III.2.4. Inversion des valeurs
et inaptitude à comprendre la vie normale.
L'univers familial de Jean l'a rendu incapable de comprendre
le fonctionnement d'une famille normale. La famille Ladourd lui paraît
étrange et anormale : une famille peuplée de cris, où
l'on s'embrasse constamment, une famille où l'humeur tient lieu de
colère et qui ignore ce qu'est la rage, mot clé de la
jeunesse de Jean. Celui-ci est un mal-aimé, inapte à l'amour,
à l'amitié, au bonheur et à la camaraderie. Il a du mal
à s'adapter au climat chaleureux de sa famille hôte. L'ouverture
des Ladourd lui paraît de la naïveté. En face de ces
carnivores de la gaieté, que sont les Ladourd, Jean se sent
végétarien. Son passé familial explique son actuelle
sauvagerie-timidité qui l'enrage devant le sourire bienveillant de Mme
Ladourd.
III.2.5. La tiédeur
spirituelle et l'athéisme.
Un excès d'activités spirituelles lasse vite
l'enfant des choses spirituelles. Après d'intenses activités
spirituelles, qui lui ont toujours été imposées au
collège, Jean nourrit un dégoût pour la prière.
C'est ainsi qu'à la retraite des étudiants il n'éprouve
pas le besoin de subir un nouvel assaut de ces rabâchages.
Plus tard, Jean gardera cette tiédeur à
l'égard de la spiritualité. Son mariage qu'il
célébrera à l'Eglise ne cessera que par pure
formalité, par un fort souci de légitimer son union avec Monique
Arbin. Pour le besoin de cette cause, comme il le dit lui-même, il
était prêt à se présenter même devant un
devin, pour obtenir la plus grande légitimation qui soit à son
mariage.
Un certain nombre d'athées que l'époque
contemporaine a connu tels Nietzsche... ont eu à évoluer dans des
familles fortement chrétiennes où les activités
spirituelles se pratiquaient par routine, par tradition.
III.2.6. La paranoïa
Même éloigné, le spectre de Folcoche
continue de hanter Jean, ses méchancetés continuent de le
poursuivre. Il tombe dans la paranoïa. Partout, il voit la main agissante
et maltraitante de sa mère. Quand Michelle Ladourd, après un
échange de baiser avec Jean, demande à celui-ci si elle peut
prévenir sa maman, Jean pense directement à Mme Rezeau.
Bien plus toute femme, voire sa propre femme, et toute
mère lui rappellent Folcoche. Jusque dans son mariage, Jean continue
à être obsédé par sa mère, s'astreignant
coûte que coûte à une thérapie contre cette
obsession. Ce contre quoi son épouse Monique réagira, quand elle
dit : « Je ne peux tout de même pas m'empêcher de
faire tout ce que l'on faisait chez toi. On y mangeait je l'espère. Tant
pis, car moi j'ai faim. »
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