V. Développement durable
En ce qui concerne le développement durable, il faut
nécessairement mentionner l'existence d'un projet régional de
développement rural durable - Ç Programma di sviluppo rurale
2007-2013 della Regione Autonoma Friuli Venezia GiuliaÈ (Programme de
développement rurale pour 2007-2013 de la Région Autonome Friuli
Venezia Giulia).
Les tendances actuelles quant au développement rural de
cette région sont, dans une très large mesure, centrées
sur une intensification de l'activité touristique. Et cependant,
«quel serait, par ailleurs, l'avenir d'une région à seule
spéculation touristique, dans un environnement déshumanisé
oà la forêt aurait tTMt fait de fermer le paysage ?» (Lizet,
Ravignan, 1987). Est-ce le cas de notre terrain?
Chapitre 3 Méthodologie
Les méthodes que nous avons utilisées dans le cadre
de ce travail se regroupent en deux catégories distinctes : les
enquêtes sociales et les relevés biogéographiques.
1. Les enquêtes sociales
1. a. Echantillonnage
Les enquêtes sociales coordonnées par Florence
Garlatti, et auxquelles nous avons assisté au mois de février,
ont visé deux niveaux: le niveau régional et le niveau local;
l'échantillonnage a été concu conséquemment - on a
interviewé des acteurs institutionnels, aussi bien que des
agriculteurs.
1. b. Collecte des données
En ce qui concerne les questionnaires utilisés, chaque
enquête s'est composée d'un guide d'entretien et d'un entretien
photographique, de facon à analyser des facteurs tels que: les
principaux enjeux de la région, la perception de la population envers la
dynamique des paysages des dernières 50 années, aussi bien que
les pratiques agricoles et forestières associées à ces
paysages.
2. Les relevés biogéographiques 2. a.
Echantillonnage
Afin de choisir les sites des relevés, on a fait un
échantillonnage systématique. Ainsi, on a choisi les sites en
fonction de l'altitude - à partir des points plus bas, au S (dans la
plaine creusée par le fleuve Tagliamento), jusqu'aux points plus hauts,
au N (Monte Prat), mais aussi en fonction des paysages présents
(paysages fermés vs. ouverts, i.e. forêt vs. prairie), des
changements dans l'utilisation du sol pendant les 50 dernières
années, des essences ligneuse présentes, du mode de gestion de la
forêt (i.e. forêt gérée vs. non gérée),
etc.
On a choisi, donc, 14 sites pour prélever les
données :
- site 13 - Monte Pala; altitude : environ 1050 m; forêt de
hêtre;
- sites 3 et 4 - Monte Prat, au S de Pediqua; altitude: environ
850 m; anciennes prairies à fauche, à présent en train
d'être reconquises par le bois (sauf une portion restreinte, toujours
fauchée);
- site 5 - << La ColognaÈ - au pied du Monte Prat,
à coté d'une pension agrotouristique; altitude : 756 m - 754 m ;
bois en haut et prairie fauchée en bas;
- sites 11 et 12 - au NW de Vito d' Asio ; altitude : environ
650 m; forêt en reconquête;
- site 10 - dans l'ancienne forêt domaniale du Conte
Cecconi; altitude: environ 550 m; forêt de hêtre;
- site 14 - à coté de San Francesco ; altitude :
environ 400 m; forêt de conifères. - site 8 - au S de Forgaria ;
altitude: environ 400m; ancienne châtaigneraie;
- site 6 - << Ca BisaÈ - au N de Forgaria; altitude:
339 m - 333m; zone en reconquête par le bois, sauf une portion
très restreinte (quelques dizaines de m!), toujours fauchée;
- site 7 - au S de Forgaria ; altitude: environ 300 m ; prairie
fauchée en haut et forêt en bas;
- site 9 - au N de San Rocco ; altitude: 290 m; à
coté d'une pension agrotouristique; forêt en reconquête en
bas et prairie fauchée en haut;
- sites 1 et 2 - dans la plaine inondable du fleuve
Tagliamento ; altitude: 133 m, 142 m; ce sont des anciennes prairies
fauchées; à présent, une partie est toujours
fauchée, l'autre partie a été reconquise par le bois;
2. b. Collecte des données
Afin de prélever nos relevés
biogéographiques (i.e. végétaux), nous avons
oscillé entre deux méthodes : la méthode qualitative et la
méthode quantitative. Les deux méthodes (Cohen et al., 2003) sont
pratiquement identiques quant au prélèvement des données
de la strate herbacée, mais des différences notables existent
quant à la strate ligneuse. Ainsi, en plus des données issues de
la méthode qualitative, la méthode quantitative consiste à
prélever des donnés plus détaillés de la strate
ligneuse - i.e. l'hauteur des arbres et arbustes, aussi bien que leur taux de
recouvrement. Un des thèmes récurrents dans la dynamique des
paysages sur notre terrain est la fermeture des paysages, donc nous avons
considéré que, afin de se faire une image complète sur le
procès de reboisement, il serait nécessaire de
collecter des donnes d'ordre quantitatif de la strate ligneuse.
Par conséquent, nous avons choisi la méthode quantitative.
Cette méthode consiste en plusieurs étapes:
- étendre le décamètre sur le sol, sur
une portion de 50 m, dans la direction de la pente, en ligne droite, en
s'assurant que le décamètre soit bien fixé Ð c'est
donc préférable d'attacher ses extrémités
à des arbres (fig. 24);
Fig . 25. Positionnement du décamètre
(cliché : A. ROTAR)
- à partir du point 0, identifier et noter, pour chaque
point (un point est l'équivalent d'un mètre) toutes les
espèces herbacées rencontrées (dans les tableaux
nommés <<Relevé de la strate herbacée
n°...>>, préalablement réalisés - Annexe 2),
aussi bien que chaque arbre et arbuste rencontré (dans
<<Relevé des ligneux hauts et bas n°...>> - Annexe 3);
dans le cas des ligneux, noter la hauteur et l'extension de la couronne (le
début et le fin, sur le décamètre) de chaque individu;
l'unité de mesure est le mètre;
- pour chaque relevé, trouver - à l'aide du GPS
- et noter le positionnement et l'altitude du début et de la fin du
relevé.
2. c. Traitement des données
Le traitement des données est réalisé
après le stage de terrain et consiste à:
- transcrire tous les tableaux en format électronique -
format Excel (Annexes 2 et 3);
- dans le cas des tableaux de la strate herbacée,
calculer le taux de recouvrement de chaque espèce, et, puis, à
partir de ces taux, réaliser des graphiques des taux de recouvrement
- nous avons accordé à chaque <<x >> dans les
tableaux une valeur numérique : 0.1;
- dans le cas des tableaux des ligneux, réaliser, pour
chacun, la pyramide des strates ligneuses, après avoir
établi et calculé, à partir des hauteurs des arbres, la
strate au quelle chaque individu appartient - strate I: 0 - 0.5 m, strate II:
0.5 - 2 m, strate III: 2 - 4 m, strate IV : 4 - 8 m, strate V: 8 - 16 m, strate
VI: 16 - 32 m;
- toujours dans le cas des ligneux, réaliser, pour
chaque relevé, le graphique spatial, qui démontre,
à la fois, la répartition et la hauteur de chaque individu;
- à partir de ces données et graphiques, aussi
bien que des notes de terrain, identifier les cortèges floristiques et
les groupes phytosociologiques rencontrés sur le terrain; en plus,
analyser les processus de fermeture ou ouverture des paysages et les
séries dynamiques de la végétation, tout en tenant compte
des conditions édaphiques et des facteurs écologiques et
anthropiques présents sur chaque site.
Chapitre 4 Résultats et
interprétation
Suite à l'analyse de la répartition des
espèces végétales dans le cadre du chaque site
étudié, nous avons réalisé une classification des
paysages rencontrés:
1. Paysages complètement fermés
1. 1. Forêts stables, oi le climax est bien
conservé Ð ce que Bertrand & Bertrand (2002) définissent
comme des Ç géosystèmes climaciques, en biostasieÈ
- sites 13, 10 et 14
1.1.1.Des formations de hêtre (Ç l'essence noble
È, selon les forestiers) - Fagetalia sylvaticae: sites 13 et
10
Le site 13 (fig.26) est couvert par une hêtraie d' haute
altitude (1050 m) typique, sur un sol fortement calcaire (les lapiés y
étant omniprésentes) et une exposition du versant SSE.
Situé à coté d'un ancien chalet - la Malga Cecon
- utilisé autrefois pour l'élevage des brebis
(bombardé pendant la deuxième guerre mondiale et abandonné
depuis), l'influence anthropique sur ce site pendant les dernières 50
ans est quasiment absente (références: Garlatti, 2007;
photographies aériennes, 1954, 1983, 1999). C'est à remarquer
l'hauteur élevée des arbres -16-20 m pour la grande
majorité (fig.26).
Fig. 26. Site 13 - le graphique spatial des ligneux
Des associations à Cardamine enneaphyllos
(nous avons aussi remarqué la présence de Cardamine
pentaphyllos, juste à coté de notre site du relevé)
et à Anemone trifolia et ranunculoides, aussi bien que
quelques Aconitum vulparia (indicateur des sols azotés) font la
couverture herbacée du site 13. En plus, c'est à remarquer la
présence de nombreuses géotopes spécifiques, liés
à la présence des lapiés (fig. 27. et 28.).
Figures 27 et 28. Géotopes à Hepatica nobilis
(gauche), respectivement à Carex digitata (droite), sur
<< auto-sol È humique carbonaté logé dans des
vasques de dissolution karstique (cliché : A. ROTAR)
Quant à la strate ligneuse, on remarque une assez
faible régénération des hétres - il existe
<<un trou È dans la pyramide des strates ligneuses - fig. 29.,
correspondant aux strates III et IV, et, en plus, une présence assez
faible des jeunes pousses, ce qui pourrait déterminer, sur le long
terme, un développement plus significatif des autres espèces
présentes sur le site - i.e. Fraxinus excelsior et Acer
campestre - toutes les deux étant des espèces
postpionnières (Rameau, 1993).
Fig. 29. Site 13 Ð la pyramide structurale des strates
ligneuses
Le site 10 (fig. 30) fait partie de l'ancienne forêt
domaniale du Conte Cecconi, forêt d'altitude moyenne (550 m), dont la
politique de gestion connut des importantes oscillations pendant le 20
e siècle. Ainsi, le début du siècle est
caractérisé par une politique de reforestation, initiée
par le Conte Cecconi lui-même, pour contrecarrer l'érosion des
sols. Pendant les dernières 50 ans, il n'y a pas eu des modifications
importantes, la forêt étant toujours gérée par le
service forestier régional (références: Garlatti, 2007 ;
photographies aériennes, 1954, 1983, 1999).
Fig. 30. Site 10 Ð le graphique spatial
La couverture herbacée est dominée par Carex
alba et digitata, Anemone trifolia et Melica nutans, en
suggérant des conditions édaphiques plutôt calcicoles.
En ce qui concerne les ligneux, on remarque une distribution
plus équilibré du hêtre dans le cadre de chaque strate
(fig. 31) Ð chaque strate est bien représenté (au moins par
rapport au site 13), et, donc, une meilleure régénération.
On suppose, comme cause, la surveillance et l'intervention des forestiers, en
faveur du hêtre (<< l'essence noble È).
Fig. 31 Ð Site 10 Ð Pyramide structurale
Cependant, en plus d'une plus forte densité du taux de
recouvrement des arbres, les essences ligneuses sont aussi plus
mélangées ici (plus que sur le site 13) Ð l'hêtraie est
moins <<pure È, cette
hétérogénéité résultant surtout de la
présence du Carpinus betulus et du Picea abies . C'est
pour quoi une évolution potentielle de cette hêtraie vers une
charmaie - frênaie (correspondant à l'association
Carpino-Fagenalia) n'est pas exclue.
|