CHAPITRE I. PRESENTATION GENERALE
La Ville de Gikongoro était l'une des entités
administratives de l'ancienne province de Gikongoro. Située au Sud-Ouest
du pays, celle-ci était subdivisée en sept districts : Nshili,
Kaduha, Karaba, Mudasomwa, Mushubi, Nyaruguru et la Ville de Gikongoro.
Selon les lois n° 4/2001 du 13 janvier 2001,
n°5/2001 du 18 janvier 2001 n° 7/2001 du 19 janvier 2001
«portant respectivement sur l'organisation et le fonctionnement des
districts, des circonscriptions urbaines et de la Ville de Kigali » chaque
chef-lieu de province a été conçu comme une ville, C'est
ainsi que la ville de Gikongoro fut l'une des unités administratives
autonomes de l'ancienne Province de Gikongoro.
Figure 1. La localisation de la Ville de Gikongoro dans
l'ancienne Province de Gikongoro.
La Ville de Gikongoro était composée de 6
secteurs à savoir Gasaka, Kamegeri, Ngiryi, Remera, Kizi et Gikongoro.
Son centre ville qui était le chef-lieu administratif et
économique de l'ancienne Province de Gikongoro qui abrite actuellement
le bureau du district de Nyamagabe.
Avec la reforme administrative de janvier 2006 qui a
divisé le Rwanda en quatre provinces et la ville de Kigali, la Ville de
Gikongoro a été combinée avec les ex-districts de Kaduha,
Mushubi, Mudasomwa, et une partie du district de Karaba pour former l'actuel
district de Nyamagabe, l'un des huit district de la province du Sud.
Figure 2: Localisation de la ville de Gikongoro dans le
District de Nyamagabe
Comme le montre la carte ci-haut, les quatre secteurs de la
Ville de Gikongoro, Gasaka, Remera, Gikongoro et Ngiryi ont été
combinés pour former l'actuel secteur de Gasaka. Les deux autres
secteurs, Kamegeri et Kizi font actuellement partie du nouveau secteur de
Kamegeri.
Située à 2028' de latitude sud et
à 29034' de longitude Est, ce centre ville est à
cheval sur la grande route asphaltée reliant les villes de Butare et de
Cyangugu localisées respectivement dans les districts de Huye et Rusizi.
Il est à 165 km de la ville de Kigali et à quelques dizaines de
km du Parc National de Nyungwe. Ainsi les résultats
présentés dans ce mémoire concernent les zones rurales
environnant le centre urbain de Gikongoro suivant la circonscription de la
Ville de Gikongoro. C'est ainsi que les données disponibles sont
reparties suivant les 7 secteurs ci-haut mentionnés qui couvrent une
superficie de 59,96 km2.
.I.1. LA DESCRIPTION DU MILIEU PHYSIQUE
« Les terres ne sont pas seulement
considérées en tant que sols ou espace topographique, mais elles
possèdent aussi des caractéristiques telles que des
dépôts superficiels sous-jacents, un climat et des ressources en
eau ainsi que des communautés végétales et animales qui
s'y sont développées suite à l'interaction des conditions
physiques ». (FAO, 2001). Les effets de l'action anthropique
reflétée par des changements dans le couvert
végétal ou par des structures, sont également
considérés comme des caractéristiques des terres. Une
modification de l'un des facteurs, l'affectation des terres par exemple, peut
avoir un impact sur d'autres facteurs comme la flore et la faune, la
qualité du sol, la distribution des eaux de surfaces et même le
climat.
La pratique de l'agriculture en haute altitude sur les pentes
raides non adaptées aux activités agricoles, à laquelle
s'ajoutent les effets des aléas climatiques pour lesquels l'agriculteur
n'a pas de solution, contribuent considérablement à accentuer les
menaces sur l'espace agricole. « Même si les moyens de lutte
contre les risques climatiques sont nombreux et diversifiés, aucun
cependant, n'a jamais mis totalement les cultures à l'abri des violences
climatiques » (DUPRIEZ, 1983).
I.1.1. Les formes topographiques du milieu
Les zones périurbaines de la Ville de Gikongoro se
situent dans la région du plateau central mais elles
présentent un relief plus ou moins accidenté qui est une
transition
vers la crête Congo Nil. Ce relief est formé par
une multitude des collines dispersées dans toutes les zones avec
l'altitude qui varie entre 1500 et 2300m.
Dans la partie ouest, les collines sont alignées avec
des sommets qui dépassent parfois 2000 m d'altitude le point culminant
de la Ville de Gikongoro étant la colline de Remera qui culmine à
2.265 m d'altitude. Les versants sont généralement taillés
dans les altérites mais dans certaines zones, il y a des versants
à affleurement rocheux. Les pentes qui ont des valeurs
supérieures à 15% sont fréquentes. C'est là une des
contraintes de l'occupation du sol sur l'ensemble de la zone.
I.1.2. Hydrographie
Les cours d'eau entourant la Ville de Gikongoro se divisent
en deux bassins : d'une part le bassin de la rivière RUKARARA où
se trouvent les rivières Kato et Gisayo et d'autres part le bassin de la
rivière MWOGO avec les rivières Kabanda, Nkungu et Kavure.
Figure 3 : Le réseau hydrographique de la Ville
de Gikongoro
Source : MINITRACO/CGIS-NUR, 2001.
Les débits de ces cours d'eau sont fonction des
précipitations. L'hydrographie de la Ville de Gikongoro est
également caractérisée par plusieurs cours d'eau
temporaires. Lors des précipitations très fortes, certaines
rivières sont menacées par des phénomènes de
débordement des eaux.
I.1.3. Les conditions climatiques
« Malgré la continentalité et la
position latitudinale équatoriale, le Rwanda se trouve sous l'influence
des courants d'air frais et la vitesse du vent relativement rapide »
(BIZIMUNGU T. 1977, cité par NDAMYIMANA E.1996).
I.1.3.1 Les précipitations
La Ville de Gikongoro est placée dans une zone des
précipitations moyennes supérieures à 1.100mm
conformément à son altitude. Elle est entourée par des
isohyètes méridiennes de 1200mm à 1400mm des
précipitations respectivement de l'Est à l'Ouest.
A part une influence orographique qui est due à la
continuité de la Crête Congo Nil, les précipitations ne
sont pas vraiment particulières de façon à créer
une zone écologiquement différente des autres régions
environnantes. La Ville de Gikongoro se caractérise par deux saisons de
pluies alternant avec deux saisons sèches.
Tableau 1. Le régime pluviométrique
à Gikongoro (de 1985-2003, alt.1910m ; 2028'S ;
29034'E)
Mois
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
année
|
Pmn
|
163,0
|
103,3
|
163,8
|
198,4
|
118,0
|
16,2
|
3,1
|
75,3
|
69,7
|
141,4
|
126,6
|
153,3
|
1332.1
|
%
|
12,2
|
8.0
|
12,3
|
14,9
|
8,8
|
1,2
|
0,2
|
5,6
|
5,2
|
10,6
|
9,5
|
11,5
|
100
|
|
Source : Service météo Province
de Gikongoro, 1985-2003.
Figure 5. Le diagramme pluviométrique de la
ville de Gikongoro (de 1985- 2003 ; alt.1910m ; 2028'S ;
29034'E)
Pmn
J F M A M J J A S O N D Mois
Source: Service météo Province de
Gikongoro, 1985-2003.
Le tableau de la page précédente et le
diagramme ci-dessus présentent les moyennes des précipitations
calculées sur une période de 19 ans (de 1985 à 2003)
à la station météorologique de Gikongoro où la
moyenne annuelle des précipitations est de 1332.1mm. Les
précipitations se repartissent sur toute l'année mais
l'intensité est différente suivant les saisons. Durant la grande
saison des pluies, c'est à dire de mars à mai, les
précipitations sont très fortes : un total de 480mm est
enregistré, c'est à dire 36% des précipitations totales
durant ces trois mois.
De mai à juin les précipitations diminuent
considérablement annonçant le début de la grande saison
sèche qui continue jusqu' au mois d'août avec 7% des
précipitations totales. Cette saison dure entre 80 et 100 jours suivant
les zones ce qui explique la faiblesse des précipitations durant cette
saison.
La Ville de Gikongoro connaît aussi deux petites
saisons : la petite saison des pluies et la petite saison sèche. Durant
la petite saison des pluies les précipitations restent faibles. Cette
période de trois mois totalise seulement 25.3% des précipitations
annuelles. Le mois de septembre est caractérisé par la faiblesse
de précipitations qui est due au prolongement de la saison sèche.
La moyenne mensuelle est de 75.3mm. Une augmentation remarquable commence avec
le mois d'octobre où les précipitations qui étaient 5,2%
en septembre deviennent 10,6%. La petite saison sèche qui s'étend
de décembre à février enregistre 31.7% des
précipitations totales.
En général les précipitations fortes
s'observent dans les mois de janvier, mars, avril, et décembre qui
totalisent eux seuls presque 51% des précipitations annuelles. Le mois
le plus pluvieux, avril, enregistre 14.9%de toutes les précipitations
alors qu'en juillet, les précipitations enregistrées sont de 3,1
mm, ce qui représente un pourcentage de 0,2% de la moyenne annuelle.
I.1.3.2 Les températures
Le climat de la Ville de Gikongoro est toujours chaud
à cause des températures qui sont toujours élevées.
« Suite à la proximité par rapport à
l'équateur, l'amplitude thermique est faible » (NDUWAYEZU, J
1982).
Tableau 2. La variation mensuelle des
températures à Gikongoro (de 1985- 2003)
Mois
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Total annuel
|
Moyenne annuelle
|
T°
|
17,7
|
20
|
19,75
|
19,2
|
18,7
|
18,9
|
19,3
|
18,7
|
18,8
|
20,1
|
16,9
|
19,9
|
228
|
19° C
|
|
Source : Service météorologique,
1985-2003.
D'après ce tableau des températures
calculées sur une période de 19 ans (de 1985 à 2003)
à la station météorologique de Gikongoro, les moyennes
mensuelles sont modérées. Le mois le plus chaud a la
température moyenne de 19.50 C, alors que le plus froid
enregistre 18,00 C.
A partir des données de ladite station
météorologique, on a établi un diagramme ombrothermique
permettant de spécifier les périodes sèches et celles qui
sont humides. En établissant ce diagramme, on a utilisé la
formule de P=2T, c'est-à-dire une échelle des précipitions
quatre fois plus grande que l'échelle des températures, ce qui
permet de déterminer les caractéristiques atmosphériques
du milieu.
Figure 6. Le diagramme ombrothermique de Gikongoro (de
1985-2003)
P = 2T
Source : Service météorologique de
Gikongoro, 1985-2003.
De ce diagramme, qui met en évidence les
données climatiques de la station météorologique de
Gikongoro à partir de 1985 jusqu'en 2003, les deux saisons de pluies qui
sont séparées par une grande saison sèche, attestent
comment les conditions météorologiques permettent deux
récoltes par an. Avec les précipitations qui commencent au mois
de septembre, les exploitants procèdent au semis des plantes qui seront
récoltées à partir du moi de novembre tandis que ceux qui
sont plantées au début du moi de février sont
récoltés à partir du moi de mai.
Même si les exploitants ne maîtrisent pas la
variabilité des rythmes saisonniers, le climat reste l'un des facteurs
déterminant la production agricole. Souvent le hasard du climat rend
l'agriculture risquée. Si! ne p!eut pas suffisamment ou ne p!eut pas
au bon moment, !es p!antes se dégradent et par !a suite, !a production
est compromise. (DUPRIEZ H, 1983).
Les pluies abondantes enregistrées durant ces deux
grandes saisons sont favorables aux activités agricoles. La saison
sèche qui dure normalement trois mois se situe de la mi-mai à
mi-septembre. Une telle prolongation de la saison sèche provoque un
retard de la période dans la saison suivante, ce qui a un impact sur la
production agricole attendue. Cela a été le cas au cours de
l'année 2005, où la diminution exagérée des
précipitations a anéanti la production agricole de la petite
saison des pluies.
I.1.5. Les sols très acides
L'extrême sud de la Province du même nom dans la
quelle se trouve la ville de Gikongoro, est caractérisée par des
sols très acides avec un PH compris entre 4.2 et 5, et sont
sérieusement appauvris et dégradés par l'érosion.
Il s'agit principalement des schistes rouges ou micacés, des roches
gneissiques, ou granitiques et de quelques crêtes quartzitiques.
« Ces roches acides qui sont pauvre en base et en minéraux
ferromagnésiens sont à l'origine de l'appauvrissement du sol
parce qu'elles empêchent la décomposition complète de la
matière organique » (RUTUNGA V., 1979). Leur dessaturation en
cations et l'acidité aluminique font que les rendements agricoles soient
médiocres, si des amendements organiques, calciques et minéraux
ne sont pas effectués.
La miniaturisation toujours plus grande des exploitations
agricoles, liée à la réduction des jachères et
à des pratiques agricoles entraîne une surexploitation des sols.
Les exploitations étant très petites, le maximum de superficie
est consacré à la production vivrière. Cela ne permet pas
à l'agriculteur de laisser en jachère ses terres
épuisées et d'investir pour la protection et
l'amélioration de son capital naturel (sol et forêt). Pire encore,
il lui faut, pour survivre, prélever sur ce capital, amorçant
ainsi une dégradation lente et grave de conséquences de son
appareil de production. La fertilité des sols loin d'être
conservée et rehaussée par les apports réguliers en
fertilisants organiques et minéraux, est lentement abaissée par
une agriculture minière, prélevant plus qu'elle ne restitue.
Quant aux sols eux-mêmes, ne bénéficiant pas de mesures
adéquates de protection et de conservation, ils disparaissent en grande
quantité sous le coup de l'érosion.
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