3. HISTORIQUE
Au milieu des années 1950, L. Sternbach
4,5, travaillant pour le laboratoire pharmaceutique Hoffmann-La
Roche sur les dérivés de la quinoline en vue de production de
colorants, synthétise par « erreur » la première BZD :
le chlordiazépoxyde. La plupart des molécules obtenues lors de ce
programme de recherche s'étant révélées sans
activité pharmacologique, Sternbach abandonna l'expérimentation
de ces produits.
Cependant, l'un de ses élèves, E. Reader
4 ,5, soumet ces molécules à des tests et découvre des
effets pharmacologiques inattendus. C'est dans ce contexte que L. Randall mit
en évidence, en avril 1957 4,5, leurs
propriétés sédatives, myorelaxantes, anticonvulsivantes et
souligna d'emblée leur bonne tolérance. Un brevet fut
déposé en mai 1958 pour un médicament qui allait devenir
l'un des grands succès commerciaux dans toute l'histoire de l'industrie
pharmaceutique : le Librium4,5.
En 1963, le diazépam (Valium) est apparu comme
une autre BZD intéressante. Dans les années qui suivirent,
d'autres BZD furent commercialisées, qui sont encore prescrites
actuellement : chlorazépate (Tranxène), oxazépam
(Seresta), bromazépam (Lexomil).
4. REVUE DE LA LITTERATURE : DONNEES
EPIDEMIOLOGIQUES
Très peu d'études spécifiques
6,17,,21 ont été consacrées à
l'utilisation des BZD chez le sujet alcoolique. Mais ce thème est
souvent abordé accessoirement dans les études7-21
concernant la polytoxicomanie et ses conséquences. Ainsi, on peut
retrouver quelques données dans les souschapitres de ces études
qui traitent le lien entre les BZD et les accidents de la voie publique, les
BZD et la mortalité par intoxication et les troubles psychiatriques
toxico-induits.
4.1. L'usage abusif et 1a dépendance aux BZD
:
Aux États-Unis2, les BZD
apparaissent dans la liste de 100 médicaments les plus prescrits dont :
alprazolam (Xanax), clonazépam (Rivotril), diazépam (Valium),
lorazépam (Témesta).
D` après le rapport de l'APA paru en 1990
2,6, 11 à 15 % des adultes de la population
générale ont consommé des BZD une ou plusieurs fois dans
l`année précédente et 1 à 2 % en décrivent
un usage quotidien pendant 12 mois ou plus. Dans ce même rapport, il est
souligné que la prévalence de l`usage, de la dépendance et
de l`abus des BZD est élevée dans la population toxicomane et
chez des personnes bénéficiant de la prescription des BZD pour
une indication psychiatrique.
Le rapport de l'Assemblée Nationale
20067 sur l'usage des psychotropes confirme que la dépense
pharmaceutique des français (plus de 30 milliards d'euros en 2004) place
la France au deuxième rang (Tableau 1) après les
États-Unis parmi les pays de l'organisation de coopération et
développement économique. S'agissant plus particulièrement
des médicaments psychotropes, la consommation française est plus
importante que celles des autres pays de l'Union Européenne.
Tab1eau1. Preva1ence annue11e d'usage des medicaments
psych otr opes* dans 6 pays europeens (etude ESEMED
2001-2003).
Pays
|
Prévalence annuelle (%)
|
OR (95
|
% IC)**
|
Allemagne
|
5,9
|
0,8
|
(0,6
|
-1,0)
|
Belgique
|
13,2
|
1,9
|
(1,4
|
-2,6)
|
Espagne
|
15,5
|
2,3
|
(1,9
|
-2,9)
|
France
|
21,4
|
3,0
|
(2,4
|
-3,8)
|
Italie
|
13,7
|
2,0
|
(1,6
|
-2,5)
|
Pays-Bas
|
7,4
|
1,0
|
|
|
*. Antidépresseurs, anxiolytiques
(catégorie incluant également les hypnotiques,
benzodiazépiniques ou apparentés), antipsychotiques et
stabilisateurs de l'humeur.
**. Odds Ratio ajusté sur le sexe, évaluant
la probabilité relative d'usage de psychotrope par rapport au pays de
référence, qui est ici les Pays-Bas.
L'étude française,
réalisée en 20018 sur 4007 sujets, a montré que
la moitié des sujets (49,3 %) déclaraient prendre au moins un
médicament, 11,5 % étaient des usagers actuels de
médicaments « contre l'anxiété, le stress, pour
dormir ou se relaxer », et 7,5 % étaient des usagers actuels de
BZD. La plupart des utilisateurs (86,4 %) prenaient une seule BZD, 12,9 % en
prenaient 2, et 0,7 % 3 simultanément. La durée d'utilisation des
BZD était de plus de 6 mois pour 76,5 % des usagers, de 3 à 6
mois pour 6,9 %, d'une semaine à 3 mois pour 9,6 %, et de moins d'une
semaine pour 2,6 %. Dans la plupart des cas (88,7 %), les BZD utilisées
étaient à demi vie courte (donc a priori avec une durée
d'action brève), pour lesquelles le risque de survenue d'un syndrome de
sevrage est le plus élevé (La probabilité et
l'intensité d'apparition des signes de sevrage est plus fortes pour les
BZD rapidement éliminées -demi-vie courte - ou de
défixation rapide du récepteur GABA.).
Une autre étude multicentrique,
réalisée sous l'égide de l'OMS7 concernant la
consommation des psychotropes en France, a montré que la consommation
des BZD est la plus fréquente (19 %) par rapport aux autres
psychotropes.
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