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Déterminants des investissements directs étrangers en Afrique subsaharienne

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par Hermann FOTIE II
Ecole Nationale Superieure de Statistique et d'Economie Appliquée d'Abidjan - Ingenieur Statisticien Economiste 2003
  

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4.1.3 - flux d'IDE et risque politique, quelle liaison ?

L'analyse porte ici uniquement sur les pays qui ont bénéficié de plus d'IDE en cumul sur la période. Elle se fera à partir des graphiques l'échelle des IDE est exprimée en millions de dollars US.

Les déterminants des investissements directs étrangers en Afrique subsaharienne

Le graphique 5 montre que pour la période 1978-1984 où l'indice risque s'est légèrement amélioré pour le Nigeria, c'est-à-dire que ce pays était relativement un « risk lovers », les flux d'IDE ont en moyenne baissé. Par ailleurs, après 1984 où l'indice est resté relativement élevé, ses flux d'IDE ont fluctué à la hausse. Il est donc difficile d'établir une relation causale entre les deux variables. C'est d'ailleurs ce que confirma la forme du nuage de points.

Graphique 5 : Evolution des flux d'IDE et de l'indice risque politique pour le Nigeria

 
 

Source: World Bank, Africa Database 2000

 

Contrairement au Nigeria, l'indice risque politique semble être déterminant dans la décision des investisseurs étrangers en Afrique du Sud (graphique 6). En effet, au cours de la période 1977-1993 où l'indice est demeuré quasi-constant, les flux d'IDE dont l'Afrique du Sud a bénéficié sont restés pratiquement constants. Mais après 1993, qui est pour ce pays la période post-apartheid et de grands changements politique (élection multipartite, amélioration du degré de cohésion sociale...), l'indice a connu une baisse traduisant ainsi une amélioration du degré de liberté économique et politique dans ce pays. Cette amélioration de l'indice s'est accompagnée d'un afflux important d'IDE jusqu'à une certaine date qui peut correspondre à celle où les possibilités pour les entreprises étrangères sont relativement moindres en relation à la concurrence des entreprises nationales. La forme hyperbolique du nuage de points confirme qu'il pourrait bien exister une relation entre flux d'IDE et indice de risque politique pour l'Afrique du Sud.

Source: World Bank Africa Database 2000

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Graphique 6 : Evolution comparée des flux d'IDE et de l'indice risque politique en l'Afrique du Sud

Les déterminants des investissements directs étrangers en Afrique subsaharienne

Pour ce qui est de la Côte d'Ivoire l'indice risque politique a connu une tendance presque constante, restant au dessus de 6 durant toute la période 1970-1998 ainsi que le montre le graphique 7. Cette évolution ne semble pas avoir eu directement de répercussions sur les flux d'IDE dans la mesure où il y a eu un afflux important d'IDE en Côte d'ivoire après 1990. Cela se confirme par la forme du nuage de points. Ce nuage de points ne laisse pas transparaître une relation évidente entre flux d'IDE et risque politique de la Côte d'Ivoire avant 1998. L'importance des IDE au cours de la décennie quatre vingt dix peut trouver sa justification dans les politiques de privatisation et de l'ouverture du marché.

Graphique 7 : Evolution comparée des flux d'IDE et de l'indice risque politique en la Côte d'Ivoire

Source : World Bank Africa Database 2000

Considérons à présent l'analyse à partir des IDE en pourcentage du PIB. Pour le Swaziland, le graphique montre qu'au cours de la période 1979-1989 où l'indice s'est légèrement amélioré, le ratio IDE/PIB a baissé, atteignant même une valeur négative en 1982 (pour cette les flux sortants ont été plus important que ceux entrants). Après 1989 où l'indice est resté constant au-dessus de 6, le ratio est resté très instable. Cette situation ne saurait justifier l'existence d'une quelconque relation entre le ratio considéré et risque politique. Cela se voit aussi à travers la forme du nuage de points ci-après.

Graphique 8 : Evolution comparée du ratio d'IDE et de l'indice risque politique au Swaziland

 
 

Source: World Bank Africa Database 2000

 
 
 
 

Au cours de la période 1970-1982 où l'indice risque politique a baissé traduisant une légère amélioration des conditions socio-politiques au Nigeria, le ratio d'investissements directs a suivi une tendance à la baisse. L'indice risque politique a ensuite eu une évolution quasi-parallèle à celle du ratio et marqué par un important saut en 1984. Il ressort donc qu'il n'existe pas une relation directe évidente entre flux d'IDE en pourcentage du PIB et indice de risque politique pour le Nigeria comme le montre le nuage de points (graphique 9).

Les déterminants des investissements directs étrangers en Afrique subsaharienne

Graphique 9 : Evolution comparée du ratio d'investissements directs et de l'indice risque politique au
Nigeria

 
 

Source: World Bank Africa Database 2000

 
 
 
 

Concernant le Botswana, le graphique 10 montre que la situation de partielle liberté économique de la période 1973-1998 (où l'indice risque politique est resté très proche de 2,3) a coïncidé avec une évolution fluctuante du ratio. Ce qui laisse pensé qu'il n'y a pas eu de relation entre flux d'IDE en pourcentage du PIB et le risque politique au Botswana. La forme du nuage de points confirme bien l'inexistence de relation évidente entre ces deux indicateurs.

Graphique 10 : Evolution comparée du ratio d'investissements directs et de l'indice risque politique au
Botswana

 
 

Source: World Bank Africa Database 2000

 

Il ressort donc de cette analyse qu'il n'existerait pas une relation évidente entre flux d'IDE et l'indice risque politique d'une part et le ratio d'investissements directs et l'indice de risque politique d'autre part. La non liaison évidente entre les deux variable peut se comprendre par le fait (i) qu'il existe de relations privilégiées entre certains investisseurs et les dirigeants au pouvoir dans certains pays qui rendrait alors l'indice de risque politique indépendant de leur décision d'investissement et/ou (ii) que certains investisseurs sont souvent parmi les acteurs cachés des crises socio-politiques que vivent certains pays (cas du Congo Brazzaville) de sorte qu'il pourrait toujours investir.

Une première AFD réalisée sur toutes les variables a donné un taux de bon classement de 88,6%. Les résultats détaillés, présentés dans le tableau 6, montrent que sur 534 observations appartenant au groupe « Moins d'IDE » il y a 504 observations bien classées et 30 observations mal classées. De même sur 133 observations appartenant au groupe « Plus d'IDE » il y a 87 observations bien classées et 46 observations mal classées.

Les déterminants des investissements directs étrangers en Afrique subsaharienne

Tableau 6 : Classement de la première Analyse Factorielle Discriminante

 

Groupe d'affectation

Moins d'IDE

Plus d'IDE

Total

Groupe d'origine

Moins d'IDE

504
(94,4%)

30
(5,6%)

534
(100%)

Plus d'IDE

46
(34,6%)

87
(65,4%)

133
(100%)

Total

550

117

667

Source : Résultats de WINSPAD 4

Nous avons retenu les variables significatives au seuil de 40% dans la fonction linéaire discriminante (cf. annexe A.3) pour une deuxième analyse discriminante. Cette deuxième analyse discriminante a donné un taux de bon classement de l'ordre de 88,3%. Le classement des observations dans les groupes est présenté dans le tableau 7.

Tableau 7 : Classement de la deuxième Analyse Factorielle Discriminante

 

Groupe d'affectation

Moins d'IDE

Plus d'IDE

Total

Groupe d'origine

Moins d'IDE

501
(93,8%)

33
(6,2%)

534
(100%)

Plus d'IDE

45
(33,8%)

88
(66,2%)

133
(100%)

Total

546

121

667

Source : Résultats de WINSPAD 4

Dans la fonction linéaire discriminante de cette deuxième analyse (cf. annexe A.4), les variables qui sont significatives à 5% sont :

- les flux d'IDE en pourcentage du PIB avec un retard d'ordre 1 ; - le taux d'intérêt du marché monétaire français ;

- le taux d'ouverture de l'économie avec un retard d'ordre 1 ; - le taux d'investissement avec un retard d'ordre 2 ;

- le taux de croissance démographique avec un retard d'ordre 2 ; - la variable exportation de pétrole avec un retard d'ordre 2.

On notera de ces résultats que la variable taux d'investissement a un signe négatif contraire au signe attendu. Ce qui signifierait que lorsque le taux d'investissement augmente, les flux d'IDE reçus en pourcentage du PIB diminuent avec un décalage de deux ans. On pourrait comprendre cette relation négative par le fait qu'un taux d'investissement domestique élevé est signe d'un dynamisme des opérateurs économiques locaux qui constituent de fait des concurrents sérieux face aux investisseurs étrangers quant à ce qui concerne les projet d'investissements. Dans ce cas, on peut penser qu'il y ait alors moins d'opportunités d'investissements susceptibles d'attirer des investisseurs étrangers.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote