7.2. Trois dimensions
7.2.1. Attitude
Dans ce point, nous tenterons d'analyser les
représentations de l'environnement et de son intégration qui
peuvent être dégagées du contenu des entretiens. Nous nous
efforcerons aussi d'apporter quelques données sur le degré de
sensibilisation des gestionnaires aux questions environnementales. Il faut
cependant préciser qu'aucune des questions posées lors des
entretiens ne visaient explicitement à renseigner sur cette dimension.
L'analyse repose donc sur l'ensemble du discours et sur les liens
établis par les interviewés.
Du point de vue de la connaissance des thématiques
environnementales, les gestionnaires admettent eux-mêmes qu'ils ne sont
pas mieux préparés que les représentants des ONG ou tout
autre citoyen lambda.
« Nous les gestionnaires, nous ne sommes pas des
spécialistes mais des généralistes. Donc on ne peut pas
maîtriser toutes les spécificités, qu'elles soient
géographiques, thématiques, techniques etc. »
Le poids de la sensibilisation individuelle est aussi un
facteur clef. Certains fonctionnaires de la DGCD, y compris certains
gestionnaires D3.1, sont connus pour la ferveur avec laquelle il s'emploie
à promouvoir l'une ou l'autre cause qui leur est chère.
« Les thèmes transversaux comme l'environnement,
on les évalue selon notre sensibilité. [...] C'est pour ça
que pour apprécier un programme, le gestionnaire ne le fait jamais seul.
»
Concernant la représentation de l'environnement, les
quelques données extraites des entretiens semblent montrer que les
thématiques les plus connues sont celles qui sont le plus souvent
médiatisées ou qui font l'objet d'une convention internationale
telles que le changement climatique, la déforestation, la
désertification.
« Et puis l'environnement, c'est large aussi. Ça
peut être la déforestation, l'érosion des sols etc.
»
La focalisation médiatique sur certains thèmes
et la succession de ces thèmes au devant de la scène du
développement (le genre, les droits de l'enfant, le sida etc.) ont pour
conséquence de discréditer les démarches en leur faveur et
de donner une impression « d'effet de mode ».
« Toutes ces thématiques qui petit à petit
doivent devenir prioritaires, ce sont des voeux pieux pour le moment.
»
Enfin, il semblerait qu'il n'existe pas une vision claire de
ce que devrait être l'intégration environnementale. Les remarques
formulées à l'égard des dossiers (qui pointent l'absence
de référence claire à l'environnement) semblent montrer
que l'intégration environnementale est assimilée à la
présence d'objectifs environnementaux, ne fussent-ils que
secondaires.
« Puis, il ne faudrait pas non plus qu'elles [les ONG]
se dispersent. On leur demande de se spécialiser donc on ne peut pas
leur demander qu'elles fassent en plus de l'environnement. »
Le tableau de prise en compte des thèmes transversaux
mentionné dans le point précédent risque, en posant la
question de l'intégration en termes d'échelonnement des
objectifs, d'alimenter cette confusion. En effet, il faut le
répéter, l'objectif de l'intégration est
d'améliorer la qualité des interventions et «
l'intégration environnementale la plus aboutie est rarement la plus
visible » (Ledant, 2008, p. 14).
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