2.2) EVOLUTION ET STRUCTURE
DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
La politique budgétaire et son financement seront
appréhendés dans le paragraphe A. Il sera vu, dans ce paragraphe,
les différentes structures et évolutions des composantes de la
politique budgétaire. Et en son paragraphe B, l'incidence de la
politique budgétaire sur les indicateurs économiques et sociaux
tels que le PIB, le PIB/tête, la consommation des ménages et les
indicateurs de développement. Nous verrons comment les dépenses
sociales (notamment les dépenses d'investissement et de fonctionnement
dans les secteurs sociaux) influent sur ces différents indicateurs de
comparaison.
2.2.1) La politique
budgétaire et son mode de financement
La politique budgétaire est essentiellement
basée sur le budget de l'Etat. Elle est un instrument qui permet au
gouvernement de réaliser son programme, dans le strict respect des
ressources disponibles tout en mettant un accent particulier sur ses
priorités.
La politique budgétaire nationale demeure le principal
instrument pour faire face à des chocs économiques ponctuels, car
les gouvernements nationaux ne peuvent pas recourir à la politique
monétaire pour influencer les variations de la conjoncture
économique dans le cadre de l'UEMOA. La politique budgétaire
comprend deux (2) postes importants : les dépenses publiques et les
recettes publiques. Les dépenses publiques sont financées par des
recettes fiscales, non fiscales, les dons et les prêts. Pour la collecte
des ressources, les autorités compétentes accordent une
importance particulière aux normes fiscales, à une gestion
rigoureuse et rationnelle des dépenses publiques, à une
efficience des investissements publics et à l'apurement des
arriérés de paiements intérieurs et extérieurs.
L'exécution de ces mesures permet de mobiliser des
ressources supplémentaires pour les dépenses sociales et plus
précisément les Services Sociaux Essentiels (SSE). Pour
appréhender l'évolution des finances publiques, nous allons
examiner les recettes et les dépenses d'une part, et d'autre part, le
déficit budgétaire et son mode de financement.
1) Structure et évolution des ressources de
l'Etat
D'une manière générale, les ressources de
l'Etat sont constituées par les ressources intérieures et les
ressources extérieures. Le tableau 1 en annexe retrace la structure et
l'évolution des recettes publiques de l'Etat de 1990 à 2004.
L'évolution des recettes de 1990 à 2003 peut
être découpée en plusieurs phases, 1990-1993, 1994-1998,
1999-2000 et 2001-2002. (cf. annexe 1, tab. 12)
Le recouvrement des ressources totales de l'Etat de 1990
à 1993 va décroissant avec une fluctuation en dent de scie. Une
baisse tendancielle effective de 1990 à 1991 avec des montants allant de
630,8 milliards à 591,9 milliards de nos francs, soit une variation
négative de 6,2% suivie d'une légère hausse en 1992 (609,5
milliards) et un recul en 1993 (532,9 milliards). L'analyse approfondie montre
une inefficacité dans le recouvrement total des impôts et taxes.
Il est à retenir que les baisses enregistrées sur la
première sous-période traduisent les difficultés de l'Etat
à collecter ses impôts et taxes à cause du sous
équipement en hommes (dû à la crise économique) et
en matériel.
La dévaluation intervenue en 1994 dope le recouvrement
les recettes publiques qui augmentent de 64,5%, cette augmentation fait suite
aux mesures d'accompagnement des gouvernants dans le but de relancer
l'activité qui était moribonde.
1994 est le début d'une longue période de
croissance des recettes totales qui s'étendra de 1994 à 1998 avec
un taux de croissance moyen de 23,8%. De 1994 à 1998, les recettes
totales passent de 876,6 milliards à 1 439,2. Cette augmentation brusque
a son explication dans la dévaluation du franc CFA intervenue en janvier
1994 et aussi dans la volonté des gouvernants d'assainir le recouvrement
des ressources étatiques.
L'autre période 1999 à 2000 voit le niveau de
ces recettes baisser -7,1% en 1999 et -4,9% en 2000. Les causes étant la
mauvaise posture de l'économie ivoirienne qui a enregistré une
croissance du PIB de -2,3%, le prolongement des effets de l'instabilité
politique débutée en 1999 et la rupture des relations
financières avec les bailleurs de fonds internationaux liée aux
dérapages des finances publiques.
A partir de 2001, les recettes publiques renouent avec la
croissance, une hausse de 8,3% pour 2001 et de 10,4% en 2002. Avec la
stabilité (+0,1%) de l'économie, le recouvrement des ressources
de l'Etat s'améliore. La situation de crise socio-politique et militaire
a fortement déprimé l'activité. Le gouvernement a pris
différentes mesures pour l'amélioration du recouvrement fiscal,
notamment :
- la rationalisation et le suivi du système
d'exonération fiscale ;
- le renforcement du contrôle fiscal ;
- l'appel au civisme des populations pour le paiement de leurs
impôts à travers des campagnes de publicité ;
- la lutte contre la fraude fiscale.
Les recettes fiscales constituent la principale entrée
des ressources de l'Etat. La Côte d'Ivoire n'échappe pas à
la règle. Sur toute la période d'étude, les recettes
fiscales contribuent en moyenne pour plus de 85% des recettes publiques
totales. Et « la très forte proportion des recettes fiscales dans
les recettes totales confirme l'argument selon lequel le budget de l'Etat est
essentiellement fiscal ». (Jude COMLANVI EGGOH, 2002)
Les services de l'Etat qui participent dans le processus de
recouvrement de ces ressources sont : la Direction Générale
des Douanes (DGD), la Direction Générale des impôts (DGI)
ainsi que l'administration du trésor.
Les deux composantes essentielles des recettes fiscales sont
les impôts et les droits et taxes (recettes douanières) ont connu
des évolutions en dent de scie. Pour l'appréciation de leur poids
réel, le graphique numéro 1 donne une idée
générale.
Graphique 1 : Structure des recettes
fiscales de 1991 à 2000 (%)
Source : calcul sur base de donnée
(TOFE)/MFE
Les recettes fiscales se comportent de la même
manière que les recettes publiques totales, mais toutefois avec une
légère modification dans le découpage. On a, pour les
périodes, 1990 à 1993, 1994-1999 et 2001-2002 les
résultats ci-après :
De 1990 à 1993, les recettes issues du recouvrement des
impôts sont légèrement supérieures aux droits et
taxes perçus. Les impôts (-3,8%, 0,5% et -13,9%) tandis que les
droits et taxes passent de 248,9 à 247,7 milliards de francs CFA, un
recul en 1993 (-11,9%). Une explication du poste de droits et taxes est qu'ils
sont perçus sur des produits importés alors que les impôts
sont généralement perçus sur les activités des
entreprises et les émoluments des travailleurs.
Un renversement de tendance à partir de 1994 à
1996 est observé, les droits et taxes perçus sont
supérieurs aux impôts ; ce qui serait dû aux effets de
la dévaluation. La somme des droits et taxes, qui est de 1 437,3
milliards, est supérieure à la somme des impôts (1079,3
milliards).
De 1997 à 2000, à l'exception de l'année
1999, le poids des impôts est plus élevé que celui des
taxes. Les mesures d'accompagnements suite à la dévaluation ont
permis l'augmentation du taux de recouvrement des recettes fiscales
(augmentation des salaires, regain de compétitivité des
entreprises, etc.).
Il faut noter que le système fiscal demeure fortement
dépendant des taxes extérieures. Sur la période 1994-1997,
celles-ci représentent en moyenne 57,4% des recettes fiscales contre
42,6% pour les impôts. Cette dépendance vis-à-vis du
commerce extérieur rend le système fiscal particulièrement
vulnérable aux chocs extérieurs.
En l'année 2000, la croissance des recettes totales est
négative, elle est de -7,1% après avoir connu une période
de croissance positive. La baisse des recettes totales en général
et des recettes fiscales en particulier, est due à la hausse drastique
de l'activité économique et à l'entrée en vigueur
du Tarif Extérieur Commun (TEC) de l'UEMOA (1998). En effet, le TEC
vient égaliser les différents taux d'imposition des pays membres
de l'union dans leurs relations avec l'extérieur. Les mesures de
défiscalisation relative (élargissement de l'assiette et
réduction du taux moyen) vont contribuer à la réduction de
la pression fiscale qui tend à se stabiliser aujourd'hui entre 14% et
15% du PIB. Cela n'a pas toujours été ainsi puisqu'il eut des
moments de très forte pression fiscale, c'est le cas de l'année
1996 où ce taux plafonnait à 19%. La pression fiscale de
l'année 2000 est de 15,1%. Pour 2001, 2002, 2003, 2004 les pressions
fiscales sont respectivement de 14,8%, 15,5%, 14,1%, 15% confirmant cette
relative stabilité.
Les recettes non fiscales sont le fruit de la contribution des
entreprises publiques et parapubliques, des quotes-parts et dividendes de ces
entreprises, de privatisation de ces sociétés. Il convient de
remarquer que la Côte d'Ivoire, à l'instar des autres pays en voie
de développement, ne fonde pas ses recettes budgétaires sur les
recettes non fiscales. La part moyenne des recettes non fiscales dans le PIB
est de l'ordre de 3,5%. Entre 1999 et 2000, s'opère une véritable
réduction de près de 50,3% des recettes non fiscales, et 2001
voit une augmentation de ce poste de 32,2%.
2) Structure et évolution des dépenses
publiques
Il faut entendre par dépenses publiques, les
dépenses primaires et les intérêts dus sur la dette
publique. Les dépenses primaires, très importantes en poids, se
subdivisent en dépenses courantes et en dépenses
d'investissement. La masse salariale, les prestations sociales, les subventions
et autres transferts, les autres dépenses de fonctionnement et les
dépenses sociales ciblées constituent les dépenses
courantes.
L'évolution des différentes catégories de
dépenses (cf. annexe 1, tab2) sur une période de onze (11) ans,
c'est-à-dire de 1990 à 2001, a été analysée
en trois (3) sous périodes. Ces sous périodes se repartissent
comme suit : 1990 -1993, 1994 - 1998 et 1999 - 2001.
L'analyse de la première période montre qu'il y
a une baisse progressive et continue des dépenses publiques totales qui
passent de 923 milliards en 1990 à 886,8 milliards en 1993, soit une
variation négative de -3,9%. La masse salariale, sur la période,
régresse de 11,9%. Cette baisse est due aux
suppressions des emplois dans la fonction publique. D'une manière
générale, la réduction des dépenses publiques a
été le fait des Programmes d'Ajustement Structurels axés
sur l'assainissement et le contrôle des dépenses publiques.
Aux Programmes d'Ajustement Structurels, il a
été associé des programmes sectoriels destinés
à éliminer les distorsions et les rigidités de
l'économie. Il s'agit entre autres des Programmes d'Ajustement des
Secteurs de l'Agriculture (PASA), de l'Energie (PASE), de l'Eau (PASEA), du
Secteur Financier (PASFI), de la Valorisation des Ressources Humaines (PVRH),
de la COmpétitivité des entreprises (PASCO), etc.
Ainsi pendant que les dépenses totales
régressaient dans leur ensemble, les dépenses d'investissement
quant à elles progressaient en moyenne d'un peu plus de 20%.
La deuxième sous période (1994-1999) est
caractérisée par la reprise du fait des hausses concomitantes des
dépenses courantes, d'investissement et des intérêts dus
sur la dette publique consécutive au changement de parité de la
monnaie intervenu en 1994. A la suite de la dévaluation, il a
été observé quatre réévaluations salariales
1994, 1995, 1996. Pour les plus bas salaires, l'augmentation cumulée a
été de 51,3% contre 11,3% pour les salaires les plus
élevés dans le secteur public. Au niveau du monde paysan, de 1994
à 1998, c'est à une hausse de plus de 50% des prix d`achat aux
producteurs des principaux produits agricoles qui est intervenue depuis la
dévaluation du Franc CFA.
L'affectation de plus en plus de ressources aux
dépenses d'investissement épouse les objectifs du gouvernement,
à savoir la réaffectation des ressources aux services sociaux de
base (santé, éducation) et l'entretien des infrastructures
essentielles. La mise en place dans le même temps de fonds sociaux pour
les jeunes et les femmes crée une augmentation supplémentaire des
dépenses publiques totales.
Il a été mis en place, en 1999, le
Système Intégré de Gestion des Finances Publiques (SIGFIP)
dans le cadre des réformes budgétaires qui vise une gestion et un
suivi efficace des finances publiques. Cependant, face à la
fragilité des finances publiques, aux carences des procédures de
contrôle et à l'importance des dépenses
extrabudgétaires, la mise en place du SIGFIP n'a toutefois pas
empêché le dérapage au niveau des finances qui a
entraîné la rupture des relations avec les institutions
financières internationales avec à la clé l'arrêt
des financements extérieurs.
Cette situation combinée avec le ralentissement de
l'activité économique (+1,6%) ont occasionné une chute de
71,4% des recettes totales induisant un recul des dépenses publiques en
liaison avec le retrait des dépenses d'investissement de plus de 100
milliards. Ainsi la sous période - 1999-2001 - est marquée par la
réduction des dépenses publiques qui ont finalement atteints
1306,9 milliards en 2001 contre 1521,6 milliards en 1999. Ce recul est
principalement dû à une chute des dépenses d'investissement
sur la sous période (-14,1%).
Avec la stabilisation de l'activité économique
respectivement en 2001 et 2002, on assiste à une reprise des
dépenses publiques du fait de la hausse des dépenses
d'investissement. La revalorisation des soldes des forces de défense et
de sécurité ainsi que le recrutement dans les différents
corps d'armée liés à la survenance du conflit armé
le 19 Septembre 2002, ont également entraîné une hausse des
dépenses primaires de plus de 140 milliards.
Quant aux intérêts dus sur la dette publique, ils
évoluent en dent de scie sur la période d'étude. Ils
abondent dans le même sens que les autres postes de dépenses
publiques. La moyenne annuelle des intérêts dus sur la dette
publique est de 283,1 milliards de FCFA. Le paiement du service de la dette, il
faut le souligner, permet aux pouvoirs publics de maintenir les relations avec
les institutions financières internationales.
La structure des dépenses publiques et leur
évolution sont aussi des paramètres clefs pour apprécier
l'effort des pouvoirs publics dans le processus de la lute contre la
pauvreté. Le tableau 1 ci- après illustre le cas de la Côte
d'Ivoire :
Tableau 1: Structure des dépenses
publiques (%)
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
Masse salariale %
|
36,8
|
35,9
|
36,6
|
35,7
|
28,1
|
26,1
|
28,1
|
27,3
|
26,7
|
28,0
|
25,9
|
37,3
|
33,1
|
en mds
|
339,9
|
318
|
320
|
314,6
|
328
|
346,3
|
389,6
|
408,1
|
415
|
425,3
|
454,1
|
484
|
524
|
Autres dépenses de fonctionnement %
|
22,6
|
21,9
|
18,9
|
17,8
|
17,0
|
17,0
|
18,3
|
17,9
|
16,5
|
20,0
|
22,4
|
31,3
|
32,0
|
en mds
|
208,3
|
194
|
165
|
156,6
|
197,8
|
225,8
|
253,9
|
267,9
|
257
|
304,4
|
392,4
|
406
|
506
|
Dépenses en capital %
|
8,1
|
11,6
|
12,0
|
10,3
|
16,7
|
21,1
|
21,9
|
24,9
|
29,3
|
23,2
|
12,5
|
11,3
|
18,1
|
en mds
|
74,7
|
103
|
105
|
90,8
|
195
|
280,1
|
304
|
372,3
|
456
|
352,5
|
219,4
|
147
|
285
|
Autres dépenses % (y compris le service
de la dette)
|
32,5
|
30,5
|
32,6
|
36,2
|
38,2
|
35,8
|
31,6
|
29,9
|
27,6
|
28,9
|
39,2
|
20,0
|
16,8
|
en mds
|
300,1
|
270
|
285
|
319,3
|
445,2
|
475,5
|
437,7
|
446,2
|
430
|
439,4
|
686,7
|
260
|
266
|
Total %
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
Source : calcul sur base de donnée Direction
de la prévision (TOFE)/MFE
Le tableau 1 indique, tout comme le graphique 2 ci-dessous,
que la masse salariale est l'un des postes clés et importants des
dépenses publiques. Une grande partie des dépenses publiques est
aspirée par le paiement des salaires, soldes et traitements des agents
de l'Etat. Le recul de la part de la masse salariale dans les dépenses
totales est dû en grande partie, sur la période 1990 - 1993,
à l'assainissement de la fonction publique, à la suppression des
postes de journaliers. De 1994 à 1999, cette proportion de la masse
salariale passe de 28,1% à 26,7%. Un effort a été fait par
les autorités pour contenir les dépenses du personnel. Il en est
de même pour les deux (2) autres périodes.
Graphique 2 : structure des
dépenses publiques de 1990 à 2002 (%)
Source : calcul sur base de donnée
(TOFE)/MFE
La moyenne du poids de la masse salariale dans les
dépenses publiques totales vacille au alentour de 32%.
La reprise avec la croissance de ces taux se fait en 2000,
avec une hausse de 6,7% de la masse salariale par rapport à 1999. Le
niveau de la masse salariale dépasse les 30% rejoignant ainsi son niveau
des années de 1990-1993 et semble se maintenir dans cette perspective du
fait des efforts de paix et de reconstruction. Il est remarqué une
baisse, en 2000, de la part des investissements dans les dépenses
publiques, avec -10,4% de baisse.
La part allouée aux autres dépenses de
fonctionnement prend le pas sur celle allouée aux salaires en 1993. Avec
le tableau 2 retraçant les variations annuelles, la vision devient plus
claire.
Tableau 2 : taux de variation des
dépenses publiques (%)
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
Masse salariale
|
-
|
-6,5
|
0,7
|
-1,7
|
4,3
|
5,6
|
12,5
|
4,7
|
1,7
|
2,4
|
6,8
|
6,6
|
8,1
|
Autres dépenses de fonctionnement
|
-
|
-7,1
|
-14,6
|
-5,3
|
26,3
|
14,2
|
12,4
|
5,5
|
-4,1
|
18,5
|
28,9
|
3,6
|
24,4
|
Dépenses en capital
|
-
|
37,3
|
1,9
|
-13,1
|
114,7
|
43,6
|
8,5
|
22,5
|
22,9
|
-22,7
|
-37,7
|
-33,1
|
80,2
|
Source : calcul sur base de donnée
(TOFE)/MFE
Il a été observé un grand poids de la
masse salariale en proportion dans les dépenses publiques totales et une
amélioration des dépenses d'investissement depuis 1994. Cet
effort accru en investissement s'estompe progressivement. Les dépenses
d'investissement ont été le deuxième poste juste
après la masse salariale entre 1995 et 1999, aujourd'hui ce poste occupe
la troisième place derrière les autres dépenses de
fonctionnement.
D'une manière générale, depuis 2000 on
assiste à une reprise des dépenses de l'Etat. Le budget 2003
s'élève à 1 518,9 Milliards FCFA, en baisse de 17% par
rapport au budget de 2002. Les dépenses ordinaires
s'élèvent à 901,9 milliards FCFA, et restent stables par
rapport à 2002. Les dépenses de personnel représentent 61%
des dépenses ordinaires et 36% des dépenses globales. Elles
ont augmenté par rapport à 2002 pour prendre en compte les
besoins de renforcement des effectifs des forces de défense et de
sécurité ainsi que les effectifs des ministères
chargés de la santé et de l'éducation. Les autres
dépenses ordinaires sont en baisse en raison de la réduction des
crédits destinés à l'achat de biens et services.
Le budget 2004, en hausse de 30,8% par rapport au
précédent s'élève à 1 987,3 milliards FCFA
il table sur des prévisions de taux de croissance de 2,4% contre -2,2%
en 2003.
Au niveau des finances publiques, les administrateurs du FMI
ont recommandé aux autorités ivoiriennes de mener une politique
budgétaire prudente, en les encourageant à réaliser un
solde primaire positif plus élevé à compter de
2004, « Afin de répondre aux nombreux défis,
notamment le remboursement de la dette, le DDR, le redéploiement de
l'administration et la reprise des services sociaux sur l'ensemble du
pays». C'est la principale recommandation du conseil d'administration du
fond monétaire international (FMI), qui s'est tenu le 30 mars 2004. Le
FMI a surtout insisté sur l'urgence de freiner l'accumulation des
arriérés de paiements aussi bien intérieurs
qu'extérieurs.
Les dépenses totales en 2004 comprennent 1007,9
milliards de dépenses ordinaires. Les dépenses d'investissement
ont enregistré un accroissement de 74,6 milliards FCFA par rapport au
niveau 2003 pour se situer à 268,1 milliards. Le service de la dette
publique s'élève à 709,6 milliards. Il comprend 114,4
milliards au titre de la dette intérieure et 595,2 milliards de dette
extérieure.
Ainsi d'une manière générale, les
variations des dépenses totales globales ont une très forte
proportion en dépenses du personnel. Le graphique 3 montre une
comparaison entre les dépenses publiques totales et les recettes
budgétaires.
Graphique 3 : Evolution des
dépenses et des recettes de 1990 à 2000 en milliards de
FCFA
Source : Direction de la prévision
(TOFE)/MFE
3) Le financement des déficits
budgétaires
Les dépenses et les recettes ne s'égalisent
pratiquement jamais. En règle générale, l'Etat ordonne des
dépenses (emplois) qui sont toujours supérieures aux ressources
dont il dispose. Un pays tel que le nôtre en voie de développement
ne peut se baser sur ses ressources intérieures propres pour financer
ses dépenses, malgré l'assainissement des finances publiques,
surtout celles orientées vers les besoins sociaux vitaux et
essentiels.
En Côte d'Ivoire, les règles pour
l'établissement du budget et la Constitution exigent de présenter
un budget équilibré à l'Assemblée Nationale. Ce
principe qui exige que les recettes soient égales aux dépenses
fait qu'il faut recourir à un financement hors du circuit
étatique pour financer le déficit ainsi créé,
puisque les dépenses sont toujours supérieures aux recettes
(graphique 3). Le financement du déficit peut être
intérieur comme extérieur. Les financements extérieurs
sont les dons et prêts, les allègements de la dette, etc.
D'une manière générale, le financement
des dépenses budgétaires se fait par les recettes publiques, les
emprunts auprès de la BCEAO, l'appel à l'épargne par
émission d'obligations, cession d'actifs et/ou par l'accumulation de
divers arriérés. (cf. tableaux 3 et 4)
L'évolution du solde budgétaire présente
à l'exception des années 2001 et 2002 où l'on a
enregistré des soldes positifs, signifiant que les recettes sont
supérieures aux dépenses, toutes les autres années ont
enregistré des soldes budgétaires négatifs, comme
l'indique le tableau 3 et le graphique 4 ci-après.
Tableau 3 : Evolution du
solde budgétaire (en milliards)
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
solde budgétaire
|
-352
|
-292,1
|
-265,3
|
-354
|
-289,5
|
-209,2
|
-98,6
|
-125,1
|
-245
|
-195,1
|
160,1
|
202,4
|
-548,1
|
Source : calcul à partir de base de
données de la Direction de la prévision (TOFE)/MFE, Rapport
annuel zone Franc (Banque de France)
Graphique 4 : Evolution du
déficit budgétaire de 1990 à 2004
Source : Direction de la prévision
(TOFE)/MFE
Un effort pour la maîtrise du déficit a
été consenti ce qui a conduit à une baisse drastique de ce
solde. Les efforts entrepris ont été couronnés en 2000 et
2001, avec des soldes positifs de 160,1 et 202,4 milliards FCFA (avec le budget
sécurisé). Cependant, l'année 2002 présente un
solde budgétaire négatif de -548,1 milliards FCFA. Le tableau
n°4 suivant retrace le mode de financement du solde du déficit
budgétaire.
Tableau 4 : Mode de financement
du solde budgétaire
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
Fin total
|
352,1
|
292,1
|
265,3
|
354
|
289,5
|
209,2
|
98,6
|
125,1
|
245
|
195,1
|
-160,1
|
-202,4
|
548,1
|
fin. int.
|
14
|
56,1
|
58,8
|
119,7
|
-143,8
|
0,3
|
-66,6
|
63,4
|
76,7
|
213,5
|
-120
|
-83,3
|
14,2
|
Bancaire
|
-30,8
|
-23,2
|
-29,1
|
17,4
|
-66,8
|
57,8
|
-26,3
|
4,2
|
48,9
|
105,7
|
-126,7
|
-101,6
|
26,2
|
non bancaire
|
44,8
|
79,3
|
87,9
|
102,3
|
-77
|
-57,5
|
-40,3
|
59,2
|
27,8
|
107,8
|
6,7
|
18,3
|
-12
|
fin. ext.
|
338,1
|
236
|
206,5
|
234,3
|
433,3
|
208,9
|
165,2
|
61,7
|
168,3
|
-18,4
|
-40,1
|
-119,1
|
533,9
|
Tirage et prêt
Projet
|
224
|
186,2
|
176,9
|
174,9
|
560,3
|
364,3
|
283,4
|
164,8
|
320,6
|
145
|
126,8
|
28,4
|
284,2
|
Autres
|
114
|
49,7
|
29,5
|
59,4
|
-127
|
-130,5
|
-132,4
|
-99,9
|
-152,3
|
-163,4
|
-166,9
|
-147,5
|
249,7
|
ajustement
|
0,1
|
0,1
|
0,1
|
-0,1
|
-0,1
|
-24,9
|
14,2
|
-3,2
|
|
|
0
|
0
|
0
|
Source : Direction de la prévision
(TOFE)/MFE
L'Etat de Côte d'Ivoire essaie tant bien que mal de
financer son budget sur ressources propres. Il peut procéder à
des lancements d'emprunts obligataires dont le tout dernier date de
l'année dernière 2003 émission de bons du trésor
adjudication n° 01/2003. Mais ce financement se fait aussi par mode
bancaire et/ou sur arrière de paiement.
Sur la période d'étude, les déficits
budgétaires ont été en grande partie financés par
l'extérieur. Le financement a été essentiellement des
tirages et prêts projets. Cependant les allègements, les
annulations, les rééchelonnements, les remises de dette
constituent des financements exceptionnels.
Après l'analyse de l'évolution des
différents éléments composants le budget, nous ferons un
état de l'incidence de la politique budgétaire sur certains des
indicateurs économiques et sociaux.
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