1.3.2. Les buts de l'étude
La présente étude se donne pour but de mettre en
relief les qualités remarquables des enseignants et qui sont <<
attractives » pour les étudiants. Elle voudrait, en outre,
impliquer davantage les enseignants dans le développement de ces
qualités << attractives » afin que chaque enseignant soit un
modèle pour les étudiants. << Car le but véritable
d'un apprentissage supérieur n'est pas, pour l'apprenant, de reproduire
le modèle mais de s'en passer ; de jouer le morceau non pas comme le
joue le maître mais comme on veut le jouer. C'est là, en tout cas,
le critère le moins contestable de tout apprentissage, celui qui permet
de dire à coup sûr si l'on a << bien » appris ou non !
Avoir << bien » appris, qu'est-ce, sinon avoir acquis une
maîtrise permettant de se passer de maître (de modèle) ?
» (Qu'est-ce apprendre ? Pour une philosophie de l'enseignement,
1993).
1.4. Le type de recherche
Dans le cadre de cette recherche, nous nous proposons de mener
une étude descriptive et transversale au moyen du questionnaire.
Chapitre 2 : La revue de la littérature
et
des concepts
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2.1. La revue de la littérature
Le modèle, du latin modulus, renvoie à la
mesure, à ce qui est donné pour servir de
référence, de type. Le modèle est aussi la personne qui
représente idéalement une catégorie, un ordre, une
qualité. C'est-à-dire celui à qui on se mesure, celui
à qui on veut ressembler, ce vers quoi on tend.
Le modèle peut être une production
comportementale d'un individu qui est considérée comme
idéale et qu'on se propose d'imiter.
<< On prend modèle sur ceux qui savent faire
(modeling), on tire parti de l'observation de ceux qui sont en train
d'apprendre (vicarious learning)>>. Cette quasi-différence
établie par Monot (Pédagogie de maîtrise à effet
vicariant) permet de recentrer la problématique sur l'expression
<< modeling >> qui, pour autant, ne se détache pas nettement
de << vicarious learning >>. Cependant, de l'avis
même de Bandura, le synonyme adéquat de l'expression <<
modeling >> est << observational learning >> qui, en
français, correspond à l'expression << apprentissage
observationnel >>.
Plus, avec Winnykamen (1990) nous disons que : <<
Lorsque la référence se fait plus généralement aux
positions fondées sur l'imitation après observation d'un
modèle, comme mécanisme d'acquisition, nous proposons
l'utilisation de l'intitulé «Apprentissage sociocognitif par
observation», ou du sigle ASCO. C'est par ce vocable que Bandura (1986)
désigne sa propre position, dans ses formes les plus récentes
>>.
A la différence de la modélisation qui est le
processus qui consiste à dégager un modèle, à lui
faire prendre corps à travers les productions comportementales de
l'observateur, le modèle est, quant à lui, porteur des
composantes de la capacité à reproduire le processus de l'acte
comportemental modélisé. Ce qui permet de dire que le
modèle, en lui-même, est de peu d'importance, comparé aux
processus qu'il donne à voir.
Il est tout de même clair que le rôle du
modèle porte essentiellement sur l'émulation d'un comportement,
d'un processus aux fins d'aboutir à un résultat similaire
(à quelque chose près) à celui du modèle.
Les conduites des individus, dans les diverses
catégories socioprofessionnelles auxquelles ils appartiennent, peuvent
servir de modèles aux autres en les incitant à faire de
même. Cette idée, très répandue, est
exploitée pour ce faire aux moyens des NTIC.
Prenons, à titre d'exemple illustratif, les spots
télés des principales écoles de football du Cameroun. Les
modèles présentés sont justement les anciens pensionnaires
de ces différentes écoles, et qui ont connu un franc
succès dans l'univers du football : ceci dans le but de susciter l'envie
des pratiquants à se réaliser. Et l'impact incitatif est de plus
en plus prononcé chez les moins jeunes férus de ballon rond.
En appliquant l'idée selon laquelle certains individus
servent de modèles aux autres, en les incitant à exceller dans un
domaine d'activité précis, aux autres domaines, il ressort
qu'elle tient lieu de << mécanisme régulateur des
disparités », pour les politiques, entre les différentes
catégories sociales composant la société.
Scrutant donc la motivation des aspirations des groupes dits
défavorisés, Lockwood et Kunda, dans un article paru au
Journal of Personality and Social Psychology(1997), intitulé
<< Superstars and me : Predicting the impact of role models on the self
», s'insurgent contre cette vision charmante et positive du rôle du
modèle.
Avec Lockwood et Kunda, nous admettons que les individus
peuvent progresser en s'inspirant du succès d'autres à la
renommée éprouvée, parce que ce succès leur est
accessible.
La pierre d'achoppement, cependant, porte sur la
régression de l'observateur face au modèle qui, pour nous,
corroborer en cela par Winnykamen, n'a lieu d'être citer qu'en situation
d'influence sociale, situation que nous allons clairement démarquer des
situations d'apprentissage par imitation. En effet, s'il y a régression
face à un modèle, il s'agit de l'influence sociale. Car,
l'apprentissage par imitation induit une stagnation si ce n'est une progression
dans les acquisitions.
D'après Winnykamen, la différence entre
imitation et identification réside dans le fait que les deux expressions
renvoient respectivement à << faire comme » et <<
être comme ». Dès lors, elle pense que <<
l'identification à un modèle est un levier puissant
d'apprentissage ». Nonobstant la référence récurrente
à Winnykamen, nous substituons l'apprentissage par observation à
la notion d'identification qui, chez Winnykamen, est l'étape ultime pour
aboutir
à une parfaite intégration des
caractéristiques saillantes du modèle, ou tout simplement le
modèle.
En effet, l'identification renvoie à un transfert, une
projection de l'observateur dans l'univers du modèle, à ce qui
semble l'être ou se présenter comme tel. L'identification, dans
son acception générale, induit une transposition du sujet
observateur, un abandon de soi pour vivre à l'image du modèle.
C'est le gage d'un apprentissage efficient certes. Mais, d'un autre point de
vue, il se présente comme l'obstacle à l'apprentissage à
partir du construit cognitif que se fait l'observateur.
L'identification à un modèle, quel que soit le
degré d'observation et d'application de l'observateur, restera un
processus imparfait, limité. Et, tenant compte de la complexité
du sujet observé et de l'idiosyncrasie même du sujet observateur,
il appert que l'identification à un modèle est une
démarche qui sera toujours partielle et parcellaire. Dès lors,
l'identification doit être vue comme un idéal dans le continuum
imitation-identification. Car il n'est pas d'identification qui exclue, dans la
phase procédurale, l'imitation.
Les études qui se sont focalisées sur
l'importance des mécanismes de la SLT, ont eu le mérite de mettre
en relief les différences interindividuelles existants entre, d'une
part, la catégorie des enfants d'âge préscolaire, donc
à un stade de développement cognitif préopératoire
et, d'autre part, la catégorie de ceux qu'on peut qualifier d'avoir
atteint un stade de développement cognitif complet.
En effet, l'attention sélective est différente
selon que l'on appartient à l'une ou à l'autre des
catégories ; les grands retiennent et reproduisent davantage
d'éléments de l'activité du modèle que les enfants.
Il apparaît que les grands ont tendance à sélectionner
davantage les activités centrées sur la tâche à la
différence des enfants qui sont plus enclins à la
sélection des actions incidentes du modèles (tics, gestes etc.).
Bref, il est reconnu aux enfants la reproduction à l'identique des
productions comportementales du modèle, et aux grands
l'efficacité des acquisitions. « Les petits «jouent»
à imiter, et quoi de plus amusant que d'imiter les mimiques, les
caractéristiques très individuelles ? Les plus grands et les
adultes n'imitent pas, au sens étroit du terme : ils s'approprient des
procédures (...) et incorporent au besoin des éléments
nouveaux, ainsi acquis, à leur propre stratégie. »
(Winnykamen, 1990)
On comprend fort bien, dès lors, le titre fort
illustratif de Winnykamen qui, explicitement, élude l'expression «
Peut-on » comme devant introduire le titre, apprendre en imitant
?, tel que édité aux éditions Puf. Une élision
à dessein par l'auteur et qui pose le titre de l'ouvrage en
problème. Pourtant, tout au long de l'ouvrage, il apparaît
nettement que la réponse est affirmative, c'est-à-dire que non
seulement on peut apprendre en imitant mais en plus
qu'imiter implique nécessairement la mise en oeuvre de
procédures liant les méthodes et les objectifs que l'observateur
a appréhendé du modèle. Pour ce faire, le sujet imitant
fait oeuvre d'activité cognitive, à travers le choix et le
traitement des informations utiles ainsi recueillies. Son objectif
étant, à terme, d'accroître son savoir et son
savoir-faire.
2.2. La revue des concepts
Dans le cadre de cette recherche, un certain nombre
d'expression reviennent et pourraient prêter à confusion. Afin de
lever toute équivoque, nous signalons que ces expressions font chacune
l'objet d'une définition dans les chapitres suivants.
Il s'agit des expressions :
<< Apprentissage social >>, <<
Apprentissage socio-cognitif par observation >>, <<
Imitation >> et << Modélisation >>
qui renvoient à un seul et même processus et, de ce fait, sont des
expressions synonymiques.
De même, le << Sentiment
d'auto-efficacité >> et le << sentiment
d'efficacité personnelle >> renvoient exactement au
même processus.
<< L'enseignant-modèle >> : est tout
enseignant qui a été << élu >> comme
modèle par un étudiant.
<< L'étudiant-observateur >> : est tout
étudiant qui a un enseignant en modèle dans l'optique
d'acquérir des connaissances et améliorer sa performance.
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