CHAPITRE IV : RESULTATS ET COMMENTAIRES
Dans ce chapitre, nous abordons la construction d'un
modèle explicatif sur la base des résultats obtenus dans le
chapitre précédent. Les résultats issus de l'analyse
seront comparés à ceux fournis par la littérature
consacrée aux déterminants des IDE, évoquée dans le
chapitre I. Une hypothèse forte dans cette partie suppose que toutes les
variables explicatives sont exogènes. Aussi nous avions
procédé à diverses estimations presque toutes s'appuyant
sur la technique des données de panel. Les résultats sont obtenus
sous trois logiciels statistiques à savoir STATA 7.0, EVIEWS 3.1 et RATS
4.30. Au préalable, nous avons choisi le type de modèle
approprié aux données disponibles. L'analyse de la
stationnarité des séries de données est ensuite
effectuée. Ce qui a permis de déboucher finalement sur la
construction d'un modèle à correction d'erreur.
4.1 - Description des flux d'IDE en Afrique
subsaharienne
4.1.1 - La tendance des IDE
Le graphique 1 donne un aperçu global de
l'évolution des flux d'IDE en direction des 23 pays
étudiés. On note dans l'ensemble une tendance croissante avec un
montant record en 1997, approchant les 7 milliards de $ US, marquant ainsi un
bond considérable par rapport à 1990. En effet, sa valeur s'est
multipliée par sept entre les deux dates. Les flux d'IDE en direction de
l'Afrique du Sud (3,8 milliards de $ US), du Nigeria (1,5 milliards de $ US) et
la Côte d'Ivoire (0,5 milliards de $ US) expliquent en grande partie le
niveau observé en 1997.
Graphique 1 : Evolution de la valeur des IDE
reçus par les pays étudiés
Source: World Bank Africa Database 2000
En 1995, alors que l'IDE dans les pays en voie de
développement avait dépassé les 95 milliards de dollars US
et 38 pour cent de l'IDE global dans le monde, les 23 pays
étudiés n'attiraient qu'un montant de 3,4 milliards de dollars
US. La tendance observée semble traduire les efforts (révision
des codes des investissements par exemple) qu'on fait certains pays pour
attirer les investissements. Les différences d'attractivité des
IDE entre pays feront l'objet d'un point dans la suite. D'ores et
déjà, on remarquera que le Nigeria qui possède des
ressources pétrolières attirent énormément en terme
relatif beaucoup d'IDE tandis que le Congo Kinshasa doté de nombreuses
ressources naturelles aurait des difficultés à convaincre les
investisseurs étrangers. On peut à ce niveau dire que la
disposition des ressources naturelles ne constitue pas un gage d'attrait des
investissements étrangers.
Les déterminants des investissements directs
étrangers en Afrique subsaharienne
4.1.2 - La destination des flux d'IDE
Au cours de la période 1970-1998, et d'après les
données, les pays d'Afrique subsaharienne qui ont reçu plus d'IDE
sont le Nigeria (43,9% du total de la période), l'Afrique du Sud
(19,5%), la Côte d'Ivoire (6,7%), la Zambie (4,2%), le Cameroun (2,9%),
le Ghana (2,6%), le Botswana (2,5%), le Swaziland (2,4%), le Zimbabwe (2,4%),
le Kenya (2,0%) et le Congo Kinshasa (1,4%). Le graphique 2 présente les
destinations les plus importantes des flux d'IDE en Afrique subsaharienne.
Graphique 2 : Répartition du total des IDE
reçus par les 23 pays sur la période 1970-1998
Source: World Bank Africa Database 2000
L'analyse factorielle révèle les
particularités en terme de destination des flux d'IDE au cours de la
période (graphique 3). Ainsi, le premier facteur met en opposition le
Nigeria (côté négatif) et l'Afrique du Sud
(côté positif). Il montre que le Nigeria a été une
destination privilégiée des flux d'IDE de 1991 à 1994
alors que l'Afrique du Sud a reçu plus d'IDE au cours des années
1974, 1984 et 1997.
Par ailleurs, le deuxième facteur oppose le Cameroun,
le Kenya et le Congo Kinshasa (côté négatif) au Zimbabwe
(côté positif). Par rapport aux autres pays le Cameroun a
reçu plus d'IDE en 1983 et 1985 alors que le Kenya et le Congo Kinshasa
ont reçu plus d'IDE en 1979.
Graphique 3 : Premier plan factoriel des profils
temporels de la destination des flux d'IDE
Les déterminants des investissements directs
étrangers en Afrique subsaharienne
Dépassons à présent le cadre de
description à partir des IDE en termes nominaux en considérant le
ratio IDE/PIB qui se prête mieux aux comparaisons. Le plan factoriel (2,
4) que donne le graphique 4 permet d'avoir une idée des pays pour
lesquels ce ratio est le plus élevé. Il s'agit principalement des
pays comme le Swaziland, le Nigeria et le Botswana.
Le deuxième facteur montre que le Swaziland et le
Botswana ont reçu plus d'IDE en pourcentage du PIB en 1970 et 1971 avec
respectivement un pourcentage de 9,2% et 6,5% pour la dernière
année citée. Il révèle également que le
Bénin (7,1% en 1991) et le Mali (5,0% en 1995) ont reçu plus
d'IDE en pourcentage du PIB. Le quatrième facteur quant à lui
montre que le Cameroun (ratio de 2,5% en 1983 et 3,2% en 1985) et le Nigeria
(2,0% en 1983 et 2,5% en 1985) ont un ratio élevé d'IDE en 1983
et 1985. Il dévoile aussi que le Togo (8,5% en 1978) a reçu plus
d'IDE en pourcentage du PIB en 1978.
Graphique 4 : Premier plan factoriel des profils
temporels de la destination des flux d'IDE en % du PIB
Il ressort donc que le Nigeria, l'Afrique du Sud et la
Côte d'Ivoire sont les trois premiers pays en terme de flux d'IDE
reçus. Cependant, en considérant le ratio d'investissement direct
de flux d'IDE en pourcentage du PIB, le Swaziland, le Nigeria et le Botswana
sont les trois pays qui ont les ratios les plus élevés au cours
de la période 1970- 1998.
De nombreux auteurs ont cité dans leurs travaux
l'indice risque politique comme l'un des principaux déterminants des
flux d'investissement direct. Nous allons procéder ci-après,
à l'étude de la liaison entre les flux d'IDE d'une part et le
ratio IDE/PIB d'autre part et le risque politique.
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