Analyse des performances productives des exploitations familiales agricoles de la localité de Zoetelé( Télécharger le fichier original )par Gilles Quentin KANE Yaoundé II-Cameroun - DEA 2010 |
II. Approche théorique de la productivitéLe concept de productivité trouve toute son importance dans ceci qu'il est un moyen de mesure de la performance agricole. De la théorie physiocrate à la théorie néo-classique de la répartition, il occupe une place de choix dans la pensée économique. Cet intérêt a été à l'origine d'une évolution remarquable de la théorie économique sur la question (A) et de la théorie microéconomique de la production (B). A. Des théories physiocrates à la théorie néoclassique de la répartitionLa notion de productivité a commencé à se préciser avec les travaux des physiocrates tels que Quesnay (1694-1774). Cet auteur précurseur, lui-même propriétaire foncier, constate qu'en engageant des frais plus élevés (achats de boeufs, chevaux, charrue, et fumier) la terre est mieux cultivée avec moins de travail et donne à son propriétaire un produit plus important. Il en déduit ce qui sera qualifié plus tard de « théorie du surplus agricole10». A la même époque Turgot établit au contraire que la terre fournit des rendements décroissants au fur et à mesure de la mise en culture des terrains moins fertiles. Malthus reprend cet argument en parlant du « pouvoir de production limité de la terre » dans son « Essai sur le principe de population » en 1798. Les classiques anglais introduisent la notion de productivité du travail, pour désigner le rendement physique du travail. Les recherches sur les causes de la richesse des nations d'Adam Smith en 1776 s'ouvrent par un premier livre relatif aux « causes qui ont perfectionnées les facultés productives du travail ». Il définit dans ce cadre la puissance 10 La théorie du surplus agricole établit avant tout le rôle des avances en capital dans l'augmentation de la production agricole, et donc dans l'accroissement du revenu national, puis qu'elle considère l'agriculture comme seule source de richesse. productive du travail comme la « quantité d'ouvrage qu'un même nombre de bras est en état de fournir » et développe l'idée selon laquelle celle-ci peut s'améliorer grâce à la « division du travail »11. Ainsi, les gains de productivité du travail qui en résultent, bénéficient aux salariés en favorisant la diminution des prix des produits manufacturés. L'école marginaliste opère un renversement complet de la problématique, en tirant parti des travaux de Say (1828-1829). Ce dernier auteur pense que, la production met en jeu les services productifs de trois éléments : l'industrie de l'homme (au sens actuel de travail), les capitaux, et les agents naturels. Il constate empiriquement que celui qui détient l'un de ces éléments utiles à la production peut exiger une rémunération quand il en cède son usage (Destais et Gillot-Chappaz, 2000). Cependant Say n'abordera ni la question de la quantification de cette rémunération ni celle de sa justification théorique ; ce qui amènera plus tard Von Böhm Bawerk à la qualifier de « fondateur de la théorie naïve de la productivité »12. Jevons (1871), pionnier de l'école marginaliste anglaise, jette les bases d'une théorie du capital. Il précise en effet que, la productivité reste encore une grandeur attachée au travail, puisqu'il définit le degré de productivité par quantité produite en échange d'un certain montant de salaires et un indicateur de productivité correspondant à l'inverse d'un coût de production unitaire à taux de rémunération fixé. Jevons va plus loin dans l'analyse des revenus du capital en se fondant sur l'idée de relier la rémunération des moyens de production et leur contribution marginale à la production. Ses successeurs au sein de l'école néoclassique, développent une analyse des rendements marginaux du capital et la productivité marginale du travail et en feront des outils de répartition du revenu total entre les facteurs de production. Les économistes néo-classiques selon la théorie de la répartition pensent que ce n'est pas seulement la terre, mais aussi tous les facteurs de production qui reçoivent une rémunération égale à leur productivité marginale à l'optimum. Ainsi, l'économiste américain John Bates Clark (1847-1938), développe le théorème de l'épuisement du produit13. Ce 11 La division du travail agit par le biais des canaux suivants : augmentation de l'habileté, réduction des temps morts et mécanisation, elle-même rendue possible par la simplification des tâches. 12 Théorie positive du capital (1889) cité par Destais et Gillot-Chappaz (2000). 13 www.economie-cours.fr (consulté le 30/03/2010). théorème stipule que : lorsque la fonction de production est homogène de degrés 114, lorsque les facteurs sont rémunérés à leur productivité marginale, alors le revenu de la production, est intégralement absorbé par les facteurs. |
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