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Analyse de la prise en compte de l'environnement, dont la biodiversité, par les ONG de développement belges

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par Salima Kempenaer
IGEAT-ULB - Master en Sciences et Gestion de l'Environnement  2010
  

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3.1.1. Population, développement et environnement 1.1.1.1. Les liens entre pauvreté et environnement

Les liens entre la pauvreté, le développement et l'environnement sont évidemment très complexes et font l'objet de diverses théories. Il en va bien sûr de même en ce qui concerne la biodiversité. Selon Roe et Elliott (2005, p. 1), c'est justement ce manque de consensus sur la nature des liens entre pauvreté et protection de la biodiversité qui fait obstacle à la résolution simultanée de ces deux problèmes. Certains arguments sont cependant avancés de manière récurrente pour établir la force des liens entre la pauvreté et l'environnement. Tout d'abord, la littérature sur ce sujet rappelle constamment la dépendance des populations pauvres vis-à-vis de leur environnement. Les ressources naturelles constituent leur principal moyen de subsistance et leur apportent nourriture, énergie et emploi (DFID, 2002 ; IPE, 2009, pp. 7-12 ; Ambler, 1999, p. 2). De nombreux chiffrent sont cités pour appuyer cette affirmation : 1,6 milliards de personnes dépendent quotidiennement des ressources forestières (Roe et Elliott, 2006, p. 1) ; au Burkina Faso, 92 % de la population vit de l'agriculture et de la pêche (IPE, 2009, p. 7) ; au Zimbabwe, les ressources naturelles représentent près de 40 % des revenus des ménages (Biodiversity in Development Project, 2001, p. 1). La dépendance des populations pauvres à leur environnement va de pair avec leur vulnérabilité aux conditions environnementales, deuxième argument invoqué pour assoir les liens entre pauvreté et environnement. Les populations pauvres sont donc,

toujours d'après la littérature sur le sujet, les plus exposées et les plus touchées par les dégradations de l'environnement (Roe et Elliott, 2005, p. 7 ; Ambler, 1999, p. 2).

Ces deux arguments servent de fondement à une théorie très répandue sur la relation entre pauvreté et dégradation de l'environnement, désignée communément par l'expression « cercle vicieux de la pauvreté » ou encore le modèle Nexus (Picouet et al., 2004, p. 20). D'après cette théorie, la croissance démographique des populations pauvres et leur gestion non durable des ressources sont à l'origine de la dégradation de l'environnement. La dégradation croissante de l'environnement contribue à son tour à l'appauvrissement des populations. Pour pallier la faible qualité des ressources dégradées et continuer à subvenir à leurs besoins, ces mêmes populations sont amenées à utiliser toujours davantage les ressources naturelles dans des écosystèmes de plus en plus fragilisés. Le principe corollaire de cette théorie est que le développement de ces populations conduirait nécessairement à une préservation des ressources naturelles (Ambler, 1999, p. 2 ; Nadkarni, 2000, p. 1184, Sanderson, 2004, p. 325 ; Gjertsen, 2005, p. 199). Il apparaît clairement que cette conception du rapport pauvreté - environnement est imprégnée de la vision néo-malthusienne du développement (Picouet et al., 2004, p. 20). On peut aussi voir dans les liens de causalité établis par le modèle Nexus une traduction des courbes environnementales de Kuznet.

Sans rejeter totalement cette théorie et ses fondements, certains auteurs s'emploient néanmoins à les nuancer. Ainsi, Roe et Elliott (2005, p. 7) jugent bon de rappeler que les populations pauvres ne sont pas les seules à dépendre des ressources naturelles et que cela reste vrai pour le reste de l'humanité. Ils ajoutent (op.cit. p. 8) que la dépendance plus directe de ces populations vis-à-vis des ressources naturelles pouvait aussi les inciter à préserver leur environnement, contrairement au postulat du cercle vicieux. Nadkarni (2000, p. 1185) formule plusieurs critiques à l'égard du modèle Nexus. Premièrement, il récuse l'hypothèse implicite selon laquelle tous les pauvres se soucient uniquement du présent ou, autrement dit, qu'ils « utilisent un taux d'actualisation élevé » (Ambler, 1999, p. 12). Ensuite, il dénonce une stigmatisation des populations pauvres négligeant les autres sources de pressions environnementales (entre autres, les pays riches et les segments riches de la population dans les pays en développement). Enfin, il affirme que la pauvreté ne peut pas être attribuée à la seule

dégradation environnementale et que le développement économique n'est pas systématiquement corrélé ni à la réduction de la pauvreté ni à la réduction des pressions environnementales. La relation entre la pauvreté et l'environnement est loin d'être linéaire et mécanique et doit être replacée non seulement dans son contexte local, mais aussi dans le contexte politico-économique global (Ambler, 1999, p. 3).

D'autres théories ont été édifiées dans le but d'expliquer la connexion entre population, développement et environnement. Parmi celles-ci nous pouvons citer la théorie bosérupienne, selon laquelle la raréfaction des ressources occasionnée par la croissance démographique conduit à la recherche de systèmes de production plus efficients et donc à la résolution du problème initial. Ces dernières années, face au déterminisme des deux principales doctrines (malthusienne et bosérupienne), des chercheurs proposent de construire un nouveau courant fondé sur des « cadres d'analyse systémiques et holistiques » (Picouet et al., 2004, p. 21), tenant compte, notamment, de l'organisation des sociétés et de la diversité et complexité des contextes à toutes les échelles (locale, régionale, etc.). Par ce bref parcours des thèses relatives aux liens entre pauvreté et environnement, nous pouvons effectivement constater le manque de consensus, voire l'incertitude, autour de cette question. Cette situation rend difficile la recherche de solutions communes à la dégradation environnementale et à la pauvreté.

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