3. 3-
Quelques obstacles à l'enregistrement des naissances à
Pô
Pour un peu plus de la moitié des enfants qui
n'ont pas la preuve de leur naissance, la raison en est que les parents n'ont
jamais songé à établir cette preuve. Alors que pour
environs 1/4 des enfants, l'acte de naissance est perdu. 19% n'en ont pas pour
des raisons toutes autres; Soit que l'acte a été établi
mais n'a jamais pu être retiré, soit par manque de moyens
financiers pour le faire.
La langue est une sérieuse barrière
à l'enregistrement des naissances dans notre localité
d'étude car la majeure partie des infirmiers qui y travaillent comme
bénévoles au compte de l'état civil ne comprennent pas le
Kassena, principale langue de la localité.Il arrive donc que ceux qui
parlent une langue différente de celle des agents d'état civil se
trouvent dans l'impossibilité de communiquer avec ces derniers et
risquent d'avoir à payer souvent une aide pour remplir les formulaires
nécessaires.
Aussi, une confusion est souvent faite entre la
déclaration de naissance et l'acte lui-même. Mais ces raisons sont
loin d'être les seules.
Dans certaines localités du département
de Pô, le nom d'un enfant issu d'une union incestueuse ne lui sera
donné qu'après que les parents aient consulté les
ancêtres à cet effet. Ces rites peuvent durer trois (3) mois,
affirme un chef de circonscription. Une durée qui va au-delà des
deux (2) mois prévus par les textes.
Figure 3.4 : répartition des enfants selon la
raison de la non existence de l'acte de naissance
Source : résultats d'enquête mai
2007
La plupart des chefs de ménages
enquêtés trouvent que la distance qui sépare leur lieu de
résidence du centre d'état civil le plus proche est grande, ce
qui contribue à les démotiver quant à
l'établissement des actes de naissance. Dans certains villages comme
Bourou et Pighyiri par exemple,
Les populations sont obligées de parcourir une trentaine de
km pour bénéficier des prestations du centre.
Figure 3.5 : répartition des ménages
selon la distance séparant le lieu de résidence du centre
d'état civil et l'enregistrement de la naissance.
45%
31%
24%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
0 - 4 km
5 - 9 km
10 km et plus
Série1
Source : résultats d'enquête mai
2007
Outre le déficit d'ordre institutionnel qui
accentue la sous déclaration des naissances, il arrive que des usagers
se déplacent en vain, car les bureaux ont souvent des horaires qui ne
s'accommodent pas toujours aux coutumes des populations. A ce propos, un agent
d'état civil nous fait remarquer que « c'est à la
faveur des jours de marchés du chef lieu du département que les
populations des villages environnants se présentent à la
préfecture pour solliciter les services de l'état civil ;
peu importe que la journée soit ouvrable ou pas ».
3.
3.1- La déclaration des naissances
3. 3.1.1- Coût de la
déclaration à la naissance
Dans la localité de Pô, le budget
alloué à la municipalité au compte de l'état civil
pour l'année 2006-2007 s'élève à exactement
1.896.000FCFA. Lequel s'avère très insuffisant pour des besoins
de plus en plus croissants (fournitures et mobiliers de bureau) tel que
exprimé par le maire.
Ainsi, des enquêtes réalisées, l'on
démontre que le coût de la déclaration joue un rôle
important dans l'enregistrement des naissances.
Dans la plupart des centres d'état civil de
Pô, la somme qui semble officielle pour une déclaration de
naissance est de 200FCFA. Mais des informations recueillies auprès des
ménages, il arrive parfois que certains agents vont jusqu'à en
réclamer plus de 300FCFA.
Mais, faut-il souligner que la perception faite de ce
coût varie d'une personne à une autre.
Figure 3.6 : Répartition des ménages
selon le coût habituel d'une déclaration de naissance
Source : résultats d'enquête mai
2007
Plus de la moitié des chefs de
ménage approchés trouvent que le coût de la
déclaration est élevé. Pour la minorité qui trouve
ce coût faible, ce sont ceux là qui prétendent
connaître l'importance réelle de la déclaration d'un enfant
à l'état civil.
Figure 3.7 : répartition des ménages
selon l'appréciation du coût de la déclaration
31%
13%
56%
Elevé
Raisonnable
Faible
Source : résultats d'enquête mai
2007
En plus du coût apparemment dissuasif pour la
déclaration de la naissance,Il faut dire que dans cette localité,
il a été instauré une taxe dite de
«retrait « dont l'usager doit s'acquitter avant d'entrer en
possession de son acte de naissance. Cette taxe s'élève à
100 FCFA pour deux extraits de naissance (le tout revient donc à 500
FCFA pour les deux extraits dont deux timbres de 200 FCFA et 100 FCFA de taxe
de retrait).
|