7.2.2. Le service ONG et les autres groupes
stratégiques
Quelle est l'influence des interactions entre
différents acteurs sur le travail du service D3.1 et, partant sur leur
évaluation de l'intégration environnementale ? C'est ce que nous
allons aborder dans ce point. Les gestionnaires de ce service sont
confrontés quotidiennement à plusieurs groupes d'acteurs qui ont
leurs propres logiques.
Un premier groupe d'acteurs est celui des experts
indépendants engagés pour apprécier les projets et
programmes. Leur collaboration étroite avec les gestionnaires fait d'eux
des acteurs clefs. Or, ces derniers ont très souvent des domaines
d'expertises ou des thèmes privilégiés. Cette
caractéristique transparaît bien évidemment dans leur
évaluation des dossiers. Par ailleurs,
certains experts collaborent depuis longtemps avec la DGCD et les
gestionnaires D3.1. La confiance qui s'établit alors peut nuire quelque
peu à la qualité de l'évaluation.
« À force d'avoir toujours les mêmes
experts sur les mêmes dossiers, on finit par prendre des habitudes et
être un peu moins rigoureux, c'est pourquoi j'ai fini par faire appel
à un nouvel expert. »
Un deuxième acteur fondamental
révélé par les entretiens est le ministre de la
Coopération au Développement. Ses choix et décisions sont
naturellement déterminants pour le fonctionnement de l'institution.
C'est aussi le cas en ce qui concerne la mise en exergue de certains
thèmes transversaux.
« Chaque ministre a son dada, son fer de lance : pour
tel ministre c'était le genre, pour tel autre c'était le droit
des enfants, peut-être que le suivant ce sera l'environnement. [Les
thèmes transversaux] C'est aussi une question de personnalités.
»
Les interactions les plus importantes dans le cadre de notre
recherche sont celles qui interviennent entre les gestionnaires D3.1 et les
ONG. Nous avons déjà constaté que les rapports entre
bailleurs de fonds et ONG pouvaient être tendus (Chetaille, 2007 ;
Totté et Hadjaj-Castro, 2004 ; Delveter, Fonteneau et Pollet, 2004).
Cela a été confirmé par les résultats des
entretiens, qui font état de relations parfois même
conflictuelles. Des tensions ou conflits peuvent conduire au transfert du
dossier concerné d'un gestionnaire à un autre, réduisant
parfois considérablement le temps imparti pour l'appréciation et
le suivi d'un dossier. Cet état de fait doit néanmoins être
nuancé. Faisant part des difficultés éprouvées par
les ONG pour traduire leurs intentions sur papier, et par les gestionnaires
pour les déchiffrer, un gestionnaire fit le commentaire suivant :
« Il ne faut pas oublier le dialogue humain entre les
gestionnaires et les ONG, où les discussion peuvent porter sur cette
problématique [l'environnement]. »
Des relations de confiance existent donc aussi entre les
gestionnaires et les ONG. À l'instar des relations entre gestionnaires
et experts, il faut veiller tout de même à ce qu'une entente trop
manifeste n'affecte pas la rigueur du travail d'appréciation.
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