II- FACTEURS LIES A L'ALIMENTATION
Les quantités de fourrages verts ingérés
varient principalement avec : 1- Le stade de végétation
de la plante
Le facteur qui influence le plus, la quantité d'un
fourrage est le stade de croissance de la plante, qu'elle soit
présentée sous forme de fourrage vert, de foin ou d'ensilage.
Plusieurs auteurs ont étudié l'influence du
stade de coupe de la luzerne sur son niveau de consommation. Ils sont tous
unanimes pour affirmer que la coupe précoce est mieux
ingérée que la coupe tardive (tableau 1).
Tableau 1 : Niveau de consommation de la luzerne suivant
son stade de végétation (kg M.S/100 kg P.V/j).
Coupe Précoce
|
Coupe tardive
|
Référence
|
3,28
|
2,70
|
BUCHMAN et HEMKEN 1964
|
3,17
|
3,00
|
DONKER et al. 1968
|
3,40
|
2,63
|
CONRAD et HIBBS 1975
|
1.1- Teneur en M.S.
semble qu'à partir d'une teneur voisine de 30%, la teneur
en M.S ne joue plus (DEMARQUILLY 1966).
Dans une étude de l'effet de préfanage sur les
quantités de M.S. de luzerne et de bersim ingérées
à volonté par des génisses, YAOLO et al. (1970) indiquent
que le préfanage permet d'augmenter les quantités de luzerne et
de bersim ingérées de plus de 1,7 et 0,9 kg M.S./100 kg P.V./J
respectivement (tab.2).
Tableau 2 : Composition de fourrages frais et
préfanés, et quantités ingérées par des
énisses. YOELAO et al.(1970).
Fourrages
|
M.S. %
|
En p. 100 de la M.S.
|
Quantités ingérés Kg/100kg
P.V/j.
|
M.O
|
MAT.
|
Hydrates de carbone
|
M.G.
|
Bersim frais
|
20,7
|
88,3
|
18,2
|
67,8
|
2,3
|
2,2
|
Bersim préfané
|
30,8
|
88,6
|
17,6
|
68,3
|
2,7
|
3,1
|
Luzerne fraiche
|
25,6
|
87,4
|
22,0
|
63,1
|
2,3
|
2,1
|
Luzerne préfanée
|
43,5
|
87,4
|
21,3
|
63,6
|
2,5
|
3,8
|
Cependant, CHAAIBI (1975) n'arrive pas à dégager
une différence significative de consommation entre deux lots de vaches
laitières ingérant deux bersims dont les M.S. différent de
1,8 point.
Par ailleurs, Guessous (1975) sur 25 semaines de
contrôle, groupant 4 cycles, note une corrélation hautement
significative entre le niveau d'ingestion de béliers TIMAHDIT et le % de
M.S. du bersim (r = 0,50 P ? 0,01). Cependant la valeur moyenne de r, indique
que le taux de M.S. du bersim n'est probablement pas un facteur
déterminant sur son niveau d'ingestion (Tableau 3).
Tableau 3 : Niveau d'ingestion du bersim vert à
volonté chez les béliers TIMAHDIT.
F. GUESSOUS (1975)
N° de cycle
|
Nbre de semaines de contrôle
|
% de M.S. du bersim
|
Consommation moyenne de
|
M.S.
|
Kg/100 kg P.V/j.
|
g/P. 0,75/j.
|
1
|
7
|
9,04
|
2,31
|
64,3
|
2
|
6
|
9,41
|
2,08
|
59,6
|
3
|
6
|
11,04
|
2,54
|
73,9
|
4
|
6
|
13,65
|
2,56
|
74,5
|
Ensemble de cycle
|
25
|
10,72
|
2,37
|
67,9
|
Sur l'ensemble des cycles on a la relation
Y = 48,4 + 1,82 x r= 0,50 (P?0,01)
Avec Y= consommation de M.S. en g/p. 0,75/j.
X = taux de M.S. du bersim en %.
D'ailleurs DEMARQUILLY (1966) estime qu'on arrive à
rendre compte de 80% de variations de la quantité d'herbe
ingérée, si on tient compte à la fois de la teneur en M.S.
et de la teneur en cellulose brute.
1.2- Teneur en cellulose brute
L'un des facteurs essentiels de l'acceptabilité des
fourrages est la vitesse de dégradation de leurs constituants
membranaires dans le rumen. Il s'agit là d'une action indirecte de la
cellulose brute.
En effet, l'ingestibilité d'un fourrage diminue au fur
et à mesure, qu'il vieillit ; parallèlement la lignification et
par suite la résistance des tissus et membranes de la plante à
l'attaque microbienne augmente. Il en résulte un accroissement du temps
de séjour du contenu de rumen, notamment de la masse des membranes et de
la matière organique indigestible.
D'ailleurs DEMARQUILLY et JARRIGE (1971) notent une laison
positive et étroite entre l'ingestibilité des fourrages verts de
la teneur en matière azotée et le contenu cellulaire d'une part,
et une liaison négative et étroite avec le taux de cellulose
brute et de constituants membranaires d'autre part.
La connaissance du taux de cellulose brute (C.B), peut donc
servir comme critère de prédiction de l'ingestibilité d'un
fourrage. En même temps, elle peut servir pour prévoir sa
digestibilité. Dans le cas particulier du bersim, RAIS (1976), trouve la
relation suivante pour les 3 premiers cycles.
Y= 90,2 - 0,81 X (r = -0,94 P?0,001)
Dans laquelle y représente la digestibilité de la
matière organique (M.O) du bersim et X sa teneur en C.B.
1.3- La digestibiitéLe stade
d'exploitation des fourrages herbacés conditionne, leur composition
chimique, leur digestibilité et par conséquent leur valeur
nutritive.
La consommation d'un fourrage dépend aussi de sa
digestibilité ; seulement son effet varie selon qu'elle est faible ou
élevée. Ainsi CAMPLING (1969) montre que le contrôle de
l'ingestibilité par les facteurs physiques commence à cesser aux
environs de 65-70% de la digestibilité de la M.S.
De ce fait, la consommation des fourrages par les vaches
laitières est principalement limitée par leur capacité
d'ingestion, lorsque le CUD. De la M.S. est inférieur à 67 % ; au
dessus de cette valeur, l'énergie ingérée est plus
importante à considérer.
Une situation analogue est rapportée par BAUMGARDT
(1970) chez les ovins. Il montre que la capacité d'ingestion est le
facteur limitant lorsque l'énergie digestible est inférieure
à 2,5 Kcal/g de M.S. de la ration ingérée qui règle
l'appétit (fig.1).
Des essais effectués jusqu'à présent sur
le bersim montrent que ce fourrage a une bonne digestibilité, surtout
aux 3 premiers cycles de végétation (tableau 4). Ce qui laisse
à penser que la digestibilité de la M.O. du bersim, pourrait ne
pas avoir beaucoup d'effet sur le contrôle de sa consommation par les
vaches laitières. En effet, cette conclusion doit être
nuancée, car il n'existe sans doute pas de limite nette à partir
de laquelle la digestibilité n'est plus un facteur de variation.
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