Ø
Politique générale peu favorable à la politique du secteur
artisanal
On n'a pas prêté assez d'attention à la
politique macro-économique dans ses approches du secteur artisanal.
Celui-ci est largement coupé des structures et institutions modernes,
mais il en a qui sont propres, souvent fondées sur des formes
traditionnelles d'organisation qui s'enracinent dans le passé. Il a, par
exemple, ses propres formes de solidarité de groupe, ses propres sources
de crédit, ses propres moyens de formation, ainsi que de mise au point
et d'adaptation de la technologie.
Ces structures et institutions fonctionnent
bien dans l'environnement pour lequel elles ont été
créées, elles sont souvent plus souples et adaptables au
changement que celles du secteur moderne. Mais elles ont aussi leurs
limitations. En particulier, elles sont en quelque sorte autonomes, n'ont que
peu ou pas de liens avec les technologies et institutions du secteur moderne,
de sorte qu'il est impossible de s'en remettre à elles pour
perfectionner les activités du secteur artisanal. Il conviendrait
certainement de fonder les interventions en faveur du secteur artisanal sur une
prise de conscience réelle de ce qui existe et d'abattre chaque fois que
possible les barrières qui séparent les structures et
institutions des deux secteurs, structuré et non structuré. A
moins d'établir entre eux une relation complémentaire plus
positive, il y a peu de chance que le secteur informel connaisse une croissance
évolutive.
Dans le passé, des politiques défavorables
à l'agriculture, adoptées par de nombreux Etats, ont interdit la
croissance des petites entreprises en raison des rapports qu'entretiennent
l'agriculture et les petites entreprises au niveau des facteurs de production
et des produits. En cas de baisse du revenu agricole, les exploitants
achètent moins aux petites entreprises locales, qu'il s'agisse de
produits de consommation ou de facteurs de production agricole. De même,
en cas de baisse de la production agricole, le revenus des petites entreprises
qui la traitent diminuent du même coup.
Cela démontre l'importance d'un
secteur agricole sain pour le secteur artisanal minier. Beaucoup d'entreprises
du secteur artisanal appartiennent au secteur rural, et leur santé
économique dépend de la prospérité du secteur
agricole, de sorte que, si les politiques agricoles y sont contraires, les
entreprises de ce secteur en souffrent.
Ø
Insuffisance de l'infrastructure
La médiocrité de l'infrastructure se traduit
par la faiblesse des réseaux de transport, de communication, de
distribution d'eau et d'électricité. La médiocrité
de l'infrastructure a plusieurs conséquences pour les revenus et la
productivité des entreprises du secteur artisanal. Les
réglementations en vigueur ne semblent pas favoriser la mobilité,
car la plupart préfèrent opérer à partir de leur
adresse actuelle. Elles ne marquent non plus aucun empressement à
investir dans les installations actuelles en raison de l'incertitude de leur
statut juridique.
Les deux facteurs ci-dessus limitent les
perspectives d'extension par le biais d'investissements dans les machines et
l'équipement, et par suite les perspectives d'augmentation de la
productivité et du revenu. Une entreprise exploitée dans de
telles conditions est aussi exposée à de plus grands risques
d'incendie, de dégât des eaux et de vol, sans parler du risque de
confiscation de ses avoirs par les autorités locales. Une autre
conséquence est que ces entreprises sont privées de
l'accès à l'infrastructure urbaine, par exemple à
l'énergie électrique, ce qui comporte aussi un effet
négatif sur leur productivité.
La mise en place d'une infrastructure, nécessaire
à la promotion du secteur artisanal, contribuera aussi à
éliminer la pauvreté. On peut dans une certaine mesure
reconnaître les pauvres à ce qu'ils n'ont pas accès
à l'eau potable et à un environnement salubre, et à ce que
leur mobilité est très limitée et que le réseau de
communication au-delà de leur localité de résidence leur
est fermé. L'accès à des services minimaux
d'infrastructure est un aspect essentiel du bien-être. L'accès
à l'eau potable et à l'assainissement a un effet direct sur la
santé et la qualité de vie. L'accès aux réseaux de
transport et de communication peut aider à augmenter et stabiliser les
revenus et mettre à la portée des usagers un éventail plus
large de biens et services, ainsi que de marché.
Ø Manque de soutien institutionnel
Les organismes publics chargés des questions de
main-d'oeuvre et d'emploi n'ont pas encore intégré à leurs
fonctions les préoccupations du secteur artisanal. Cette remarque
s'applique non seulement à la manière dont les ministères
du Travail, Social, du Plan et de l'Education Nationale s'acquittent de leurs
responsabilités quotidiennes, mais aussi à celle dont les
associations patronales, les syndicats ouvriers et les chambres de commerce et
d'industrie sont constitués, attirent leurs adhérents et servent
leur clientèle. Ils s'intéressent presque exclusivement à
la main-d'oeuvre du secteur structuré.
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