2.5.2 Théorie de stress et coping
Nombre des auteurs pensent que lorsqu'on parle de coping, cela
suppose que le stress est soit préalablement, soit simultanément
présent. Cette théorie est constituée de deux grands
concepts : Evaluation cognitive et stratégies de coping. Cette
étude se propose d'examiner le dernier concept qu'est la
résilience.
Lazarus (1999) ainsi que Somerfield et MacCare (2000)
cités par Desbiens (2006) indiquent que le concept de coping que
d'aucuns qualifient de résilience ou adaptation psychologique, s'utilise
beaucoup dans les domaines de psychologie, des sciences infirmières, y
compris celui de psychiatrie et santé mentale. Ce concept se lie
intimement à l'autre appelé : le stress, dans le domaine de
psy (c'est-à-dire psychologie, psychiatrie, psychopathologie...). A ce
titre, le coping joue la médiation entre la source (stresseur) et la
réponse émotionnelle.
Lazarus stipule que le stresseur constitue une situation
inconfortable de vie que l'individu préfère changer, tandis que
les mécanismes d'ajustement psychologique (coping) représentent
un effort pour gérer la situation comme telle et les émotions par
cette circonstance, dans le but d'en diminuer ses effets néfastes sur
les plans psychobiologiques et social en vue de favoriser le maintien de
bien-être, de l'estime de soi et de qualité de vie de la personne
tel que l'a souligné Desbiens (2006).
L'auteur précité a indiqué que
« une des caractéristiques majeures et un apport essentiel
de la théorie de Lazarus et Folkman consiste à considérer
les phénomènes de stress, du coping ou de l'adaptation comme un
processus, à l'intérieur duquel l'évaluation et les
stratégies de coping exercent un rôle médiateur entre
l'exposition au stress et la réponse émotionnelle de
stress ».
Ci-dessous sont brièvement décrites
l'évaluation cognitive et les stratégies de coping. Mais dans le
cadre cette recherche, seules les stratégies adaptatives (de coping)
sont prises en compte.
a. Évaluation cognitive
Les théoriciens de coping ont pensé que la
perception du stresseur compte beaucoup plus que la réponse
émotionnelle. Pour ces chercheurs, les différences individuelles
permettent d'apprécier l'adaptabilité de l'individu face aux
situations adverses. L'évaluation cognitive a été
subdivisée en trois catégories : i) l'évaluation
primaire qui consiste à apprécier la portée de la
situation et le niveau de stress perçu, cette situation étant
jugée menaçante, dangereuse..., ii) l'évaluation
secondaire qui évalue les sources dont dispose l'individu pour affronter
l'agent stressant et enfin, iii) la réévaluation ou
l'évaluation tertiaire qui illustre que le processus du stress ne semble
pas linéaire (Desbiens, 2006).
La même source indique que « lorsqu'une
situation est perçue comme stressante, les stratégies de coping
permettent à la personne de gérer la situation et la
réponse émotionnelle ».
b. Stratégies de coping
Les stratégies d'ajustement psychologique s'expriment
bien souvent en termes d'actions cognitives et comportementales. Une
stratégie de coping s'emploie lorsqu'on veut résoudre un
problème ou le modifier surtout quand ce problème est
perçu comme un agent stressant. L'adaptation psychologique,
d'après ses fonctions, est centrée sur le stresseur, ce qu'on
appelle la planification et la résolution du problème ; soit
centrée sur les émotions ; dans ce dernier cas, il s'agit de
l'évitement, de la distanciation et de la réinterprétation
positive (Desbiens, 2006).
Le recours aux premières stratégies
(centrées sur le problème) est de mise dans la mesure où
l'individu se reconnaît capable de surmonter le problème, alors
que les secondes stratégies (centrées sur les émotions)
prédominent lorsque l'individu aura l'impression que l'adversité
ne peut pas être modifiée, il faut la subir et la tolérer
(Desbiens, 2006).
En s'appuyant sur certaines propositions, Desbiens
(2006) soutient que les stratégies de coping devraient être
reparties en trois classes : une stratégie émotionnelle, une
stratégie comportementale (qui sont toutes de nature active) et une
stratégie cognitive ou de réévaluation (qui est de nature
passive). Il a ajouté que « ...les chercheurs
pensent que la quête de sens constituent une stratégie
d'adaptation cognitive mise en place lorsqu'une personne est confrontée
à un stresseur perçu comme majeur en importance et qui ne peut
être modifié. Cet événement peut correspondre
à une maladie sévère, à un traumatisme ou à
une perte...incluant les deuils ».
Etant susceptible de produire l'effet attendu qui est
l'adaptation positive aux adversités du milieu familial, ce concept de
quête de sens a été intégré aux notions de la
théorie de stress et de coping de Lazarus et Folkman
étudiée dans ce texte.
Quête de sens en tant que stratégie
d'adaptation psychologique
Miles et Crandall (1986 ; dans Desbiens, 2006) ont
pensé que la quête de sens intervient de manière
primordiale dans l'adaptation des personnes en situation de deuil. D'autres
auteurs ont ajouté que face aux stresseurs permanents, les
stratégies adaptatives sont reliées à la quête de
sens en vue de produire des effets bénéfiques. C'est pourquoi
Park et Folkman (1997 ; dans Desbiens, 2006) ont suggéré que
le cadre théorique de Lazarus et Folkman soit élargi en
intégrant le concept de la quête de sens.
Le sens lui-même veut dire
« perception de signification ou
signifiance ». Il fait appel aux croyances et aux buts
fondamentaux d'une personne qui influencent sa vision et sa
compréhension du monde ; ses attentes envers le futur et
constituent de ce fait la source de la motivation dans sa vie, poursuit
Desbiens (2006).
Il se subdivise en : sens situationnel (qui englobe la
quête de sens, le résultat associé et l'évaluation
cognitive du sens), le coping et la réponse émotionnelle.
L'interaction environnement - sens situationnel constitue le sens global. S'il
y a divergence entre le sens situationnel et le sens global, alors que
l'adversité est perçue comme étant stressante, la
détresse émotionnelle peut alors s'installer. S'il y a
modification de perception du sens (situationnel/global), il n'y aura pas
divergence et, ainsi donc, on parlera d'une adaptation réussie
(Desbiens, 2006).
2.6 Résumé des variables à
l'étude
La santé mentale de l'adolescent subit plusieurs
influences. Le parent est l'un des acteurs. Le profil des parents comme
antécédent, comporte une variable prédictive soumise
à l'examen ; il s'agit du SSE qui comprend ses trois
dimensions : scolarité des parents, emploi (profession) et revenu
familial. Du point de vue de ce SSE, la défavorisation (pauvreté)
paraît le socle de la perturbation de l'équilibre mental des
enfants/adolescents. Les parents étant devenus presqu'incapables de
prendre soin de leurs enfants. En ce qui concerne la santé mentale des
adolescents, nous avons retenu deux traits psychologiques :
l'adaptation psychologique et l'estime de soi qui sont les
deux variables sous examen.
Cette caractéristique parentale fait que nombre des
parents ne sachent prendre en charge leurs enfants/adolescents. Ce qui fait que
le mental de l'adolescent soit affecté notamment son adaptation
psychologique et son estime de soi, face à la précarité
des conditions socioéconomiques des parents.
En finalité, dans cette recherche au regard des
approches relatées, quelques hypothèses
épidémiologiques sont émises pour vérifier les
associations existant entre le SSE parental et la résilience/l'estime de
soi des adolescents.
2.7 Hypothèses de travail
Si H0 = hypothèse
nulle, P0 = prévalence des traits
psychologiques (résilience et estime de soi) des adolescents dont les
parents ont un SSE bas.
Si H1 = hypothèse
alternative, P1 = prévalence des traits
psychologiques (résilience et estime de soi) des adolescents dont les
parents ont un SSE élevé.
- H0 : P0 =
P1 Il n'existe pas d'association entre le SSE parental et les
traits psychologiques (résilience et estime de soi) des adolescents.
- H1 : P0 >
P1 Il existe une association positive entre le SSE parental et les
traits psychologiques (résilience et estime de soi) des
adolescents.
L'opérationnalisation des variables c'est-à-dire
les dimensions des variables et les échelles de mesures aidera à
affiner ces hypothèses de travail.
La figure 1 ci-dessous montre le modèle
hypothétique proposé pour expliquer l'influence du profil
parental sur la santé mentale des adolescents.
Influence
Influence réciproque
Figure 1. Modèle hypothétique de la
relation binaire parent-adolescent
Statut socioéconomique
Résilience
Estime de soi
La recension des écrits a permis de maîtriser les
concepts à l'étude ainsi que le cadre théorique
appliqué à celle-ci. Après avoir mis au point les
connaissances sur la question, la démarche ultime s'attachera à
démontrer les voies et moyens utilisés pour réaliser la
recherche ; ce qui constituera le prochain chapitre.
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