IV.1. Aperçu historique sur l'évolution
économique du Rwanda
Les déséquilibres internes et externes du Rwanda
se sont creusés tout au long des années 80, rendant
inévitables le recours aux institutions financières
internationales et aux bailleurs de fonds. L'accent mis sur ces
déséquilibres macro-économiques risque cependant
d'occulter les problèmes à long terme inhérents à
la situation rwandaise qu'aucun PAS (Programme d'Ajustement Structurel) ne peut
résoudre, mais dont tous les responsables du pays devraient tenir
compte.
Comme le montre le tableau ci-dessous, à partir de 1986,
la balance commerciale du Rwanda se dégrade très vite.
Cette évolution est le résultat de deux facteurs
externes : tout d'abord l'effondrement des prix de l'étain qui entraine
la faillite, en 1985, de la SOMINRWA (entreprise mixte d'exploitation de
cassitérite dont l'Etat était l'actionnaire majoritaire et a
épongé la plupart des pertes). En second lieu, les prix
internationaux du café, qui avaient fortement remonté en 1986, se
mettant à la baisse perdant 35% de leur valeur en quelques
années. Les prix mondiaux du thé baissent de 40% au cours de la
seconde moitié des années 80.
Cette détérioration des termes de
l'échange couplée à l'appréciation du franc
rwandais, provoque l'effondrement des recettes d'exportation, qui passent de 16
milliards de Frw en 1986 à 8,5 milliards de Frw en 1990, alors que les
importations restent stables. (Stefaan. Marysse, T. de Herdt et E. Ndayambaje,
1994 : 27).
Tableau 1. La balance des payements du Rwanda des
années 1980-1992.
Année s
|
Exportatio n
(=1)
|
Importation s
(=2)
|
Balance commercial e (3=1-2)
|
Service s
(=4)
|
Transferts particulier s (=5)
|
Transfert s officiels (=6)
|
Balance courante (7=3+4+5+6)
|
1980
|
12.4
|
-18.2
|
-5.8
|
-8.4
|
-0.3
|
10.0
|
-4.4
|
1981
|
10.5
|
-19.2
|
-8.7
|
-7.0
|
-0.3
|
9.2
|
-6.8
|
1982
|
10.1
|
-19.9
|
-9.9
|
-8.4
|
0.4
|
9.8
|
-8.0
|
1983
|
11.7
|
-18.6
|
-6.9
|
-8.8
|
0.5
|
10.6
|
-4.6
|
1984
|
14.3
|
-19.8
|
-5.5
|
-8.1
|
0.2
|
9.9
|
-4.2
|
1985
|
12.8
|
-22.2
|
-9.4
|
-8.0
|
0.4
|
11.4
|
-6.5
|
1986
|
16.1
|
-22.7
|
-6.6
|
-9.2
|
0.6
|
10.3
|
-6.1
|
1987
|
9.9
|
-21.3
|
-11.6
|
-8.0
|
0.6
|
9.4
|
-10.7
|
1988
|
9.0
|
-21.3
|
-12.3
|
-6.6
|
0.8
|
8.7
|
-11.0
|
1989
|
8.4
|
-20.3
|
-11.9
|
-6.0
|
0.6
|
8.7
|
-9.8
|
1990
|
8.5
|
-18.8
|
-10.3
|
-7.3
|
0.5
|
9.6
|
-9.0
|
1991
|
12.0
|
-28.5
|
-16.6
|
-8.6
|
2.6
|
20.0
|
-4.3
|
1992
|
9.6
|
-32.1
|
-22.5
|
-14.1
|
3.0
|
23.5
|
-10.2
|
Source: 1980-1983: International Monetary Fund, Balance of
payments Statistics Yearbook 1988, p.577;
1984-1991: International Monetary Fund, Balance of payments
Statistics Yearbook 1992, p.577;
1992: Estimations de la Banque mondiales et du FMI,
1992
Depuis 1982, le gouvernement a mis en place un programme de
stabilisation économique principalement axé sur
l'austérité et la rigueur de la gestion. Cette politique a
enregistré des résultats positifs puis que déjà en
1984, la balance des payements a retrouvé une position
excédentaire et qu'il en a été de même pour le
budget de l'Etat en 1985.
L'année 1986 a confirmé ce redressement de la
situation dû essentiellement aux cours exceptionnels du café sur
les marchés mondiaux.
Cependant, la plus forte dépendance de
l'économie nationale à l'égard du café s'est
fortement accentuée depuis que la chute des cours du café au
premier trimestre de 1987 a annihilé tous les efforts jusqu'alors
fournis pour stabiliser l'économie. Les taux de croissance du PIB
étaient élevés jusqu'en 1985.
Mais en 1986 la situation s'est renversée.
Au cours de cette période, le PIB en termes courants a
diminué de 2.7% suite surtout à la baisse générale
des prix agricoles au producteur (-23.2%).
Toutefois, le PIB en prix constants de 1985 a
enregistré une croissance de 4.2%. Un tel cas a traduit une situation
déflationniste. Le budget national de l'Etat a accusé de forts
déficits depuis 1981, qui se sont toutefois atténués
depuis 1984 pour engendrer un excédent de 738.3 millions de francs
rwandais en 1985. L'année 1986 a été
caractérisé par un léger déficit de l'ordre de
163.1 millions de Frw mais ce déficit s'est accentué en 1987 et
représentait 6.7% des recettes budgétaires en 1986.
La dette publique intérieure s'est multipliée
par 60.8 entre 1964 et 1986 et elle représentait au 31 Décembre
1986, 10.8% du budget ordinaire. Le service de la dette publique
intérieure se élevait à 3390.6 millions de Frw en 1987 et
a 2029.4 millions de Frw en 1986 ; soit une augmentation de 67.1%. Au niveau
interne, le déficit budgétaire de l'Etat, contenu jusqu'en 1986,
s'accroît. Le déficit résulte à la fois d'une
diminution des recettes fiscales et d'une flambée des
dépenses.
La dette extérieure envers les principaux
créditeurs (Banque Mondiale et FMI) s'accroît à partir de
1986.
Les grandes orientations de l'économie pour
l'année 1988 mettent l'accent sur la maitrise de grands
équilibres, la cohérence des politiques planifiées, la
gestion des importations tout au long de l'exercice et la promotion des
exportations, la réforme de la politique des prix aux producteurs, la
maitrise des dépenses publiques et l'amélioration de la gestion
de la dette publique, et enfin la réhabilitation des entreprises
publiques. (Le Ministère des Finances et de l'économie, 1988 :
viii).
La balance commerciale, déficitaire depuis le début
des années 80, se détériore encore davantage à
partir de 1985.
Pour tenter de redresser l'économie et de stimuler
certaines restructurations, le Rwanda accepte en 1990 un Plan d'Ajustement
Structurel (PAS) de la Banque Mondiale et du FMI. Entre 1991 et 1994, le
montant des importations croît de 61%. En 1991, la balance des paiements
n'est positive que grâce à la hausse des transferts. Le Plan
d'Ajustement Structurel vise à stabiliser l'économie et à
la rendre plus compétitive vis-à-vis de l'extérieur. Pour
réaliser ces objectifs, le PAS opte pour une dévaluation du franc
rwandais jusqu'alors surévalué, il supprime les taxes à
l'exportation excepté les taxes sur le café que le gouvernement
rwandais maintient jusqu'en 1992 et, enfin, il impose des quotas
d'importations. Les effets négatifs de la dévaluation se font
sentir dès 1991 lorsque les prix à la consommation flambent. Le
taux d'inflation atteint près de 20% en 1991 puis baisse aux alentours
des 10% en 1992 et 1993.
Depuis la guerre de 1994, le Rwanda a fait
des progrès considérables dans sa reconstruction. Il affiche un
taux de croissance annuel moyen impressionnant pour la période
1996-2005, à environ 8%.
La période d'après-Génocide
perpétré contre les Tutsi est marquée par la reprise et
l'élargissement du processus de libéralisation de
l'économie entrepris sous le PAS au début des
années 1990. Les mesures prises par le nouveau gouvernement visent
principalement à stimuler les activités du secteur privé,
promouvoir les exportations, améliorer la compétitivité
internationale. Au mois de mars 1995, le gouvernement opte pour une
libéralisation des prix du café à l'exportation. Il
s'engage également à réduire son rôle dans les
entreprises parastatales, à renforcer sa gestion budgétaire et
à réorienter vers le développement des secteurs sociaux et
agricoles.
Ses dépenses budgétaires ont été
affectées dans un premier temps pour rétablir et maintenir la
sécurité au Rwanda. La moyenne annuelle du déficit
budgétaire est estimée à 41 milliards de francs rwandais
sur la période 1995-1998.
Le Gouvernement du Rwanda a adopté le 02 mars 2005 la
politique du « Charroi Zéro » et l'a rendue
opérationnelle depuis lors.
Le Gouvernement du Rwanda apporte déjà sont
soutien à l'établissement des firmes modernes et efficaces de
location de véhicules et pouvant avoir une couverture nationale
effective. Le Gouvernement du Rwanda a comme objectifs la promotion du secteur
privé dans le transport ainsi que la modernisation et la rationalisation
du transport des agents de l'Etat. (SEMINEGA Augustus, 2007 : 1).
En 2007, le taux de croissance du PIB est estimé
à 4.9%, contre 5.3% en 2006. Ce ralentissement s'explique par de
mauvaises conditions climatiques qui ont entraîné un repli de la
production agricole.
Le niveau de pauvreté reste important : en 2005-2006 ;
56.9 % de la population vivaient en deçà du seuil de
pauvreté, contre 60.3 pour cent en 2000-2001. L'économie
rwandaise reste lourdement dépendante de l'aide, comme en
témoignent les importants déficits budgétaires et des
comptes courants.
Actuellement, pratiquement presque la moitié du budget du
pays est financée par l'aide extérieure.
IV.1.1. Procédure d'élaboration du
budget au Rwanda
L'élaboration du budget dans tous secteurs suit la
même approche et les mêmes étapes. La procédure
budgétaire commence par des discussions au niveau sectoriel (services et
Administrations centraux et périphériques), suivie de discussions
entre les Ministères vectoriels et le Ministère des finances.
Dans le passé, les fonctionnaires régionaux et
de district, incluant les chefs des unités publiques n'ont pas
contribué à l'élaboration du budget. Dans la pratique, le
projet du budget pour une année fiscale donnée est basé
sur des données historiques, et spécialement sur les estimations
de l'année précédente ajustées par un facteur
multiplicateur qui tient sommairement en ligne de compte les besoins des
secteurs comme exprimés au niveau des unités et des
régions, ainsi que des stratégies sectorielles
préparées par les autorités du Ministère Central.
Quand on est d'accord sur le budget global du secteur, l'allocation
intra-sectorielle des ressources est faite sur une base purement arbitraire.
|