5.3 Hypothèses de travail et nouvelles
hypothèses
Les taux de prévalences de l'exposition et des maladies
à l'étude ont été supérieurs chez les
adolescents des parents ayant un SSEp bas par rapport aux adolescents des
parents ayant un SSEp élevé. Les résultats des analyses
comparatives ont conduit à la confirmation de l'hypothèse
alternative. La démarche ayant abouti, nous pensons actuellement
qu'au-delà de l'association examinée :
- Le SSE bas des parents a la même influence sur la
santé mentale des adolescents des milieux péri urbains et
ruraux.
- La monoparentalité est un facteur d'exposition pour
la résilience et l'estime de soi des adolescents citadins.
- La défavorisation parentale est un facteur favorisant
de la délinquance adolescente un milieu urbain.
- L'abus des substances psycho actives par des parents
défavorisés a un effet sur la santé mentale des
adolescents citadins.
Ces quelques hypothèses appellent les chercheurs
à la réflexion en vue d'y apporter des solutions.
5.4 Limites de l'étude
Quelques facteurs avantagent les résultats de la
présente recherche ; d'autres plutôt sont susceptibles de
limiter la portée de ces résultats. Il est question de plus
développer les facteurs qui limitent la portée de l'étude
car ils permettront aux futurs chercheurs de voir clair sur la question. Les
plus importants de ces facteurs sont repris ci-dessous :
Forces de l'étude
- Bon nombre de chercheurs qui mènent des études
sur la santé mentale des jeunes recueillent les informations par
l'intermédiaire des parents, des tierces personnes ou encore des
dossiers médicaux et judiciaires (Burke & Forth, 1996 ; De Vita
et coll., 1990 ; Rey et coll., 1996 ; dans
Laroche, 1998) ; la tierce personne étant moins informée de
la santé mentale d'un proche que la personne elle-même, les
données de cette étude ont été
récoltées chez la personne concernée afin de garantir la
fiabilité.
- La forte participation des adolescents à cette
étude a contribué à la réduction de la
possibilité de biais de sélection qui pouvait affecter la
représentativité des participants. L'équivalence entre les
groupes en fonction des caractéristiques sociodémographiques a
également contribué à cette atténuation. La
stratification a permis d'identifier certains biais de confusion tels
que : l'âge et le sexe des participants.
- Dans plusieurs études sur la santé mentale et
les variables familiales, les informations recueillies sur les variables le
sont à l'aide d'instruments - maison dont la validité et la
fiabilité n'ont été que préalablement
vérifiés à mêmes les données (Burke &
Forke, 1992 ; dans Laroche, 1998). La confiance qui peut être
accordée aux résultats de la présente étude est
accrue grâce à l'usage d'instruments ayant préalablement
fait preuve de validité et de fiabilité auprès
d'échantillon d'adolescents de différents coins ; ces
instruments ayant été pré testés et amendés
une fois de plus.
- Le type d'étude choisi a l'avantage de reconstituer
rapidement et facilement l'exposition et d'établir instantanément
la relation entre ce facteur et la maladie.
Faiblesses de l'étude
- Cette étude a concerné la santé mentale
des adolescents en milieu familial. En tant qu'enquête de comportements,
celle-ci n'a pu éclairer que deux indicateurs : résilience
et estime de soi. De plus, le profil parental est un univers très large,
l'étude ne s'est limitée qu'au seul statut socioéconomique
de ces parents. Tout ceci; pour des contraintes temporelles puis
budgétaires.
- Le devis explicatif instantané utilisé pour
réaliser cette recherche ne permet pas de conclure à des liens de
cause à effet. Ainsi, dans cette étude, rien ne semble
déterminer laquelle des variables parentales/juvéniles initie
l'autre. L'établissement des relations de causalité serait
idéalement obtenu par le recours à un devis prédictif
causal et longitudinal prospectif de recherche débutant auprès de
très jeunes enfants ; ce qui va nécessiter un investissement
considérable de temps et de moyens tel qu'indiqué par Laroche en
1998.
- L'étude devrait s'appuyer sur des échelles
psychométriques locales du fait des différences culturelles, cela
n'a pu être réalisé parce qu'il n'existe pas jusqu'à
ce jour des échelles élaborées sur base des
réalités congolaises, ce qui peut conduire à une mauvaise
appréhension du problème. Mais certes, avec les indices de
fidélité et de validité obtenus, cet effet a
été minimisé.
- La prévalence des problèmes de santé
mentale pour la RDC étant indéterminée, il a fallu se
baser sur les données de la littérature internationale. Celles-ci
n'étant pas le reflet de la réalité de la situation
sanitaire congolaise dans ce domaine, elles pouvaient facilement conduire
à une sur/sous-estimation de la taille de l'échantillon.
Heureusement, cette démarche est encore acceptée sur le plan
épidémiologique.
- Les impondérables, les contraintes de temps et
d'argent ont été également l'une des majeures limites pour
cette étude en termes de faiblesse.
- Possibilité de biais de mémoire auprès
des enfants chez qui les événements passés subissent
facilement des distorsions. Heureusement, le choix d'un facteur d'exposition
important et très fréquent milite en faveur de la
résolution de ce problème parce qu'il s'agit d'une exposition
présente presque tous les jours.
Ce chapitre a été consacré à
l'interprétation des résultats obtenus. Nous espérons que
ces résultats qui ont rencontré ceux des travaux des autres
chercheurs à l'issu de cette discussion puissent déboucher sur un
nouvel élan pour les recherches épidémiologiques
orientées vers la santé mentale des adolescents et des
communautés.
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