4.4. Les BZD, a1c oo1 et 1es accidents de 1a v oie
pub1ique
Lors des accidents de la voie publique, les BZD sont
les médicaments les plus souvent retrouvés avec une
fréquence de positivité dans les analyses toxicologiques variable
selon les pays et le type d'accident13.
En 1997, Berghaus et Grass14, dans une
méta analyse de plus de 500 études expérimentales, ont mis
en évidence une corrélation directe entre les concentrations de
BZD et la diminution des performances des conducteurs.
En 2002, Appenzeller et al15 dans leur
étude sur « La consommation abusive de l'alcool et des drogues chez
les conducteurs », rapportent que sur un échantillon de 210
conducteurs soumis à un dosage d'alcoolémie, 22,8 % ont
consommé de médicaments dont 10,9 % des BZD. Dans cette
étude, les deux classes des médicaments licites psychoactifs les
plus fréquents détectés sont les BZD et les
antidépresseurs (7,6 %). Le diazépam, le nordazepam et l'oxazepam
ont été les sous-groupes les plus retrouvés (8,6
%).
D'après une étude autrichienne
réalisée par Keller et al en 200816, les
résultats des analyses toxicologiques de 1167 prélèvements
sanguins réalisés chez des conducteurs suspects d'être
drogués ont montré qu'un cas sur cinq s'est
révélé positif à la recherche des BZD
(diazépam, flunitrazepam, oxazepam et bromazepam). L'alcool seul a
été retrouvé dans 7 % des cas et dans 23 % des cas il y
avait l'association alcoolpsychotropes.
Une autre étude17,
réalisée au Danemark par le département de médecine
légale entre de 2002 à 2007 sur la clonazepamemie et leur
métabolite, a découvert le clonazepam (Rivotril) dans 297 cas
d'accidents de la circulation, dans 92 cas de violences (victimes ou
agresseurs) et dans 140 cas en post mortem. Parmi 27 examens post mortem avec
une concentration sanguine dépassant les 0,2 mg/kg de clonazepam, on
note 11 cas d'alcoolisme chronique.
4.5. Les BZD et iatrogénie :
La littérature18,19,20 souligne
l'importance du rôle des médecins dans l'information des patients
sur les effets secondaires des BZD. L'étude d'Auchewski18 en
2004 sur « Evaluation de l'information médicale des patients sur
les effets secondaires des BZD » , montre un manquement à ce
principe ; quatre-vingt-cinq pour cent des patients étaient bien
informés sur l'interaction entre les BZD et l'alcool, 46 % sur
l'association entre BZD et
les troubles cognitifs et un très faible
pourcentage (8%) sur la question de la dépendance.
L'étude norvégienne de Winther en
200919, sur la « prescription drug shopping » où le
patient solliciterait la prescription des mêmes médicaments chez
plusieurs médecins ou « le nomadisme médical », a
étudié ce comportement vis-à-vis 3 produits à
potentiel addictif (diazépam, le carisorpodol, codéine) contre 3
produits non addictifs. Les résultats semblent suggérer que la
« prescription drug shopping » est un indicateur de potentiel d'abus
des médicaments psychoactifs. Le repérage de ce comportement
comme facteur de risque serait donc un bon moyen de lutte contre l'abus et
l'addiction aux médicaments. De surcroit, parmi les patients qui ont
consulté beaucoup de médecins (0,5 % ont consulté plus de
5 médecins), ce comportement était plus fréquent pour les
usagers des produits à potentiel addictif.
D'après l'étude de BILL20 et
al sur la « dépendance et l'usage de l'alprazolam », parmi 27
cas d'addiction à l'alprazolam, 19 patients ont obtenu le
médicament sur une ordonnance délivrée par leur psychiatre
et 7 patients sur une autre délivrée par leur médecin
généraliste. Dans 26 cas, on trouve un antécédent
de dépendance à l'alcool. Pour l'auteur, un
antécédent de dépendance à l'alcool est un facteur
favorisant à la dépendance à l'alprazolam.
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