3.3.4.4. Difficultés rencontrées.
Les difficultés rencontrées sont entre autres les
suivantes :
- mentalités et attitudes d'une certaine frange de la
population, particulièrement certains intellectuels (réticents,
réservés, manifestant une hostilité voilée
vis-à-vis des langues nationales etc.) ;
- rigidité des emplois de temps scolaire ;
- limite des moyens pour répondre à l'engouement
pour l'école bilingue ; - surplus de travail pour les maîtres ;
- pauvreté des parents d'élèves etc.
Malgré ces difficultés, il est apparu que
l'éducation bilingue expérimentée au Burkina Faso avec les
langues nationales offre plus d'avantages que l'éducation classique.
3.3.5. Autres expériences.
Les langues nationales gagnent les bancs de l'école dans
plusieurs autres pays de l'Afrique.
En Tanzanie, le
swahili a servi de langue d'alphabétisation ; cela a
permis de poursuivre l'éducation grâce à une formation
initiale et continue assurée par des adultes bénévoles.
Cette expérience a connu une réussite.
En Guinee par exemple, les autorités
ont décidé que tout le primaire devrait
être fait en langues nationales. Les instituteurs
formés pour enseigner en français se transforment en enseignants
en langues nationales. La précipitation conduit tout droit à
l'échec. Voici une séquence du témoignage d'un
"rescapé" de ce système publié dans Diagonales n°
24, p. 11.
« Guinéen, mes premières années
scolaires, de l'école primaire à la première année
du secondaire, se sont déroulées en
poular, la langue maternelle. Sans transition, en deuxième
année du secondaire, je suis passé au français, une langue
inconnue que nous ne savions ni lire ni écrire. Mes camarades et moi
apprenions nos cours comme des vers latins ou des versets du Coran. Les
élèves ont commencé à déserter massivement
l'école. Après le brevet, j'ai quitté mon pays pour la
Côte d'Ivoire, sans le consentement de mes parents. J'ai dû me
débrouiller pour payer mes frais de scolarité et me concentrer
essentiellement sur le français au détriment des disciplines
scientifiques dans lesquelles pourtant j'excellais. C'est ainsi que j'ai pu
accéder à l'Université en 1987 et obtenir, quatre ans plus
tard, une maîtrise en sciences juridiques.
Le système éducatif guinéen de
l'époque était suicidaire. Combien de mes compatriotes, munis
d'un bac guinéen, échouent dans les universités de Dakar
ou d'Abidjan ou bien mettent douze ans à obtenir un diplôme
correspondant à quatre années d'études. Dans bien des cas,
ces échecs sont imputables d'abord à l'absence de bases
linguistiques solides (...) »56.
Au Senegal, on choisit la
télévision scolaire pour introduire le
wolof dans les classes. Cette initiative, intéressante sur
un plan didactique, échoue.
D'autres pays comme le ZaIre, le Nigeria etc.
on fait cette expérience de l'utilisation des langues nationales
à l'école. Cela a permis de conclure que les études
primaires en langues africaines n'ont jamais empêché un excellent
apprentissage du français ou de l'anglais.
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