7- Conclusion
Il ressort du tableau 25 que le bersim << normal>>
est plus rentable que le bersim << jeune >>. Cette
différence est surtout marquée par l'influence des
dépenses élevées des frais de récolte du bersim
<< jeune >> et les pertes dues aux mammites cliniques.
Dans les petites exploitations, les frais de récolte
sont réduits en raison de l'utilisation de la main d'oeuvre familiale.
De même que les frais de transport, puisque les animaux sont souvent
amenés à consommer du bersim coupé à
côté de la percelle ; de même le pâturage de la
dernière coupe est souvent pratiqué. Ainsi, il apparait que les
problèmes de charges élevées de transport se posent
surtout dans les grandes exploitations.
Cependant, dans les petites exploitations les agriculteurs
sont le plus souvent amenés à exploiter le bersim au stade jeune.
Ce qui ressort des enquêtes faites dans les coopératives de
Moghrane (GHARB) par AMEZIANE et al. (1976) et par AMMATI et al. (1976) dans la
TASSAOUT, les agriculteurs effectuent des coupes du bersim jeune
essentiellement pour des contraintes liées au calendrier fourrager. Par
ailleurs, ils pratiquent des coupes échelonnées en fonction des
besoins de leurs troupeaux. A ce sujet AMEZIANE et al. (1976) constatent que si
le fourrage coupé de manière échelonnée est bien
appréciée par le bétail en début d'exploitation, il
y aura beaucoup de refus en fin de cycles, surtout au niveau des
dernières coupes.
Tableau 25 : Essai de comparaison économique des
deux systèmes d'exploitation du bersim.
DH/HA/an.
|
Bersim jeune
|
Bersim normal
|
Frais de culture
|
717
|
717
|
Frais de récolte
|
1796
|
1087
|
Frais de transport
|
1240
|
1250
|
Total
|
3755
|
3054
|
Prix de vente de lait 0,95 DH/kg
|
11030
|
12043
|
Marge
|
7275
|
8989
|
Différence entre les rythmes d'exploitation sans tenir
compte des mammites cliniques.
|
|
|
-1714
|
Pertes due aux mammites cliniques
|
1178
|
543
|
Marge
|
6097
|
8446
|
Différence entre les deux rythmes d'exploitation du
bersim
|
|
|
-2349
|
IV- PROBLEMES DE REPRODUCTION
A la fin de l'essai, nous avons constaté que la plupart
des vaches étaient, vides, alors qu'elles étaient au 5ème
mois de lactation en moyenne.
L'examen des fiches de gestation, montre que les 24 vaches se
répartissent en plusieurs groupes, comme le montre le schéma
suivant (les traits indiquent que la vache est gestante alors que le vide
indique que les vaches vides) :
Août Sept Oct Nov Déc Jan Fév Mars
Avril Mai Juin
Les groupes A et B ont vêlé trois mois avant le
démarrage de l'essai ; parmi ces groupes, 6 étaient gestantes (B)
et 7 ont présenté des troubles de reproduction (A) avant le
début de l'essai. Les autres groupes C et D ont un écart de 1
à 2 mois entre vêlage et le début d'essai ; 7 vaches sont
vides (D) et 4 sont gestantes puis reviennent en chaleur.
Après avoir éliminé les vaches qui
étaient déjà gestantes et celle qui sont supposé
présenter de troubles de reproduction (A et D). Nous avons
calculé l'intervalle vêlage- conception des vaches des groupes C
et D (11 vaches). Celui-ci est de 204 jours (variation de 133 à 230 j.)
en moyenne, alors que la moyenne de la ferme d'application calculée sur
3 années est de 115j. (Sm = 3) (MARIE, 1976).La différence est
significative au niveau 5%.
L'écart élevé pourrait être
dû aux conditions de déroulement de l'essai, en particulier du
point de vue du régime alimentaire. Ainsi nous avons recherché si
des régimes similaires ont pu provoquer les mêmes effets au cours
d'expériences antérieures. Nous avons recherché les fiches
de gestion des vaches utilisées par CHAAIBI, 1975, mais malheureusement
toutes les vaches étaient gestantes au début de cet essai.
Par ailleurs, dans un essai sur des génisses vides qui
reçoivent du bersim à volonté (GUESSOUS 1976), 4
génisses sur 11 présentent des problèmes de
futilité.
L'intervalle que nous avons observé est un
paramètre complexe et pour l'expliquer il faut le décomposer en
deux éléments : le nombre d'inséminations et le retour en
chaleurs d'une part et l'intervalle entre chaleurs d'autre part.
Ainsi, d'après les fiches de gestation, l'indice de
fécondation est de 2,6 ; l'intervalle entre chaleurs est de 74j.
L'analyse de ce dernier paramètre montre que 21% des chaleurs
réapparaissent dans les délais normaux, en revanche les retours
plus tardifs et survenant à 25j ou davantage représentent 79%
(fig.13).
L'examen de ces animaux n'a permis de mettre en évidence
aucune infection visible de l'appareil génital et aucune anomalie
anatomique congénitale.
La durée élevée entre chaleurs, pourrait
s'expliquer par la mortalité embryonnaire, ou par l'absence de chaleurs
ou par la non détection de chaleurs.
Nous pouvons apporter un élément de
réponse à travers les examens gynécologiques
pratiqués vers la fin de l'essai à une vingtaine de jours
d'intervalle, qui ont permis de suspecter 4 vaches pleins (40j. en moyenne),
mais quelques semaines plus tard, ces mêmes vaches reviennent en chaleurs
et sur les 7 autres 5 ont présenté des corps jaunes
persistants.
D'après les travaux, principalement de BERTRAND et
DESCHANEL (1970) et DERIVAUX (1971), parmi les principaux facteurs
avancés pour expliquer la mortalité embryonnaires en dehors de
l'infection utérine, l'âge de la mère est
évoqué. Ainsi les pertes embryonnaires sont plus
élevées chez les sujets âgés du fait de l'atonie
utérine et les modifications endometriales observées au fur et
à mesure que les animaux avancent en âge.
Le dysfonctionnement endocrinien par insuffisance de
progestérone est également signalé ; en effet
d'après BERTRAND et DESCHANEL (1970), l'hyperplasie glandulo-kystique de
l'endomètre est un syndrome fréquent de
l'hyperoestrogénemie observée soit lors des kystes ovariens
persistants soit lors d'apports oestrogéniques exogènes
prolongés.
Les déséquilibres alimentaires interviennent
indirectement par le complexe hypothalamo-hypophysaire (carence en P, et en
vit. A surtout) et rendent la muqueuse utérine inapte à la
nutrition de l'oeuf.
Les conditions d'entretien ont aussi un rôle non
négligeable.
Par ailleurs la frigidité et les chaleurs silencieuses,
d'après les mêmes auteurs, pourraient s'observer lors de la
stabulation hivernale (anoestrus d'hiver). De même un excès
d'oestrogènes pourrait entrainer l'hyperoestrus suivi d'anoestrus
prolongé. Mais les déséquilibres nutritionnels (carence en
P) sont particulièrement plus fréquents. A ce sujet, DERIVAUX
(1971) rapporte deux travaux faits en Afrique du sud et en Belgique d'où
il ressort que l'hypophosphorse est le plus souvent due à un
déséquilibre du rapport Ca/P au profit du calcium ; un rapport
voisin de l'unité est concomitant d'une fécondité, un
rapport supérieur s'accompagne d'une diminution de la
fécondité. En revanche GUEGUEN (1975) montre que le rapport Ca/P
supérieur à 6, ne suit pas à l'absorption intestinale du
phosphore chez les ruminants et ne provoque pas nécessairement de
carence en P.
la frigidité est souvent diagnostiquée par la
persistance du corps jaune. D'ailleurs, la vie du corps jaune est liée
à un équilibre entre l'action des substances luteotropiques et
substances luteolytiques et en conséquence la persistance du corps jaune
relève d'un déséquilibre de leur rapport. Ainsi il semble
que la vie du corps jaune est liée aux changements survenant dans
l'utérus (atteinte de l'endomètre).
Il faut noter que la prédominance normale du LH (facteur
luteotrope) chez la vache pourrait expliquer la plus grande fréquence
des corps jaunes.
De cela, il ressort que les causes sont nombreuses,
enchevêtrées et non complètement élucidées et
ceci de l'avis des mêmes auteurs.
Dans notre cas, le facteur étiologique n'est pas facile
à établir, du fait que les vaches n'étaient pas suivies
dès le début de l'essai d'une part, et de la négligence du
personnel de la ferme chargé de la détection des chaleurs d'autre
part.
Toutefois, il semble que ces troubles s'ils étaient
confirmés pourraient être attribuée.
- soit à un déséquilibre de la ration : une
ration à proportion élevée du bersim, risque
d'être carencée en phosphore (0,28 - 0,45% M.S),
d'autant plus que le C.M.V n'était pas forcément
ingéré par toutes les vaches (voir protocole
expérimental).
- Soit à la nature du régime : il semble
d'après SHARAF (1968) que le bersim soit riche en oestrogènes.
- Soit à la mauvaise conduite des troupeaux notamment au
point de vue contrôle des chaleurs.
Mais comme l'effectif concerné est faible, nos
conclusions resteront au stade des hypothèses. Il serait
intéressant de mener un essai sur un grand nombre d'animaux venant de
mettre bas, et de comparer deux lots l'un reçoit exclusivement du bersim
et d'autre une ration plus équilibrée correspondant à
celle distribuée habituellement à la ferme.
La reproduction sera suivie à l'aide des
paramètres suivants : l'intervalle entre chaleurs, la durée des
chaleurs et l'indice de fécondation. Et par les fouilles rectaux
pratiqués à intervalles réguliers, on essayera de
détecter précocement gestation et de suivre son évolution.
Il faut aussi suivre l'évolution des ovaires et dans la mesure du
possible faire les biopsies utérines.
D'un autre côté, il conviendrait de faire le bilan
phosphoré et le dosage des oestrogènes du bersim au cours de
l'essai.
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