CONCLUSION GENERALE.
Notre travail qui porte sur une étude quantitative des
essences indigènes utilisée comme combustible dans la plaine de
la Ruzizi analysait les causes du recul de ces essences afin de proposer des
actions pour l'exploitation durable des ressources naturelles, notamment les
essences indigènes ou spontanées d'usage
énergétique dans la plaine de la Ruzizi en général
et en particulier dans la collectivité plaine de la Ruzizi.
Les hypothèses de notre travail reposaient sur trois
thèmes important dont : la disponibilité et l'accès libre
au bois de chauffe, le mode de collectes de bois pour la fabrication de braise
et la cuisson seraient à la base de la régression des essences
indigènes dans la collectivité chefferie de la plaine de la
Ruzizi et l'insuffisance de sources alternatives en énergie non ligneux
et non utilisation de foyer économe et seraient le facteur de la
surexploitation des essences indigènes dans la plaine de la Ruzizi.
Actuellement, 20 espèces indigènes
utilisées comme combustibles et appartiennent aux familles
Mimosaceae, Balanitaceae, Euphorbiaceae, Combretaceae, Myrtaceae,
Tiliaceae, Celastraceae, Fabaceae, Annonaceae.
Ces essences diminuent sensiblement partout dans la plaine de
la Ruzizi à cause de la compétition dont elles sont victimes. On
a constaté que les bois collectés avaient une longueur de 1
mètre avec un diamètre de 3 à 4 centimètres au
maximum alors que les Acacias peuvent atteindre jusqu'à 15 mètres
de hauteur avec un diamètre de plus de 50 centimètres. Les bois
de chauffe issus des essences indigènes sont devenus rares. Les femmes
font de longue distance pour la recherche de combustibles. Rares sont les
arbres qui atteignent 5 mètres de hauteurs dans les parcs
communautaires.
En ce qui concerne le statut de certaines essences
indigènes utilisées comme combustibles, la majorité est en
disparition. Leur espèce diminue sensiblement dans la plaine de la
Ruzizi. Certaines variété des Acacias, notamment l'Acacia
polyacantha est envoie de disparition. Quelques individus sont
protégés dans le village. L'essence indigène à
usage non combustible, le tamarinier est actuellement protégé par
les chefs coutumiers, mais leur nombre aussi a complètement
baissé.
La collecte de bois est plus effectuée pendant la
saison sèche. Pendant cette période, la recherche et la coupe
sont faciles car la savane est ouverte. Le feu de brousse assèche les
arbustes, ce qui facilite la coupe des jeunes arbres. Les impacts de cette
menace se font sentir en trois problèmes important lesquels renforcent
la pression sur la réduction de parc arboré comme les
résultats l'ont démontré.
Par ailleurs, la rareté de bois est semblable à
un iceberg, car les arbres ne manquent pas dans certains endroits, par exemple
dans les groupements de Luberizi et Kakamba, mais ils ont les
difficultés de croître jusqu'à atteindre un âge
d'exploitabilité et de grande production alors que leur densité
est importante. Ces sites sont une véritable mine d'or verte (arbre)
qui, d'ailleurs, ne nécessite pas le reboisement mais la protection de
ces parcs arborés naturels des essences indigènes.
Enfin, la compétition dans l'utilisation de bois issus
des essences indigènes est un facteur de la diminution de ces essences.
A part les ménages qui utilisent les bois pour des raisons
énergétiques, la fabrication de braises comme source de revenu et
des briques cuites contribue à la surexploitation des essences
indigènes. La demande a déjà dépassée
l'offre d'où la crise de bois et la diminution la production de bois
dans les parcs arborés naturels. On peut sans tergiverser comprendre que
l'accès libre et la disponibilité des essences indigènes
ont contribué au recul des parcs naturels à bois de chauffe dans
la plaine de la Ruzizi, surtout à cause de la perception sociale de
population et des autorités coutumières sur le statut des arbres
spontanés car ils sont les biens communs, donc ils n'appartiennent pas
à personne et chacun doit l' exploiter à sa manière.
Jusqu'à ce jour, il y a des sites où les
essences indigènes sont disponibles, mais faute des règles de
gestion, la surexploitation contribue à la diminution de la production
sylvicole des essences indigènes dans la plaine de la Ruzizi. Le
déracinement, la surexploitation et la coupe précoce sont des
menaces qui pèsent sur les essences indigènes utilisées
comme combustible dans la plaine de la Ruzizi. Leur rareté expose
d'autres essences ligneuses. Le déracinement est effectué par les
fabriquant de charbon de bois et participe avec les ménages à la
coupe précoce de bois. Ce dernier est la cause majeure de faible
production des essences indigènes. On n'attend pas qu'elles atteignent
pas même 5 mètres de hauteur.
Cette situation est aussi causée par le manque de
gestion des parcs arborés communautaires. C'est vraiment le
scénario de la tragédie de bien commun, comme on l'observe. Les
parcs communautaires de bois n'appartiennent à personne. Chaque personne
en exploite à sa guise et selon ses méthodes, d'où la
gestion irrationnelle de ces ressources naturelles renouvelable. La
capacité annuelle de régénération des essences est
inférieure à la demande annuelle de bois de chauffe, d'où
ce déséquilibre. De toutes les menaces, la coupe précoce
est la plus importante de pratiques qui menacent le parc naturel dans la plaine
de la Ruzizi.
Du fait que la compétition entre les charbonniers et
les ménages veulent chacun avoir des bois de bonne qualité et en
quantité suffisante, c'est la course à la coupe car le passage de
l'un ne laisse rien pour l'autre et aucune sélection n'est
réellement faite pour épargner les jeunes plants. Le feu de
brousse joue un rôle important sur la coupe précoce et comme les
ménages utilisent les bois de
toute dimension, la coupe précoce est plus
causée par les ménages et cela c'est par insuffisante de bois de
bonne qualité.
En ce qui concerne les acteurs pour protéger les
essences indigènes dans la collectivité plaine de la Ruzizi, on
constate que la tendance de solution venant d'ailleurs (des ONG
Internationales) est fortement encrée dans la mentalité de
personnes. Cette mentalité freine la dynamique sociale et l'implication
des populations dans la protection de l'environnement par les actions
locales.
La plaine de la Ruzizi connaît déjà la
crise de bois, mais cette crise n'est pas répartie équitablement
dans toute la zone. Les arbres plantés sont pour la vente de stick
d'arbre pour la construction que pour le besoin en énergie de cuisson.
C'est pour cette raison les gens préfèrent l'eucalyptus que
d'autres essences.
Pour la cuisson des aliments et des briques cuites, le bois
est la seule source d'énergie. L'insuffisance de source d'énergie
alternative contribue d'augmenter la pression sur les essences indigènes
utilisées comme combustible.
Cependant, on a remarqué que les ménages
recourent en cas de pénuries, surtout pendant la saison de pluie,
à l'utilisation d'autres déchets agricoles. C'est le cas des
boutures sèches de manioc et les épis des mais.
Il est important de signaler que les populations sont aussi
sous informées sur d'autres sources d'énergie traditionnelle
à leur portée mais qu'ils n'utilisent pas alors que la plaine de
la Ruzizi regorge une grande potentialité. C'est par exemple la bouse de
vache qui pourrait être utilisée comme source d'énergie
grâce à la technologie de biogaz. Aussi, l'utilisation de son de
riz comme source d'énergie en vulgarisant juste le type adéquat
de foyer. Aussi, 100% des ménages enquêtés n'utilisaient
aucun moyen d'économie d'énergie quoi que la majorité
connaisse son avantage.
Ainsi donc, l'insuffisance de source alternative
d'énergie et la non utilisation de foyer moins
énergétivore dans la collectivité plaine de la Ruzizi
contribuent à l'augmentation vertigineuse de la demande en bois. C'est
d'ailleurs ce qui ressort de l'analyse statistique par la mesure du coefficient
de corrélation entre le nombre de personnes dans les ménages et
la consommation journalière de bois de chauffe. Le coefficient de
corrélation est 0,89. C'est une interdépendance forte. Cela veut
dire que plus les nombres de ménages augmentent, et les membres qui le
composent, plus le besoin en bois aussi augmente. En associant la non
utilisation de foyer économe en énergie de cuisson ou le manque
d'alternative en une autre source d'énergie dont le ménage peut
utiliser, la demande sera encore plus forte dans l'avenir alors que la
production de parcs arborés des essences indigènes ne cesse de
diminuer sensiblement chaque suite à la pression anthropique. On observe
que le coefficient de
corrélation est fortement positif, donc l'augmentation
de besoin en bois de chauffe est fortement dépendante de nombre de
personne dans le ménage et le type de foyer de cuisson utilisé
par ce dernier.
Cependant, on a observé que le niveau de connaissance
de population sur les sources d'énergie alternative est faible, mais ils
savent bien que l'utilisation du foyer amélioré est un moyen est
un moyen efficace pour la réduction de consommation de bois dans le
ménage.
L'utilisation de foyer amélioré, non seulement
réduit la consommation de bois, mais aussi permet de réduire la
pression sur les essences indigènes et le temps que les femmes
consacrent à la recherche de bois de chauffe chaque semaine. Pendant la
période de la saison sèche, la collecte de bois est
effectuée au moins 3 fois par semaine. Le panier
généralement transporté par les femmes est d'une
capacité de 25 kg de bois frais.
L'étude vient de démontrer que les menaces
contre les essences indigènes sont de taille car elles contribuent au
recul des individus des essences spontanées et cela à cause du
statut que revêt le parc arboré naturel : le bien commun. Or la
gestion de biens communs est un des problèmes majeurs dans la gestion de
ressources naturelles dans un monde où l'individualisme gagne le
terrain.
Le problème des essences indigènes dans la
plaine de la Ruzizi est d'abord un problème des règles de gestion
de ressources naturelles fragiles. Comme les essences spontanées
n'appartiennent pas à personne, tout le monde les exploite à sa
manière, d'où la compétition entre les consommateurs.
L'insuffisance de sources d'énergie alternative contribue à la
surexploitation de ces essences, car n'ayant pas d'autres sources suffisantes
d'énergie, les bois sont coupés pour subvenir au besoin
domestique d'énergie et aussi comme source de revenu pour les
ménages. Le mode d'accès aux parcs naturels de bois est aussi un
problème de taille. Comme les arbres spontanés sont un bien
commun ou public d'accès libre, la coupe n'est pas
réglementée.
Pour le charbonnier, quoiqu'ils aient des permis valides
d'abattage d'arbres, le lieu de coupe et la quantité de bois à
couper ne sont pas précisés moins encore l'âge requis
d'arbres à couper. Ce laisser-faire légal contribue sensiblement
à la coupe excessive car non réglementée et aussi
charbonnier voudrait gagner dix fois plus. S'il faut ajouter les autres usages
des bois, notamment la fabrication de braise ainsi que des briques cuites
nécessitant le besoin accru en bois contribuent fortement au recul des
essences indigènes.
Par ailleurs, la collectivité plaine de la Ruzizi
dispose d'un énorme potentiel en essence indigène quoique la
surexploitation ait figuré sur la liste des grands facteurs clés
de la faible
productivité sylvicole, la gestion rationnelle de ces
espèces pourrait contribuer à l'augmentation de la production
sylvicole ainsi que la restauration de l'environnement écologique.
L'échec du reboisement doit interpeller les acteurs de
développement à penser des nouvelles approches. D'ailleurs, le
reboisement a contribué au recul des essences indigènes dans la
mesure où les gens ne se sont plus soucieux de protéger le
lambeau des essences qui restaient. En plus, le reboisement contribue au
transfert du statut de terre et des arbres dans la plaine de la Ruzizi car les
arbres plantés appartiennent non plus à la communauté mais
plus aux particuliers. Ce transfert de statut permet la gestion
privatisée des arbres dans la plaine de la Ruzizi. Cependant le
reboisement est encore faible et la raison est plus économique
qu'environnemental. D'où la plantation des essences économiques
qui dégrade la fertilité.
La précarité d'accès aux terres est aussi
un autre problème qui avait contribué à l'échec du
reboisement dans la plaine de la Ruzizi quoi que les guerres dans la sous
région de grands aient souvent contribué au déboisement
à grande échelle. Une terre reboisée appartient
généralement au propriétaire des arbres. Ou soit la terre
appartient à l'Etat mais les arbres aux planteurs.
Les essences appartiennent au propriétaire de la terre
qui les exploite à sa manière. La gestion du terroir privé
est régie par les règles de son propriétaire, tandis que
pour le terroir à usage public est régi par l'Etat (service de
l'environnement pour ce qui est de l'exploitation des arbres) et les chefs
coutumiers (pour l'accès à la terre). Le déboisement de la
plaine de la Ruzizi est un problème structurel car non seulement les
causes sont d'ordres socio-économiques mais aussi liés au
problème de gouvernance au niveau local. Les essences indigènes
peuvent être protégées si les règles de gestion et
d'exploitation du terroir sont bien appliquées. Le besoin moyen en bois
par ménage dans la plaine de la Ruzizi est de l'ordre de 2,4 m3 par an
or si l'on respecte le principe fondamental de la production sylvicole selon
lequel « exploiter le croît, non le capital », donc ne
pas exploiter plus de bois que ce que l'arbre ou le parc disponible est capable
de produire durant l'année. Or, avec l'accroissement
démographique, d'ici 2015, le déficit en bois énergie
risque d'être un de grands problèmes conduisant à la fuite
du milieu même.
Enfin, il faudra réglementer la fabrication de braise,
c'est-à-dire fixer la taille ou l'âge des arbres à couper
et les essences à exploiter chaque année pour éviter la
surexploitation. Aussi, il faudrait un plan d'exploitation des parcs
arborés disponibles afin de programmer ces exploitations durables dans
le temps et dans l'espace. La concurrence déloyale entre les
différents acteurs contribue à la destruction de la savane
anciennement boisée de la plaine de la Ruzizi. La non application et
l'inadaptation de la législation forestière (le
code forestier) est un des facteurs de la dégradation de la forêt
en RDC, comme c'est le cas de la plaine de la Ruzizi. Il est possible de
renforcer les mesures de lutte contre le recul des essences indigènes
ligneuses utilisées comme combustible dans la plaine de la Ruzizi
grâce à des règles de gestion communautaire efficace, la
vulgarisation de foyers et fours de carbonisation améliorés dans
la plaine de la Ruzizi.
La mobilisation communautaire et la sensibilisation de la
communauté locale, les leaders locaux et les acteurs politiques dans la
gestion des parcs arborés des essences spontanées seraient un des
moyens aussi efficace. Ce sera une valeur ajoutée sur le reboisement.
|