IV. Paysages
L'étude du paysage préalpin carnique, notamment les
analyses LEADER - SWOT (2006), a mis en évidence une série de
critiques et de valeurs paysagères de ce territoire:
Facteurs de risque paysager (critiques):
Facteurs lies à l'abandon:
-des prés permanents de versant, aussi bien que de fond
de vallée, en abandon, et, par conséquent, un avancement du bois;
ces processus sont en rapport étroit avec l'arrêt (partiel ou
total, selon le cas) des activités liées à
l'élevage;
-abandon du pastoralisme de haute altitude, et les
reforestations subséquentes; l'abandon des activités agricoles
traditionnelles - ex. les stavoli abandonnés et les chalets non
plus utilisés dans le cadre de la transhumance estivale;
-abandon des châtaigneraies et des terrasses;
-dépopulation et abandon des territoires montagnards,
notamment des petits hameaux; -dégradation des nombreux
châteaux.
Facteurs liés aux diverses activités
anthropiques récentes:
-présence des pelouses associées aux réseaux
technologiques et énergétiques, i.e. des gazoducs, des
oléoducs, des lignes électriques, des pillons, etc., ayant un
fort impact sur le paysage;
-des déboisements et des déblaiements,
réalisés en raison de la construction des routes et des pistes,
des véritables échecs quant à l'intégration
paysagère;
-des sites d'extraction, au niveau du versant, quasi
irrécupérables du point de vue paysagère; en plus, il
existe des cavités et des sites miniers incorrectement
réhabilités ou tout simplement nonréhabilités;
-des activités extractives dans les lits des
rivières (de plus, ces activités ne sont pas toujours tout
à fait autorisées et, donc, surveillées);
-exploitation excessive des ressources hydrologiques à des
fins hydroélectriques, ayant comme résultat une drastique
réduction du débit d'eau et un appauvrissement des lits des
rivières;
-des travaux de renforcement des berges riveraines, de
régulation hydraulique, d'artificialisation et cémentation des
bords et des lits des rivières, sans prendre en compte les aspects
paysagères; des variations continues des niveaux d'exploitation des lacs
artificiels, dues aux différents demandes d'eau;
-des travaux récents d'infrastructures
routières, énergétiques, ferroviaires, même
immatérielles (ex. aire du lac de Cavazzo); des installations de
transmission de radiotélévision ou téléphoniques,
inadéquatement insérées dans le contexte
paysagèr;
-des aires industrielles de petites et moyennes dimensions,
caractérisées par une faible intégration
paysagère;
Changements dans l'utilisation du sol:
-les reforestations artificielles, manifestement mal
intégrés, par rapport à l'environnement forestier
environnant;
-utilisation et valorisation insuffisantes du patrimoine
forestier (contrTMle et gestion qualitative du bois, ex. des changements dans
la gestion des taillis des futaies) à cause de la diminution progressive
de son intérêt économique, aussi bien que de la
fragmentation administrative excessive;
Changements dans l'architecture:
-paysage traditionnel altéré par la reconstruction
post-séismique; -renoncement de la typologie architectonique
traditionnelle;
-apparition d'une typologie architectonique récente,
surtout touristique, particulièrement envahissante;
Autres facteurs:
-des structures militaires délaissées;
-des incendies forestiers;
-dépréciation du bois, à cause des agents
biotiques; -réseau hydrologique instable;
- forte séismicité;
Valeurs paysagères (points forts):
Facteurs naturels:
-énergie du relief et zones d'altimétrie
élevées;
-des éléments d'hydrographie superficielle - ex.
des lacs naturels ou artificiels, des torrents incises dans des gorges - et
d'orographie - ex. modelage des vallées par les anciens glaciers,
donnant de nombreuses terrasses assez érodées et modelées
par les agents atmosphériques;
-couverture végétale - des forêts mixtes
de conifères et caducifoliées, aussi bien que des taillis et des
peuplements de conifères au pin noir et à l'épicéa
commun ou caducifoliées au hêtre ou mixtes; des pâturages et
des prés naturels, ainsi que des prairies permanentes
fauchées;
-taux élevé de biodiversité;
-des phénomènes karstiques de surface et de
profondeur;
-existence des milieux naturels assez «vierges»,
oà l'intervention anthropique est quasi absente;
Facteurs anthropiques:
-des écosystèmes bien conservés et
valorisés (ex. le Parc Naturel Régional des Dolomiti
Friulane);
-des cultures horticoles et fructifères
non-spécialisées et/ou associés, des champs
cultivés, autour des fonds des vallées;
-des produits agricoles, notamment laitiers, de
qualité;
-une variété des modèles d'habitats humains:
permanents et décentrés, dispersés, même de haute
altitude, des stavoli et des chalets;
-typologie architectonique traditionnelle conservée; des
constructions rurales mineures - ex. des murs, des murailles, des huttes;
-existence de centres historiques et de bourgs ruraux assez bien
conservés;
-de réseaux de sentiers; viabilité significative du
point de vue historique, panoramique et militaire;
-existence de témoignages d'archéologie
industrielle; -existence de sites archéologiques et
paléontologiques. (Piano Territoriale Regionale, 2007)
Une des modalités principales de la dynamique des
paysages dans cette région est la fermeture du paysage. La fermeture
«est précédée par des dynamiques plus anciennes:
changements des pratiques, transformation subtile des couverts
végétaux, recrutement de ligneux [...] elle (la fermeture du
paysage) amalgame des problèmes concernant l'espace rural: perte de
biodiversité, dévalorisation esthétique,
dégradation du cadre de vie, menace de l'identité
régionale, disparition d'exploitations agricoles, exode rural, abandon
des campagnes». (Berlan-Darqué, M., et al, 2007)
Des travaux antérieurs sur la dynamique des paysages
préalpins carniques ont été conduits par Garlatti, F.,
(2007) «Entre 1954 et 1999, il y a donc eu une
homogénéisation des paysages préalpins, qui s'est
opérée à travers l'avancée des couverts
boisés et le recul des terres vouées aux usages agro - pastoraux
et des sols nus.»
Apparemment cette dynamique a été assez forte
pendant ces dernières décennies et la perception des gens quant
à ces changements n'est pas tout à fait unanime.
En cherchant les causes qui ont pu conduire à une telle
évolution des paysages, nous considérons qu'il faut s'appuyer,
d'abord, sur des différents processus et phénomènes
anthropiques, qui auraient pu influencer cette dynamique, comme la
dépopulation et la marginalisation.
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