2.3.1. Des pédagogies traditionnelles à la
recherche d'une méthodologie.
L'Antiquité concentrait la problématique de
l'éducation sur la formation générale de l'Homme et du
citoyen (la paidéia), privilégiée par rapport à la
question de la transmission et du contenu des connaissances au sens
étroit du terme. Dans ce contexte, on considérait la dialectique
et la maïeutique, que Socrate mettait en pratique dans ses fameux
dialogues, comme des techniques capables de faire progresser le raisonnement et
la connaissance. Il en était de même pour Platon et pour Aristote,
pour lesquels la pédagogie devait être mise au service de fins
éthiques et politiques.
Succédant à cette vision, celle qui
prévalut durant le Moyen Âge s'inscrivait dans le cadre de la
scolastique, dont on retrouve les principes exposés notamment chez saint
Augustin et saint Thomas d'Aquin ; la pédagogie était alors
assimilée à un catéchisme. Les méthodes
d'éducation, qui mettaient l'accent sur la communication entre
maître et élève, se fondaient, au travers d'un enseignement
essentiellement axé autour de la linguistique, sur la transmission de la
foi. Caricaturée, notamment par Rabelais dans Gargantua (1534), cette
méthode, qui privilégiait la mémorisation et l'imitation,
resta en
vigueur dans les écoles jusqu'au XVIIe siècle.
Rompant avec ces conceptions dont l'aspect stérilisant
et répétitif était largement dénoncé,
Érasme fut le premier à mettre en valeur l'importance de
l'affectivité et du jeu dans l'apprentissage de la connaissance.
Poursuivant cette réflexion, Comenius présenta, pour la
première fois, une méthodologie propre de l'éducation,
reposant sur une identification de la pédagogie avec la didactique.
À partir du projet d'une didactica magna « instruction universelle
» obéissant à des principes religieux et humanistes, il se
proposait de mettre en oeuvre un système d'éducation permettant
de ménager, par son organisation en cycles, la progression morale et
intellectuelle de l'élève.
C'est cependant à partir du Siècle des
Lumières35 que la réflexion sur la pédagogie
prit un véritable essor, notamment avec Jean-Jacques Rousseau. Posant
comme principe fondateur la spécificité de l'enfant, non plus
conçu comme un adulte en réduction mais comme un être
manifestant des besoins et des satisfactions spécifiques, l'auteur de
l'Émile ou De l'éducation fixa au pédagogue la mission
d'observer les dispositions de l'enfant et de chercher à en favoriser le
développement, suivant les enseignements du précepte
«laissez croître ». Parallèlement, Rousseau insistait
sur l'objectif fondamental de l'éducation, celui d'éduquer
l'Homme en puissance.
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