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Utilisation du Bersim coupé à  deux stades différents pour la production laitère en zone irriguée

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par Ahmed EZZAHIRI
Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II Rabat Maroc - Thèse pour le doctorat Vétérinaire 1977
  

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7- Conclusion

Il ressort du tableau 25 que le bersim << normal>> est plus rentable que le bersim << jeune >>. Cette différence est surtout marquée par l'influence des dépenses élevées des frais de récolte du bersim << jeune >> et les pertes dues aux mammites cliniques.

Dans les petites exploitations, les frais de récolte sont réduits en raison de l'utilisation de la main d'oeuvre familiale. De même que les frais de transport, puisque les animaux sont souvent amenés à consommer du bersim coupé à côté de la percelle ; de même le pâturage de la dernière coupe est souvent pratiqué. Ainsi, il apparait que les problèmes de charges élevées de transport se posent surtout dans les grandes exploitations.

Cependant, dans les petites exploitations les agriculteurs sont le plus souvent amenés à exploiter le bersim au stade jeune. Ce qui ressort des enquêtes faites dans les coopératives de Moghrane (GHARB) par AMEZIANE et al. (1976) et par AMMATI et al. (1976) dans la TASSAOUT, les agriculteurs effectuent des coupes du bersim jeune essentiellement pour des contraintes liées au calendrier fourrager. Par ailleurs, ils pratiquent des coupes échelonnées en fonction des besoins de leurs troupeaux. A ce sujet AMEZIANE et al. (1976) constatent que si le fourrage coupé de manière échelonnée est bien appréciée par le bétail en début d'exploitation, il y aura beaucoup de refus en fin de cycles, surtout au niveau des dernières coupes.

Tableau 25 : Essai de comparaison économique des deux systèmes d'exploitation du bersim.

DH/HA/an.

 

Bersim jeune

Bersim normal

Frais de culture

717

717

Frais de récolte

1796

1087

Frais de transport

1240

1250

Total

3755

3054

Prix de vente de lait 0,95 DH/kg

11030

12043

Marge

7275

8989

Différence entre les rythmes d'exploitation sans tenir compte des mammites cliniques.

 
 

-1714

Pertes due aux mammites cliniques

1178

543

Marge

6097

8446

Différence entre les deux rythmes d'exploitation du bersim

 
 

-2349

IV- PROBLEMES DE REPRODUCTION

A la fin de l'essai, nous avons constaté que la plupart des vaches étaient, vides, alors qu'elles étaient au 5ème mois de lactation en moyenne.

L'examen des fiches de gestation, montre que les 24 vaches se répartissent en plusieurs groupes, comme le montre le schéma suivant (les traits indiquent que la vache est gestante alors que le vide indique que les vaches vides) :

Août Sept Oct Nov Déc Jan Fév Mars Avril Mai Juin

A

 
 

B-

 
 

C

 
 

D

 
 

Les groupes A et B ont vêlé trois mois avant le démarrage de l'essai ; parmi ces groupes, 6 étaient gestantes (B) et 7 ont présenté des troubles de reproduction (A) avant le début de l'essai. Les autres groupes C et D ont un écart de 1 à 2 mois entre vêlage et le début d'essai ; 7 vaches sont vides (D) et 4 sont gestantes puis reviennent en chaleur.

Après avoir éliminé les vaches qui étaient déjà gestantes et celle qui sont supposé présenter de troubles de reproduction (A et D). Nous avons calculé l'intervalle vêlage- conception des vaches des groupes C et D (11 vaches). Celui-ci est de 204 jours (variation de 133 à 230 j.) en moyenne, alors que la moyenne de la ferme d'application calculée sur 3 années est de 115j. (Sm = 3) (MARIE, 1976).La différence est significative au niveau 5%.

L'écart élevé pourrait être dû aux conditions de déroulement de l'essai, en particulier du point de vue du régime alimentaire. Ainsi nous avons recherché si des régimes similaires ont pu provoquer les mêmes effets au cours d'expériences antérieures. Nous avons recherché les fiches de gestion des vaches utilisées par CHAAIBI, 1975, mais malheureusement toutes les vaches étaient gestantes au début de cet essai.

Par ailleurs, dans un essai sur des génisses vides qui reçoivent du bersim à volonté (GUESSOUS 1976), 4 génisses sur 11 présentent des problèmes de futilité.

L'intervalle que nous avons observé est un paramètre complexe et pour l'expliquer il faut le décomposer en deux éléments : le nombre d'inséminations et le retour en chaleurs d'une part et l'intervalle entre chaleurs d'autre part.

Ainsi, d'après les fiches de gestation, l'indice de fécondation est de 2,6 ; l'intervalle entre chaleurs est de 74j. L'analyse de ce dernier paramètre montre que 21% des chaleurs réapparaissent dans les délais normaux, en revanche les retours plus tardifs et survenant à 25j ou davantage représentent 79% (fig.13).

L'examen de ces animaux n'a permis de mettre en évidence aucune infection visible de l'appareil génital et aucune anomalie anatomique congénitale.

La durée élevée entre chaleurs, pourrait s'expliquer par la mortalité embryonnaire, ou par l'absence de chaleurs ou par la non détection de chaleurs.

Nous pouvons apporter un élément de réponse à travers les examens gynécologiques pratiqués vers la fin de l'essai à une vingtaine de jours d'intervalle, qui ont permis de suspecter 4 vaches pleins (40j. en moyenne), mais quelques semaines plus tard, ces mêmes vaches reviennent en chaleurs et sur les 7 autres 5 ont présenté des corps jaunes persistants.

D'après les travaux, principalement de BERTRAND et DESCHANEL (1970) et DERIVAUX (1971), parmi les principaux facteurs avancés pour expliquer la mortalité embryonnaires en dehors de l'infection utérine, l'âge de la mère est évoqué. Ainsi les pertes embryonnaires sont plus élevées chez les sujets âgés du fait de l'atonie utérine et les modifications endometriales observées au fur et à mesure que les animaux avancent en âge.

Le dysfonctionnement endocrinien par insuffisance de progestérone est également signalé ; en effet d'après BERTRAND et DESCHANEL (1970), l'hyperplasie glandulo-kystique de l'endomètre est un syndrome fréquent de l'hyperoestrogénemie observée soit lors des kystes ovariens persistants soit lors d'apports oestrogéniques exogènes prolongés.

Les déséquilibres alimentaires interviennent indirectement par le complexe hypothalamo-hypophysaire (carence en P, et en vit. A surtout) et rendent la muqueuse utérine inapte à la nutrition de l'oeuf.

Les conditions d'entretien ont aussi un rôle non négligeable.

Par ailleurs la frigidité et les chaleurs silencieuses, d'après les mêmes auteurs, pourraient s'observer lors de la stabulation hivernale (anoestrus d'hiver). De même un excès d'oestrogènes pourrait entrainer l'hyperoestrus suivi d'anoestrus prolongé. Mais les déséquilibres nutritionnels (carence en P) sont particulièrement plus fréquents. A ce sujet, DERIVAUX (1971) rapporte deux travaux faits en Afrique du sud et en Belgique d'où il ressort que l'hypophosphorse est le plus souvent due à un déséquilibre du rapport Ca/P au profit du calcium ; un rapport voisin de l'unité est concomitant d'une fécondité, un rapport supérieur s'accompagne d'une diminution de la fécondité. En revanche GUEGUEN (1975) montre que le rapport Ca/P supérieur à 6, ne suit pas à l'absorption intestinale du phosphore chez les ruminants et ne provoque pas nécessairement de carence en P.

la frigidité est souvent diagnostiquée par la persistance du corps jaune. D'ailleurs, la vie du corps jaune est liée à un équilibre entre l'action des substances luteotropiques et substances luteolytiques et en conséquence la persistance du corps jaune relève d'un déséquilibre de leur rapport. Ainsi il semble que la vie du corps jaune est liée aux changements survenant dans l'utérus (atteinte de l'endomètre).

Il faut noter que la prédominance normale du LH (facteur luteotrope) chez la vache pourrait expliquer la plus grande fréquence des corps jaunes.

De cela, il ressort que les causes sont nombreuses, enchevêtrées et non complètement élucidées et ceci de l'avis des mêmes auteurs.

Dans notre cas, le facteur étiologique n'est pas facile à établir, du fait que les vaches n'étaient pas suivies dès le début de l'essai d'une part, et de la négligence du personnel de la ferme chargé de la détection des chaleurs d'autre part.

Toutefois, il semble que ces troubles s'ils étaient confirmés pourraient être attribuée.

- soit à un déséquilibre de la ration : une ration à proportion élevée du bersim, risque

d'être carencée en phosphore (0,28 - 0,45% M.S), d'autant plus que le C.M.V n'était pas forcément ingéré par toutes les vaches (voir protocole expérimental).

- Soit à la nature du régime : il semble d'après SHARAF (1968) que le bersim soit riche en oestrogènes.

- Soit à la mauvaise conduite des troupeaux notamment au point de vue contrôle des chaleurs.

Mais comme l'effectif concerné est faible, nos conclusions resteront au stade des hypothèses. Il serait intéressant de mener un essai sur un grand nombre d'animaux venant de mettre bas, et de comparer deux lots l'un reçoit exclusivement du bersim et d'autre une ration plus équilibrée correspondant à celle distribuée habituellement à la ferme.

La reproduction sera suivie à l'aide des paramètres suivants : l'intervalle entre chaleurs, la durée des chaleurs et l'indice de fécondation. Et par les fouilles rectaux pratiqués à intervalles réguliers, on essayera de détecter précocement gestation et de suivre son évolution. Il faut aussi suivre l'évolution des ovaires et dans la mesure du possible faire les biopsies utérines.

D'un autre côté, il conviendrait de faire le bilan phosphoré et le dosage des oestrogènes du bersim au cours de l'essai.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo