3.2.2. Représentations
Les représentations sont des «idées que
l'on se fait de [...]». Elles apparaissent comme des
élaborations cognitives reflétant d'une part, une
activité psychologique permettant aux gens de définir un
champ de réalité selon lequel ils se situent comme acteurs
sociaux, d'autre part l'intervention des facteurs sociaux sur le
fonctionnement mental [Vanasse A. 2000].
D'après Raymond Massé, [1995], cité par
Sylvie Carbonnelle, [2006], si l'individu se situe au coeur d'un système
complexe d'influences, ses conduites s'expliquent [en partie] par son savoir et
par des facteurs qui le dépassent largement [des
représentations]. L'auteur cible ici les effets des attitudes du
Soignant, l'accessibilité des services de santé, les politiques
de santé, les inégalités sociales, le chômage,
etc.
Antérieures au processus éducatif, les
représentations apparaissent comme un ensemble organisé
d'opinions, d'attitudes, de croyances et de données [grille de lecture
et de décodage de la réalité], qui renvoient à un
objet ou à une situation. Socialement, elles sont les points de
référence qui fournissent une position, une perspective, à
partir de laquelle un individu ou une communauté interprète les
événements et les situations.
En éducation thérapeutique du Patient, il faut
se dire que le piège médical est solidement tendu, en
voulant sans cesse, rabattre les pratiques et les représentations
populaires de la maladie sur des catégories biomédicales. Et
pourtant, ces catégories ne sont pas superposables, mais
complémentaires. Le savoir populaire sur la maladie, telle que le
diabète n'est ni constitué, ni structuré de la même
façon que le savoir biomédical.
Il sied donc de préciser que les données
détenues par le Patient est une construction provenant de son histoire,
de son vécu, de son système social, d'idéologie dans
laquelle il s'insère, de sa cohésion sociale, de sa formation,
etc. Sur terrain, les diverses représentations que se font les Soignants
et les Soignés, de la santé et de la maladie, peinent à
faire l'objet d'un soin aussi visible que dans les travaux
académiques.
Les raisons en sont évidemment multiples, notamment la
carence de la formation12 initiale et continuée, des
contraintes financières et institutionnelles, des profonds changements
sociodémographiques, etc.
3.2.3. Motivations
Selon le grand dictionnaire de la psychologie [2002], la
motivation est définie comme les processus physiologiques et
psychologiques responsables du déclenchement, de l'entretien et de la
cessation d'un comportement ainsi que de la valeur appétitive ou
aversive conférée aux éléments du milieu sur
lesquels s'exerce le comportement.
D'après les chercheuses de l'université de
Laval, la motivation est un état dynamique qui tire ses origines dans
les perceptions qu'une personne a d'elle-même et de son environnement. La
motivation incite l'individu à choisir une activité, à s'y
engager et à persévérer dans son accomplissement afin
d'atteindre un but [Careau L. et Fournier A.-L., 2002].
En effet, la manière dont une personne se
perçoit et perçoit le contexte dans lequel il se trouve,
détermine sa motivation et alors sa participation aux soins. Sa
motivation est en effet influencée par sa perception de la
valeur de geste posé, de la qualité de sa
compétence disponible et de son sens de
contrôle sur l'exécution d'actes et ses
conséquences.
12 Notre formation professionnelle nous apprend
forcément à porter sur le réel un certain regard, à
privilégier tel point de vue au détriment d'autres [pas
forcément non pertinents], à voir, à chercher, à
repérer certains aspects du réel et à en négliger,
en sous-estimer ou en écarter d'autres. La formation professionnelle
peut même nous amener à «désapprendre» des
savoirs, des savoir-faire et des savoir-être que la vie nous a fait
acquérir. L'éducation forme et déforme.
Dans le cadre de cette étude de fin d'études, la
motivation est la capacité d'engagement et de mobilisation de ses
ressources face à une situation donnée. Le comportement humain
est un phénomène, un processus social total. Chacune des
étapes de son processus renvoie à d'autres
phénomènes sociaux. Alain Golay,
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[2007],
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a d'ailleurs montré dans ses études que la
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motivation part de l'ensemble des mécanismes de tensions
internes et externes du Patient.
Cela va des comportements observables [habitudes, coutumes,
réactions défensives, etc.] aux empruntes psychiques [instincts,
principes personnels...] en passant par les émotions, les attitudes
profondes, les représentations imaginaires, etc. D'autant plus que plus
le Patient participe aux soins, meilleure est son attention et vice-versa.
Ainsi, nous retenons dans le cadre de ce travail que la
motivation dépend de multiples facteurs : d'ordres démographiques
[sexe, age, ethnicité, niveau socioéconomique, etc.], physique
[gravité du diabète], thérapeutique [complexité et
effets secondaires des traitements], psychosociaux [savoir, soutien, attitude
envers le Soignant, l'acceptation de sa maladie, les croyances, la culture,
etc.], économique [coûts directs et/ou indirects], etc.
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