I.3. La structure du commerce extérieur
Le tableau 1 (sur la page qui suit) montre la part importante
qu'occupent les biens primaires dans les exportations des pays membres de la
CEDEAO.
Au Sénégal par exemple, les produits
halieutiques représentent le tiers des exportations. Et bien que cela
puisse faire l'objet d'une transformation sur place et générer de
la valeur ajoutée, la proportion de poissons entiers frais ou
congelés dépasse 85 %. Au Burkina Faso, Mali, Bénin et
Togo, le coton atteint ou dépasse 50% du montant des exportations. Sur
les millions de tonnes produites par la région, 95 % sont
exportées sous forme de coton fibre, sans faire l'objet d'aucune
transformation. La proportion est identique en ce qui concerne les grains, qui
ne sont pas plus utilisées dans les chaînes agro-alimentaires
régionales que ne le sont les tourteaux. La Côte d'Ivoire, quant
à elle, dépend toujours fortement de la demande de cacao et de
café malgré la crise interne qui la secoue depuis 2003. Les
exportations nigérianes d'hydrocarbures représentent de leur
coté 94 % des recettes d'exportations du pays. Le tiers de ce total est
ensuite réimporté après avoir été
raffiné à l'étranger.
Pour certains auteurs, la prédominance des
hydrocarbures dans les exportations du Nigeria, fait que cette dernière
sera un poids pour les autres Etats membres de la CEDEAO
dans le cadre d'une Union monétaire, en
référence au critère de la symétrie des chocs ;
même si la réserve commune de devises peut être
utilisée en cas de chocs externes.
Tableau 1 : Principaux produits exportés de 13
Etats membres de la CEDEAO en 2003
|
Pays
|
|
Produits dont la part dans les exportations extra-CEDEAO est
d'au moins 10%
|
Bénin
|
|
Coton (59%) ; noix de cajou, de coco, du Brésil (11%)
|
Burkina Faso
|
|
Coton (64%)
|
Côte d'Ivoire
|
|
Cacao (61%)
|
Guinée-Bissau
|
|
noix de cajou, de coco, du Brésil (85%)
|
Mali
|
|
Coton (85%)
|
Niger
|
|
Uranium (54%) ; animaux vivants (20%)
|
Sénégal
|
|
Pétrole raffiné (16%) ; dérivés du
phosphore (12%)
|
Togo
|
|
Ciment (29%) ; coton (13%)
|
Gambie
|
|
Arachide (17%)
|
Guinée
|
|
Aluminium (60%)
|
Ghana
|
|
Cacao (52%)
|
Nigeria
|
|
Hydrocarbures (94%)
|
Sierra Leone
|
|
Diamants (58%) ; café (22%)
|
|
Source : Nations Unies, base contrade,
www.intracen.org
|
|
Si on peut affirmer avec Diallo (1996), Ouédraogo
(1999), et Dedehouanou (2002) que la CEDEAO ne constitue pas une zone
monétaire optimale (ZMO), on peut aussi soutenir qu'avec ses
caractéristiques propres, elle offre un argument pour construire une
Union monétaire. En effet, les obstacles à la mobilité des
facteurs de production, le mauvais fonctionnement du marché du travail,
les causes de l'extrême extraversion de la zone, notamment le poids des
produits primaires et la faiblesse du commerce intra régional, peuvent
être levés dans le cadre d'une plus grande intégration des
économies en Afrique de l'Ouest. Même si, pour ces auteurs la
chose n'est pas explicitement exprimée, elle transparaît cependant
à travers ces notes de Ouédraogo (2003) pour qui : «à
la notable exception du Nigeria, (...) l'extension de l'UEMOA à tout
autre Etat de l'Afrique de l'Ouest se traduira par
un relèvement du critère (importance des
échanges réciproques) et donc un progrès vers
l'optimalité de la zone monétaire».
Vu que la théorie est orientée sur le non
recours à l'instrument taux de change, quels avantages la CEDEAO peut
elle avoir à abandonner le taux de change comme instrument de
stabilisation face aux chocs externes ?
|