I.3.2 Agroforêts
cacaoyers
I.3.2.1 Description des
agroforêts cacaoyers du Sud Cameroun
Les cacaoyères sont des écosystèmes
agroforestiers multistrates dont la gestion a pendant des décennies
été orientée vers la production du cacao en se servant de
l'ombrage fourni par les arbres. Ce sont des structures qui imitent la
forêt naturelle, végétation climax dans les basses terres
humides des tropiques (Norgrove, 1999 ; Sonwa, 2004). La stratification
horizontale et verticale des composantes qu'on y retrouve est un facteur
important de la durabilité. Les agroforêts cacaoyers du sud
Cameroun font de ce fait partis des systèmes durables d'utilisation des
terres dans les zones forestières d'Afrique centrale et de l'ouest
(Gockowski et Dury, 1999). Ces écosystèmes sont pour les
populations des zones productrices non seulement une source de revenus, mais
aussi contribuent au ravitaillement en bois de chauffe, bois de construction et
autres produits forestiers non ligneux. Les décoctions issues des
racines, feuilles et écorces sont également utilisées
à des fins thérapeutiques.
I.3.2.2 Implantation des
agroforêts cacaoyers
La création des agroforêts cacaoyers est
très souvent associée à la déforestation, surtout
en Afrique de l'ouest où le cacaoyer est cultivé sans ombrage
(Sonwa, 2004). Bien que dans ces conditions les rendements soient meilleurs, un
raccourcissement de la durée de vie des arbres a été
mentionné. La pratique agroforestière à base de cacaoyers
au Cameroun existe dans les provinces du Sud-ouest, de l'Est, du Centre et du
Sud. Installé sur des terres précédemment
forestières, les agroforêts cacaoyers sont des structures
permettant la sédentarisation des populations à travers le nombre
important d'associations végétales aux quelles ils peuvent se
prêter. L'approche couramment utilisée pour leur implantation
consiste au défrichement de la forêt et à la mise en place
des cultures vivrières pendant une ou deux saisons de culture, ce qui
permet d'améliorer la structure du sol et d'accroître le taux
d'infiltration d'eau du sol (Bidzanga, 2005). La végétation
préexistante à la création des agroforêts cacaoyers
joue un rôle primordial car certaines de ces espèces sont
conservées pour procurer de l'ombrage aux cacaoyers. Les espèces
d'importance socio-économique et/ou spirituelle sont également
conservées (Wood et Lass, 1987 ; Bidzanga, 2005) pendant que
d'autres sont laissées sur pieds par manque de matériaux
d'abattage appropriés. Quelques unes des espèces couramment
conservées sont : l'andok (Irvingia gabonensis), le kome
(Coula edulis), le njansang (Ricinodendron heudelotii). Les
cacaoculteurs par expérience connaissent les espèces les mieux
indiquées pour fournir de l'ombrage aux cacaoyers. Wood et Lass (1987)
rapportent que les espèces telles Terminalia spp.,
Chlorophora excelsa, Albizia spp., Ficus vogeliana
et Entandrophragma spp. sont souhaitables pour jouer ce
rôle alors que Piptadeniastrum africanum, Pentaclethra
macrophylla, Cola nitida et autres Cola spp. sont
rejetées par les planteurs pour la simple raison qu'elles peuvent
être attaquées ou servir d'asile aux parasites et maladies du
cacaoyer.
Le cacaoyer est souvent planté en association avec les
cultures telles que le maïs (Zea mays) et le bananier plantain
(Musa spp.) qui lui fournissent un ombrage temporaire dans son jeune
âge. Les jachères de différents âges sont
utilisées pour l'implantation des cacaoyères (Fig. 3)
Fig. 3. Itinéraire
de création des agroforêts cacaoyers (Bidzanga, 2005).
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