Fondamentalement, la décision de créer une
union monétaire devrait en principe se baser sur les
caractéristiques structurelles des économies des Etats
concernés, au regard de ce que cette Union peut leur offrir comme
avantages, d'une part ; mais aussi, comme inconvénients d'autre part.
Cela dit, les avantages et inconvénients de la participation d'un pays
à une Union monétaire sont, ci-dessous,
répertoriés.
II.1 Les avantages de la participation à une
union monétaire
Dire qu'une zone monétaire est optimale revient
à admettre que les pays qui la composent n'ont pas besoin d'avoir
recours aux modifications de leurs taux de change dans le cadre de leurs
relations commerciales et financières réciproques. Au nombre des
avantages qui résultent de la participation d'un Etat à une Union
monétaire, on a : les avantages qui découlent de la
stabilité des changes et la discipline financière,
essentiellement.
II.1.1. Les avantages de la stabilité des
changes
Dans une Union monétaire, la fixité
irrévocable des parités entre les monnaies, permet de
développer les échanges, en minimisant les pertes de change et en
favorisant la levée des barrières non tarifaires telles que le
contrôle des changes. La monnaie unique élimine les risques de
changes qui grèvent le coût des transactions ; elle réduit
les risques liés à
l'incertitude des prix et élimine les flux de capitaux
spéculatifs liés au différentiel des taux de change.
En effet, avec la stabilité des changes qu'induit une
monnaie unique dans une Union monétaire, les transactions entre Etats
membres ne sont plus sujettes à des risques de change de conversion, ni
plus qu'elles n'offrent une incertitude face aux prix futurs des biens et des
services. Etant donné que les agents économiques basent leurs
décisions de production, de consommation et d'investissement sur
l'information des prix, une grande incertitude concernant le taux de change
futur réduit la fiabilité du système de prix comme
mécanisme d'allocation des ressources. L'incertitude des prix engendre
la hausse du taux d'intérêt réel dans la mesure où
les investisseurs dans un tel environnement auront tendance à
réclamer une prime de change supérieure afin de se
protéger contre l'échec potentiel de l'investissement. Aussi, la
création d'une zone monétaire augmente l'étendu et la
profondeur du marché et réduit par conséquent la
volatilité des prix ainsi que la possibilité des
spéculateurs d'influencer les prix et donc de perturber la politique
monétaire menée.
II.1.2. La discipline financière
C'est aussi l'un des grands avantages que l'on
reconnaît à l'intégration monétaire. La
définition d'une politique monétaire à un échelon
supra national est donc de nature à limiter les pressions politiques de
tout ordre sur le Gouverneur de la Banque centrale d'un pays particulier. Ce
faisant, la maîtrise de l'inflation devient un objectif à
portée de main et la monnaie gagne en réputation, voire en
crédibilité (Giavazzi F. et Giovannini A. (1989)). Aussi, vu que
la politique monétaire échappe aux autorités politiques
des Etats, une plus grande coordination des politiques économiques aura
tendance à s'imposer à eux faisant ainsi de l'Union
monétaire, un élément catalyseur de la coordination, voire
de l'harmonisation des politiques économiques. Mais la
coopération monétaire dans le cadre d'une Union monétaire
comporte aussi des coûts non négligeables pour les Etats.
II.2. Les inconvénients de la participation d'un
pays à une Union monétaire
Parmi les inconvénients liés à la
participation d'un Etat à une Union monétaire, on compte la perte
de l'instrument taux de change, la perte de l'autonomie monétaire, les
coûts de transition et d'autres coûts liés aux effets
externes négatifs.
II.2.1. La perte de l'instrument taux de
change
Le taux de change a souvent été un
élément correcteur des perturbations de la demande, des
coûts et des prix.
En effet, à court terme une dévaluation du taux
de change occasionne une hausse des prix des importations qui entraîne
à long terme une hausse des prix et des coûts internes. Pour les
classiques, l'effet produit à court terme par la dévaluation
s'annihile à long terme en ramenant la compétitivité de
l'économie à son niveau national d'antan. Avec De Grawve (2000),
le taux de change, en variant, a des effets temporaires sur les variables
économiques.
On peut ainsi dire que dans le court terme, la politique de
change agit avec plus de célérité sur les salaires et prix
réels (ceux-ci n'étant pas totalement flexibles), qu'une
politique de réduction de dépenses publiques. Si donc un pays
opte pour une politique de change, c'est pour se protéger des effets
déflationnistes sur sa production nationale. Ce faisant, la perte de
l'instrument taux de change constitue un coût pour un pays lors de son
adhésion à une Union monétaire.
II.2.2. La perte de l'autonomie
monétaire
Avec l'Union monétaire, la politique monétaire
d'un pays se décide au niveau supra. L'expérience de l'UEM (Union
Economique et Monétaire) et la période de Bretton Woods ont
révélés que cette politique se définissait
désormais au niveau de l'Union par le pays pôle du
système6. Le coût de la perte de cette politique se
traduit par une fluctuation cyclique plus forte et s'aggrave avec
l'asymétrie des chocs par rapport aux autres pays membres. Par ailleurs,
un chômage frictionnel supérieur peut affecter un pays
confronté à des prix nominaux ainsi qu'à des
rigidités salariales supérieures à celles des autres
membres de l'Union et ce , à partir du moment où la zone
monétaire connaîtrait un taux d'inflation bas. L'absence
d'autonomie monétaire conduit donc ce pays à connaître une
inflation élevée par suite de son incapacité à
réduire ses dettes. C'est donc la possibilité d'agir sur la
stabilisation des cycles conjoncturels qui est retiré à chaque
Etat membre dans une Union monétaire.
II.2.3. Les coûts de transition
L'intégration monétaire comporte des coûts
de transition qui sont entre autres les coûts de l'impression et de la
fonte d'une nouvelle monnaie (« coinage costs »), les coûts
de
6 Dans l'UEM, la politique monétaire
était alignée sur celle de l'Allemagne ; et pendant la
période de Bretton Woods, le système monétaire
international dépendait du dollar américain (Etat Unis).
création d'une nouvelle autorité supranationale
bancaire et les coûts d'ajustements nécessaires par les
entreprises et marchés. La mauvaise définition de la
parité de taux de change peut nuire à un pays membre d'une union
monétaire si celle-ci le rend moins compétitif par rapport aux
autres membres.
II.2.4. Les coûts liés aux effets externes
négatifs
Comme coûts liés aux effets externes
négatifs pour un pays, on a par exemple, le cas où un pays ayant
subi des déficits budgétaires considérables doit voir sa
dette monétisée. Dans ce cas, la zone assisterait à une
hausse du taux d'intérêt et une perte de confiance internationale
dans la monnaie unique. Si le pays bénéficiait d'une
stabilité monétaire avant l'intégration monétaire,
ces coûts vont s'avérer particulièrement
élevés.
A la lumière de ce qui précède, on est
en droit de se demander si la CEDEAO est une zone monétaire optimale ;
sinon quels sont les arguments en faveur de la création d'une Union
monétaire pour toute la CEDEAO.