8.1.2. Conception : identification et formulation
Les contraintes de l'enquête n'ont pas permis de marquer
une différence nette entre les phases d'identification et de formulation
du cycle de projet. Si 18 des ONG interrogées déclarent appliquer
la Gestion du Cycle de Projet, d'après le document « Pratiques des
ONG belges francophones en matière de gestion des interventions »,
« la distinction entre les différentes phases du cycle de projet
est rarement faite » (Hadjaj-Castro, 2004, p. 20). De fait, les entretiens
n'ont pas non plus été l'occasion d'apporter des
précisions sur l'intégration de l'environnement lors de ces deux
phases. C'est pourquoi les données qui vont suivre concernent plus
généralement la conception des projets. Bien que l'enquête
n'ait pas été axée sur les outils de gestion, cette
question a été inévitablement abordée lors de
plusieurs entretiens car leur utilisation est source de désaccords entre
ONG et bailleurs de fonds. Les gestionnaires du service ONG (D3.1) m'ont fait
part de ce qu'ils considèrent être des faiblesses
méthodologiques des ONG, surtout en ce qui concerne l'emploi du cadre
logique en tant qu'outil de gestion et de planification.
« Le cadre logique est manipulé pour lui faire
dire ce qu'on veut. »
Six ans après la parution de l'étude de
diagnostic du COTA mentionnée ci-dessus, le constat reste le même,
aux yeux des gestionnaires D3.1 et de l'aveu même de certaines personnes
interrogées : « la planification sous forme de CL [cadre logique],
n'est souvent traitée ultérieurement que comme une simple
question de mise en forme », ce pour se conformer aux exigences des
bailleurs (op. cit. p. 23).
« Combien de fois ne fait-on pas le cadre
logique à la fin, alors qu'en théorie on devrait
le faire dès le départ.
»
Naturellement, cette réticence à l'encontre des
méthodes de gestion promues par les bailleurs de fonds et les grandes
agences de développement n'est pas forcément synonyme d'un manque
de rigueur ou de qualité des interventions proposées par les ONG.
Toutefois, on peut imaginer que, théoriquement, cela peut constituer un
frein à la systématisation de l'intégration de
l'environnement.
L'identification, et l'analyse des contextes d'intervention qui
doit découler de cette phase, est une des pierres d'achoppement du cycle
de projet et des actions de développement en général.
Cette étape demande un investissement en temps et en
argent considérable dans un secteur oàjustement les
budgets sont souvent limités.
« Les rentrées sont plus difficiles, en tout cas
les donations diminuent. Donc l'aspect économique est vraiment important
pour l'organisation. »
Cette faille de l'identification n'est pas une
nouveauté. Elle a largement été abordée par les
représentants des sciences sociales, dont Lavigne-Delville pour qui
« c'est largement en amont, dès la phase de conception, que des
bases saines doivent être posées ». Or si son propos concerne
principalement l'analyse des données socio-économiques, il ne
néglige pas le côté technique des interventions et
dénonce, d'après son expérience de terrain, des
données techniques « déconnectées de tout contexte
» qui ont pour conséquence de diminuer la performance des
interventions (2007).
Qu'en est-il donc pour les ONGD belges ? Six personnes
interrogées sur vingt estiment que la prise en compte de l'environnement
par leur ONG est importante ; onze personnes l'estiment moyenne et enfin trois
la considèrent faible. Sur les six ONG pour lesquelles la prise en
compte serait importante, la moitié a déclaré «
toujours » intégrer l'environnement dans l'analyse des
problèmes et l'autre moitié « souvent ».
Néanmoins, les entretiens ont permis d'apporter quelques nuances
à ces résultats :
« Connaître le milieu dans lequel le projet va
avoir lieu, c'est une question de bon sens. [...] L'environnement est toujours
pris en considération dans notre analyse des problèmes,
même s'il est vrai que pour certains projets, l'analyse de ce point de
vue pourrait être approfondie. »
Au total, 15 des ONG intègreraient « souvent
» l'environnement dans leur analyse des problèmes. Au moment des
entretiens, certains des répondants ont tout de même
précisé qu'une réponse plus proche de la
réalité serait « parfois » mais le questionnaire ne
comprenait pas cette option. Les résultats du questionnaire et des
entretiens semblent pourtant indiquer que l'environnement, ou en tout cas
certains de ses aspects, revêt une importance considérable pour
les ONG étudiées à l'heure de la conception de leurs
projets. La raison, il faut la chercher dans le type de secteur
privilégié par les ONG. Toutes les ONG interrogées mettent
ou ont mis en place des activités liées à l'agriculture ou
l'élevage. Même si la présente étude ne nous permet
pas de rendre compte avec exactitude de leur qualité, il semble logique
que les analyses de contexte tiennent compte de l'environnement, ne
fût-ce que du point de vue de l'adaptation aux contraintes du milieu.
- « On ne réfléchit pas au fait de
l'intégrer ou pas, cela va de soi dans tous les projets, ça fait
partie des choses essentielles étant donné qu'on travaille
principalement avec des agriculteurs. »
- « Pour atteindre des objectifs de production agricole,
c'est presque impossible si on ne prend pas en compte certains aspects
environnementaux. »
- « On y est attentif par la force des choses, par
l'expérience de terrain, même si ce n'est par un thème
prioritaire. La réalité nous oblige à prendre en compte
des questions environnementales. »
En outre, les ONG interrogées, à l'image du
reste des ONG de développement belges, promeuvent le
développement d'une agriculture familiale, paysanne, dont la production
est destinée majoritairement à la commercialisation et la
consommation locales, notamment dans le but de dynamiser l'économie
locale. Comme ont tenu à le souligner plusieurs répondants, ce
type de modèle agricole comporte au moins l'avantage de minimiser les
impacts dus au transport des produits.
« Nous faisons la promotion d'une agriculture de type
paysanne, à petite échelle, diversifiée, dans un monde qui
va exactement dans le sens inverse. »
Au-delà de l'accent sur le développement local
et les circuits courts, les actions liées à l'agriculture et
à l'élevage ciblent des populations dont le capital financier
(entre autres) est bien évidemment plus que réduit et qui, par la
force des choses, ne peuvent avoir recours aux techniques et technologies
utilisées par l'agriculture moderne. La recherche de viabilité
des projets de développement implique donc l'emploi de techniques qui
demeureront à la portée des personnes ciblées après
le désengagement de l'ONG : une faible mécanisation (et
automatiquement une moindre dépendance aux énergies fossiles) et
l'emploi d'intrants naturels et locaux.
« On aura presque par définition des
interventions qui favoriseront les fertilisants organiques et qui favoriseront
également des démarches, des appuis, des encadrements techniques
que les gens eux mêmes, les paysans avec lesquels nous travaillons
puissent eux-mêmes porter. »
Le manque de moyens ne signifie pas pour autant que les
techniques utilisées soient arriérées et force même
dans plusieurs cas à trouver des solutions innovantes ou à
adapter des techniques, modernes ou ancestrales, aux divers contextes
d'intervention. C'est le cas de cette ONG active au Congo qui, pour
économiser l'énergie, travaille sur la transformation de l'huile
de palme en un semi-biodiesel pour la consommation locale uniquement. Pour ne
pas mettre en péril la sécurité alimentaire de la
région et contribuer à une amélioration de
l'environnement, cette ONG envisage de créer de nouvelles plantations
sur des zones déboisées et menacées par l'érosion.
Cette même ONG a réactualisé des techniques de
séchage des grains de café à l'énergie solaire dans
le but de remplacer le séchage au dessus d'un feu et ainsi diminuer la
coupe de bois de chauffe. Telle autre ONG active au Rwanda a mis au point un
combustible domestique à base de déchets organiques pour diminuer
les coûts de cuisson de la population locale et contribuer par la
même occasion à la lutte contre la déforestation.
Ces exemples démontrent que les objectifs
d'amélioration des conditions de vie ainsi que les contraintes
imposées par le manque de moyens peuvent concourir à la
protection de l'environnement du lieu d'intervention. Toutefois, les projets
mentionnés ci-dessus sont en cours de réalisation ou ont
été achevés depuis peu, et si certains témoignages
laissent à penser que l'environnement est intégré depuis
longtemps, d'autres indiquent au contraire que cette démarche est
récente ; parfois la même personne affirmait l'un et l'autre
points de vue.
- « L'environnement, avant même que l'on en
fasse un point d'attention dans le discours politique, cela a toujours
été quelque chose de présent même si cela ne
s'appelait pas "intégration de l'environnement". »
- « Pendant longtemps on a surtout
considéré deux piliers du développement durable, à
savoir le pilier social et le pilier économique, l'environnement c'est
venu plus tard. »
En fait, l'étude des témoignages montre que les
deux avis sont corrects. D'une part, comme nous l'avons relevé plus
haut, l'environnement est depuis longtemps un paramètre fondamental des
projets de développement. Par contre, cette prise en compte de
l'environnement n'était que rarement le fruit d'une réflexion
approfondie d'un point de vue méthodologique et n'est toujours pas
systématisée dans les procédures de conception et gestion
des projets.
- « La prise en compte des problématiques
environnementales date en fait depuis très longtemps mais de
manière intuitive, sans formalisation ni institutionnalisation.
»
- « On y est attentif mais d'une manière assez
intuitive et pas systématique. Ce n'est pas nourri par tout un arsenal
d'idées. »
C'est dès lors cette absence d'institutionnalisation et
de systématisation de l'intégration environnementale, telle
qu'elle est envisagée par le « Manuel d'intégration de
l'environnement » de la CE, qui ferait encore défaut aujourd'hui.
Quelques ONG ont par ailleurs entrepris des mesures pour mieux encadrer et
améliorer leur prise en compte des aspects environnementaux. Une des ONG
étudiées a décidé, il y a deux ans, de faire appel
à un consultant spécialisé dans cette question. Cette
consultance, qui a duré plus d'un an, a abouti à
l'élaboration d'un document stratégique définissant les
diverses méthodes et actions à mettre en oeuvre pour
intégrer l'environnement dans leur prochain programme. Cette autre ONG a
mis sur pied une petite cellule « environnement » chargée de
sensibiliser le personnel et projette de concevoir une grille d'analyse
environnement destinée à être employée lors de
l'identification des projets.
La formulation d'un projet doit être le moment où
sont examinées sa faisabilité et ses incidences potentielles.
Neuf des ONG interrogées ont répondu ne réaliser une
étude d'impact que « rarement », six autres « jamais
», et quatre ont déclaré en effectuer « souvent
»6. La
6 Une personne n'a pas répondu à cette question.
distribution des réponses est très similaire
pour la question 10 « estimez-vous qu'une étude d'impact soit
nécessaire pour vos projets ? » : 4 ont répondu « oui
en général », 10 ont répondu « oui pour certains
projets » et 6 « non très rarement ». En fait, ces
résultats n'ont rien d'étonnant, si ce n'est pour les quatre ONG
qui déclarent souvent réaliser une EIE. En effet, « en
général, les projets mis en oeuvre ou soutenus par les ONG
peuvent être exemptés de telles études approfondies et
formelles, qui s'appliquent plutôt à des projets lourds »
(Ledant, 2008, p. 14). Ce qui se reflète dans l'extrait suivant :
« J'ai mis qu'on ne fait pas d'étude d'impact
environnemental parce qu'au niveau où on intervient, je ne pense pas que
ces études apporteraient grand chose. On ne réalise pas de gros
travaux, on ne construit pas de routes par exemple. Si on était
amenés à réaliser des constructions plus importantes, il y
aurait des études d'impact. »
Les entretiens ont d'ailleurs permis d'apporter une
explication au fait que quatre ONG aient répondu « souvent ».
En réalité, les répondants se référaient
moins à une étude d'impact à proprement parler qu'à
une étude de faisabilité très approfondie du point de vue
de l'environnement. C'est par exemple le cas de cette ONG :
« Avant de mettre en oeuvre nos actions on a des
études de faisabilité et dans ces études on inclut des
enquêtes sur l'environnement. »
Intéressons-nous désormais à l'analyse
des résultats au regard des quatre axes d'intégration
identifiés dans le cadre d'analyse. Ci-dessous sont
présentées les réponses à la question 3 : «
Vos projets ont-ils des liens directs ou indirects avec le ou les domaine(s)
suivants ? ».
Gestion des ressources génétiques (cultures
et bétail compris)
|
9/20
|
Gestion des ressources en eau
|
15/20
|
Gestion des ressources forestières ligneuses
(=arbres)
|
11/20
|
Gestion des ressources forestières non ligneuses (tout
hormis les arbres et les produits de la chasse; p.ex. champignons, lianes,
fruits, etc.)
|
3/20
|
Gestion des ressources de la chasse
|
0/20
|
Gestion d'autres ressources naturelles issues du vivant (ex.
production de miel, etc.)
|
6/20
|
Gestion des ressources de la pêche (eau douce et milieu
marin)
|
5/20
|
Gestion des déchets (solides, liquides, gazeux)
|
8/20
|
Protection de milieux naturels / réserves naturelles
terrestres
|
7/20
|
Protection de milieux naturels / réserves marines
|
2/20
|
Protection d'espèces sauvages
|
1/20
|
Savoir et connaissances traditionnels des populations
locales et des peuples autochtones
|
13/20
|
Terres sacrées, croyances religieuses liées
à la nature, etc.
|
2/20
|
Problématique des réfugiés
environnementaux
|
1/20
|
Défenses côtières (dunes, mangroves, etc.)
|
3/20
|
Lutte contre l'érosion
|
16/20
|
Lutte contre la désertification
|
10/20
|
Lutte contre les pathogènes / ravageurs / animaux
nuisibles / plantes et animaux exotiques
|
6/20
|
Naturellement, les domaines de l'environnement pour lesquels
les ONG établissent le plus de liens avec leurs activités sont
ceux qui peuvent être le plus directement mis en relation avec leur
secteur prioritaire : l'agriculture. La gestion de l'eau, la lutte contre
l'érosion et la lutte contre la désertification sont des mesures
nécessaires au succès de leurs projets agricoles et
relèvent donc de l'axe d'adaptation aux contraintes environnementales.
Les exemples les plus souvent cités sont la création de retenues
d'eau (en général des micro-barrages) et de barrières
végétales. D'après notre analyse, la gestion des
ressources forestières ligneuses doit le plus souvent être
considérée comme faisant partie de la même approche. En
effet, la lutte contre la déforestation s'inscrit le plus souvent dans
une démarche de lutte contre la désertification et
l'érosion ainsi que de regénération de la fertilité
des sols avec pour objectif prioritaire l'amélioration de la
productivité agricole. Les cas les plus souvent mentionnés sont
les initiatives visant à limiter la coupe du bois de chauffe par le
recours à des combustibles alternatifs (principalement par la
récupération de déchets organiques) ainsi que la mise en
pratique de l'agro-foresterie pour remplacer l'agriculture sur brûlis.
Comme nous pouvons le constater, la gestion des ressources
génétiques et la conservation du savoir et des connaissances
traditionnels des populations locales et des peuples autochtones ont
été plusieurs fois citées. Il ne fait pas de doute que la
conservation des ressources génétiques s'inscrit en partie dans
le mouvement de protection de la biodiversité et dans la perspective
d'une adaptation aux changements climatiques. Cependant, ce ne sont pas les
raisons qui ont été le plus évoquées lors des
entretiens. La promotion des espèces locales, en particulier culturales,
vise surtout à protéger les agriculteurs
bénéficiaires des effets socio-économiques
occasionnés par le recours aux variétés
standardisées de l'agro-industrie.
« En Amérique latine, on essaye de faire la
promotion de variétés locales et de ne pas travailler sur des
plantes miracles venant de l'extérieur. »
Nous reviendrons dans un des points suivants sur le sens
donné par les ONG de développement à la protection de
l'environnement.
L'analyse des résultats sous l'angle de la maximisation
des effets positifs des projets montre que cet aspect est lié aux
contraintes, environnementales ou socio-économiques, des zones
d'intervention. Nous l'avons vu, le manque de moyen impose en quelque sorte
l'emploi de techniques et produits favorables à l'environnement. Si
cette situation répond tout d'abord à une
nécessité, les ONGD la considèrent aussi comme l'occasion
de promouvoir ces techniques pour leurs avantages environnementaux, dans le
cadre d'une sensibilisation des bénéficiaires, et ainsi favoriser
leur généralisation.
L'axe de la minimisation des pressions environnementales des
projets est le point le plus délicat de l'intégration
environnementale car, comme nous le verrons plus loin, elle est
inévitablement associée à la question du droit au
développement. Cet axe n'est pourtant pas négligé et de
nombreuses ONG ont fait part de leur réflexion pour minimiser l'impact
de leurs actions. La plupart d'entre elles ont insisté, à
plusieurs reprises, sur la minimisation des engrais, pesticides et insecticides
chimiques. Au-delà de cet aspect, dont on a vu qu'il était
intrinsèquement lié aux conditions d'intervention, d'autres
initiatives sont entreprises. Une ONG active au Bénin et son partenaire
ont aménagé une zone de bas-fonds, où circule une
rivière entourée de végétation sauvage, pour y
cultiver du riz et améliorer la sécurité alimentaire de la
région :
« Nous avons dû défricher certaines
zones le long de la rivière mais nous avons maintenu des îlots de
végétation sauvages pour conserver la biodiversité, on n'a
pas fait une coupe à blanc. »
Cette autre ONG s'est penchée sur les risques
liés au surpâturage et tente d'en limiter les effets par une
sensiblisation des éleveurs à la notion de charge et à
l'exploitation rationnelle d'un troupeau. Les personnes rencontrées
considèrent en général que leurs actions n'exercent pas de
pressions directes lourdes sur l'environnement. L'évaluation et la
maîtrise des effets indirects posent plus de difficultés car ils
sont très souvent imprévisibles :
« Je ne crois pas que nos actions ont de graves impacts
environnementaux, par contre les conséquences indirectes sont difficiles
à gérer. »
Enfin, plusieurs des ONG interrogées ont indiqué
mettre en oeuvre, ou avoir mis en oeuvre ces dernières années,
des projets dont l'objectif spécifique était la protection ou
l'amélioration de l'environnement, même si celui-ci est à
replacer dans le cadre plus large du développement local et de
l'amélioration des conditions de vie des populations. Il s'agit
généralement de projets de reboisement ou de gestion des
déchets.
8.1.3. Mise en oeuvre
Sur les vingt ONG étudiées, dix ont
déclaré opter « souvent » pour des moyens favorables
à l'environnement lors de la mise en oeuvre de leurs projets, neuf
« rarement » et une « toujours ». Nous avons maintes fois
mentionné l'utilisation presque généralisée,
d'après les répondants, d'intrants naturels issus de la
valorisation des déchets organiques. En dehors de cet
élément et de l'emploi, plus rare, d'énergies
alternatives, les personnes interrogées estiment que peu de
possibilités existent sur les lieux d'intervention. Ont
été évoquées les difficultés de
déplacement dans les pays partenaires : la voiture est souvent l'unique
solution, même si une des ONG a indiqué que les personnes
chargées de l'encadrement des projets agricoles se
déplaçaient à vélo. Pour ce qui est du
matériel utilisé sur place, tant pour la bureautique que pour des
travaux de construction, l'achat de produits « verts »
(recyclés, labellisés, etc.) est restreint soit par la contrainte
financière, soit tout simplement par leur absence sur le marché
de la zone d'intervention.
- « Au Pérou, l'ONG partenaire vient de passer
aux produits écologiques pour les produits de nettoyage etc., alors que
là bas c'est quand même un fameux surcoût par rapport
à ici où le prix est quasi équivalent. On essaye d'y
penser petit à petit pour les achats de matériel. Par exemple, au
Cambodge nous y avons réfléchi pour l'achat de tuyaux mais ceux
en polyéthylène étaient tellement chers qu'on a
gardé les PVC. »
- « Faire appel à des matériaux locaux
c'est très important pour l'économie locale, alors c'est vrai que
les charpentes de nos ateliers sont sûrement en bois tropical de la
forêt d'à côté. »
Les ONGD interrogées tentent également de limiter
leurs missions de terrain pour réduire le nombre de voyages en avion.
Enfin, il faut noter, comme on peut le remarquer dans les
extraits ci-dessus, que bon nombre des ONG qui ont répondu à
cette enquête ne disposent pas de bureaux ou d'équipes dans les
pays où elles interviennent puisqu'elles fonctionnent sur une base de
partenariat avec des ONG locales. Ce sont donc naturellement ces
dernières qui décident de leur politique d'achat, en dehors du
matériel spécifiquement destiné à la mise en oeuvre
des projets.
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