2.1.1.2. Pratique
Le bureau du Patient Ombudsman régional, composé
d'un à dix professionnels bénéficiant d'une double
compétence juridique et médicale, procède selon ses
méthodes propres pour répondre à sa mission :
o accueil du plaignant, information;
o orientation vers le County Medical Officer67 lors de
situations graves;
o orientation du plaignant vers le Norvegian System of
Compensation to Patients68 en cas de dommage corporel;
o investigation;
o transmission de rapports aux hôpitaux en vue
d'élaborer des mesures internes d'amélioration69.
66 A. Jacquerye, «Etude
exploratoire de la médiation hospitalière », Fondation Roi
Baudoin, Belgique, 2007, p. 85 : « Civil Ombudsman ou Parliamentary
Ombudsman : cette fonction de médiation portant sur les actes
administratifs appelée également Civil Ombudsman, existe depuis
1962. La Norvège a voulu offrir un interlocuteur aux citoyens parfois
démunis face à une administration publique conséquente. Ce
dispositif permet de lutter contre les injustices et d'éviter de longs
procès en justice. Parmi toutes les plaintes traitées par le
Civil Ombudsman, seules 20 à 40 d'entre-elles concernent la santé
(soit 2 à 3% de l'ensemble des plaintes). Il faut rappeler qu'à
l'origine ce poste n'était pas destiné pour les soins de
santé. Le Civil Ombudsman dépend directement du Parlement et agit
au niveau national. Il traite les plaintes en deuxième recours
après l'intervention du Patient Ombudsman et il a le pouvoir
d'arbitrage».
67 County Medical Officer :
autorité de surveillance instituée dans les 19
comtés
68 Norvegian System of Compensation to
Patients : section administrative du ministère de la santé
composé de 50 personnes dont 10 médecins conseil qui traitent les
plaintes selon les logiques «no-fault» et «malpractice
system».
69 A. Jacquerye, «Etude exploratoire
de la médiation hospitalière», Fondation Roi Baudoin,
Belgique, 2007, p.84
La procédure de plainte prévoit une saisine
directe par écrit, téléphone ou sur rencontre, l'anonymat
étant garanti sur demande du patient. Le Patient Ombudsman a droit
d'accès à toutes les informations provenant des instances
publiques ou administratives, autorités et services de santé pour
traitement de la plainte qui, in fine, débouche sur une décision
ou une prise de position ferme à l'attention du service de soins ou de
l'hôpital. Une copie du rapport final envoyée au plaignant
l'informe sur les actions entreprises.
Sur les 10'000 plaintes déposées chaque
année, 5'000 d'entre-elles sont traitées par les Patient
Ombudsmen :
o 23% : besoin de clarification
o 19% : reconnaissance d'une faute
o 17% : besoin de conseils
o 16% : démarche citoyenne dans une logique de
prévention o 12% : demande de compensation
o 12% : demande d'examen ou de traitement
différent70.
Publié dans la presse, le rapport annuel relève les
activités, les prises de positions et les conclusions de l'Ombudsman.
La fonction d'Ombudsman, intimement liée à
l'amélioration continue des services et institutions de soins, est
perçue favorablement par les acteurs professionnels de la santé.
Elle reflète la préoccupation des pouvoirs publics
norvégiens à répondre aux besoins des citoyens et traduit
l'existence d'une culture du dialogue et de remise en question bien
ancrée (Civil Ombudsman depuis 1962). Agnès Jacquerye
relève un taux de 75% de satisfaction chez les plaignants. Il n'est pas
impensable que l'ouverture d'esprit, la transparence et la pro-activité
du Patient Ombudsman dans le processus d'amélioration continue qui
caractérisent le modèle norvégien soient à
l'origine de ce résultat.
L'action du tiers n'est pas basée sur
l'établissement de la communication et ne favorise pas le dialogue
éthique entre patients et professionnels de la santé : les
parties ne se rencontrent pas. La plainte investiguée par les experts
du
70 A. Jacquerye, «Etude exploratoire
de la médiation hospitalière», Fondation Roi Baudoin,
Belgique,2007. p.86
bureau du Patient Ombudsman donne lieu à une prise de
position et des décisions qui visent à l'amélioration de
comportements professionnels et des prestations des soins. Cependant, l'espace
d'expression qu'il offre aux patientsplaignants, son rôle d'information,
ainsi que le pouvoir qui lui est conféré contribuent à la
création d'un sens commun. Rappelons la satisfaction des plaignants et
des professionnels de la santé à l'égard des interventions
du tiers. L'on peut donc admettre que ce modèle qui participe à
la régulation sociale est apparenté à l'approche
substantialiste de la médiation.
Rien ne laisse présager un éventuel essor de la
médiation dans ce dispositif bien établi, hormis la
volonté des pouvoirs publics de mener une étude sur les sources
d'insatisfaction du 25% de plaignants, étude qui pourrait
peut-être mettre en exergue l'attente d'une rencontre avec le
professionnel mis en cause.
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