3.1.7. Apprentissage et transfert
De nombreuses études ont pu mettre en relief le fait
que la motivation soit non nécessaire et non suffisante à tout
apprentissage. Aujourd'hui, il devient évident que ce qui conduit
à l'apprentissage relève des activités de traitement
réalisées sur le matériel à apprendre et ne
concerne en rien l'intention d'apprendre. Et, quand bien même le sujet
sera motivé, en l'absence de supports didactiques ou conceptuels, et
quel que soit le degré de motivation, il sera incapable de
disséquer et d'orienter les informations recueillies.
Le problème du transfert (compris comme
déplacement contrairement au sens que lui donne la psychanalyse), ici,
se rapporte à la possibilité d'utiliser les connaissances
acquises dans d'autres champs. Il subsiste quelques démarcations
à l'intervention du transfert. En effet, la théorie des
éléments identiques19 nous fait savoir que :
l'importance du transfert entre deux tâches A et B dépend du
nombre d'éléments communs à A et B par conséquent
de la similitude des deux tâches.
3.2. La motivation en rapport avec l'apprentissage 3.2.1.
Définition
Sans être une réalité matérielle,
la motivation est une réalité vivante, un << construit
hypothétique », comme le dit Dufresne-Tassé, dont il est
difficile d'en donner une définition précise parce que <<
variable intermédiaire. »
La motivation est à la fois résultat et
processus. Comme résultat, la motivation se décline en cet
état d'esprit où l'action humaine s'oriente vers une direction
précise et porte en elle-même une force de réalisation
constante. De manière simple, la motivation, dans son pan
résultat, s'observe à travers deux éléments :
savoir ce qu'on veut et oeuvrer pour l'obtenir.
Cette difficulté à définir la motivation
tient essentiellement de sa dimension processive. En effet, il n'est pas
aisé d'en cerner les contours de sa formation et de son processus
d'émergence. Cette difficulté est traduite, comme le souligne
Archambault (Pour une vision socioconstructiviste de la motivation),
en questionnement, de la part de l'enseignant, dans l'univers
socio-éducatif par : comment aider quelqu'un à trouver la voie de
son action et comment l'aider à trouver la force, l'énergie pour
s'y engager de façon persistante ?
19 Théorie élaborée par Thorndike
et Woodworth en 1901
De manière générale, la motivation est
admise par les courants psychologiques comme un état ou une condition
interne, souvent décrit en terme de besoin, de désir ou de
volonté qui sert à activer ou à stimuler un comportement
et l'orienter. Cette définition connaît, avec Franken (1994),
l'incorporation des notions telles que : l'incitation, la direction et la
persévérance dans le comportement.
3.2.2. Les éléments de la motivation
De manière générale, les
éléments constitutifs de la motivation se déclinent en
:
La poussée vitale du besoin
Elle est un élément socle de la motivation qui
déclenche ce processus pour le maintien de la vie. L'être humain
se développe à deux niveaux au minimum (physique et social). Et,
dans la perspective des sciences de l'éducation, ceci correspond, de la
part de l'apprenant, à l'acquisition des connaissances
(développement physique) mais aussi à la recherche de
modèles identificatoires ou différentiateurs
(développement social).
Le désir
Il apparaît lorsqu'un objet, un geste ou une situation,
capable de satisfaire la poussée vitale du besoin, est
repéré par la conscience.
L'expression « je ne comprends pas »
traduit un besoin; l'expression « J'ai le goût de suivre ce
cours » traduit en plus du besoin, un désir. Alors que le
besoin libère de l'énergie, l'apparition d'un objet gratifiant
canalise cette énergie vers lui. La pression du besoin, alliée
à l'attrait et à la direction du désir, ne suffit
cependant pas pour enclencher l'action motivée; il y manque encore le
sentiment de sa compétence et un vouloir personnel.
Le sentiment de sa compétence
Lorsque l'apprenant se sent motivé, il se sent le
pouvoir de... Si un étudiant se sent fatigué,
oppressé par son environnement ; s'il étouffe, il sent le besoin
de rétablir un équilibre physique, de rétablir sa
santé. Si, en plus, il entrevoit qu'un voyage dans les hautes montagnes
de la province de l'Ouest, question de recharger les batteries, serait une
activité idéale pour répondre à ce besoin, il sent
un désir incontrôlable l'envahir. En outre, s'il ne se sent pas
les moyens de se payer ce voyage, la motivation à le faire
disparaît rapidement.
Ici, le sentiment d'avoir les moyens est aussi important
pour être motivé que d'avoir réellement les
moyens.
Le vouloir
L'émergence de la motivation est complète
lorsque la décision d'agir est prise. Et, dès lors qu'on parle de
décision, la volition s'installe. La motivation est alors tributaire de
ce dernier acte.
3.2.3. Les sources, les facteurs et les stratégies de la
motivation
Les sources de la motivation peuvent être classées
en deux catégories : extrinsèque (externe à l'individu) ou
intrinsèque (interne à l'individu). (Cf. Annexes 3a, 3b
et 3c).
Les motivations extrinsèques
fournissent des attentes claires, donnent des feed-back correctifs,
garantissent des récompenses précieuses et rendent ces
récompenses disponibles. On ne parle donc de motivation
extrinsèque que lorsque celle-ci est provoquée par des
stimulations extérieures.
Les motivations intrinsèques, qui
expriment la satisfaction atteinte par l'apprenant en agissant en fonction de
ses propres attentes et des objectifs qu'il s'est fixés, expliquent ou
montrent la nécessité d'apprendre, créent et/ou
maintiennent la curiosité, offrent une variété
d'activités et de stimulations sensorielles, fixent des objectifs
spécifiques à l'apprentissage, adaptent l'apprentissage aux
besoins de l'apprenant et aident l'apprenant à se définir un plan
d'action.
Les attentes et les objectifs de l'apprenant créent une
aspiration qui mobilise la personne et soutient son activité
d'apprentissage. Cette source de motivation est d'autant plus solide que la
personne est bien en accord avec ses buts.
3.2.4. Quelques réserves sur l'incidence de la motivation
en situation d'apprentissage
S'il appert que la motivation est la dynamique énergisante
de l'action, quelle qu'elle soit, il n'en demeure pas moins vrai qu'elle ne
suffit pas à pronostiquer de ce que sera la performance. En effet, quel
que soit le degré de motivation, il faut d'autres éléments
et en bonne place figures la capacité intrinsèque. Sinon comment
comprendre qu'un individu, mu par quelques motivations, puisse se croire
à même de réaliser une tâche pour laquelle il n'a pas
des capacités ou encore des prédispositions. Ceci reviendrait par
exemple à se doper le moral et s'en aller tranquille parce qu'on se dit
« je peux le faire ».
En outre, les chercheurs reconnaissent le fait que les facteurs
qui stimulent le comportement sont différents de ceux qui
pronostiquent de sa persistance. Et, pour la plupart des théoriciens
de la motivation, la motivation est impliquée dans la
performance de toutes les réponses apprises, c'est-à-dire qu'un
comportement appris ne pourra pas être reproduit en l'absence de toute
stimulation. Ce qui nous conduit, ipso facto, à nous poser la
question de savoir la place que tient la motivation en ce qui concerne
l'influence sur le comportement. De nombreuses voies, qui permettent d'asseoir
l'apprentissage, s'ouvrent donc et au nombre desquelles l'influence sociale.
|