B. Les mesures de productivité
Dans la littérature économique, la
première mention d'un indice de productivité est attribuée
à Morris Copeland en 1937 dans son ouvrage « Concepts of
National Income ». Les premiers travaux d'importance pour en
mesurer le niveau et les impacts ont cependant été amorcés
quelques années plus tard. Au début des années 40,
plusieurs économistes dont Timbergen (1942) et Stigler (1947) se sont
intéressés à ces questions.
Plusieurs indicateurs peuvent être
développés afin de rendre compte de l'évolution de la
productivité. Les mesures unifactorielles et les mesures
multifactorielles constituent les deux principales catégories
habituelles utilisées pour tenir compte des différents
indicateurs (Gamache, 2005).
Les premières mettent en relation la production avec un
seul intrant (travail, capital, terre), alors que les secondes combinent
simultanément les effets de plusieurs intrants. En d'autres termes,
l'augmentation de la production peut être comparée à celle
de tous les intrants ou juste à celle d'un seul facteur de production
à la fois (Kaci, 2006).
Théoriquement, il y a autant de mesures unifactorielles
qu'il y a de facteurs de production dans l'économie. Ainsi, les concepts
de productivité diffèrent selon le facteur retenu au
dénominateur.
La productivité unifactorielle se mesure donc comme suit
:
productivité unifactorielle=
|
quantité produite
|
quantité de l'input utilisée
|
La productivité du travail reflète le volume de
production généré par heure de travail. Toutefois, il ne
faut pas conclure qu'elle dépend uniquement de la performance de la
main
d'oeuvre, car elle est largement influencée par tous les
autres facteurs de production et l'environnement dans lequel fonctionnent les
entreprises8 (Gamache, 2005).
Elle peut se calculer comme suit :
productivité du travail=
|
quantité produite
|
quantité de travail utilisée (nombre d'actif
agricole)
|
La productivité de la terre qui mesure la contribution de
ce facteur à la production, peut se calculer ainsi :
productivité de la terre=
|
quantité produite
|
superficie de production
|
La productivité du capital mesure la contribution ou la
part du capital dans la production. Autrement dit, elle compare la production
réalisée à la quantité de capital utilisée
et peut se calculer comme suit :
productivité du capital=
|
quantité produite
|
quantité de capital utilisé par l'EFA
|
La productivité partielle est un indicateur qui souffre
cependant d'une limite importante : elle attribue la totalité de la
production agricole à un seul facteur.
Afin de prendre en compte l'efficacité de l'ensemble
des facteurs entrant dans le processus de production, la productivité
multifactorielle est prise en compte. Celle-ci associe la production d'un bien
ou d'un service à plusieurs intrants. Ceux le plus souvent retenus sont
le capital et le travail, mais d'autres facteurs intermédiaires tels
l'énergie, les matières premières et les fournitures de
production peuvent également s'ajouter.
8 En fait, l'intensité de l'effort fournit
par les travailleurs a effectivement des répercutions sur la
productivité du travail, mais cet élément est
généralement beaucoup moins important que le volume de capital
(comme les outils ou la machinerie) dont dispose un individu pour accomplir sa
tâche.
La productivité globale des facteurs (PGF) compare la
production réalisée à la quantité de capital, de
terre et de travail utilisés. Sous sa forme élémentaire,
elle se base sur les fondements conceptuels derrière l'identité
comptable du PIB, sa première formalisation théorique est
l'oeuvre de Solow (1957). En effet, en partant d'une fonction de production
générale à rendements d'échelles constants, Solow
trouve que le taux de croissance de la production est la somme des taux de
croissance des facteurs pondérés par leurs
élasticités de production, et du taux de croissance de la
technologie.
Toutefois ces élasticités n'étant
observables que si l'on suppose que les facteurs sont
rémunérés à leur productivité marginale ;
Ainsi le résidu de Solow ou taux de croissance de la PGF est
donné par : le déplacement de la fonction de production pour un
niveau donné d'intrants, autrement dit, la croissance de la production
qui n'est pas expliquée par l'accroissement des facteurs de production.
Cependant, cette approche est purement théorique. En
réalité, lors des applications empiriques plusieurs
difficultés sont rencontrées et de nombreuses
critiques9 sont portées sur la méthodologie de calcul,
les hypothèses de base et l'interprétation des
résultats.
Kent et Linh (2009), soutiennent que la croissance de la
productivité en agriculture a été sujette à
d'intenses recherches. A titre d'illustration : aux Etats Unis, Grilliches et
Jorgenson (1967), Jorgenson et al. (1987), Antle et Capalbo (1988), Ball et
Norton (2007) ont mesuré la croissance de la productivité
agricole. En particulier, Furgie et al. (2007) ont estimé la croissance
de la productivité totale des facteurs en agriculture aux Etats unis
(USA) sur la période 1948-2004 en utilisant l'indice de Malmquist. Ils
trouvent qu'en agriculture, la croissance annuelle de la productivité
globale des facteurs aux USA est de 1,8 % au cours de la période
d'étude.
La productivité globale des facteurs se définit
donc comme le rapport des outputs à l'ensemble des inputs effectifs
(Blancard et Boussemart, 2006). Statistique Canada présente à cet
effet la productivité globale des facteurs comme : « une
moyenne pondérée de la
9 Abramovitz (1956) en faisant allusion à la PGF parle
de « mesure de notre ignorance », ainsi les erreurs de
mesure dans les séries du travail, dans celle du stock du capital
physique, l'omission d'éléments susceptibles d'influencer la
qualité et la productivité des facteurs soulèvent un
ensemble de mise en garde à l'égard de l'utilisation du
résidu de Solow. Jorgenson et Grilliches (1967) soulèvent le
problème de l'agrégation des facteurs de production,
l'impossibilité de distinguer entre différent types ou
qualités de capital et de travail ce qui entraine une surestimation du
progrès technologique.
productivité du capital et de la productivité
du travail, où les pondérations sont respectivement les parts du
capital et du travail » dans la production (Gamache, 2005).
|