I. INTRODUCTION
A. Contexte et problématique de
l'étude
Depuis les années 1990, avec la stabilisation
macroéconomique, la bonne gouvernance s'est imposée comme un
impératif universel des politiques de développement. En effet,
les expériences passées et surtout le bilan tiré des
politiques d'ajustement structurel à la fin des années 80 ont mis
en exergue le fait que les réformes purement économiques ne
pouvaient conduire à des résultats durables sans une
réelle volonté politique et une efficacité minimum des
institutions politiques. D'où le rôle de la bonne gouvernance
définit par la banque mondiale comme " la manière par
laquelle le pouvoir est exercé dans la gestion des ressources
économiques et sociales d'un pays au service du
développement ". Aussi dans cette même lancée, nous
avons eu une recrudescence du rôle de l'Etat qui devient « un
Etat stratège » réducteur d'incertitudes, qui se fixe
une vision de long terme, qui finance les dépenses publiques tout en
exerçant un rôle de veille, d'évaluation de prospective et
qui doit aussi coordonner l'utilisation des ressources et les initiatives
privées. Le budget étant l'outil d'excellence par lequel l'Etat
met en oeuvre ses politiques pour atteindre les différents objectifs
qu'il s'est fixé, son exécution passe par des dépenses
publiques. De la même manière qu'il est conçu qu'il ne peut
y avoir de bonne gouvernance sans bon gouvernement, il en est de même du
fait qu'une action efficace et efficiente de l'Etat passe par des
dépenses publiques qui le sont également. Aussi, la bonne
gouvernance concerne t'elle le processus aussi bien en amont comme en aval de
la préparation du budget jusqu'à son contrôle en passant
par son exécution.
Dans le cas du Burkina Faso, Pays enclavé de l'Afrique
de L'Ouest, Il fait partie des pays les plus pauvres de la planète et
occupe le rang de 176ème sur 177 au niveau de L'Indicateur de
Développement Humain (IDH) dans le dernier classement du PNUD de
2007/2008. De plus, le pays est fortement dépendant de l'aide
extérieure. Aussi, le gouvernement burkinabé, au vu de la
pauvreté dont l'éradication est sa préoccupation
première et du peu de ressources financières dont dispose le
pays, doit oeuvrer dans le sens d'une plus grande efficience de ces
dernières donc des dépenses publiques. Le Gouvernement du Burkina
Faso conscient de ces faits a été l'un des premiers à
élaborer un cadre stratégique de lutte contre la pauvreté
où la bonne gouvernance fait partie des quatre axes clés. Il fait
également oeuvre de pionnier par l'adoption d'un Plan National de Bonne
gouvernance en 1998 qui à l'issu d'une évaluation devient La
Politique Nationale de Bonne Gouvernance (PNGB) en 2003 où La bonne
gouvernance est définie comme « l'exercice de
l'autorité économique, politique et administrative en vue de
gérer les affaires d'un pays à tous les niveaux. Elle englobe les
mécanismes, les processus et les institutions par le biais desquels les
citoyens expriment leurs intérêts, exercent leurs droits
juridiques, assument leurs obligations et auxquels ils s'adressent en vue de
régler leurs différends ». Ceci pour dire que
l'Etat accorde une place de choix à l'instauration d'une bonne
gouvernance à tous les niveaux qu'elle soit politique, économique
ou locale. C'est dans ce cadre qu' au niveau des finances publiques, plusieurs
réformes ont été engagées notamment Le Plan
d'action pour le Renforcement de la Gestion Budgétaire (PRGB)
adopté en 2002 qui suite à une évaluation ayant conduit
à l'identification de trois défis à savoir la faiblesse de
la mobilisation des ressources internes, du dispositif de contrôle et du
système de passation des marchés et dans le but d'inscrire les
réformes dans le long terme a aboutit en 2007 à la
stratégie de renforcement des finances publiques (SRFP)
accompagné d'un plan d'action sectoriel triennal glissant (PAST). Ces
différents programmes ont abouti à plusieurs changements assez
positifs (élaboration du CDMT, budget programme dans certains
ministères pilotes, bon suivi de l'exécution par le biais du
circuit intégré de la dépense...) mais les
différentes évaluations de l'appareil budgétaire telles
que le rapport PEFA « Public Expenditure and Financial
Accountability », CFAA « Country Financial Accountability
Assessment » notent qu'outre la lenteur des réformes
déjà en oeuvre, des progrès restent à faire en
matière de contrôle, de transparence et d'élaboration du
budget ce qui s'additionne à la faible efficacité des
dépenses publiques.
Aussi, s'avère-t-il nécessaire de s'interroger
sur les faiblesses des réformes, aux obstacles qui minent leur
instauration effective et les stratégies pour y faire face. C'est dans
cette optique que nous avons jugé pertinent d'étudier le lien
entre la bonne gouvernance et l'efficacité des dépenses publiques
dans une optique de réduction de la pauvreté. Dans le but
d'illustrer nos propos, nous nous intéresserons au secteur de
l'éducation de base du fait de son importance stratégique dans la
lutte contre la pauvreté et également pour l'instauration des
principes de bonne gouvernance au niveau de la société dès
la base.
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