A. Les utilisateurs de bois de chauffe dans les
villages.
Les utilisateurs des bois sont des trois ordres notamment les
ménages (60.5%) pour des besoins énergétiques, les
briquetiers (23.5%) pour la cuisson de briques et les charbonniers (16%) pour
fabrication des charbons de bois à vendre. En terme de genre, ce sont
plus des femmes qui s'occupent de bois de cuisson pour les ménages
tandis que les hommes eux s'adonnent à la fabrication de briques et de
charbon de bois. La menace la plus potentielle est la compétition des
activités. Les essences indigènes sont plus utilisées
comme source d'énergie pour la cuisson de l'alimentation au
ménage, la cuisson de briques cuites, source de revenu des
ménages, et la fabrication des braises comme source d'énergie de
cuisson pendant la saison sèche.
B. Connaissance d'autres sources d'énergie
disponible mais non utilisé par les ménages.
A part le bois de chauffe et les déchets agricoles
(épis de mais, etc.), La majorité des enquêtés (85
%) ne connaissaient pas d'autre sources d'énergie disponible dans le
milieu ni une source potentielle d'énergie. tandis que 15% en avait
connaissance, sur les enquêtés de groupement de Kagando
(L'électricité qui était à la sucrerie de Kiliba)
et celles du groupement de Kakamba avec l'électricité de
Kiringye.
C. Type de combustible non ligneux (arbres)
utilisés par les ménages.
A part le bois de chauffe (essences ligneuses), 100% des
ménages utilisent d'autres déchets agricoles pour la
préparation de nourriture (boutures sèches de manioc, les
épis dégrainés de mais, etc.).
D. Connaissance d'autres sources d'énergie de
cuisson à part le bois et l'électricité.
A part les bois de chauffe, les ménages utilisent les
épis de mais dégrainés (43.5 %) et les boutures
sèches de manioc (56.5%). La connaissance des enquêtés est
limité e sur les sources d'énergie, alors qu'avec la bouse de
vache qui est en grande quantité pourraient produire du biogaz mais
aussi le son de riz qui est un autre combustible très important pour la
cuisson au même titre que le bois de chauffe.
C'est pourquoi, à l'échelle mondiale, les
personnes démunies utilisent une part plus importante de leur revenu
à l'achat d'énergie que d'autres catégories plus
aisées. Dans les pays en voie de développement, 2 milliards de
personnes n'ont pas accès à l'électricité.
Particulièrement les personnes vivant dans les régions rurales ne
peuvent pas profiter des avantages et possibilités offerts par
l'électricité. Sans une amélioration de
l'approvisionnement de l'énergie pour ces personnes, la
réalisation de tous les domaines des OMD (Objectifs du Millénaire
pour le Développement) sera très difficile (PNUD, 2004), en
l'occurrence l'objectif n°7 en rapport avec l'environnement.
L'insuffisance en quantité de sources alternatives d'énergie de
cuisson est l'un des facteurs dans la coupe précoce et la
surexploitation des essences indigènes dans la collectivité
plaine de la Ruzizi. Il y a une forte dépendance sur le bois pour
l'énergie de cuisson. Cela est à la base de la pression
exercée sur les bosquets.
5. COUT ET ECONOMIE DU BOIS (LE CHARBONNIER)
En termes de coût, les charbons de bois
génèrent de recette aux ménages de charbonniers toute
l'année pendant la saison sèche. Un sac de charbon de bois
(braise) coûte 9000 FC8, soit l'équivalent de 10$USD.
Pour l'année 2009 et le premier semestre de 2010, la production de
charbon de bois s'est élevée à 33 150 Kg (Rapports du
service de l'environnement 2009 et 2010), soit 663 sacs de 50 Kgs. Sachant
qu'un sac de charbon de bois coûte 10$USD, les 663 sacs ont
généré 6630 $USD. Selon les 20 charbonniers
enquêtés, pendant la saison sèche chacun produirait au
moins 10 sacs de charbon de
8 9000 FC congolais était l'équivalent de
10$USD.
bois, soit 2 sacs de 50 Kgs par personne et par mois. Donc,
pour cette saison, on pourrait s'attendre à une production de 200 sacs,
soit 1000 Kgs de charbon de bois et généreraient 2000 $USD pour
ces charbonniers.
On peut constater que la fabrication et la commercialisation
de charbon de bois sont des activités de survie suite au manque
d'occupation pendant la saison sèche. Ces charbonniers
(généralement des agriculteurs), transporte eux-mêmes leurs
produits dans différents marchés selon leur proximité
(proximité avec leur village). Pour le groupement de Kabunambo, les
marchés de Sange et de Runingu leur sont proches. Tandis que pour les
charbonniers de Luberizi comme de Kakamba, les marchés de Luberizi, de
Nyamutiri ainsi que celui de Sange sont les lieux de vente de ces produits
ligneux. Les charbons de bois sont vendus, soit en gros (en sac), soit en
détails. Les acheteurs proviennent essentiellement des centres urbains
ou extra-coutumiers (surtout la cité d'Uvira) qui viennent acheter ces
charbons de bois, à cause du déficit de courant électrique
dans la cité d'Uvira, la demande en bois est très importante.
6 .SUGGESTIONS POUR SAUVER LES ARBRES ET LES COMMUNAUTES
:
Avant de présenter ce modèle de gestion
communautaire, analysons d'abord les propositions des enquêtés sur
les mesures de conservation durable des essences indigènes dans la
collectivité plaine de la Ruzizi.
6.1. Mesures pour la protection des essences
indigènes menacées proposées par les ménages et les
charbonniers.
A. Action à entreprendre :
- En ce qui concerne les actions à mener pour
protéger les essences indigènes, 4 actions ont été
citées, notamment le reboisement (51%), l'application de la loi sur la
protection de l'environnement (19%), la sensibilisation (17.5%), la
création d'une réserve forestière (5%) et aucune
réponse (15%).
B. Acteurs d'exécution :
Pour ce qui est des acteurs d'exécution des actions de
protection, 5 acteurs ont été cités par les
enquêtés. Selon le degré de leur importance. C'est
notamment les ONG internationale (73.5%), les associations locales de
développement (11.5%), les chefs coutumiers (5%), la population (5%) et
l'Etat (5%). On peut constater que la population accorde plus de confiance aux
ONG et aux associations qu'à l'Etat, le garant et le protecteur de
l'environnement.
C. Lieu d'exécution pour la protection des
essences indigènes.
Pour ce qui est lieu d'exécution de ces actions, dans
chaque groupement, les enquêtés ont cités de lieu qu'ils
jugent meilleurs pour la protection des essences indigènes. Dans le
groupement de Kakamba, 5 sites ont été cités conjointement
(29.1% pour le long de la rivière Ruzizi, 40 % pour le site de
Nyabihanga, 10% pour le site de Kinyu, 11,9% pour le site de Nyaruruma et 10%
pour le site de Migobe. Dans le groupement de Luberizi, 4 site ont
été cités conjointement (Ruzizi: 25%, Kitemesho: 25%,
Rusabagi: 25 %) où ces actions peuvent être entreprises, et dans
le groupement de Kabunambo, 2 sites aussi conjointement (50% pour Kabunambo,
50% Mwaba et ses environ).
D. Création d'emploi ou d'occupation
saisonnier.
Les charbonniers ont estimé que c'est par manque
d'occupation et d'autres activités économiques pendant la saison
sèche qu'ils s'adonnaient à la fabrication de charbon de bois. En
cas d'une occupation procurant un revenu pendant la période de soudure
(saison sèche), cela peut réduire la pression exercée par
le charbonnier. Au regard de ce qui précède, un modèle
d'aménagement pourrait être proposé et
présenté dans le paragraphe suivant.
6.2. PROPOSIONS D'UN PLAN D'AMENAGEMENT POUR LA
CONSERVATION DES ESSENCES INDIGENES DANS LA PLAINE DE LA RUZIZI.
Pour ce faire, la protection et la gestion durable des
essences indigènes de la plaine de la Ruzizi nécessitent les
mesures législatives de gestion à tous les niveaux et les
initiatives d'économie d'énergie de cuisson.
- Au niveau local, les chefs coutumiers devraient, avec la
participation de la communauté, définir
les règles de gestion en conformité avec les
normes environnementales. Un plan villageois d'aménagement
environnemental devrait être réalisé avec la participation
des toutes les parties prenantes pour éviter de créer le conflit
ainsi que la compétition des acteurs et des activités
(agriculture, élevage et environnement). Un inventaire des essences
indigènes vulnérable, en danger de disparition et abondant doit
être réalisé avec la participation de la communauté
locale. Cette liste doit être connu par toute la communauté afin
de les protéger (c'est par exemple le tamarinier en voie de disparition
dans la plaine de la Ruzizi). Après le zonage de sites pour les parcs
à bois, des comités locaux tripartite (Population
représentée par les associations de développement, l'Etat
par le service de l'environnement et le chef coutumier) de surveillance doivent
mis sur pied pour le suivi de respect
de règle de gestion, pour la sensibilisation et
mobilisation. Un comité de pilotage sera installé sous
l'égide du chef de collectivité de la plaine de la Ruzizi avec un
comité scientifique d'appui pour le monitoring environnemental. La
forêt de Nyarundari ferait parti de ces zones quoi que privé afin
de servir de modèle.
- .Au niveau provincial, l'assemblée provinciale avec
la collaboration du ministère de l'environnement promulgué une
loi sur la création des parcs de bois dans des villages selon la
nomenclature du code forestier. A part la création de zone
protégée de production des bois, il faudra des actions de
sensibilisation, de la vulgarisation de foyers améliorés pour les
ménages et fours améliorés pour les briquetiers et
charbonniers (pour la carbonisation) et de reboisement avec des essences
exotiques fertilisantes et des essences indigènes à croissance
rapide pour les besoins énergétiques. Le tableau N°7
ci-dessous présente les types d'action, les acteurs, les lieux
d'intervention et les résultats escomptés en cas de conservation
et gestion durables des bosquets.
Les stratégies vont reposer sur trois principes importants
et prioritaires notamment :
1° La diversification énergétique
ou des sources d'énergie domestique à court et moyen terme (La
méthanisation et l'énergie solaire ou en général
des énergies nouvelles et renouvelables, l'hydro
électricité en l'occurrence).
2° Le renforcement de la résilience de
l'écosystème forestier et de l'éducation environnementale,
surtout l'augmentation de la production des ressources végétales
ligneuses pour les besoins énergétiques (création des
parcs à bois et la vulgarisation des technologies d'économie
d'énergie domestiques) et les formations-sensibilisation sur
l'environnement et le développement,
3° Initiation des activités
économiques de lutte contre la pauvreté grâce à la
création de l'emploi et d'appui aux activités économiques
porteuses d'une valeur ajoutée en milieu rural.
TABLEAU N°14. STRATEGIE D'AMENAGEMENT POUR LA
CONSERVATION DES ESSENCES INDIGENES DANS LA PLAINE DE LA RUZIZI.
ACTION A ENTREPRENDRE
|
ACTEURS
|
STRATEGIES D'INTERVENTION
|
LIEU
|
RESULTATS
|
RISQUES
|
REBOISEMENT
|
-ONG locales
intervenant dans l'environnement.
-Briquetiers oeuvrant
|
- Installation des
pépinières des espèces indigènes
et exotiques et distribution des plants
|
- Dans sites déboisés,
(5000 hectares) de la collectivité plaine de la
Ruzizi dans les
|
-Boisement reconstitués. -Augmentation de la production
de miel,
-La productivité de bois de
|
- Feu de brousse
incontrôlé,
- Complicité des
autorités locales à la
|
|
dans la plaine de la Ruzizi (Kiliba, Luberizi et Luvungi).
-Charbonniers
opérant dans la plaine de la Ruzizi.
|
aux populations dans
différents villages.
- Distribution des plants aux bénéficiaires.
|
groupements de
Kabunambo, Luberizi et Kakamba.
- Dans de bosquets
dégradés
|
bosquets augmentés,
|
destruction à cause de leurs propres
intérêts.
|
|
-Différent ménages.
|
|
|
|
|
VULGARISATION
|
-ONG
|
-Organiser des séances
|
-Dans tous les villages
|
|
- Résistance au
|
DU CODE
|
-Etat (service de
|
d'animation, de
|
de la plaine de la
|
|
changement.
|
FORESTIER, DES FOURS DE CARBONISATION, BRIQUE CUITE ET DE
FOYERS
|
l'environnement)
|
formations et
multiplication de livret sur le code forestier, des panneaux
d'informations publiques sur le feu de
|
Ruzizi.
|
|
-Faible insuffisance
d'appropriation des foyers améliorés.
|
AMELOIRES
|
|
brousse, le déboisement,
|
|
-Connaissance de la
|
|
|
|
etc.
-Fabrication et vente à
crédit les foyers améliorés,
-Formations des paysans sur les fabrications de foyers
améliorés.
|
|
population sur la protection de l'environnement accrue et les
pratiques destructrices abandonnée ; des foyers améliorés
utilisés à plus de 90% par les ménages.
|
|
SENSIBILISATION
|
-ONG
-Etat (service de
l'environnement) -chefs coutumiers
|
|
- Dans tous les villages de la plaine de la Ruzizi.
|
- Résistance au changement.
|
CREATION DE RESERVE FORESTIERE
|
ETAT
ONG
Chefs coutumiers
|
|
- Dans des zones de aux bosquets de forte densités
en essences
indigènes (5000
hectares) dans la collectivité de la plaine et dans les
environs de la cité de Sange.
|
80% des bosquets de fortes densités ou de sites
potentiellement d'essences indigènes
protégées.
|
- Résistance des autorités coutumières
dans l'application des mesures de gestion.
|
VULGARISATION DE LA
TECHNOLOGIE DE BIOGAZ.
|
ONG compétentes
|
Installation des digesteurs pilotes dans des ménages et
restaurant.
|
5 villages de forte
agglomération.
|
100 digesteurs de 20 m3 chacun du type expérimental.
|
Manque de compétences locales approuvées et
intérêt par les paysans.
|
INITIER LES
|
ETAT
|
-Identification et
|
Collectivité de la
|
70% des charbonniers ont
|
- Résistance au
|
ACTIVITES ECONOMIQUE
|
ONGD
Chefs coutumiers.
|
regroupement des
charbonniers en
|
plaine de la Ruzizi.
|
une activité génératrice de revenu
pendant la période
|
changement.
|
POUR LES
|
|
associations de protection
|
|
de soudure (Mai-
|
|
CHARBONNIERS ;
|
|
des arbres.
|
|
septembre).
|
|
|
|
-Appui financier à leur organisation.
|
|
|
|
|
|
-Initiation des activités
économiques des groupes selon les villages.
|
|
|
|
Le choix des sites à protéger résultera
d'une étude d'inventaire exhaustif qui serait réalisé dans
la plaine de la Ruzizi par une équipe de chercheurs avec l'appui de la
communauté locale et des ONGD intervenant dans le milieu.
|