1.3. Forêts thermophiles,
supraméditerranéennes - site 8
Le site 8 (fig. 41.) est, en fait, une châtaigneraie, qui
était exploitée dans le passée - jusqu'aux années
50 (références : Garlatti, 2007 ; photographies aériennes,
1954, 1983, 1999), mais ne l'est plus.
Fig. 41. Site 8 Ð Graphique spatial
Ce changement quant à la gestion de cette forêt
semble être la cause de la mauvaise régénération des
châtaignes (on fait référence aux strates I Ð IV,
faiblement représentés Ð fig. 42.), aussi bien que de
l'évolution positive des frênes (fig. 42.) et l'apparition
d'autres essences, absentes de ce site il y a 50 ans (fig. 41).
Fig . 42. Site 8 Ð Pyramide structurale
La strate herbacée est dominée par Molinia
caerulea, Gymnocarpium robertianum et Epimedium alpinum (fig. 43,
44).
Fig. 43, 44. Epimedium alpinum - espèce
hémicryptophyte sciaphile du SE de l'Europe, aimant les sols riches
en substances organiques, seul représentante de son genre
(Berberidaceae) dans la région (Clichés : A.
ROTAR)
2. Paysages partiellement fermés
2.1. Paysages entretenus au but touristique - site 5
Le site 5 (fig. 45, 46), situé juste à
coté d'un gite rural (Ç La Cologna È), est
géré et entretenu de manière à rester le paysage
bucolique recherché par les touristes. C'est donc dans le cadre de cette
stratégie de marketing qu'on fauche toujours la prairie, contrairement
aux autres prairies de la région, qui ont été
abandonnées et qui sont en plein procès de fermeture.
Fig. 45, 46. Site 5 - Vue vers le gite rural - au N (gauche) et
vers la forét - au S (droite).
Du point de vue de la végétation, notre
relevé se divise en 3 secteurs successives (fig. 47) : - une foret de
hétre typique, très homogène, similaire aux sites 10 et 13
(1-15 m);
- une portion de lisière, plus
hétérogène, à aulne, charme et fréne (15-37
m); - une portion ouverte, de prairie fauchée (37-50 m).
On note le fort taux d'embroussaillement à Rubus sp.
de la lisière, par rapport à la portion couverte par des
hétres, oà les ronces sont totalement absents.
Fig. 47. Site 5 - graphique spatial
La strate herbacée présente des différences
significatives, selon chacun des 3 secteurs mentionés, ainsi:
- la hêtraie - espèces dominantes: Anemone
trifolia, Polygonatum multiflorum, Oxalis acetosella;
- la lisière: Brachypodium sylvaticum, Poa sp.,
Fragaria vesca et Urtica dioica, l'espèce de
lisière par excellence;
- la prairie: Veronica montana et arvensis,
Carex sp., Rumex acetosa, Daucus carota, Trifolium sp., Alchemilla
xanthoclora, Geranium sp., etc.
2.2. Formations boisées
hétérogénes, en alternance avec des prairies - sites 3 et
4
Les sites 3 et 4 se trouvent un à coté de
l'autre (le site 4 représente le prolongement du site 3). Ainsi,
ça commence (fig. 49, 50 Ð du droite à gauche) avec un
taillis très hétérogène, qui est en train de
reconquérir les anciennes prairies (références: Garlatti,
2007; photographies aériennes, 1954, 1983, 1999). Les espèces
dominantes de ce secteur sont le hêtre et le noisetier (fig. 50), avec
une régénération du noisetier bien meilleure que celle du
hêtre (fig. 50). En plus, la strate 1 est dominée par des
frênes Ð puisque le frêne est une espèce
héliophile (Rameau, 1993), il ne fait qu'exploiter la
ÇbrècheÈ dans les strates II-VI entre 33 -37 m, qui permet
aux rayons du soleil d'arriver, jusqu'à la strate 1 (en créant,
ainsi, des conditions favorables au développement du frêne).
Le secteur suivant (1-25 m), qui se continue ensuite avec le
site 4 (fig. 49), est caractérise par la présence des charmes et
des frênes plantés, et d'une prairie fauchée,
représentant la couverture herbacée, aussi bien que par la
présence de 3 murettes s'entrecroisant avec notre relevé (dans la
passée, les murettes avaient le rTMle de délimiter les
parcelles).
La strate herbacée est dominée, dans le secteur du
taillis de hêtre et noisetier, par Vinca minor, Fragaria vesca,
Cyclamen purpurascens, Cruciata glabra et Brachypodium
pinnatum.
Quant à la prairie du deuxième secteur (1-23 m
sur le site 3 et la totalité du site 4), la situation est assez
différente du secteur du taillis Ð les espèces dominantes
étant: Ornithogalum umbellatum, Poas sp., Festuca sp., Arenaria
serpyfolia (fig. 48).
Fig. 48. Site 4 Ð relevé de la strate
herbacée
Fig. 49. Site 4 - Graphique spatial Fig. 50 - Site 3 - Graphique
spatial
2.3. Forêt en reconquête, fortement
embroussaillée - Ç des géosystèmes
dégradés à dynamique progressiveÈ (Bertrand &
Bertrand, 2003), en alternance avec des secteurs restreints de prairie
fauchée - sites 6, 7 et 9
Le site 6, situé au N de Forgaria nel Friuli,
démontre une très forte
hétérogénéité de la strate ligneuse (fig.
51, 52, 53). Il s'agit d'un bois très embroussaillé, en train
d'envahir les quelques dizaines des mètres carrés restant de
l'ancienne prairie, avec une lisière caractéristique à
l'avance (Fig. 51).
Fig. 51 - Site 6
Par contre, les essences ligneuses composant cette formation
boisée récemment apparue sont différentes de la
hêtraie -climax antérieurement détruite (comme c'est le cas
des autres sites) et leur hétérogénéité est
tellement élevée (fig. 52, 53) qu'un essai de prévoir
l'évolution de la végétation resterait certainement sans
résultat concluant. Une chose est cependant évidente: faute de
gestion, ce site sera bientôt complètement envahi par des ronces
et deviendra totalement impénétrable.
Fig. 52. Site 6 - graphique spatial
Fig. 53. Site 6 - pyramide structurale
Fig. 54. Site 7 - Graphique spatial
Fig.55 Site 7 - Pyramide structurale
Le site 7 (fig.54, 55) se trouve juste au S de Forgaria nel
Friuli et présente une couverture boisée tres
hétérogene dominée par des frénes ;ensuite,
à partir de 20 m, une prairie fauchée. Le secteur boisé
est caractérisé par une tres forte présence du
Ornithogalum pyrenaicum (Annexe 2), indicateur des sols riches en
bases et en azote (Rameau, 1993). Nous considérons que c'est la
proximité des habitats humains, notamment les engrais qui y arrivent
accidentellement, aussi bien que les quelques déchets présents
sur le site qui constituent les causes principales de cette forte
présence de l'aspergette.
Fig. 56 Ð Site 9 Ð graphique spatial
Fig. 57 Ð Site 9 Ð pyramide structurale
Le site 9 (fig. 56, 57), est couvert, jusqu'à 16 m, par
une couverture boisée très hétérogène et
très dense, dont le sous-bois, dominé par du cornouiller, rend ce
secteur très difficile à parcourir. Le seul hétre
présent, dont la hauteur est considérablement plus
élevée que celle du reste, a été vrai semblablement
planté, comme limite de la parcelle, partageant, ainsi, le rTMle des
murettes, elles aussi présentes sur le site. Comme dans le cas du site
5, cette prairie est toujours entretenu (fauché) en rapport
étroit avec l'agrotourisme qui se trouve juste à coté.
Pourtant, contraire au site 5, ce n'est que le secteur de prairie qui est
entretenu - le bois n'est pas entretenu.
2.4. Ripisylve inondable, en alternance avec des secteurs
restreints, en diminution continue, de prairie encore fauchee, se situant
à cote du fleuve Tagliamento - sites 1 et 2
La zone du site 1 (fig. 58, 59) est totalement couverte par une
forest ripicole, trts hétérogène, dominé par
Corylus avellana et Crataegus monogyna. Pourtant, la strat
e 1 (0 Ð 0.5 m) est de loin dominée par de
lÕérable - notamment Acer pseudoplatantus, mais
aussi Acer campestre. En plus, on remarque la presence dÕun
seul chêne, arbre bordier, qui délimite le bois de la prairie. La
raison pour laquelle nous avons place ce site completement couvert par du bois
dans la catégorie des paysages partiellement fermés, et non pas
dans celle des paysages completement fermés est le fait que juste
à cote de notre site (de lÕautre cote du chene bordier) il y de
la prairie fauchée. La zone entière (dont notre site fait partie)
présente, en fait, des alternances haie-prairie.
Fig. 58 Ð Site 1 Ð Pyramide structurale
Fig. 60. Site 2 Ð graphique spatial
Fig 61 Ð Site 2 Ð alternance prairies - haies
Le site 2 (fig. 60, 61) est constitué d'une alternance
haie -prairi e. Les haies sont hétérogènes et très
différents l'un de l'autre - dominés par de l'aulne, noisetier,
respectivement fusain. La hauteur maximale est très basse Ð 8 m
Ð témoin de l'apparition récente de ces taillis,
puisqu'autrefois cet espace était couvert, en plus grande mesure, par de
la prairie fauchée (références: Garlatti, 2007;
photographies aériennes, 1954, 1983, 1999).
Répartition géographique des sites
Nous considérons que la diversité
rencontré sur nos sites a plusieurs causes, dont la répartition
géographique des sites (fig. 62), avec toutes ses implications: altiude,
conditions climatiques, exposition des versants, etc., mais aussi la
présence ou l'absence des habitats humains.
Ainsi, on remarque que les paysages totalement fermés
et homogènes (sites 10, 13, 14) se trouvent plutôt dans la partie
NW, aux altitudes assez hauts, températures assez basses,
précipitations assez fortes, et une assez faible présence
d'habitats humaines ; en plus, dans cette partie, les influences climatiques
subméditerranéennes présentes dans la région gr%oce
au corridor du Tagliamento sont moins ressentis, à cause des versants,
comme Mt. Pala et Mt. Prat, qui ont un rôle freinant. Ce sont des
formations végétales assez homogènes, pareils ou
identiques aux forêts-climax.
On observe, ainsi, que les formations de hêtre
(espèce sciaphile et ayant besoin d'une certaine quantité de
précipitations), par exemple, deviennent de plus en plus rares vers le
sud.
Par contre, dès qu'on s'approche du corridor du
Tagliamento, qui apporte des influences climatiques
subméditerranéennes, les formations deviennent de plus en plus
hétérogènes, dominées par du charme et du
frêne (sites 3, 4, 11, 12). C'est vrai qu'il ne faut pas ignorer le
rôle des habitats humains, comme Vito d'Asio et Clauzetto, plus denses
ici, et dont les conséquences se font ressenties (plus
précisément, elles se sont faits ressenties dans le passé,
par la présence des prairies, de l'élevage extensif, etc ).
Ainsi, c'est ici que le procès d'abandon, lui aussi, est le plus
ressenti, en rapport étroit avec la démographie en baisse,
pendant ces dernières décennies.
A l'extrémité sud, dans la proximité du
Tagliamento, on remarque, évidem ment, l'existence des forêts
ripicoles (sites 1 et 2), mais, aussi, la présence des espèces
thermophiles et supraméditerranéennes, comme c'est le cas du
ch%otaigner (site 8), mais aussi du Ruscus aculeatus et du Daphne
laureola.
En bas : Fig. 62. Répartition spatiale des 14 sites sur
le terrain et les graphiques spatiaux des sites (Google Earth, A. ROTAR,
2008)
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