I.3.1.3 Cacaoyer (Theobroma
cacao)
Le cacaoyer est un arbre tropical originaire d'Amérique
Centrale et d'Amérique du Sud. Son introduction en Afrique date des
années 1800, cette culture a été introduite au Cameroun en
1886 (Sonwa et al., 2001) par l'administration coloniale allemande et
encouragée par les missionnaires. Les cabosses de cacao de même
que les graines de café avaient été distribuées de
façon sélective aux employés de la mission en guise de
récompense pour services rendus (Bidzanga, 2005).
Plante ligneuse pérenne du groupe des
dicotylédones, le cacaoyer est un arbre pouvant atteindre une vingtaine
de mètres sous forêt naturelle mais qui en culture est maintenu
à une hauteur de 6-8 m pour les besoins d'entretien et de
récolte. Lorsque les variétés sélectionnées
sont utilisées et que les conditions écologiques sont favorables,
l'arbre produit ses premiers fruits lorsqu'il est âgé de 3 ans
(Bidzanga, 2005) et atteint sa production maximale à dix ans, cette
production pouvant être maintenu pendant 20 à 25 ans lorsque la
plantation est bien entretenue.
Son fruit est une baie appelée
« cabosse » et un arbre peut produire en moyenne 150
cabosses par an, contenant chacune 30 à 40 graines (fèves). La
graine est prête à germer dès que le fruit est mûr
mais perd assez facilement son pouvoir germinatif dès qu'elle est
extraite de la cabosse.
Son système racinaire est pivotant et un important
réseau de racines latérales en est issu qui se développe
dans la couche humifère superficielle du sol. La longueur de la racine
pivotante varie de 0,80 et 1,5 m ou 2 m dix ans après la plantation
(Wood and Lass, 1987). Ces racines s'étalent sur une distance d'environ
5 à 6 m et constituent ainsi une importante zone d'absorption pour les
éléments nutritifs.
Le port de branches et des ramifications secondaire est
subhorizontal (plagiotropie), la croissance est discontinue et se fait par
poussées foliaires successives séparées par des
périodes de repos pendant lesquelles les bourgeons terminaux reprennent
leur dormance. Le cacaoyer peut fleurir toute l'année, Les fleurs
apparaissent sur le tronc et sur les branches âgées, de milliers
de fleurs sont produite annuellement, mais 1 à 5 % seulement de ces
fleurs seront pollinisées et formeront des cabosses. Ces fleurs sont
très petites, de couleur blanchâtre à rosée, elles
sont pentamères (5 sépales, 5 pétales, 5 étamines,
5 staminodes avec une ovaire à 5 loges contenant 6 à 10 ovules).
La pollinisation est essentiellement entomophile. Quoiqu'un faible pourcentage
seulement de fleurs soit pollinisé, l'arbre place trop de fruits pour
pouvoir les porter tous à maturité. Le cacaoyer dispose d'un
mécanisme de régulation permettant un arrêt du
développement de certains fruits (cherelles) à un certain stade
de leur développement. Ces fruits cessent de croître, se
ratatinent mais ne tombent pas de l'arbre. Ce dépérissement des
cherelles bien que très souvent confondu à une maladie n'est que
la manifestation d'un mécanisme physiologique régulateur
probablement sous le contrôle des hormones de croissance (Nichols, 1958,
cit. Braudeau, 1969). Les cabosses prennent 5 à 7 mois pour mûrir
et les cabosses mûres ne tombent pas de l'arbre.
Le cacaoyer appartient à la famille des
Sterculiaceae. Le genre Theobroma regroupe vingt deux
espèces dont une seule cultivée commercialement :
Theobroma cacao L. Les cacaoyers cultivés se repartissent en
trois groupes :
- les Criollo ont des cabosses vertes ou
rouges devenant orangées à maturité, verruqueuses, de
forme allongée, à sillons profonds et à coques minces et
tendres. Leurs amandes sont de couleur blanche. Ils ne correspondent cependant
qu'à 1 % de la production mondiale car ils sont fragiles et sensibles
aux maladies ;
- les Forastero ont des cabosses vertes devenant jaunes
à maturité, de forme ovale sans sillons profonds. Leur coque est
dure et épaisse, les amandes étant de couleur violet foncé
et plate. C'est le cacao le plus produit dans le monde (près de 80 %).
L'Amelonado africain est rattaché à ce groupe ;
- les Trinitario sont des hybrides des deux
premiers groupes. Ce cacao représente 20 % de la production mondiale
(Anonyme, 2002).
La gamme idéale de température pour le cacaoyer
est de minimum 18 à 21 °C et maximum 30 à 32 °C (Wood
et Lass, 1987 ; Bidzanga, 2005). Sa production commerciale de cacao est
limitée là où le minimum moyen en mois les plus froids est
au dessus de 13 °C. Si cette température descend en dessous de 10
°C pendant plusieurs nuits consécutives, le rendement est
susceptible d'être réduit. La défoliation et la mort de
l'arbre se produisent entre 4 et 8 °C, cependant le cacaoyer peut se
développer au dessus de 32 °C, la limite supérieure de la
température n'étant pas clairement définie.
La distribution des précipitations annuelles dans les
zones où se pratique la cacaoculture est comprise entre 1250 et 3000
mm.an-1. Le cacaoyer supporte les courtes périodes de
sécheresse, la durée de la saison sèche dans les zones de
culture ne doit pas excéder 3 mois. Les moyennes de
précipitations supérieures à 2500 mm peuvent avoir comme
incidence la recrudescence des maladies fongiques.
Le cacaoyer est cultivé sur une large gamme de types de
sols, ceux avec une fertilité moyenne élevée sont
préférables ; en général, il se
développe bien sur les sols profonds, perméables et
homogènes, riches en éléments minéraux et en
matière organique. Le cacaoyer préfère les sols
légèrement acides (pH compris entre 4,5 et 7) avec une
préférence autour de 6,5 (Wood et Lass 1987).
Les tentatives d'établissement de cacaoyères
sans ombrage très souvent échouent, une des principales causes
étant le vent qui provoque la chute des feuilles. Le cacaoyer
préfère les conditions calmes, les vents modérés
peuvent causer des problèmes lors de l'établissement. En
général le cacaoyer n'est pas cultivé dans les zones
emprunt aux cyclones (Wood et Lass, 1987).
Le semi direct des fèves en champ n'est pas
très conseillé car certains rongeurs en raffolent. Les plants
sont de ce fait très souvent issus des fèves semées dans
des sachets de polyéthylène et élevés sous abri en
pépinière. La durée du séjour en
pépinière varie entre 4 et 7 mois. Les parties
végétatives (boutures, greffons) sont également
sélectionnées lorsque des caractéristiques précises
sont recherchées.
|