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Le traitement pénal de la récidive( Télécharger le fichier original )par Eloi Adama Université de Ngaoundéré - Master 2 droit pénal et sciences criminelles 2009 |
C - UNE ABSENCE DE PREPARATION DE LA SORTIE DES DETENUS APRES L'EXECUTION DE LEURS PEINESParce qu'elle est privative de liberté, la prison a également pour effet d'anémier la capacité du détenu à se prendre en charge. Préparer la sortie, c'est avant tout, réapprendre les gestes de l'autonomie et donc lutter contre la récidive. Comme l'a signalé Jean-Luc Warsmann dans son rapport précité, « la sortie de prison, quelle que soit la durée de la peine purgée, est un moment difficile à vivre. La personne libérée sans préparation ni accompagnement risque de se retrouver à nouveau dans un environnement familial ou social néfaste, voire criminogène, ou bien au contraire dans un isolement total, alors qu'elle aurait besoin de soutien pour se réadapter à la vie libre. Tout ceci peut l'amener à la récidive »80(*). L'on constate généralement que la sortie de prison des délinquants ayant purgé leur peine n'est pas toujours suivie. A l'issue de l'étude de l'emprisonnement comme principal mode de traitement de la récidive, une insatisfaction subsiste dans notre esprit. L'on se demande s'il constitue la meilleure façon de faire face à la récidive qui pratiquement met à nue les failles des politiques criminelles mises en place par les Etats. L'on est même tenté de convenir avec Serges Portelli que c'est une politique irresponsable et dangereuse que de laisser croire aux citoyens que la criminalité pourrait se dissoudre dans plus de prisons . Par ailleurs, le recours-réflexe à l'incarcération pour juguler les désordres urbains est un remède qui, dans bien des cas, ne fait qu'aggraver le mal qu'il est censé guérir. Institution basée sur la force et opérante, la prison est un creuset de violences et d'humiliations quotidiennes, un vecteur de désaffiliation familiale, de méfiance civique et d'aliénation individuelle. Et, pour beaucoup de détenus marginalement impliqués dans des activités illicites, c'est une école de formation, voire de « professionnalisation », aux carrières criminelles. Pour d'autres, et ce n'est guère mieux, l'enfermement est un gouffre sans fond, un enfer hallucinatoire qui prolonge la logique de destruction sociale qu'ils ont connue à l'extérieur en la redoublant d'un broyage personnel. L'histoire pénale montre, en outre, qu'à aucun moment et dans aucune société la prison n'a su accomplir la mission de redressement et de réintégration sociale qui est censée être la sienne dans une optique de réduction de la récidive.81(*) En plus, le récidiviste n'est pas un monstre et il ne sert à rien de le diaboliser. Il faut plutôt faire appel aux autres formes de traitement également efficaces et nécessaires à sa réinsertion. * 80 Warsmann (J.L), op. cit, P.33. * 81 Wacquant (L.), Des politiques carcérales injustes et criminogènes, Fermons les prisons ! Monde diplomatique de septembre 2004, Texte disponible à l'adresse suivante : http://www.monde-diplomatique.fr/2004/09/. |
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