II. CADRE THEORIQUE DE
LA BONNE GOUVERNANCE AU NIVEAU DES DEPENSES PUBLIQUES
Dans cette première partie, nous instituons le cadre
théorique de l'analyse que nous ferons de la bonne gouvernance au niveau
des dépenses publiques au Burkina. Après un bref aperçu
historique de la bonne gouvernance au niveau économique, nous nous
intéressons en second lieu aux critères de bonne gouvernance que
nous avons retenu pour notre étude et aux obstacles que pourraient
rencontrer les pays en développement notamment en Afrique pour mettre en
oeuvre les différents changements institutionnels requis pour une
meilleure gouvernance. Enfin, le dernier volet de cette partie est
consacré au lien entre la bonne gouvernance et l'efficacité des
dépenses publiques dans une optique de réduction de la
pauvreté.
A. Aperçu historique de la bonne
gouvernance en économie
Les économistes dès le XIXème
siècle ont identifié le rôle des facteurs de production
à savoir le capital et le travail qui expliquent en partie la
croissance, reste un large facteur inexpliqué, qui a été
associé au progrès technique et à la façon dont
sont combinés les facteurs entre eux. Les modèles
économiques élaborés ultérieurement expliquent en
partie la croissance à long terme par la mobilisation de ces facteurs.
C'est ainsi qu'intervient l'économie institutionnelle dans le dernier
quart du XXème siècle pour ouvrir des voies nouvelles. En effet,
si l'augmentation des quantités de capital et de travail a un impact
positif sur la croissance, qu'est-ce qui permet (ou non) leur
mobilisation ? En outre, il ne suffit pas de mobiliser massivement ces
facteurs pour assurer une croissance durable: qu'est-ce qui rend cette
mobilisation efficace dans la durée ?
Pour Douglas North notamment, ce sont les règles du jeu
en vigueur dans les sociétés, reliant l'ensemble des acteurs
sociaux, y compris l'Etat, qui modèlent les comportements et les
anticipations et concourent (ou non) à la croissance. Ces règles
du jeu, ce système d'incitations, ce sont les institutions, qu'elles
soient formelles ou informelles qui créent le cadre essentiel permettant
à un agent de nouer (ou non) une transaction avec autrui, de s'engager
(ou non)dans un projet à long terme (investir, éduquer ses
enfants), actes au coeur de la création de richesse. Ce cadre procure
(ou non) l'élément fondamental du processus de création de
richesse qu'est la réduction de l'incertitude. Cette réduction de
l'incertitude, c'est la confiance que les individus ont dans
le respect des règles au niveau de l'ensemble de la
société. C'est elle qui
sécurise les transactions et les anticipations des
acteurs. Le questionnement se déplace ainsi vers les
facteurs qui génèrent cette confiance entre acteurs, qui
permettent de réduire l'incertitude dans les relations
économiques, sociales et politiques et comment les susciter ? Sur le
terrain des politiques de développement, les Institutions
Financières Internationales ont apporté une réponse de
facto à ces questions en proposant un outillage
opérationnel décalqué des institutions existantes dans les
pays développés. Cet outillage, c'est la bonne
gouvernance, droits individuels respectés, contrats
sécurisés, administration efficace, institutions
politiques démocratiques qui est présentée comme solution
universelle permettant de générer la confiance nécessaire
à la croissance économique ainsi qu'a la lutte contre la
pauvreté.
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