Chapitre 3 : Les apprentissages et les
mécanismes afférents
Apprendre, c'est acquérir un savoir et un savoir-faire.
L'acquisition des connaissances est donc dépendante de l'apprentissage
qui, dans l'approche psychopédagogique, est fondamental.
3.1. Les apprentissages et leurs processus 3.1.1. Aperçu
sur la notion d'apprentissage
L'apprentissage est un changement dans les connaissances, les
comportements, les attitudes, les valeurs, les priorités ou dans le
processus de création et qui peut se produire lorsqu'une personne
interagit avec son environnement. L'apprentissage peut être
désigné comme « un changement relativement permanent dans
l'éventuelle performance qui survient de l'expérience »
(Learning and memory, 1989). Apprendre, dès lors, n'est pas
autre chose que changer. Changer par l'acquisition ou la maîtrise de
savoirs et de savoir-faire. En outre, dans les sciences de l'éducation,
l'apprentissage est perçu comme le moyen d'acquérir des
connaissances, des compétences ou des aptitudes.
Dans le cadre de tout apprentissage, il y a effectivement une
modification de la prédisposition de l'individu à réaliser
une activité sous l'influence de son environnement. Mais cette
modification ne peut être perceptible qu'au niveau de la performance de
l'apprenant. Par conséquent, l'apprentissage ne peut être
étudié qu'au travers des modifications de la performance
observée dans une situation donnée.
Si de nombreuses échelles d'apprentissage existent, les
critères qui semblent recueillir le plus d'adhésion au sein de la
communauté scientifique, dans la classification des apprentissages, sont
ceux relatifs au domaine d'activité concerné, à la nature
des activités psychologiques, à la nature des interactions avec
l'environnement.
D'après le courant psychologique qui le sous-tend, on
peut distinguer, d'une part, les apprentissages simples ou
élémentaires dont le béhaviorisme se fait le
porte-étendard et, d'autre part, les apprentissages dits complexes parce
qu'intégrant les représentations symboliques
élaborées par le sujet.
3.1.2. Les apprentissages élémentaires ou
simples
C'est principalement dans le monde animal3 que les
études relatives à ce type d'apprentissage ont obtenu les
résultats les plus satisfaisants. Concrètement, deux
catégories de situations expérimentales permettent
d'apprécier les changements qui s'opèrent :
La situation expérimentale de changement des
stimuli
Les apprentissages simples peuvent se manifester sous la forme
d'une modification des causes antérieures supposées
déclencher un effet relativement stable.
Selon que le comportement produit est la résultante
d'une ostentation à certains stimuli pendant un temps relativement court
dit << période sensible », on parle d'empreinte4.
Selon que le comportement est induit par la présentation
répétée d'un couple de stimuli dont l'un (le stimulus
conditionnel SC) est initialement neutre, donc ne provoque pas
de réaction particulière, tandis que l'autre (le stimulus
inconditionnel SI) provoque régulièrement une
réaction spécifique dite << réaction
inconditionnelle RI », après une série
d'appariements, le stimulus conditionnel seul déclenche la même
réaction que le stimulus inconditionnel : on parle de
conditionnement pavlovien typique5 (Cf. Annexe
1).
La situation expérimentale de changement
concomitant des stimuli et comportements : le conditionnement opérant ou
instrumental (Cf. Annexe 2)
Le conditionnement opérant ou skinnérien, fait
appel aux expériences effectuées sur les rats qui doivent appuyer
sur un levier pour obtenir de la nourriture. Lorsque survient le stimulus
discriminatif (SD)6, la production d'un
comportement ou réponse (R)7 par un
organisme (O) produit une conséquence
(C) ou renforcement8 qui, en retour, régule
la fréquence d'émission de ce comportement9.
3 Le monde animal ici est entendu comme l'univers des
espèces inférieures à l'Homme dans la classification
scientifique
4 Ceci peut s'observer de façon assez
démonstrative chez les canetons qui, sortant à peine de l'oeuf,
suivent tout stimulus, quel qu'il soit, mobile. Cette conduite, qui
apparaît de façon assez prématurée, constitue une
expérience qui aura un effet postérieur sur les
déclencheurs du comportement sexuel chez ces derniers.
5 En effet, l'expérience de Ivan Pavlov a
consisté à présenter de la nourriture à un chien
qui va saliver. Plus tard, le déclenchement d'une sonnerie avant la
présentation de la nourriture va produire, au bout d'un certain temps de
répétition du couple sonnerie-présentation de nourriture,
la salivation du chien au seul son de la sonnerie.
6 Sonnerie
7 Pousser un levier
8 Libération d'une quantité
limitée de nourriture
9 Augmente la fréquence des appuis sur les
leviers
Ici, l'action à réaliser10 par le
sujet indique le type de stimulus11 à présenter et
constitue également le moyen d'obtenir ce stimulus consécutif.
Ainsi donc, la probabilité d'augmentation (stimulus agréable) de
la réponse ou de diminution (stimulus désagréable) de
celle-ci tient de la récurrence des appariements entre réponse
instrumentale et stimulus consécutif. On peut donc dire, avec Thorndike
(1898) que : << Tout comportement se maintient ou s'élimine en
fonction de la valeur récompensante ou punitive de ses
conséquences».
A partir de la description de ces situations
expérimentales, se dégagent des procédures conduisant un
expérimentateur à placer la conduite d'un sujet sous le
contrôle de quelques stimuli que ce soit de son environnement. Quels sont
donc les éléments dont dépendent les apprentissages
simples ?
|