Chapitre 3 : ANALYSE
ECONOMETRIQUE
Ce chapitre vise, comme annoncé au chapitre 1, à
juger des comportements et de la pertinence des effets des dépenses
sociales sur les indicateurs socio-économiques choisis.
3.1) LES ESTIMATIONS
ECONOMETRIQUES
Plusieurs modèles seront abordés pour cerner les
différents impacts de nos variables exogènes (dépenses
sociales) sur les variables endogènes (PIB, PIB/tête, consommation
des ménages et l'IDH). L'approche ici se fera en général
avec le modèle de KOYCK qui permet de capter les effets de court et long
terme. Nous testerons donc toutes les variables exogènes avec chacune
des variables endogènes prise isolement.
3.1.1) Présentation des
résultats des estimations
1) Le PIB
Les dépenses sociales ont été
estimées avec le PIB. Le modèle (1) donne:
LPIBt=
-1,99+0,183*LDSOCt+0,980*LPIBt-1
(1,26) (0,93) (8,74)
(1)
R2=0,92 DW=1,52 Prob
(F)=0,0000
Le résultat montre qu'il y a une relation positive
entre le PIB et les dépenses sociales. Cependant, la statistique de
student des dépenses sociales n'est pas significative. Ainsi, à
court terme les dépenses sociales ont un impact non significatif sur le
PIB. Toutefois, il existe une relation de long terme entre les dépenses
sociales et le PIB. L'élasticité de long terme des
dépenses sociales est de 1,18 ; ce qui est supérieur
à l'élasticité de court terme qui est de 0,183. Les
dépenses sociales ont donc un impact plus important à long terme
sur le PIB qu'à court terme.
Les modèles suivants consistent à
vérifier l'impact des dépenses d'éducation, de
santé et d'infrastructure sur l'évolution du PIB.
LPIBt=
-1,24+0,24*LEDUt+0,89*LPIBt-1
(-0,91) (1,01) (4,64)
(2)
R2=0,89 DW=1,33 Prob
(F)=0,0000
LPIBt=
0,33+0,27*LSANTt+0,79*LPIBt-1
(0,27) (1,58) (4,35)
(3)
R2=0,93 DW=1,77 Prob
(F)=0,0000
LPIBt=
-0,89+0,002*LINFRAt+1,06*LPIBt-1
(-0,64) (0,30) (15,18)
(4)
R2=0,92 DW=1,52 Prob
(F)=0,0000
Les modèles (2), (3) et (4) montrent les signes
attendus. Les variables exogènes sont toutes liées positivement
au PIB, mais leur impact dans le court terme est insignifiant (exception faite
des dépenses de santé). Le cas particulier du coefficient des
dépenses d'infrastructures est très faible, ce coefficient
ramené au centième près donne 0. En effet à long
terme, l'élasticité des dépenses d'infrastructures est
négatif - 0,03, les dépenses d'infrastructure n'évoluent
plus dans la même direction que le PIB. C'est tout le contraire des
autres dépenses d'éducation et de santé qui à long
terme deviennent plus importantes, avec des élasticités
supérieurs à 1 (PIB/édu=2,18,
PIB/sant=1,29) donnent un impact significatif sur le PIB.
Le modèle (5) quant à lui prend en compte les
dépenses dans les secteurs de l'éducation, de la santé et
des infrastructures. Il donne des coefficients positifs (relations donc
positives entre les variables exogènes et le PIB) et significatifs pour
l'éducation et la santé et non significatif pour les
infrastructures.
LPIBt=
1,23+0,56*LEDUt+0,08*LINFRAt+0,57*LSANTt
(0,58) (2,98) (0,11)
(3,27)
(5)
R2=0,83 DW=1,45
Prob (F)=0,0000
2) Le PIB/tête
L'estimation économétrique du modèle
considérant les dépenses sociales comme facteurs explicatifs du
PIB/tête donne les résultats qui suivent :
LPIBTt=
3,62-0,21*LDSOCt+0,088*LPIBTt-1
(2,65) (-2,14) (6,95)
(6)
R2=0,71 DW=1,19 Prob
(F)=0,0000
Les statistiques de student sont significatives. Mais, le
signe attendu des dépenses sociales n'a pas été obtenu. Le
modèle indique qu'à court et long terme une hausse des
dépenses sociales entraînera une baisse du PIB par tête
d'habitant.
Les modèles suivants prennent en compte la
décomposition des dépenses sociales, afin de cerner les
catégories (prises individuellement) qui donnent cette relation
négative entre les dépenses sociales et le PIBT.
LPIBTt=-1,01+0,17*LDSOCIt+0,1*LSOCF+0,63*LPIBTt-1
(-0,55) (1,98)
(0,80) (2,96)
(7)
R2=0,74 DW=2,04 Prob
(F)=0,0000
LPIBTt=-0,77+0,08*LEDUt+0,96*LPIBTt-1
(-0,79) (1,14) (12,90)
(8)
R2=0,92 DW=2,19 Prob
(F)=0,0000
LPIBTt=-1,09+0,16*LSANTt+0,89*LPIBTt-1
(-1,07) (2,80) (7,63)
(9)
R2=0,75 DW=2,13 Prob
(F)=0,0000
Les modèles (7), (8), et (9) montrent tous des
relations positives avec la variable endogène et les variables
exogènes. Les dépenses sociales de fonctionnement et
d'investissement (modèle (7)) ont un effet positif sur le PIBT.
Cependant, l'effet est plus significatif pour les dépenses sociales
d'investissement et il ne l'est pas pour les dépenses sociales de
fonctionnement.
Les modèles (8), et (9) permettent d'apprécier
une relation positive entre les dépenses d'éducation et le
PIB/tête d'une part, et les dépenses de santé et le
PIB/tête d'autre part. Le coefficient des dépenses
d'éducation n'est pas significatif. Par contre, celui des
dépenses de santé est significatif. Toutefois dans le long terme,
les dépenses d'éducation ont un impact plus important que les
dépenses sociales sur le PIBT. Avec des élasticités de
long terme respectives de 2 et 1,45.
Le modèle (10) combine les dépenses
d'éducation, de santé et d'infrastructures pour
l'appréciation des effets d'ensemble des variables explicatives.
LPIBTt=4,12+0,39*LINFRAt+0,28*LSANTt-0,49*LEDUt
(2,58) (4,52)
(2,14) (-3,47)
(10)
R2=0,69 DW=1,29 Prob
(F)=0,0000
Il montre une relation positive entre les dépenses de
santé, les dépenses d'infrastructures et le PIB par tête
dans le court terme. Le coefficient des dépenses d'éducation est
négatif. L'impact de ces dépenses est significatif pour toutes
les variables.
3) Consommation des ménages
Le modèle (11) donne un coefficient des dépenses
sociales négatif et l'impact n'est pas significatif.
LCONSt=0,47-0,01*LDSOCt+0,99*LCONSt-1
(0,37) (-0,19) (20,77)
(11)
R2=0,96 DW=1,20 Prob
(F)=0,0000
La décomposition des dépenses sociales en ses
composantes essentielles comme précédemment donne, le
modèle (12). Il s'établit une relation positive d'une part entre
les dépenses sociales d'investissement et la consommation, et d'autre
part une relation négative entre les dépenses sociales de
fonctionnement et la consommation. Le court terme donne des résultats
non significatifs
LCONSt=-3,28+1,28*LDSOCFt+0,17*LDSOCIt
(-1,73) (11,23) (1,92)
(12)
R2=0,86 DW=0,46 Prob
(F)=0,0000
LCONSt=-0,23+0,29*LEDUt+0,77*LCONSt-1
(-0,21) (-1,08) (4,20)
(13)
R2=0,94 DW=1,16 Prob
(F)=0,0000
LCONSt=0,23-0,003*LINFRAt+0,99*LCONSt-1
(0,22) (0,05) (20,60)
(14)
R2=0,96 DW=1,18 Prob
(F)=0,0000
LCONSt=0,95+0,28*LSANTt+0,73*LCONSt-1
(1,41) (2,27) (6,13)
(15)
R2=0,97 DW=1,87 Prob
(F)=0,0000
Les modèles (13), (14) et (15) montrent des relations
positives des dépenses d'éducation, et de santé avec la
consommation des ménages. Les coefficients de court terme sont
respectivement 0,29 et 0,28. Le coefficient est négatif pour les
dépenses d'infrastructures. Seules les dépenses de santé
ont un impact significatif à court terme sur la consommation des
ménages. A long terme, les coefficients sont pour la santé 1,04
et pour l'éducation 1,26. A long terme, les dépenses
d'éducation auraient un impact plus important que les dépenses de
santé.
LCONSt=1,01+0,8*LEDUt-0,05*LINFRAt
+0,45*LSANTt
(0,67) (6,02) (-0,99)
(3,65)
(16)
R2= 0,96 DW=1,56
Prob (F)=0,0000
Deux de ces variables (santé et éducation)
montrent des relations positives avec la consommation des ménages tandis
que les dépenses d'infrastructures ne suivent pas la même
évolution que la consommation. Ces résultats tendent à
confirmer les modèles développés plus haut. On peut
néanmoins noter que les dépenses de santé ont un effet
retardé sur la consommation des ménages. Il faut noter un impact
significatif des dépenses sociales de fonctionnement et d'investissement
sur la consommation.
4) IDH
Les modèles (17), (18) et (19) ne présentent pas
de R2 significatif, pour ces trois modèles, les R2
sont inférieurs à 0,60. Ils sont à peine acceptables.
L'effet de court terme des dépenses sociales de
fonctionnement sur l'IDH est positif et significatif, son impact est important,
ce qui est tout le contraire des dépenses sociales d'investissement qui
a un effet négatif.
LIDHt=-17,27+1,62*LDSOCFt-0,35*LDSOCIt
(-3,67) (3,38) (-1,82)
(17)
R2=0,55 DW=2,89
Prob (F)=0,04
Le modèle n'est pas globalement significatif. Les
relations entre dépenses d'éducation, de santé et
d'infrastructures donnent les modèles suivants :
LIDHt=-6,04+0,4*LEDUt-0,55*LIDHt-1
(-2,54) (1,87) (-2,023)
(18)
R2=0,51 DW=2,36
Prob (F)=0,16
LIDHt=-3,83+0,2*LSANTt-0,56*LIDHt-1
(-4,28) (2,60) (-2,49)
(19)
R2=0,57 DW=1,98
Prob (F)=0,049
LIDHt=-4,91+0,24*LINFRAt-0,94*LIDHt-1
(-5,08) (3,51) (-4,20)
(20)
R2=0,71 DW=2,28
Prob (F)=0,019
Tous les coefficients obtenus sont significatifs avec une
significativité plus importante pour les infrastructures et la
santé. Les élasticités de long terme sont de 0,26, 013 et
0,12 respectivement pour l'éducation, la santé et les
infrastructures. L'impact des dépenses d'éducation sera donc plus
important à long terme que pour la santé et les
infrastructures.
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