Section 2 : Les déterminants de la marge
d'intermédiation bancaire modèles théoriques &
empiriques
Les études de marge
d'intermédiation bancaire peuvent être tracées de nouveau
à 1945, quand Samuelson a expliqué comment l'augmentation du
niveau du taux d'intérêt de marché a affecté le
système bancaire (Samuelson, 1945). Dans la littérature, la marge
d'intérêt expliquée par ces facteurs est
désignée sous le nom de la marge "pure" ou modèle
d'intermédiation.
Les facteurs susceptibles d'expliquer la marge
d'intérêt peuvent êtres divisés en deux groupes : les
facteurs organisationnels ou spécifiques et les facteurs
macro-financiers.
Concernant les variables exogènes, Ho et Saunders
(1981) supposent qu'elles peuvent affecter positivement et plus
significativement les marges d'intérêts que les
déterminants spécifiques. En revanche, autres auteurs comme Guru
et al (2002) et Ben Naceur (2003), soutiennent l'impact positif des variables
organisationnelles.
Ainsi La théorie économique et les études
empiriques existantes divergent généralement sur les effets des
facteurs spécifiques et macroéconomiques sur la marge
d'intérêt. Si la théorie économique accentue l'effet
négatif des frais d'exploitation bancaire sur la marge, certaines
études empiriques comme celle de Ramful (2001) effectué sur le
secteur bancaire Mauricien supportent plutôt que l'impact est positif
dans la mesure où les frais d'exploitation accroitront les rendements
ainsi que la rentabilité bancaire (Ben Naceur, 2003). D'autres auteurs
comme Anghbazo (1997) et Guru (2002) considèrent que la
réalisation de profits exige des dépenses supplémentaires,
néanmoins les banques doivent éviter d'engager des frais
oisifs.
De multiples études empiriques ont montré que
les capitaux propres entrainent un effet incitant sur la profitabilité
et accroitre ainsi la marge des banques (Bashir, 2000 ; Ben Naceur, 2003). En
revanche, une concordance entre les résultats des différentes
études empiriques sur l'effet positif des crédits
accordées et la taille de la banque sur la rentabilité des
actifs.
Le modèle élaboré par Hanweck et
Ryo(2005) en utilisant des données trimestrielles de 1986 à 2003
de plusieurs pays constate que la consolidation de la politique de
crédit souvent adaptée améliore les profits bancaires.
D'autre façon, plus la banque octroie des crédits,
plus les revenus augmentent et donc les profits (Bashir, 2000 ; Ben Naceur,
2003).
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Or, la politique de crédit entrainerait parfois la
dégradation de la profitabilité bancaire et engendre une
diminution de la marge d'intermédiation.
En ce qui concerne la taille de la banque, l'étude
effectuée par Barajas, Steiner et Salazar (1999) sur le secteur bancaire
Colombien entre 1991 et 1996, montre que la taille de la banque est franchement
liée à la marge d'intermédiation par le fait que
l'économie d'échelle permet aux banques de gagner en terme de
réduction des coûts unitaires. Par contre, certaines études
comme celles de Bourke (1989) Molyneux et Thornton (1992) présentent une
relation positive et statistiquement significative entre la taille et la marge
bancaire. Dans ce sens Rouabah (2006) estiment que la taille n'est pas une
source d'économie des coûts.
Les dissimilitudes entre la théorie et l'empirique
existent aussi au niveau de l'impact de certaines variables
macro-financières sur la marge d'intermédiation bancaire.
Selon Ben Naceur (2003), la concentration est associée
à de faibles taux de dépôts et taux de crédit
élevés, ce qui limite le renforcement des marges
d'intérêts. Autrement dit, la concurrence permet à la
banque d'avoir plus de clients et donc plus de revenus d'intérêt.
Dans ce sens les travaux de Moulyneux et Thornton (1992) ; Demerguç-Kunt
et Huizinga (2001) démontre la relation positive avec le rendement des
actifs et ainsi avec la marge d'intermédiation bancaire justifiés
par la réalisation des économies d'échelle suivant les
stratégies de concentration.
Quant à l'impact favorable des fonds propres dans la
hausse des marges d'intérêt, il est montré par les
études d'Anghbazo (1997) et Ben Naceur (2003). Avec une politique de
capitalisation, les banques peuvent préserver des fonds de garantie afin
de percevoir des emprunts en cas d'une crise imprévue, rendant le
rendement des actifs plus fort ainsi la marge d'intermédiation (Bashir,
2000).
En général, les études empiriques
existantes considèrent que l'impact des variables spécifiques sur
la rentabilité bancaire mesurée par la marge
d'intérêt est adéquat aux prédictions de la
théorie. Les frais d'exploitation bancaire, l'octroi des crédits,
les fonds propres, la taille de la banque, les réserves obligatoire et
la part de marché exercent des effets positifs sur la marge
d'intérêt. Les charges massives supportées par la banques
sont souvent répercutées sur la clientèle, ce qui induit
un effet positif sur les marges d'intérêt (Anghbazo, 1997 ;
Bashir, 2000 ; Ben Naceur, 2003).
L'étude élaborée par Démiurg-Kunt
et Huizinga (1999) en utilisant des données de quatrevingts pays
industriels et en voie de développement entre 1988 et 1995
démontre que les facteurs macro-économiques à savoir les
taux d'imposition fiscaux, le degré de propriété des
étrangers, la croissance économique et l'inflation sont
franchement liés à la marge d'intérêt.
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En se qui concerne l'impact de la l'inflation les travaux de
Molyneux et Thornthon (1992), Abreu et Mendes (2002) ont apporté des
explications sur les rapports susceptibles d'exister entre les marges et
l'inflation. Leurs résultats empiriques mettent en lumière une
relation positive qui prouve que l'inflation sera favorable à la marge
d'intérêt.
Conclusion :
En général les économistes ont
trouvé un terrain d'entente sur les effets de quelques variables qui
affectent la marge d'intérêt. Néanmoins, les études
empiriques ont été faites sur des pays développés
et en voie de développement ont montré une divergence due
nécessairement à des spécificités économique
et financière des marchés et des économies.
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