Conclusion
En vue d'atteindre l'objectif général qui est
d'examiner l'influence du profil parental sur la santé mentale des
adolescents, notamment leurs résilience et estime de soi, neuf objectifs
spécifiques ont guidé la réalisation de ce
mémoire : le premier était d'évaluer le SSE des
parents de Ngiri-Ngiri, le deuxième était d'évaluer le SSE
des parents de Gombe, le troisième était de comparer le SSE des
parents de Ngiri-Ngiri à celui des parents de Gombe, le quatrième
était d'estimer la prévalence de la résilience chez les
adolescents des parents ayant un SSE bas, le cinquième était
d'estimer la prévalence de la résilience chez les adolescents des
parents ayant un SSE élevé, le sixième était
d'estimer la prévalence de l'estime de soi chez les adolescents des
parents ayant un SSE bas, le septième était d'estimer la
prévalence de l'estime de soi chez les adolescents des parents ayant un
SSE élevé, le huitième était de comparer la
prévalence de la résilience des adolescents dont les parents ont
un SSE bas à celle des adolescents dont les parents ont un SSE
élevé, et le neuvième était de comparer la
prévalence de l'estime de soi des adolescents dont les parents ont un
SSE bas à celle des adolescents dont les parents ont un SSE
élevé.
Synthèse
La recension des écrits rapportait que les adolescents
élevés par les parents ayant un SSE bas sont susceptibles de
développer les problèmes de santé mentale. La
défavorisation parentale aurait donc un effet sur l'équilibre
mental de l'adolescent notamment sa résilience et son estime de soi.
Ces liens examinés ont semblé parfois constants
et persistants dans le temps puisqu'ils ont eu lieu tant dans l'enfance que
l'adolescence. Certains écrits recensés ont aussi laissé
entrevoir que les filles seraient plus touchées par ces problèmes
que les garçons, en plus de leur vulnérabilité. Peu
d'études recensées se sont penchées sur la question et
aucune d'entre elles n'a plutôt pas exactement examiné cette
association dans une perspective épidémiologique. C'est pourquoi
nous avons proposé une recherche visant à combler un manque des
connaissances en ce sens.
A la lumière des écrits recensés, le
cadre de référence théorique composé des concepts
de la théorie d'attachement parent-enfant et celle de stress et coping,
appuyées par les concepts du modèle hypothétique de la
relation binaire parent-adolescent, propre à cette étude, a
été utilisé pour vérifier ces associations. Selon
les écrits se rapportant à ce cadre de référence,
une relation déficiente entre parent et enfant liée à la
pauvreté du parent influe considérablement sur l'équilibre
psychosocial de l'adolescent. La question principale de cette recherche
était formulée comme suit : Quelle influence le profil
parental a-t-il sur la santé mentale des adolescents en
milieu urbain ? L'hypothèse alternative suggérait qu'il
existe une association entre le SSEp et les traits psychologiques
(résilience et estime de soi) des adolescents.
Les résultats obtenus en analyses descriptives ont
indiqué que la prévalence de l'exposition au SSEp bas est plus
élevé en milieu supposé défavorisé que
celui favorisé ; les taux de la désadaptation et de la
mésestime sont élevés en milieu défavorisé
que celui favorisé. Les analyses comparatives ont donné des
résultats qui ont permis de confirmer l'hypothèse alternative
d'association entre SSEp et Rs/SE. Selon ces résultats, nous pourrions
répondre que la pauvreté des parents aurait une influence directe
sur la santé mentale de leurs enfants. Contrairement à certains
écrits recensés, cette étude montre que les garçons
sont plus concernés que les filles par le problème
étudié.
Bien que certaines associations se soient
révélées de faible magnitude à l'issue des analyses
ajustées ; néanmoins, les connaissances apportées
dans cette recherche sont intéressantes pour la société et
la communauté scientifique, particulièrement les
épidémiologistes, les intervenants et chercheurs en psychiatrie -
santé mentale, en santé communautaire ou publique car elles se
montrent porteuses de lumière pour les interventions préventives
en faveur de la santé mentale des adolescents encore rattachés
aux domiciles parentaux. Nous présentons des suggestions à cet
égard sur les lignes qui suivent.
Implications pratiques pour la
société
Cette étude rappelle la nécessité que la
société a d'investir temps et argent dans la source
précieuse, de plus en plus en détresse, que sont les
enfants-adolescents et les familles ; parce que dit-on, l'enfant est
l'avenir de la nation et la famille est une communauté en
miniature. Il est important de s'assurer que chaque enfant/adolescent au sein
de la communauté urbaine bénéficie de toutes les
conditions nécessaires à son bon développement afin de
prévenir les problèmes de santé mentale qui pèsent
lourd sur le budget des familles et communautés. Cette volonté
devrait être tant économique qu'humaine pour permettre
l'épanouissement personnel et le bien-être complet des enfants
dans les relations familiales et sociales ainsi que dans la vie en
général.
Pour certains chercheurs, il semble encore difficile pour les
décideurs de reconnaitre qu'une partie de la population, la
défavorisée, est particulièrement aux prises avec ces
problématiques humaines. Ce faisant, dans le confort économique
qui caractérise les favorisés, ils risquent d'en avoir une
conscience gâchée, a souligné Leblanc (2007). Il est plus
que nécessaire de soutenir économiquement et socialement les
parents pauvres pour qu'ils promettent la croissance de leurs enfants ;
parce que la santé mentale des enfants est d'une importance capitale.
Loin de nous l'idée de minimiser les actions qui sont
menées en faveur des familles pauvres. Loin de nous l'idée de
minimiser les interventions des acteurs de santé mentale, de
santé communautaire/publique. Mais ces actions, si elles sont
multipliées, elles peuvent contribuer considérablement à
la prévention des problèmes de santé mentale des enfants
exposés au SSEp bas.
Éliminer les facteurs d'exposition liés
à la maladie étudiée
Il est nécessaire pour les décideurs et
intervenants de :
- Réduire la pauvreté en offrant des emplois
décents et rémunérateurs aux parents
défavorisés ;
- Limiter l'exposition à la défavorisation par
un encadrement des parents et enfants en situation des crises
socioéconomiques ;
- Lutter contre la pauvreté, l'exclusion sociale ou la
partialité.
Augmenter les facteurs de protection
Il faudrait en revanche :
- Favoriser l'accès aux structures éducatives et
sanitaires des enfants issus des familles défavorisées ;
- Soutenir les interventions d'encadrement psychosocial et de
santé mentale des parents et enfants pauvres ou de faible SSE ;
- Donner une éducation pour adultes aux parents
défavorisés sur la relation parent-enfant.
Implications pour les pratiques de santé
mentale
L'influence des parents sur l'enfant en développement
aurait avantage à être mieux connue par les professionnels de
santé mentale, communautaire/publique, tant intervenants que chercheurs,
pour réduire/éliminer les pratiques néfastes
utilisées à défaut de mieux en psychiatrie - santé
mentale et dans d'autres structures de soins, comme la médication
excessive des enfants et des jeunes.
Les professionnels de santé, par des connaissances
rudimentaires dans ce domaine, semblent adopter une conception fataliste de
l'adolescent souffrant, selon laquelle ses caractéristiques seraient
l'état d'une maladie ou d'un syndrome qui nécessite des doses de
neuroleptiques. Et pourtant, en agissant ainsi, on perpétue à ces
adolescents les perceptions qu'ils sont malades, ce qui ne présage rien
de bon pour leur avenir. Il est donc souhaitable que les professionnels de
santé, quels que soient leurs domaines d'intervention, soient
formés au dépistage et aiguillage des adolescents
soupçonnés mentalement affectés.
Perspectives de recherche
Il serait intéressant que les futures recherches
examinent d'autres associations qui s'inscrivent dans les relations
parents-adolescents. Par exemple : la relation entre la
monoparentalité et la santé mentale des adolescents
citadins ; l'influence des facteurs culturels sur la santé mentale
des enfants ; l'impact des abus des substances psycho actives par des
parents sur la santé mentale des adolescents... Pour ce qui concerne
cette recherche, il convient de vérifier encore cette association chez
les adolescents des milieux péri urbains et ruraux. L'étude
pourrait aussi se réaliser en milieu clinique et scolaire. La taille de
l'échantillon peut être revue sur base des résultats de
cette recherche. On peut recourir à un devis longitudinal prospectif en
utilisant le cadre théorique des neurosciences pour émettre des
hypothèses d'épidémiologie prédictive sur les
compétences sociales et scolaires futures de ces cohortes. On peut
réaliser une étude d'intervention tout en attirant l'attention
aux causes éthiques.
Enfin, nous appelons au développement d'intervention en
épidémiologie et en santé communautaire et/ou en
santé mentale pour promouvoir la qualité de relation
parent-adolescent.
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