
12 ha
|
|
Total
|
|
83 ha
|
|
Source : Ville de Gikongoro, 2003
Comme le montre le tableau ci-dessus, la Ville de Gikongoro
possède 4 marais qui occupent une superficie de 83 ha. Les principales
cultures qui y sont pratiquées pendant la saison C sont les
légumineuses, les patates douces et le manioc.
II.2.4. Les cultures de rente
Le café est la seule culture industrielle
pratiquée dans les zones de la Ville de Gikongoro. Dans l'année
2003, la Ville de Gikongoro avait 593.454 caféiers répartis dans
les anciens secteurs comme suit :
Tableau 17. Le nombre de caféiers par
secteur
N°
|
Secteur
|
Nombre de caféiers
|
1
|
Kamegeri
|
179.911
|
2
|
Kizi
|
108.299
|
3
|
Gikongoro
|
117.363
|
4
|
Gasaka
|
26.176
|
5
|
Ngiryi
|
101.824
|
6
|
Remera
|
59.881
|
|
TOTAL
|
593.454
|
|
Source : Ville de Gikongoro, 2003
De ce tableau, la répartition des caféiers est
inégale. Le secteur de Kamegeri dispose d'un grand nombre et
possède à lui seul 30.3% de tous les caféiers de cette
zone. A l'opposé, le secteur Gasaka qui dispose d'un petit nombre des
caféiers présente
seulement 4.4%. La culture du café est
généralement faite en pure mais dans certaines parcelles de
café, les exploitants y introduisent des cultures vivrières
intercalaires.
Photo 4 : Le café en culture pure et en
association à d'autres cultures
Source : photos prises en novembre 2006.
L'entretien des caféiers se fait par le paillage qui
consiste à entretenir une couverture végétale morte dans
la plantation. Ce technique permet la fertilisation du sol en le
protégeant contre l'évaporation au niveau du sol et en
éliminant les effets adventices. Le paillage de café est
généralement assuré au mois d'août après la
récolte de sorgho pour bénéficier de la biomasse provenant
de cette culture. Dans les exploitations disposant d'arbres comme le grevellia
autour de leurs parcelles, les branches enlevées à ces arbres
lors de leur entretien sont aussi utilisées pour le paillage de
caféier.
Il est important de souligner le rôle des usines de
café dans la promotion de cette culture commerciale. L'installation
d'une station de lavage a provoqué l'augmentation des prix du
café. Le café est actuellement une culture de valeur avec un
revenu très important. Cela encourage les agriculteurs dans leurs
activités d'entretien des plantations des caféiers. Certains
exploitants réservent une partie du revenu du café pour pouvoir
payer un ou plusieurs ouvriers qui assurent ce paillage.
II.2.5. Les outils agricoles
Le matériel agricole rwandais est
généralement élémentaire et manuel. Les principaux
outils restent partout la houe, la machette et la serpette. Ils permettent aux
agriculteurs de mener presque toutes les activités agricoles principales
depuis la préparation du sol jusqu'à la récolte c'est
à dire le labour, le semis, le sarclage et la récolte. Les autres
outils comme les pics, les pelles sont particulièrement utilisés
pour
certaines activités comme le creusement des
fossés antiérosifs et l'aménagement des terrasses
radicales.
Tableau 18. L'outillage utilisé dans
l'agriculture périurbaine de la ville de Gikongoro.
Matériel
|
Durée moyenne d'utilisation
|
Les ménages possédant le
matériel
|
% des ménages possédant le
matériel
|
Houes
|
6 mois
|
96
|
100
|
Serpette
|
4ans
|
95
|
99
|
Machette
|
3ans
|
92
|
96
|
Pelles
|
5ans
|
18
|
19
|
Pics
|
5ans
|
13
|
14
|
Brouettes
|
5ans
|
6
|
6
|
Pulvérisateur
|
4ans
|
2
|
2
|
|
Source : nos enquêtes, 2006
Figure 19 : L'outillage utilisé dans
l'agriculture périurbaine de la ville de Gikongoro.
%
100
40
20
90
70
60
50
30
80
10
0
Matériels agricoles utilisés
Source : nos enquêtes, 2006
La possession du matériel au niveau des ménages
est étroitement liée à son importance dans les
activités agricoles. Certains outillages de base sont
particulièrement présents dans tous les ménages. La houe
est l'outil agricole le plus représenté dans tous les
ménages Pour 59% des ménages enquêtés, chacun
possède au mois plus de deux houes et deux serpettes et une machette.
Les autres outils comme la brouette et le pulvérisateur sont
généralement rares. En cas de besoin, les exploitants
procèdent au système de prêt ou de location.
L'absence quasi-totale d'une trace de mécanisation ou
de culture par traction animale résulte de plusieurs raisons. Aux effets
du relief accidenté, s'ajoute le problème de la surface
disponible qui est très réduite et du faible revenu des
agriculteurs pour se lancer dans ce système de production, l'absence des
connaissances en matière d'agriculture attelée. Pour plus de 60%
des chefs d'exploitations interrogés, ils affirment que la main d'oeuvre
disponible au sein de leur famille est satisfaisante.
Le secteur agricole dispose d'une main d'oeuvre suffisante et
même excédentaire de façon que le développement de
ce secteur n'implique pas nécessairement le recours à la
mécanisation ou à la culture attelée. Par contre les
agriculteurs ont besoin de certains matériels particuliers comme le
pulvérisateurs à main, les rayonneurs, les tridents pour certains
activités post culturales comme la protection des produits
stockés, la lutte contre les ennemis des plantes, le semis en ligne et
l'élimination des mauvaises herbes.
II.2.6. Les techniques culturales
Les techniques culturales appliqués dans des zones
périurbaines de la ville de Gikongoro sont généralement
les mêmes que celles des autres zones agricoles du Rwanda. Il s'agit de
la préparation du sol, le semis, le billonnage, le sarclage, le binage,
et la récolte. Ces techniques se conforment aux caractéristiques
du milieu, du type de culture, et au calendrier agricole.
II.2.6.1. La préparation du sol
La préparation du sol est fonction du type de culture
à faire et des cultures récoltées. Sur des terres qui sont
continuellement cultivées, le semis se fait immédiatement
après un seul labour. En cas de semis après une courte
jachère ou après une culture de saison A, l'agriculteur pratique
couramment deux labours : l'un pour retourner le sol, l'autre pour
préparer le lit de semis.
Sur les versants, les activités de préparation
des champs que ça soit le billonnage, le sarclage et le binage se font
en commençant sur le pied du champ. La principale technique pour
cultiver le champ est de haut en bas dans le sens de la pente et l'agriculteur
fait une ligne des plantes fourragères sur ce pied pour protéger
le sol contre les effets de l'érosion favorisés par cette
technique de culture. Pour des champs aménagés en terrasses
radicales le labour des terres se fait à contre pente.
Du point de vue fertilisation, la surface agricole est
généralement située à proximité
immédiate de l'habitation et cela facilite la surveillance des cultures
et le transport vers le champs, de fumure organique résultant des
déchets domestiques et des déjections du bétail.
L'accroissement du groupe familial qui s'accompagne d'une forte pression sur
les terres disponibles, ne permet pas la mise en place d'un période de
jachère : la totalité de l'espace agricole est exploitée
à chaque saison. L'apport de fumures est soit
répété à chaque saison culturale ou espacé
de manière à ce qu'une culture en place bénéficie
de l'arrière effet de la fumure
précédente.
II.2.6.2. L'organisation des parcelles
agricoles
Le foncier est le facteur principal pour la constitution des
parcelles agricoles. L'accès aux terres pour les nouveaux exploitants
qui se fait surtout entre les parents et leurs descendants ou entre le vendeur
des terres et l'acheteur conduit progressivement au morcellement de l'assise
foncière regroupant un noyau sur lequel l'agriculteur est établi
et des parcelles périphériques parfois éloignées du
noyau. Comme dans les autres zones agricoles le paysage périurbain est
caractérisé par la juxtaposition sur des versants, de parcelles
souvent délimitées par les arbustes et sur les quelles les
exploitants ont construit leurs demeures.
« La parcelle est une aire d'une surface
matérialisée dans des principales cultures ou associations des
cultures de l'exploitant » (GOUD B, 1993). La forme et la disposition
des parcelles dépendent des caractéristiques du système de
production de l'exploitant, de la surface agricole disponible ainsi que des
besoins à satisfaire au sein de la famille.
En observant les espaces agricoles des zones
périurbaines de la Ville de Gikongoro, on constate que les parcelles
cultivées sont toujours entourées par des passages permettant
l'écoulement des eaux de ruissellement. Dans des parcelles mises
à nu, ces ruisselets grossissent énormément et sans frein,
ils creusent leurs lits se ramifiant ou se multipliant en lignes
parallèles.
Photo 5. Les parcelles délimitées par des
barrières des pennisetum
Source : photo prise en novembre 2006.
Les zones de délimitation des champs sont les
principaux passages des eaux de ruissellement. Les barrières sont
confectionnées avec un mélange de végétaux vivants
et morts. La distance entre les barrières construites dans les ravines
dépend de la pente, de la structure du sol et de la quantité
d'eau. Entre les barrières, les agriculteurs plantent des herbes
fixatrices surtout les cétaria, le pennisetum.
Les parcelles sont organisées suivant des courbes de
niveau. Pour les espaces à pente moyenne, surtout au milieu des
versants, le paysage se caractérise par la juxtaposition sur des
versants, des parcelles délimitées par des herbes fixatrices sur
les fossés antiérosifs. C'est à l'intérieur de ces
parcelles constituant l'exploitation que les exploitants construisent leurs
maisons d'habitation.
II.2.7. Les espaces non cultivés
Même si la végétation des zones
périurbaines de la Ville de Gikongoro est fortement dominée par
des cultures vivrières aux quelles s'ajoute le culture de
caféier, il s'y remarque aussi une superficie non cultivée
considérable qui est généralement occupée par des
boisements ainsi que par des pâturages mais sur une très petite
échelle.
II.2.7.1. 1. Les boisements
Le bois est la principale source d'énergie pour la
grande masse de la population rwandaise. Le quasi totalité de la
consommation énergétique est couvert par le bois. Selon le
rapport annuel de 2004, les zones environnantes de la Ville de Gikongoro
disposent d'une superficie de 390 ha couverts par le boisement. Le tableau
suivant montre la situation des boisements par secteurs de la Ville de
Gikongoro.
Tableau 19. L'état des boisements dans la Ville
de Gikongoro
N°
|
Secteur
|
Boisements/ ha
|
Besoins en reboisement/ ha
|
1
|
Kizi
|
44
|
15
|
2
|
Kamegeri
|
61
|
20
|
3
|
Gasaka
|
74
|
10
|
4
|
Remera
|
91
|
15
|
5
|
Gikongoro
|
83
|
1
|
6
|
Ngiryi
|
37
|
2
|
|
Total
|
390
|
63
|
|
Source :Ville de Gikongoro, 2004
Ce boisement anthropique est constitué en grande
partie d'eucalyptus, qui sont la variété la plus répandue
dans toute la zone. « L'eucalyptus est un arbre à croissance
rapide qui s'adapte à tous les types de sol bien qu'il pousse mieux sur
les sols profonds. C'est ainsi que les paysans le préfèrent aux
autres espèces d'arbres » ((NDUWAYEZU, 1983.).On peut aussi
trouve d'autres variétés comme le pinus, le grévillea, et
des arbres fruitiers dont l'avocatier, le goyavier, l'oranger, le citronnier
qui dans l'ensemble ne sont pas bien entretenus.
La production de bois est actuellement insuffisante pour
couvrir les besoins. La dégradation de l'environnement forestier a
été souvent liée à la coupe
désordonnée du bois et elle a été aggravée
par le fait de ne pas remplacer les arbres coupés. La région du
Sud du pays dans laquelle se situe la Ville de Gikongoro était l'une des
plus productrices du bois et de ses dérivées surtout le charbon
et les planches. Actuellement, la surface boisée est
généralement composée de rejets d'arbres coupés.
Sur certaines surfaces, des grandes plantations s'observent mais elles
appartiennent généralement soit à l'Etat, et/ou soit
à des institutions religieuses.
La pression démographique a provoqué
l'extension de la surface agricole jusqu'à la mise en culture des
espaces à vocation forestière au vu des pentes. Le
résultat de cette dégradation est la montée
exagérée des prix des produits du bois. Dans le but d'augmenter
la surface boisée, les dirigeants locaux prévoient la plantation
d'arbres sur une superficie de 63 ha à laquelle s'ajoutent 191 ha
appartenant à l'Etat ou à la ville et nécessitant
d'être reboisés aussi.
II.2.7.2. La jachère
« La jachère, période pendant laquelle
la terre se repose des effets néfastes de la culture, occupe une place
importante dans la tradition agricole du sud du Rwanda ». (PIETROWICS
P et al, 1998). « Dans le système de culture alternante,
apparemment stable sur le plan écologique, les champs exploités
de un à trois ans étaient mis en jachère pendant quatre
à dix ans ou plus » (RUTHENBERG, 1980 ; SANCHEZ, 1976
cité par PIETROWICS P et al , 1998). La rareté accrue des terres
causée par la croissance démographique a provoqué un
raccourcissement des temps de jachère et une diminution des surfaces
mise en jachère. L'importance de la jachère comme
élément de repos des terres a actuellement disparu. Pour des
terres à sol pauvre, les gens préfèrent souvent y
pratiquer des cultures moins exigeantes comme le manioc.
Tableau 20 : Les exploitants qui pratiquent le
système de jachère
Secteur
|
Exploitants qui pratiquent la jachère
|
%
|
Gikongoro
|
5
|
15
|
Kamegeri
|
1
|
13
|
Ngiryi
|
2
|
11
|
Remera
|
|
0
|
Kizi
|
1
|
7
|
Gasaka
|
2
|
14
|
Total
|
11
|
11
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006
Figure 20 : Les exploitants qui pratiquent le
système de jachère
Gasaka 23%
Kizi
|
|
Gikongoro 25%
|
|
|
|
Kamegeri 22%
|
12%
Remera
|
|
|
|
|
Ngiryi Remera
|
Kizi Gasaka
|
|
|
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006
Le tableau de la page précédente et diagramme
ci-dessus, montrent que les exploitants qui pratiquent encore le
système de jachère sont très peu nombreux.
Ils représentent seulement 11%. Ces exploitants sont d'une part des
éleveurs qui utilisent
cette surface réservée comme pâturage et
d'autre part les ménages qui disposent une surface agricole encore
suffisante ou même dépassant la capacité de la main
d'oeuvre familiale. Dans ces différentes exploitations, la surface mise
en jachère reste généralement petite comparablement
à la surface cultivée. Pour des exploitations disposant d'une
surface agricole très réduite, le système de
jachère n'existe plus parce que les efforts de vouloir satisfaire les
besoins de la famille ne permettent pas de respecter une période de
jachère. Même si le système de jachère devient de
plus en plus impossible, les exploitants sont vraiment conscients de son
importance. La disparition de ce système de jachère est
même évoquée dans les principaux problèmes
d'épuisement du sol.
II.3. L'HABITAT PERIURBAIN DE LA VILLE DE
GIKONGORO
Le concept "Habitat" ne concerne pas uniquement le
logement ou "l'habitation", il englobe aussi l'ensemble des
caractéristiques techniques et culturelles qui contribuent à
l'amélioration sinon à la dégradation de l'environnement
humain. Généralement le rôle de l'habitat est de
protéger l'homme contre les dangers, les intempéries et de
favoriser son développement voire son épanouissement familial,
social, intellectuel, culturel et économique. Les
systèmes de répartition, de distribution et de construction des
maisons répondent à conditions climatiques, techniques et
économiques.
II.3.1. Les caractéristiques de
l'habitat
En général la maison d'habitation occupe la
position centrale dans la parcelle principale de l'exploitant. L'unité
d'habitat coïncide avec l'unité de production. L'unité
d'habitation est souvent cernée par un enclos dans le but de la
protéger contre les intrus. Ces enclos sont souvent constitués
par les haies vives ou les éteules de sorgho après la
récolte. Pour quelques ménages, les clôtures sont
construites par les briques adobes ou cuites selon les moyens financiers de la
famille. L'habitation comprend généralement la demeure proprement
dite et ses dépendances c'est-à-dire la cuisine, l'étable
et le grenier.
Les demeures actuelles sont majoritairement rectangulaires
avec des murs en torchis ou en briques adobe et des toits en tuiles ou en
tôles. Selon les matériaux de construction, les maisons en
pisé couvertes des tuiles sont plus nombreuses bien qu'il existe
également des maisons en briques adobes ou cuites. Ces derniers types de
maisons sont faiblement représentés et se situent surtout dans
des zones les plus
proches du centre ville. Dans presque toutes les habitations,
les matériaux de construction utilisés sur la demeure principale
sont différents des ceux utilisés sur ses dépendances
comme la cuisine, la toilette, l'étable et le grenier.
Photo 6: Une habitation composée de deux
maisons différemment construites
Source : Photos prises en septembre 2006
A l'exemple de cette photo, la demeure principale de forme
rectangulaire est couverte de tuiles alors que la cuisine est une hutte ronde
couverte de paille. Ainsi pour bien présenter la situation des
ménages périurbains en matière de construction de leurs
habitations, le tableau ci-dessous présente les matériaux de
construction de la demeure principale des ménages périurbains de
la ville de Gikongoro.
Tableau 21 : Les matériaux de construction des
maisons
Secteur
|
Echantillon
|
Matériels de couverture des
maisons
|
Matériels des murs
|
|
Tuile
|
Paille
|
Brique cuite
|
Brique adobe
|
Pisé
|
Gasaka
|
14
|
3
|
10
|
1
|
2
|
1
|
11
|
Kizi
|
14
|
6
|
8
|
0
|
1
|
4
|
9
|
Gikongoro
|
33
|
11
|
22
|
0
|
4
|
8
|
21
|
Ngiryi
|
19
|
4
|
13
|
2
|
2
|
3
|
14
|
Kamegeri
|
8
|
2
|
6
|
0
|
0
|
3
|
5
|
Remera
|
8
|
4
|
3
|
1
|
1
|
1
|
6
|
Total
|
96
|
30
|
62
|
4
|
10
|
20
|
66
|
%
|
|
31
|
65
|
4
|
10
|
21
|
69
|
|
Source : Nos enquêtes, 2006.
Figure 21 : Les matériaux de construction des
maisons
% des maisons
100
40
90
80
70
60
50
30
20
10
0
Brique cuite
Matériels de couverture des maisons Matériels des
murs
Tôle
Brique adobe
Tuile
Paille
Pisé
Source : Nos enquêtes, 2006.
Concernant le matériel du toit des maisons, la
couverture en tuile est plus dominante. Elle représente 65% de la
totalité des habitations ce qui est presque le double des maisons
couvertes de tôles qui représentent 31%. La hutte ronde couverte
de paille qui correspondait à la forme d'habitat la plus répandue
dans les années 50 est très faiblement représentée
avec seulement 4% de toutes les maisons. Dans le peu de ménages
où elle existe encore, elle est souvent utilisée comme
cuisine.
Photo 7 : Une maison d'habitation couverte de
paille
Source : Photo prise en septembre
2006.
Dans ce petit nombre d'habitations des maisons qui sont
toutes couvertes de paille, toutes ces maisons ne sont pas toujours des huttes
rondes. Comme le montre la photo ci-dessus, la maison principale est de forme
rectangulaire, même si elle est aussi couverte de paille.
En matière de construction des murs des maisons, le
pisé s'impose avec 69% de toutes les habitations. Les briques cuites et
adobes sont aussi utilisés mais leur part reste faible. Ils
présentent respectivement 10% et 20%- de toutes les habitations. Suite
à la déforestation qui a provoqué le manque des produits
du bois, l'utilisation des briques adobes est actuellement
préconisée pour limiter la quantité de bois
utilisés sur une maison.
II.3.2. La répartition de l'habitat
La distribution des ménages est facteur de la
structure agraire. Elle témoigne du processus de densification de
l'espace. Elle commande la répartition des cultures selon le plus ou
moins grand morcellement des exploitations. Trois modes de répartition
de l'habitat se distinguent :
II.3.2. 1. L'habitat dispersé
La dispersion de l'habitat est la forme la plus dominante des
zones périurbaines de la Ville de Gikongoro. Elle ne suit aucune norme
pouvant répondre à une disposition régulière. Cela
est l'une des caractéristiques générales des zones rurales
rwandaises. Plusieurs ménages, vivant à l'intérieur de
leurs exploitations qui, elles-mêmes, n'ont pas toujours une forme
régulière.
Pour expliquer la raison de cette dispersion, la population
donne des arguments différents. Certains affirment que cette situation a
été longtemps favorisée par le mode d'acquisition des
terres par héritage. Dans la répartition des terres, il n'y a pas
un espace défini pour la construction des demeures pour des nouvelles
familles. Dans la parcelle obtenue, chaque descendant décide du choix de
la position de sa maison qui est généralement centrale. Pour les
autres, les agriculteurs ne veulent pas s'éloigner de leurs terres pour
pouvoir contrôler de près leurs champs et éviter des
longues marches qui sont pénibles surtout dans des zones très
accidentées.
II.3.2. 2. L'habitat
groupéL'habitat groupé est moins
représenté par rapport à l'ensemble des habitations
dispersées à travers les champs et les
exploitations disséminés sur toute la zone. Ce mode d'habitat
englobe la population habitant d'une part les centres de négoce et
d'autre part les villages (imidugudu).
Photo 8 : L'habitat groupé
(Umudugudu)
Source : Photo prise en septembre 2006.
Le regroupement de la population a été
favorisée surtout par la disposition des infrastructures de base (les
écoles, l'eau, l'électricité, la route) installés
par l'Etat ou les confessions religieuses. Pour les cas des villages
(Imidugudu), ils sont construits sur des zones déterminées, de
préférence les moins favorables aux cultures.
II.3.2.3. L'habitat linéaire
L'habitat linaire est surtout pratiques par la population qui
possède les exploitations proches de la route. Cette forme d'habitat qui
a été longtemps favorisé encouragé par des
sensibilisations politiques est observé sur la grande route
asphaltée ainsi que d'autres routes reliant les secteurs, la où
les formes topographiques sont favorables. Dans d'autres zones, la
volonté de vouloir placer les demeures au centre de l'exploitation ne
permet pas la mise en place de ce mode d'habitat.
II.3.3. Les problèmes de l'habitat
La topographie et les fortes pentes empêchent
l'existence de sites relativement étendus devant servir de zone
d'accueil aux établissements humains importants. La faiblesse des
revenus des ménages fait que les constructions réalisées
sont d'une qualité précaire. En raison d'une production agricole
limitée, les opérations d'amélioration de l'habitat sont
en concurrence directe avec la subsistance des paysans. A cela s'ajoute
actuellement le problème du manque des produits de construction dû
à la diminution et la dégradation des boisements.
Pour les jeunes en âge de fonder leurs familles, les
possibilités de construire leurs propres maisons deviennent de plus
en plus réduites parce que cela demande beaucoup de moyens
financiers. Pour les zones les plus proches du centre urbain,
l'extension se fait dans le désordre total.
L'éparpillement des parcelles construites provoque la diminution et le
morcellement de la surface agricole et engendre l'anarchie dans l'occupation
des sols.
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