II- LES AUTRES FACTEURS DE STIMULATION DE LA RECIDIVE EN
MILIEU CARCERAL
Les détenus sont généralement soumis
à l'enfermement commun. Ce qui permet à ceux d'entre eux qui sont
endurcis dans le crime d'influencer négativement ceux qui sont encore
à leurs premiers pas (A). L'on note également que
l'évaluation de leur dangerosité est insuffisante (B) et leur
sortie de prison n'est pas du tout préparée (C). Ce qui favorise
la propagation de la récidive.
A-
L'INFLUENCE DES DETENUS ENDURCIS SUR LES DELINQUANTS PRIMAIRES
Les détenus endurcis exercent sur les jeunes
délinquants une influence manifestement déterminante qui se
traduit par un renforcement de leurs comportements antisociaux On y
retrouve les meurtriers ou violeurs en série, les têtes pensantes
de réseaux criminels. En effet, le contact entre deux criminels
exacerbe la criminalité, soit en la flattant par le récit de
leurs exploits, soit en échafaudant de nouveaux desseins criminels pour
le temps qui suit leur libération. Le criminel étant souvent un
homme seul à sa sortie, les seuls réseaux de réinsertion
lui sont fournis par les connaissances de la prison. Ces réseaux sont
généralement mis à sa disposition par des détenus
professionnels du crime de haute facture qui se sont illustrés par une
criminalité organisée, réfléchie et bien
structurée. Cette criminalité étant fondée le plus
souvent sur des réseaux, la stimulation de ces réseaux par la
promiscuité carcérale aura une incidence négative sur le
potentiel avenir du jeune délinquant.
Par ailleurs, il y a un phénomène qui semble
aujourd'hui prospérer. L'incarcération redevient un rite de
passage obligatoire dans les bandes organisées et les classes sociales
non scolarisées et analphabètes. « Tu es un homme
maintenant ! » s'adressent-elles à l'un des leurs lorsque
celui-ci se retrouve en prison. Toutes ces considérations amènent
le délinquant débutant à s'engager résolument dans
la voie de la récidive.
B
-UNE INSUFFISANTE EVALUATION DE LA DANGEROSITE DES DETENUS
L'évaluation de la personnalité des
détenus quant à leur dangerosité pour eux-mêmes
(risque suicidaire), pour les gardiens surveillants et leurs codétenus
(risque d'agression) ou pour l'administration pénitentiaire (risque
d'évasion ou de trafics divers) est embryonnaire ou inexistante. Le
risque de récidive est par conséquent inconnu. La pratique en
vigueur, bien que nécessaire, n'en demeure pas moins partielle et
dépourvue de tout caractère prospectif sur la dangerosité
du détenu qui est généralement définie
comme un phénomène psychosocial caractérisé
par les indices révélateurs de la grande probabilité pour
un individu de commettre une infraction contre les personnes ou les biens.
Alors que récidive et comportement dangereux sont liés, aucun
instrument spécifique tendant à leur évaluation n'est
prévu.
|