CHAPITRE III: MÉTHODOLOGIE
Ce chapitre s'articule autour du matériel et
méthodes utilisés en vue de réaliser cette étude.
Il explique les démarches entreprises pour obtenir les résultats
de celle-ci. Il est subdivisé en neuf sections : la section 1
présente le devis de recherche (plan de l'étude), la section 2
traite du milieu de l'étude, la section 3 présente la population
de l'étude, la section 4 procède à
l'opérationnalisation des concepts puis indique les variables
confondantes et leur contrôle, la section 5 décrit les
méthodes de collecte des données, la section 6 explique le
déroulement de la collecte des données, la section 7 indique les
aspects éthiques de la recherche, la section 8 donne le plan de
traitement et d'analyse des données et enfin, la section 9
démontre les limites de l'étude.
3.1 Devis de recherche
Il s'agit d'une étude épidémiologique
d'observation, à visée analytique. Cette recherche utilise le
devis explicatif. Ce devis cherche à déterminer si le SSEp est un
facteur d'exposition qui serait lié aux traits psychologiques de
l'adolescent.
Nous avons opté pour l'étude de cohorte
rétrospective parce que l'exposition et la maladie sont
déjà observables au moment où commence cette recherche.
L'enquête exposés non-exposés qui est
réalisée en population générale pour étudier
la relation entre l'exposition à un SSE bas des parents et la maladie
qu'est la perturbation des traits psychologiques de l'adolescent, porte sur les
adolescents de deux sexes, âgés de 12 à 19 ans (l'âge
moyen : 15,5 ans) au jour de l'enquête, habitant avec leurs
parents/tuteurs à Ngiri-Ngiri ou à Gombe depuis au moins le
1er janvier 2007.
Dans cette étude, les exposés
(E+) sont des adolescents qui ont vécu avec
leurs parents/tuteurs à Ngiri-Ngiri/Gombe, avec un SSE bas depuis au
moins deux ans soit le 01/01/2007, de façon permanente ; le SSE bas
étant entendu comme : situation de chômage/travail non ou mal
rémunéré (pour l'emploi), le niveau d'instruction
inférieur ou égal au graduat chez le parent/tuteur
(scolarité) et le revenu familial inférieur à 600 $ US
pour les deux parents par mois (revenu). Et, les non-exposés
(E-) sont des adolescents qui ont vécu avec
leurs parents/tuteurs à Gombe/Ngiri-Ngiri, avec un SSE
élevé, depuis la même période, de façon
permanente ; le SSE élevé étant entendu comme :
situation de travail bien rémunéré ou d'affaires
privées lucratives (emploi), le niveau d'instruction équivalent
au degré de licence ou post licence chez le parent/tuteur
(scolarité) et le revenu familial supérieur à 600 $ US
par mois pour les deux parents (revenu).
Etant donné qu'il s'agit d'une enquête
rétrospective, nous avons défini de manière
générale les unités statistiques : les adolescents,
comme des jeunes individus qui s'adaptent bien aux adversités du milieu
(familial) tout en maintenant une bonne estime de soi. Sont alors
considérés comme malades (M+), les
adolescents présentant une mauvaise résilience et/ou une mauvaise
estime de soi. Par ailleurs, sont considérés comme non-malades
(M-), les adolescents présentant une bonne
résilience et/ou une bonne estime de soi.
L'exposition est mesurée à l'aide du
questionnaire et la maladie est mesurée à l'aide des
échelles. Le devis prévoit une comparaison entre les
exposés et les non-exposés. Toutefois, même si elle est
analytique, en tant qu'étude observationnelle, cette recherche ne
prévoit aucune manipulation d'une quelconque variable. La récolte
de l'information se fait de manière instantanée ou transversale.
Il y a possibilité d'introduction des biais dans cette étude
; cependant, quelques stratégies de contrôle
développées dans ce chapitre permettront de les minimiser.
3.2 Milieu de l'étude
L'étude est menée dans deux communes de la
ville-province de Kinshasa : les communes de Ngiri-Ngiri et de la Gombe.
Ces communes ont été tirées au hasard par la
méthode de l'urne sur l'ensemble des 24 communes qui composent la ville
de Kinshasa. La commune de Ngiri-Ngiri fait partie de la cité kinoise
où les conditions de vie semblent être précaires
(conditions d'habitation sordides, faible pouvoir d'achat, desserte en eau et
électricité irrégulière dans les ménages,
les voies de circulation quasiment impraticables...), ce qui est
considéré comme la défavorisation (exposition) pour les
adolescents. Par ailleurs, la commune de Gombe compte parmi les communes dont
la grande majorité des habitants appartiennent à une classe
sociale très favorisée, vivant dans les conditions presque
contraires à celles précitées, ce qui est
considéré comme la non-exposition. Les deux communes retenues
semblent présenter les caractéristiques générales
du milieu urbain kinois. Les lignes qui suivent décrivent succinctement
les communes retenues en fixant le regard sur les caractéristiques
socioéconomiques et sanitaires.
3.2.1 Commune de Ngiri-Ngiri
Cette entité politico-administrative est
géographiquement limitée au Nord par l'avenue Kasa-Vubu et la
commune de Kasa-Vubu, au Sud par la rue Kwilu et la commune de Bumbu, à
l'Est par l'avenue Elengesa et la commune de Kalamu et à l'Ouest par
l'avenue de Libération (ex-24 Novembre) et la commune de Bandalungwa.
Cette commune a une superficie de 3,500 Km2 et une densité de
28.369 habitants/Km2. Jusqu'à décembre 2008, la
commune a compté 99.292 habitants et la population adolescente a
été estimée à 19.545 personnes soit 19,68%.
Cette commune se caractérise par :
- Sur le plan social, le taux d'analphabétisme
relativement élevé ; les inégalités sociales
avec absence de la classe moyenne ; la condition
inférieure de la femme ; les conditions d'habitation
précaires (promiscuité avec construction anarchique,
aération insuffisante, dessertes en eau et électricité
irrégulières, manque de dispositifs de gestion des déchets
solides et liquides qui aggrave l'insalubrité et la pollution
environnementale...) ; la pullulation des églises (surtout de
Réveil) et des terrasses/bars sur chaque avenue au jour le jour, ce qui
favorise une accentuation des bruits et l'abus d'alcool/drogues dans la
population juvénile ; les conditions de logement, de travail et de
transports entraînent des cadences épuisantes qui aggravent
considérablement des tensions psychologiques génératrices
des problèmes de santé mentale et physique chez les jeunes voire
les adultes.
- Sur le plan économique, le taux de
chômage demeure élevé ; on note la modicité de
salaire pour ceux qui travaillent ; le revenu familial n'atteint
même pas, selon les autorités municipales, le seuil de 500 $ US
par mois, la conséquence en est donc la pullulation des activités
du secteur informel où la femme reste une plaque tournante ; face
à ces situations, nombre des parents acceptent de travailler comme
manoeuvres, gardiens, travailleurs journaliers... pour nourrir les familles. La
plupart des personnes sont pauvres/défavorisées, pourrait-on
dire.
- Sur le plan sanitaire, la recrudescence des
maladies dites de pauvreté : maladies transmissibles, pathologies
maternelles et infantiles, les maladies carentielles... on estime à une
personne sur trois qui souffre de la faim ; ce problème
étant lié à la fois aux facteurs économiques,
éducatifs et démographiques (familles trop nombreuses avec un
taux d'accroissement supérieur à 2%) ; les carences
alimentaires et nutritionnelles, l'insuffisance d'hygiène du milieu, les
maladies et la faim empêchent les parents de travailler, ce qui retient
beaucoup de ménages dans le cycle infernal de la pauvreté.
Malgré ces problèmes, la démographie sanitaire reste
toujours relativement faible, les structures des soins de santé
demeurent insuffisantes et en état de
délabrement(1).
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