6. LES BZD EN PSYCHIATRIE
6.1. Indications
En psychiatrie, les BZD sont essentiellement prescrites
pour traiter
les troubles émotionnels, anxieux, phobiques,
réactionnels en rapport avec le stress et les manifestations somatiques
notamment cardiovasculaires ou gastro-intestinales d'origines
psychiatriques25.
Elles peuvent être également prescrites
comme traitement adjuvant aux antidépresseurs, au début du
traitement des états dépressifs pour prévenir la
levée précoce de l'inhibition psychomotrice par les
antidépresseurs.
Les BZD sont très largement prescrites devant
de troubles du sommeil, surtout quand ceux-ci sont en rapport avec un
état d'anxiété général. Les BZD sont
considérées comme des hypnotiques
efficaces25.
6.2. La durée du traitement
D'après les recommandations de
l'AFSSAPS27 et devant le potentiel addictif des BZD, quelques
règles de bonnes pratiques sont préconisées :
· Débuter le traitement par la dose minimale
efficace.
· Ne pas dépasser la dose maximale
préconisée.
· La durée du traitement doit être
bien limitée avec réévaluation à chaque
renouvellement du traitement.
· Respecter la durée de prescription qui
doit être aussi brève que possible, notamment :
-- de 8 à 12 semaines dans les troubles anxieux,
réduction de posologie comprise (2 à 4 semaines pour certains
auteurs26).
-- de 2 à 5 jours en cas d'insomnie occasionnelle
et 2 à 3 semaines en cas d'insomnie durable 27,28.
6.3. Effets indésirab1es :
Les effets indésirables d'ordre psychiatrique
sont parfois mal estimés par les prescripteurs. Ils peuvent se
manifester de façon variable d'un patient à un autre et peuvent
se confondre avec le tableau de la maladie psychiatrique initiale rendant
l'adaptation du traitement difficile.
6.3.1. La t o1erance
La tolérance aux substances est un
phénomène qui se développe avec l'usage chronique de
beaucoup de SPA tel que l'alcool, l'héroïne, la morphine et le
cannabis.
La tolérance aux multiples effets des BZD se
développe lors de l'absorption régulière : la dose
prescrite à l'origine produit progressivement moins d'effet et une plus
forte dose est nécessaire pour obtenir à nouveau l'effet
original.
Ce phénomène de tolérance, peut
amener les médecins à augmenter la dose ou à
ajouter une autre BZD, De nombreux patients peuvent ainsi avoir une
prescription de plusieurs BZD'3 .
La tolérance aux effets anxiolytiques se
développe lentement, mais il y a peu d'évidence montrant que les
BZD maintiennent leur efficacité au bout de quelques mois. En fait,
l'absorption à long terme d'une BZD peut
même aggraver les troubles de
l'anxiété. De nombreux patients23 trouvent qu'au fil
des années, les symptômes anxiolytiques augmentent graduellement
malgré la prise régulière. D'autres rapportent
l'apparition de crises de panique et/ou une forme d'agoraphobie pour la
première fois après des années sous
traitement23. Une telle aggravation des symptômes lors de
l'usage sur une longue période d'une BZD est probablement due à
la tolérance aux effets anxiolytiques, expliquant les symptômes de
« sevrage » qui apparaissent même en cas d'utilisation
continuelle du médicament. Cependant, la tolérance semble un
phénomène variable, parfois très subjectif, car certains
consommateurs chroniques déclarent une efficacité continue
après des années de traitement23.
6.3.2. La dépendance :
Une dépendance psychologique et physique (cf.
annexe 2) peut se développer à la suite d'une utilisation
régulière et répétée soit en quelques
semaines ou en quelques mois23.
Les personnes âgées, les gros «
buveurs mondains » ou ceux qui ont des antécédents
d'alcoolodépendance seraient particulièrement exposés au
risque de dépendance physique pour les BZD25.
6.3.2.1. La dépendance a p os o1 ogie
thérapeutique prescrite :
Les individus qui sont devenus dépendants à
doses thérapeutiques de BZD ont habituellement plusieurs des
caractéristiques suivantes29,23 :
1. Ils ont absorbé des BZD prescrites à
doses « thérapeutiques » (généralement faibles)
pendant des mois ou des années.
2. Ils ont éprouvé graduellement « le
besoin » d'absorber des BZD afin de poursuivre des activités
quotidiennes normales.
3. Ils ont continué à absorber des BZD
bien que le but à l'origine de la prescription ait disparu (sevrage
alcoolique, trouble anxieux...).
4. Ils éprouvent de la difficulté à
arrêter l'absorption Des BZD ou d'en réduire le dosage à
cause des symptômes de sevrage.
5. S'ils utilisent une BZD à demi-vie courte,
ils développent des symptômes d'anxiété entre les
doses ou éprouvent une envie pressante pour la dose
suivante.
6. Ils peuvent contacter leur médecin afin
d'obtenir des ordonnances répétées.
7. Ils peuvent devenir anxieux si l'ordonnance
renouvelée n'est pas préparée assez rapidement. Ils
peuvent transporter leurs cachets sur eux tout le temps et prendre une dose
supplémentaire, au besoin, avant un événement troublant
anticipé ou une nuit passée dans un lit
étranger.
8. Ils peuvent avoir augmenté leur dose depuis
leur première ordonnance médicale.
9. Ils peuvent présenter des symptômes
d'anxiété, de panique, d'agoraphobie, d'insomnie et une
augmentation des symptômes
physiques malgré l'absorption continuelle de
BZD.
6.3.2.2. La dépendance a p os o1 ogie
é1evée :
Une minorité de patients, qui ont entamé
un traitement à base de BZD, commence à réclamer des doses
de plus en plus élevées. Au début, ils peuvent persuader
leur médecin d'augmenter le nombre des ordonnances, mais ayant atteint
les limites prescrites, ils peuvent contacter plusieurs médecins ou
hôpitaux afin d'en obtenir une réserve. Parfois, ce groupe associe
l'usage abusif ou la dépendance d'une BZD à la consommation
excessive d'alcool. Les patients qui se rangent dans cette catégorie ont
tendance à être très anxieux, déprimés
6,23,25. Ils peuvent avoir aussi un passé avec un usage
abusif d'un autre sédatif ou d'alcool. Ils n'utilisent pas
spécialement des drogues illégales, mais peuvent obtenir des BZD
dites de 'rues ' si les autres ressources échouent 6,23,25.
6.3.3 Effets indésirab1es et c omp1icati ons
psychiatriques
6.3.3.1. Les Effets stimu1ants parad oxaux
En 1960, Ingram et Timbury30 furent parmi
les premiers à rapporter des réactions de violence chez des
patients traités par Librium. Depuis, ces réactions ont
été abondamment confirmées par de nombreuses
publications6,23,28. Agressions physiques, viols et actes
médicolégaux ont été fréquemment
observés, ainsi que des comportements autoagressifs,
pouvant aller jusqu'au suicide. Selon la méta
analyse de Dietsch et Jennings30, les BZD seraient plus
fréquemment à l'origine d'une augmentation que d'une diminution
de l'agressivité.
La survenue d'une réaction agressive sous BZD
est par ailleurs potentialisée lors d'une association à une
consommation importante d'alcool. L'alcool potentialiserait donc et
prolongerait les impulsions agressives sous BZD. La majorité des
études traitant l'agressivité associée à la prise
de BZD font état de décompensation sous alprazolam
(Xanax).
Selon Ashton, à l'approche du sommeil, les BZD
seraient la cause d'une excitation paradoxale accompagnée d'un
accroissement d'anxiété, d'insomnie, de cauchemars,
d'hallucinations et d'une augmentation de crises chez les
épileptiques23. Ces effets paradoxaux sont plus
fréquents chez les individus anxieux et agressifs, les enfants et les
personnes âgées. Ils sont peut-être dus à la
libération ou à l'inhibition des tendances comportementales
normalement supprimées par les normes sociales 6,23,28.
6.3.3.2. Les dépressi ons et 1es ém oti ons
ém oussées :
L'usage à long terme d'une BZD chez les
alcooliques et les patients dépendants des barbituriques est souvent
déprimant ; cette dépression peut être inaugurale lors
d'une absorption prolongée. Les BZD peuvent à la fois causer ou
aggraver la dépression, possiblement en réduisant la production
cérébrale des neurotransmetteurs tels que la Sérotonine et
la
Norépinéphrine. Cependant,
l'anxiété et la dépression sont souvent associées
et les BZD sont fréquemment prescrites pour traiter
l'anxiété et la dépression en même temps.
Quelquefois, chez de tels patients, les drogues semblent précipiter leur
tendance au suicide. En 1988, le Committee on Safety of Medicines de la
Grande-Bretagne avertit que « les BZD ne doivent pas être
absorbées seules pour traiter la dépression ou
l'anxiété associée à la dépression. Chez de
tels patients, cela pourrait précipiter leur tendance au
suicide»6, 31.
« L'anesthésie émotionnelle »
ou l'inhibition psychoaffective est l'incapacité de ressentir du plaisir
ou de la peine. Elle représente une des plaintes les plus communes chez
les consommateurs d'une BZD sur une longue période. De tels coups
émotionnels sont liés probablement à l'effet inhibiteur
des BZD sur l'activité des centres émotionnels au niveau
du
,28,
système nerveux central 23
31.
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